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EAN : 9782702882146
265 pages
Pygmalion-Gérard Watelet (01/01/2006)
2.88/5   4 notes
Résumé :
Philippe 1er exerce le plus long règne de la dynastie capétienne. Deux événements majeurs bouleversent alors la France et l'Europe : la conquête de l'Angleterre par Guillaume de Normandie et la première croisade. En même temps, naît un vaste rayonnement culturel qui, pendant deux siècles, met la France médiévale à la tête des Arts et des Lettres. Indolent et voluptueux, ce monarque connaît une vie conjugale difficile qui défraie la chronique. Son union avec Bertrade... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Voilà une biographie bâclée, dans laquelle l'auteur s'est contenté de puiser ça et là les écrits d'historiens davantage généralistes que spécialistes de l'époque médiévale à l'image d' Ernest Lavisse et de les recopier sans chercher à approfondir, à analyser les actes, sans essayer de comprendre les priorités et les luttes de l'époque, y mêlant quelques erreurs et autres extrapolations… Une biographie dans laquelle l'auteur est passé carrément à côté de son sujet, en adoptant un ton désinvolte, voire méprisant comme si le roi, à qui il consacrait un livre ne le méritait pas vraiment, comme si ce règne de 48 années était creux et insipide… Et pourtant ! le règne de Philippe 1er méritait un autre livre. Qu'on en juge plutôt…

Jusqu'à la rencontre avec Bertrade de Montfort, les copistes – ceux qui transmettent L Histoire - l'ont à la bonne. Il a pris le pouvoir à la suite de la régence de son oncle, le Comte Baudouin de Flandres et ses premières décisions ont été louées. Dès les débuts Philippe manifeste des qualités de diplomate et un art indéniable pour monnayer sa neutralité. Ainsi, il arrange pour son frère Hugues un mariage fort avantageux avec l'héritière du Comté de Vermandois, de sorte que son cadet est bien pourvu sans aliéner la moindre parcelle du petit royaume capétien. Foulques le Réchin, futur Comte d'Anjou, en guerre avec son frère ainé qu'il compte spolier, lui cède le Gâtinais pour prix de sa passivité dans le conflit. Puis c'est la ville de Corbie qui tombe dans l'escarcelle de Philippe, le Vexin français que Philippe rafle au nez et à la barbe de Guillaume le Conquérant tout occupé avec sa conquête de l'Angleterre. Et c'est au tour de la ville d'Amiens. Dix ans après le début effectif de son règne, Philippe délivre Dol et oblige le Conquérant à renoncer à la Bretagne. En 1079, Philippe réussit même mieux : Robert Courteheuse, fils de Guillaume le Conquérant, en guerre contre son père, lui offre Gisors en remerciement de l'avoir aidé militairement. de son côté, Guillaume lui donne une bonne somme d'argent pour qu'il abandonne la cause de son fils. Ainsi, il reçoit des deux mains…

Jusqu'en 1092 – Philippe est roi depuis 1060 – il va de petits succès en petits succès et arrondit paisiblement l'héritage paternel. Pas de grand déploiement militaire, ce n'est pas son style. Pas d'entreprise de grande envergure. C'est un grignoteur de terre qui gère le royaume en bon père de famille, met en place un système de succession que vont reprendre tous les Capétiens après lui pour assurer l'agrandissement progressif du petit domaine. A l'ainé presque tout, aux cadets les mariages avec les héritières fortunées. le roi détient le pouvoir de désigner les époux des veuves et des héritières, il en use…
Tout ou presque lui réussit. Il est populaire auprès des Seigneurs et des Barons, copine avec le Comte d'Aquitaine Guillaume le Troubadour. Si son règne s'arrêtait là, les copistes d'alors, tous ces moines asservis à une doctrine, à un ordre, lui accorderaient une place de choix pour la postérité. Quoique…

Quoique Philippe favorise l'ordre des Bénédictins… Or les disciples de Saint Benoît s'essoufflent en cette fin du XIéme siècle. Leur influence décroît au bénéfice des moines de Saint Denis et ces derniers ne voient guère d'un bon oeil qu'on ne les mette pas sur le devant de la scène. Les deux ordres ne s'aiment guère. Alors quand Philippe, sous le coup de la passion, répudie Berthe sous prétexte qu'elle est trop grosse et s'en va enlever Bertrade, la femme du Comte d'Anjou pour l'épouser sur le champ, les esprits s'échauffent. Outrés, les moines de Saint Denis s'en donnent à coeur joie. Il devient Philippe 1er le Calomnié.

Pourtant l'intérêt politique du remariage royal, pour sensationnel qu'il soit, paraît évident. Flattés, les puissants sires de Montfort, dont les terres se situent à l'une des marches du Royaume troquent leurs airs menaçants pour des sourires bienveillants. A vrai dire le remariage ne recueille aucune réprobation dans la France du Nord. L'archevêque de Sens bénit l'union. Mais les acharnés d'un courant puissant prônant les privilèges du spirituel sur le temporel vont se manifester et ne plus lâcher le couple royal. Ce courant – la Réforme - incarné par l'archevêque Yves de Chartres en appelle au Pape. En 1093, à la mort de Berthe, Philippe réunit à Reims une assemblée de prélats pour confirmer le mariage royal et condamner Yves. « L'indolent », « le roi vautré » ne reste pas inactif. En riposte, un an plus tard, c'est l'excommunication lancée par le Pape et l'Interdit jeté sur le royaume de France. La guerre des Bulles pontificales et des déclarations s'intensifie.

La réforme a de solides alliés, et partout. le premier est le prince Louis, le fils de Berthe. Il ronge son frein et redoute que ses futurs demi-frères viennent amputer son héritage. Dans son sillage cheminent Suger et les moines de Saint Denis, ceux-là même qui écriront pis que pendre de Philippe et saliront son image pour rehausser celle de son successeur. le second, de circonstance, est le Comte d'Anjou, Foulques le Réchin. de 1092, date du départ de son épouse, à 1095 le Réchin s'est peu soucié de l'inconduite de Bertrade et du roi. Mais depuis plus de trente ans, Foulques tient son duché de l'autorité pontificale. Son ainé, Geoffroy le Barbu, a tant multiplié les exactions contre les églises angevines que le Saint Siège l'a déshérité au profit de Foulques. Au terme de la bataille de Brissac, Foulques s'est emparé de son frère et l'a maintenu dans ses geôles dans de telles conditions que Geoffroy, déjà passablement déséquilibré, a perdu la raison. En raison de cette investiture apostolique révisable, le débauché Comte d'Anjou est dans les mains du Pape. En 1095, la Curie romaine agite le Comte tel un pantin. Muet jusque-là, Foulques rugit, pleure son épouse, se scandalise de l'inceste perpétré sur le trône de France. Inceste ? Foulques, premier chroniqueur laïc reconnu, remonte trois générations pour le prouver. Il accueille ensuite le Pape pour s'indigner docilement avec lui, reléguant sans doute ce jour-là ses maîtresses dans les pièces les plus sombres de son château.

Dix ans… Philippe a lutté dix ans pour que Bertrade soit reconnue comme son épouse, pour que leurs enfants : Philippe, Fleury et Cécile soient considérés comme légitimes. Un vicieux, esclave d'une passion sénile - ainsi que la mémoire collective modelée par les chroniqueurs religieux le dépeint – n'aurait-il pas jugé plus simple d'en faire une maîtresse ? D'autres rois, forts de leur pouvoir, n'agiront pas autrement. En fait, outre l'amour, outre l'union d'un couple face à l'adversité, outre le désir du roi d'associer Bertrade à sa politique tout en préservant les droits de son fils ainé, l'enjeu de cette partie de bras de fer était la délimitation des pouvoirs respectifs du spirituel et du temporel. le second pouvait-il passer outre les recommandations du premier ? le premier avait-il pour vocation à s'ingérer dans les décisions du second ? Cette bataille fut dissimulée par les scribes qui la réduisirent en un banal adultère. Les moines, pour qui la femme est toujours synonyme de tentation et de péché - virent en Bertrade une nouvelle Eve, la femme tentatrice, conduisant l'homme à sa perte, et en Philippe, un homme faible et condamnable car séduit. Courbés derrière leur pupitre, à l'écart du monde séculier et de ses turbulences, les moines écrivirent L Histoire ainsi. En 1105, Philippe et Bertrade s'humilièrent publiquement et l'anathème fut levé. Philippe avait résisté dix ans avant de faire mine de se soumettre. Les deux ex-époux continuèrent leur vie commune. On les vit même à Angers en 1106, fort bien reçus par le singulier Foulques. le courant réformiste avait gagné. le spirituel pouvait régenter le temporel.
L'Histoire médiévale doit beaucoup aux moines. Les donations faites aux monastères valurent à ceux qui les firent, des épithètes rutilantes dans les lignes appelées à traverser les siècles. Les avares et les râleurs, eux furent châtiés à court et à long terme.

La biographie de Philippe 1er est encore à écrire… En attendant, on peut se satisfera du remarquable chapitre que lui avait consacré Georges Duby dans « le Chevalier la femme et le prêtre."
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Un roi de France qui régna 48 ans (!!!) mais que L Histoire s'est empressée d'oublier...
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Ce ne fut qu'après une lente évolution économique et politique que la classe bourgeoise se forma, prit conscience de son importance et chercha à conquérir son autonomie. Elle le fit d'abord en Italie du Nord plus facilement, car le souverain, l'empereur germanique, ne l'était guère que nominalement, et chacune de ces opulentes cités lombardes, véritables républiques, eut peu de peine à se constituer en État autonome. Insérées dans l'institution féodale, les villes capétiennes étaient soumises à une superposition d'autorités légitimes : un seigneur (et souvent deux, le laïc et l'évêque), un comte grand vassal du roi, le roi lui-même. La tactique des bourgeois, qui ne réussit pas toujours, fut de jouer la division au-dessus d'eux : alliance avec le seigneur contre le roi, ou alliance avec le roi contre le seigneur ; ainsi avaient manœuvré à leur façon les cités italiennes : avec le pape contre l'empereur, ou avec l'empereur contre le pape.
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