Mais, semble-t-il, plus même besoin d'imaginer. Vous disposez de toutes ces télévisions et radios et journaux. Qui vous récitent le prétendu roman de ce qui est.
Là où les systèmes et les idéologies ont défailli, et sans aucunement renoncer au refus et au combat que tu dois mener dans ton lieu particulier, prolongeons au loin l’imaginaire, par un infini éclatement et une répétition à l’infini des thèmes du métissage, du multilinguisme, de la créolisation .
Cela n’est pas un Appel, ni un manifeste, ni un programme politique [...] C’est ici un cri, tout simplement un cri. D’Utopie réalisable. Si le cri est repris par quelques-uns et par tous, il devient parole. Chant commun. Le cri et la parole se relaient pour faire lever le possible, et aussi ce que nous avons toujours cru être l’impossible, de nos pays.
... le multilinguisme n'est pas quantitatif. C'est un des modes de l'imaginaire.
Combien de communautés menacées n'ont aujourd'hui d'alternatives qu'entre le déchirement essentiel, l'anarchie identitaire, la guerre des nations et les dogmes d'une part, et d'autre part une paix romaine imposée par la force, une neutralité béante qui poserait sur toute chose un Empire tout-puissant, totalitaire et bienveillant.
Ils disent que créolisation est une générale, après quoi on gagnerait, on profiterait, à passer à des spécificités. C'est revenir à d'anciennes partitions, l'universel, le particulier, etc. Ils ne savent pas lire le monde, le monde ne lit pas en eux.
La Genèse des sociétés créoles des Amériques se fond à une autre obscurité, celle du ventre du bateau négrier. C'est ce que j'appelle une digenèse.
Inventons ces produits nouveaux, fruits de méthodes nouvelles.
Ma proposition est qu'aujourd'hui le monde entier s'archipélise et se créolise.
La langue n'est plus la mémoire d'aucun être. Les langues sont nos paysages, que la poussée du jour change en nous.