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EAN : 9791097515522
LA TRACE (10/11/2021)
4.8/5   5 notes
Résumé :
Le temps d’une galeries de portraits, trente-deux femmes deviennent sœurs de traits. Dames de fer ou muses d’argile, proches de leur naissance ou au crépuscule de leur parcours, originaires d’un sud épuisé, d’un nord désabusé, d’un orient énigmatique ou d’un occident en trompe-l’œil, elles autorisent le clair-obscur à découper leurs silhouettes et à sculpter leurs histoires. De temps à autre plus lumineuses que sombres.
Parfois moins.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Sur le papier glacé,
Un croquis contrasté.
Un trait qui se dessine
À l'encre de Chine.

Quelques portraits de femmes,
Que l'on aime ou que l'on blâme.
Et puis à leurs côtés,
Un cri… Un poème apposé.

Elles sont d'ivoire ou d'ébène,
Saintes, anonymes ou belles Hélènes,
Pour un moment exister
Sous la plume de Damien Glez.

De Syrie ou de Quimper,
Elles sont caissières, ménagères,
Guerrières ou prisonnières,
Mamies gâteau ou mamies Alzheimer.

Piercing au nez, ados rebelles,
Filles de messe ou douces cruelles,
Anorexiques ou schizophrènes,
Elles sont d'ivoire ou d'ébène.

Réfugiées fuyant leur pays,
Inconnues dansant sous la pluie,
Vitriolées sous le joug d'un bourreau,
Ou excisées sous la lame d'un couteau.

Tueuses la nuit ou le jour kamikazes
Instagrammeuses ou chanteuses de jazz,
Domestiques à la Nouvelle-Orléans,
Ou abusées quand elles étaient enfants.

Elles sont de Paris. Elles sont de Dakar.
Elles sont blanches ou noires.
Quelques portraits de femmes,
Que l'on aime et qu'on acclame.

***

Damien Glez est franco-burkinabè et dessinateur de presse. Bien qu'il ait déjà été publié dans de nombreuses revues et journaux (Rolling Stones, L'Echo des Savanes, Libération…), je le découvre avec ce magnifique ouvrage des Editions La Trace (Collection Regard). Dans un album tout de noir et de blanc habillé, Damien Glez peint en monochrome les portraits de trente-deux femmes et les drape de ses mots-poèmes, pour nous conter leurs histoires avec à-propos, sensibilité, force ou humour.

Héroïnes, rebelles, cabossées de la vie ou simples anonymes, elles se font violence, insolence, résilience, élégance ou bienveillance.

Les dessins de Damien Glez dégagent une puissance rare et ses textes sont tantôt des coups de poings qui cognent dur, tantôt des caresses qui s'accompagnent de nos sourires ou de nos larmes…

Noires & blanches… A glisser sans hésiter sous le sapin pour tous les amateurs de belle poésie brillamment illustrée !
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L'humanité matrice.
Le perpétuel féminin.
La mappemonde noire et blanche.
Cet album illustré est une pierre précieuse.
Un bel objet-livre, ode à la femme.
La préface de Roukiata Ouedraogo actrice et humoriste est un honneur à l'envolée des expressions. Elles pourvoient subrepticement au palpitant de ce phénomène littéraire.
Damien Glez est un grand et un illustre. Un dessinateur de presse de renom, franco-burkinabé, éditorialiste, parolier et scénariste.
« Noires & Blanches » et une consécration, la féminité en apothéose. Case noire, case blanche, un crayon qui prend vigueur. L'heure est grandiose, respectueuse, dédiée à Elles.
Marelle entre ciel et terre, « cette galerie de portraits » est l'alliage de la vie, l'inspiration des reconnaissances.
Prenez le temps de la rencontre avec ces symboles-traits qui surpassent les conjugaisons altières. de tous les horizons, elles arrivent, les belles et oeuvrent aux fragments qui s'élèvent dans la magnificence des importances. Ce macrocosme est un hommage liane. Jeune, âgée, ridée, démunie, artiste, sauvage, rebelle, sans-abris, exilée, oppressée, seule, tenace, battante, perdue, solitaire, réfugiée, terroriste, c'est elle, la désignée : « Noires & Blanches ».
Les poèmes sont des flambeaux, le noir et blanc, gammes théologales et magnanimes. Les tristesses sont des regards baissés dans les vallées des lignes, mots sur les maux.
« Elle devine. Dans la bruine. Une grâce divine. du Sorgho. En cadeau. de célestes rideaux. Ni Fauchon. Ni Boucheron. Ne valent une mousson. »
Que dire de Lisette : « Puis le pain rassis sur l'asphalte. La mezzanine puis le refuge. La vie qui rayonne puis qui gruge. Lisette aim'rait que vous sachiez. Qu'elle était des vôtres autrefois. Qu'elle aussi avait des clefs. Qu'elle n'a pas toujours vécu là. »
Les illustrations sont des loyautés. Une courte échelle pour atteindre le mémoriel. L'Histoire de ces femmes, nos soeurs et nos complices. La puissance du silence qui retourne la terre noire et blanche. L'épiphanie des expressions qui s'échappent des pages, myriades ou cris dans la nuit sombre. Toutes siamoises de nos jours à contre-sens. Elles, et lui Damien Glez au coeur de ce beau livre. Transmission, message, et parabole, le crucial de comprendre que sans ailes (elles) la clef de voûte est dans un tunnel, égarée.
Engagé, incontournable, rare, « Noires & Blanches est une urgence de lecture. Un ouvrage aurore-boréale, un livre de fonds pour les antres certifiés.
Lisez attentivement la page 73, ombres encore mouvantes : « Nikky, le parapluie, Rickie, La veuve noire, Réfugiée, Argentique 90, Coucou, La dame à la lame, La femme sans visage. » Vous saurez alors que ce livre est un pur éclat de vérité.
Publié par les majeures Éditions La Trace qui prouvent une nouvelle fois une haute envergure éditoriale.
Offrez ce majestueux livre culte.
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Quand j'ai reçu "Noires & blanches" de Damien Glez, publié dans la collection Regard des Editions La Trace, je lisais autre chose…et il devait attendre. Mais il est là, posé sur la banquette, dans mon bureau. Je le vois, sa couverture, cette femme à l'opulente chevelure jais, aux lèvres pulpeuses…alors, je l'ouvre et…ne le referme pas.

Cet album, je ne l'ai pas lu dans l'ordre, je l'ai feuilleté et… premier arrêt…un visage sévère, des lunettes sur le nez, une Lavallière démodée, "Perchée bibliothécaire…D'un corps de métier brillant/Elle est l'exception fumiste/Mot qu'elle méconnaît pourtant/Ultracrépidarianiste "Le texte chante à mes oreilles et je la vois, et je l'entends, celle qui dit tout de ce qu'elle ne connaît pas. Elle est une parmi les trente-deux femmes portraiturées par l'auteur. La première lue, ma préférée.

Noires et blanches, blanches et noires, l'auteur nous convie à un feu d'artifice deux tons, magnifique hymne au féminin. Femmes heureuses ou pas, jeunes ou plus vieilles, belles ou quelconques, réelles, fictives, elles sont là sous nos yeux, croquées, caricaturées sans une once de ridicule. Variété d'origines, visages tristes, visages gais, un monde, des mondes. Les textes sont assortis qui m'ont fait rire ou bien pleurer. J'ai pleuré avec "La mère esseulée" ou encore "La dame à la lame" et ri aux éclats, installée à la caisse de "La jongleuse de supérette". Toutes m'ont émue ou amusée, charmée…le trait est fort, juste, les regards accrocheurs, les attitudes minutieusement étudiées, les corps expressifs.

Et puis le verbe est puissant, parfois grinçant, parfois riant, les paroles – on dirait des chansons – résonnent longtemps comme une ritournelle. L'écriture est magique, humoristique, musicale. L'auteur se joue des mots, des sons "Des tours/Sa mémoire faillie lui joue/Contours/Des souvenirs flous…" ou surfe tel un instagrammeur "Elle stalke, elle swipe, elle like, elle tague/Elle uploade des tonnes d'hyperlapses/Elle photoshope des seins airbag/Plus connectés que des synapses". Forcément…"Elle se prend pour Kylie Jenner…". Quant à moi plutôt que la mémé que je suis devenue, je voudrais être encore parmi "Les filles aux cheveux courts/C'est pour elle que l'on court/Qu'on a la souffle court."

Noires & blanches, un ouvrage à ranger au rayon des beaux livres, à déguster, lire et relire et à offrir.

Lien : https://memo-emoi.fr
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
𝗟𝗲 𝗽𝗮𝗿𝗮𝗽𝗹𝘂𝗶𝗲

Un joli parapluie
Surpris, je l’ai surpris
Un soir de trop de rêve
Enlisé sur la grève

Un mignon parapluie
Charmé, je l’ai suivi
Un soir de trop de bruine
De rideau de pluie fine

On peut y abriter
Plus que deux existences
Par gros vents s’envoler
Au gré de nos errances

Par beau temps s’inventer
Un parasol à soi
Une canne improvisée
Suspendue à son bras

S’engloutir comme Jonas
Au creux de ses baleines
Et danser dans la nasse
Le trottoir comme une scène

Savourer le spectacle
Des éclats sur la Seine
Devenue cette flaque
Où se jettent les peines

Cabotin je poursuis
Ce joli parapluie
Que le bitume reflète
Miroir aux alouettes

En haut d’un escalier
Avant que je pavoise
La silhouette engouffrée
N’est plus qu’ombre chinoise

Sous mon pauvre minois
Le chagrin me chagrine
Et si je ne pleure pas
C’est que je dégouline
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- La femme sans visage -

Le pire n’est pas le jet d’acide
Sulfurique sur la joue saisie
Par le bras zélé d’un séide
D’une séculaire misogynie

Le pire n’est pas la peau qui fond
L’odeur d’épiderme brûlé
Le visage devenu graillon
Les rides soudainement regrettées

Le pire n’est pas la clavicule
Dissoute sous le jet vitriol
La prise de conscience incrédule
Que finissent chants et farandoles

Que le visage défiguré
N’autorisera plus jamais
L’insouciance et la légèreté
De suaves printemps bangladais

Finis les traits de mascara
Le jour de Pohela Boushakh
Jamais Nusrat Imrose Tisha
Quand la frimousse est mise à sac

Le pire ce n’est pas le miroir
Ce ne sont pas les cicatrices
Ce n’est pas l’avenir mouroir
L’indifférence de la police

Le pire est la morgue de l’homme
Pour qui le geste fut mineur
Geôlier de ce Pandémonium
Qui croit qu’il fit un crime « d’honneur »
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𝗟𝗮 𝗱𝗮𝗺𝗲 à 𝗹𝗮 𝗹𝗮𝗺𝗲

Awa n’a pas compris
Les mots du tribunal
De Matam, Sénégal
De cachot sans sursis

Awa entend à peine
Six mois de cabanon
Aux ordres des matons
La purge de sa peine

Awa ne comprend plus
Ce que les sages disaient
Les cultes talibés
Les sourates jamais lues

Awa croyait pourtant
À la noblesse des âmes
Purifiées par sa lame
Mais ça, c’était avant

Awa d’Ourossogui
Avant comme sa mère
Tranchait la tendre chair
Sans moindre anesthésie

Elle apprend, incrédule
Que riment avec prison
Ancestrales traditions
De meurtris vestibules

Awa ne compte plus
Depuis le couperet
À la maison d’arrêt
Les crépuscules échus

Elle ne saurait que dire
À la fille de seize mois
Qu’une grand-mère amena
La priver de plaisir

▪️▪️▪️

En 1999, le Sénégal interdit l’excision. 20 ans plus tard, les mutilations génitales touchent toujours près de 200 millions de femmes dans le monde.
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Video de Damien Glez (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Damien Glez
Droit Libre TV
Entretien avec Damien Glez, caricaturiste du journal satirique burkinabé "Journal du Jeudi" (JJ) sur l'attaque meurtrière qui a fait au moins douze morts dont plusieurs collègues et amis caricaturistes de Damien Glez.
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