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EAN : 9782914387293
110 pages
Editions de L'Escampette (13/05/2003)
3.83/5   12 notes
Résumé :
Voici un traité de la paranoïa ! Ou comment un être, apparemment sensé, posé, calme, finit par analyser tous les aspects de sa vie et de ses relations aux autres et au monde, à travers le prisme d'une seule phrase.
Pour quelques mots prononcés un jour en sa présence, tout défilera dans sa mémoire, la prime enfance, l'adolescence, l'inconfort des premiers logements, tout ! Parce qu'un jour aura été dit : " Je ne me souviens pas l'avoir vu se laver. " Allain Gl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Aimant faire des découvertes, j'ai coché ce titre proposé lors de la masse critique complètement par hasard. Jamais je n'aurais pensé à acheter de moi-même ce tout petit livre (une centaine de pages) d'un auteur inconnu de moi et d'une maison d'édition que je ne connais pas plus. Et je serais bêtement passée à côté d'un bon moment.
Car ce fut une excellente surprise, trop vite lue, qui m'a fait beaucoup sourire, et même rire parfois.
Mais comment raconter, ou même analyser, ce petit livre inclassable?
Est-ce un roman? Pas sûr, cela s'apparente davantage à un exercice de style.
Un prétexte: la soeur du narrateur (de l'auteur puisque le narrateur a les mêmes initiales que lui) dit lors d'un repas de famille une phrase toute simple : "je ne me souviens pas l'avoir vu se laver". Pour le narrateur, cette phrase est au contraire pleine de sens, avec une lourde portée (d'autant plus qu'il s'agit d'un alexandrin), car "ne pas l'avoir vu se laver" n'est-ce pas sous entendre qu'il est sale?
Autour de cette phrase qui revient comme un leitmotiv au fil du texte se construisent des interprétations et des suppositions de plus en plus abracadabrantes, alors que le narrateur montre une paranoïa croissante. Petit à petit, ce n'est plus seulement sa soeur qui, à ses yeux, lui en veut, mais aussi sa femme, sa voisine, une collègue, une amie... et finalement le monde entier (monde entier très féminin, on le remarquera).
L'auteur joue autant sur les idées (par exemple: il accuse sa soeur d'avoir dit cette phrase en sachant qu'il ne peut s'empêcher d'écrire les phrases qu'il entend. Elle sait donc qu'ensuite, puisqu'il l'a écrite - et publiée - tout le monde sera au courant) que sur les mots (toujours autour de sale et propre; par exemple, sur les noms propres salis par son attitude). Tout, autour de lui, devient une évocation et une accusation de sa supposée saleté.
Certains passages m'ont fait penser aux sketchs de Raymond Devos, et je crois qu'ils passeraient très bien sur scène, racontés avec autant de verves qu'ils sont écrits.

En résumé, si vous voulez une lecture rapide, facile, mais agréablement écrite, pour passer un petit moment de détente, ponctués de passages réellement savoureux, si vous n'avez pas peur de sourire tout seul ou d'éclater de rire en public, n'hésitez pas à vous tourner vers ce petit ouvrage pour le déguster dès que vous avez un moment.

En tout cas, cela m'a donné envie de découvrir d'autres oeuvres de cet auteur et d'autres publications de l'Escampette

Lien : http://lesmotsdag.over-blog...
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La première question qu'un critique peut se poser après la lecture de ce livre est: comment résumer ce petit traité improbable? le livre en lui-même débute avec une blessure d'amour-propre, la soeur du narrateur lui ayant dit, lors d'un repas en famille, qu'elle ne l'avait jamais vu se laver. le lecteur s'attend ainsi à un plaidoyer pro domo extravagant. En réalité, nous pénétrons dans le flux de conscience d'un narcissique, qui pis est paranoïaque et maniaque! Et l'écriture dessert alors les intentions d'un narrateur assez peu commun il faut dire...comme si l'écriture prolongeait le sentiment de honte initial. La banalité des propos "blessants" se déploit en fait en une élucubration inarrêtable qui se révèle finalement très raisonnable: le simple thème de la saleté fait partie du quotidien de chacun, et permet de définir des notions apparemment sans équivoque, telle que la dichotomie sale/propre. Les termes qui nous sont familiers deviennent plus complexes qu'on ne le pense, et semblent être pris comme prétexte à un questionnement métalinguistique portant sur d'autres concepts, comme le parfum, qui n'est plus cette aura représentant une personne, mais une substance qui l'annule, la tue. Il y a, de fait, remise en question de l'hygiène qui passe par un jeu obsessionnel, qui devient crédible et bizarrement justifié. le lieu-commun associant le Beau et le Propre est ainsi détruit de façon cocasse, et l'exposé critique frôle presque, à certains moments, l'héroïcomique: littérature et sujet prosaïque s'accordent par le biais d'une narration en roue libre, par la saturation du texte en expressions figées venues remettre de l'ordre dans notre imaginaire (relatif et collectif) de la propreté. le narrateur-personnage n'apparaît donc plus comme un amoureux des mots, mais bien en vulgaire gibier chassé par ceux-ci: c'est décidé, la théorie du complot sera réduite à l'échelle familiale! Mais la Saleté, n'est-elle pas aussi ce prétexte pour parler Littérature? Il semble que si l'auteur avait décidé de parler explicitement des livres, le propos aurait perdu de sa force, et créé ainsi moins d'impact: le détour par le comique démentiel s'impose pour comprendre, redéfinir nos représentations du monde qui sont parfois plus folles encore que l'histoire mise en scène par Allain Glycos: " On interdit de se curer le nez, mais pas de se gratter l'oreille. Il y a comme ça des choses de la vie qui m'échappent." Tout est dit.
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Ecrit fou d'écrivain ou écrivain fou

Livre accrochant écrit avec un style clair et mélodieux. L'écrivain maniant avec dextérité la langue française nous livre une apologie de la malpropreté plus que délirant. le lecteur se surprend parfois partageant le point de vue du narrateur qui décidément à l'intention de bouleverser certaines normes sociales qu'ils trouvent ridicules, inutiles et hypocrites. Jeux de mots, ou jeux de maux, « A proprement parler » prend naissance d'une simple phrase « je ne me souviens pas l'avoir vu se laver » prononcée par la soeur du narrateur au cours d'un repas familial. Cette phrase qui a priori peut paraitre banale, constituera la pierre angulaire du récit. On se surprend de remarquer l'importance que l'auteur y accorde et sa manière de la dramatiser au risque de paraître parano. Il s'agit là d'une écriture folle où se trouve perché à chaque mot le délire dans sa forme la plus étonnante. Ecriture folle ou écrivain fou ? A proprement parler est un roman rempli d'humour. Pressé d'avancer dans la lecture, ouvrant et dégustant page après page, on laisse échapper les yeux hagards, finissant la dernière ligne de ce roman à couper le souffle, « Mais il est dingue ! ». C'est unique et spécial l'effet que peut produire sur le lecteur la lecture de « A proprement parler ». Moi je l'ai lu et ce fut le coup de foudre. Je ne peux plus m'arrêter de dévorer les autres romans d'Allain Glykos. Ecrivain hostile ou style virulent. Je vous laisse faire votre propre opinion en le lisant
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A proprement parler est un véritable exercice de style, ou comment écrire un livre à partir d'une simple remarque. Cette remarque est décortiquée et sert de prétexte à une dissertation sur l'hygiène, des souvenirs d'enfance, un florilège de jeux de mots.
Mais plus qu'un exercice de style, c'est aussi un traité de la paranoïa. En effet, comment se fait-il que cette phrase, a priori anodine, « Je ne me souviens pas l'avoir vu se laver », soit en réalité un alexandrin ? Comment se fait-il qu'à partir du repas au cours duquel a été prononcée cette fameuse phrase, le monde entier semble se liguer contre l'auteur pour remettre en cause son hygiène corporelle ? Certes, le prétendu complot mené par « la soeur, la femme, la belle-soeur, l'amie de Mont-de-Marsan en voyage à Venise, la voisine, et les amies de la soeur » de l'auteur semble parfois un peu tiré par les cheveux. Mais le doute est permis : le propre de la paranoïa (sans mauvais jeu de mot évidemment) est de s'imaginer les choses, non pas comme elles se passent mais comme on pense qu'elles vont se passer. Et si la crédulité du lecteur participait de ce complot mondial contre l'apparente saleté de l'auteur ? C'est en tout cas la question posée par l'épilogue.
Un récit intéressant, des effets de style délicieux et une idée originale. Petit bémol : les élucubrations de l'auteur sur sa saleté et sa définition de l'hygiène sont un peu redondantes, mais la brièveté des chapitres permet de relancer l'intérêt du lecteur.
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À proprement parler n'est pas un manuel de récurage langagier ni une dissertation sur les expressions agaçantes des gens qui ne discourent qu'au premier degré. Comme il l'avait fait dans La Signature (et peut-être répète-t-il ce processus en des variations plus ou moins grandes dans ses autres ouvrages), Alain Glycos, mouche du coche tournant autour d'un pot de miel (ou de vinaigre) compulsivement, déroule un écheveau sophistiqué et moqueur autour d'une scène fondamentale. Ici, cette scène est une phrase ("Je ne me souviens pas l'avoir jamais vu se laver") qui sera tout au long des pages le théâtre des peurs, des obsessions, des souvenirs d'enfance et des constructions stylistiques du narrateur. Cherchant à épuiser cet alexandrin maudit, il le tord, le sort de son contexte d'énonciation, le connecte avec toutes les réflexions ou détails de son passé qui l'ont conduit à vivre avec l'état de saleté un rapport hors-norme.
Passé les premières dizaines de pages qui peuvent lasser, il nous prend au jeu, et nous emmène vrombir entre ses pattes de mouches en nous offrant quelques éclats de rire parfois un peu gras.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le problème est en vérité beaucoup plus complexe, car je n'ai pas une, mais trois soeurs. Si je ne précise pas de laquelle il s'agit, chacune d'elles pourra me tomber dessus, prétextant que le lecteur pensera que c'est d'elle qu'il s'agit. [...] Je les vois d'ici se coaliser contre moi et, qui sait, me faire un procès pour atteinte à leur image. Très franchement, tout cela n'est pas joli joli. Je n'aurais jamais cru qu'elles auraient pu en arriver là. Dire qu'elle ne se souvient pas m'avoir vu me laver, passe. Mais me faire un procès parce que je cherche à me soulager de cette offense, c'est un peu fort de café, comme dit ma voisine qui aime beaucoup cette expression.
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