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Critique de Dionysos89


Voilà une collection, nouvelle de cette année, qui fait un peu parler d'elle : Les Reines de Sang, chez Delcourt ! Après Aliénor, c'est au tour d'Isabelle de France, fille de Philippe IV le Bel, reine d'Angleterre, la Louve de France, de voir sa vie adaptée en bande dessinée.

Saluons tout d'abord la bonne initiative de la part de Delcourt, qui surfe sur une nouvelle vague de féminisme relatif et d'intérêts historiques (pensons à la série débutante Sorcières chez Soleil qui vise un peu les mêmes thématiques que ces Reines de Sang).
Dès le début de cette histoire, on peut rapidement constater la relative facilité des choix scénaristiques, avec du grand classique (les références aux Rois Maudits, aux Templiers, etc. sont légion), toutefois, au moins, ce scénario à quatre mains (oeuvre de Thierry Gloris et de sa femme, Marie Gloris) fait son boulot avec un enchaînement connu des événements, mais également quelques scènes-clés, dont notamment une cérémonie d'hommage particulièrement réussie, que je crois pouvoir tout bonnement qualifiée de parfaite en tout point ! Malheureusement, face à ces bons côtés, l'intrigue prend un tournant tragique et s'accélère radicalement sans parvenir à me convaincre à la toute fin. de plus, les deux auteurs abusent, selon moi, de scènes tendancieuses : d'allusions un peu coquines au départ, on passe très rapidement à des situations carrément obscènes dont l'intérêt historique et/ou fictionnel (notamment le chapelet d'Edouard II…) m'échappe complètement. Voyeurisme et racolage habituels ont l'air de s'être sérieusement immiscés dans le scénario.
Ajoutons à cela, à la volée, des situations franchement caricaturales pour une royauté qui ne peut vivre sa vie quotidienne sans se sentir obligé de jouer des scènes dignes d'une tragédie grecque (la scène où le futur Edouard III joue devant son grand-père était une très bonne idée, mais vite gâchée par la caricature de personnalité attribué à Philippe IV le Bel), ainsi qu'une façon de parler, un langage, attribué au roi Philippe IV le Bel et à sa fille Isabelle notamment, qui correspond bien plus à la cour de Louis XIV ou à la bourgeoisie du XIXe siècle qu'à la monarchie du XIVe, surtout quand ces personnages sont en privé : le décalage est franchement bizarre, mais j'imagine que ça passe mieux et que ça parle davantage au lecteur dit « standard » ; et enfin, certains personnages, justement, apparaissent assez souvent, mais ne sont que très peu développés et sont, du même coup, bloqués dans un schéma de personnalité très strict : Philippe le Bel et sa belle-fille Blanche de Bourgogne en sont deux parfaits exemples.
On peut toutefois s'enorgueillir de bons graphismes en général, mais parfois discutables ; je crois même pouvoir distinguer au moins trois styles juxtaposés au gré des scènes, et pourtant nous avons là affaire à un seul et même dessinateur ! En effet, le style de couverture, un peu grossier, mais plutôt agréable, revient assez souvent ; le style de la page de titre, très gracieux et qui met en valeur la féminité d'Isabelle, apparaît pour quelques rares scènes où il s'agit bien de mettre en lumière les traits de la Louve de France ; enfin, ces deux aspects sont, de temps en temps, gâchés par l'apparition d'un style nettement moins racoleur, celui qui illustre la quatrième de couverture, c'est-à-dire un dessin aux traits franchement grossiers, rondouillards et péjoratifs au possible. de là à dire que le dessinateur a tout simplement voulu retranscrire, de manière particulièrement nette, des directives strictes sur comment présenter la reine Isabelle et que cela donne un aspect vraiment subjectif à l'affaire, il n'y a qu'un pas…
Pour finir, on peut regretter – et surtout ceux, néophytes, qui ne connaissent ou ne connaissaient pas l'histoire d'Isabelle de France et la découvrent avec cet album – de voir l'intrigue du deuxième tome dévoilée dès le quatrième de couverture du présent tome un…

Au terme de cette critique très revendicatrice, j'ai bien conscience de cracher un peu dans la soupe devant cette jolie bande dessinée, mais finalement, peut-être suis-je trop blasé de voir ce genre d'histoires dans l'Histoire, de voir toujours les mêmes thèmes repris inlassablement sans choquer personne, de voir ces "filons" historiques exploités jusqu'à la moelle sans franchement innover, de voir toujours des scènes racoleuses sans aucun intérêt direct pour l'intrigue… peut-être est-ce moi qui ne comprend rien à rien. Ça doit être ça, oui.

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