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EAN : 9782226229878
246 pages
Albin Michel (01/08/2011)
3.33/5   166 notes
Résumé :
"Vingt-sept ans d'absence. Vingt-sept anniversaires qui ont pris le dessus, année après année, sur le jour de naissance : ils n'ont plus compté l'âge écoulé de Sarah mais mesuré l'attente."


En 1982, Sarah a quitté la France pour Uummannaq au Groenland. Elle est montée dans un avion qui l’emportait vers la calotte glaciaire. C’est la dernière fois que sa famille l’a vue. Après, plus rien. Elle a disparu, corps et âme. Elle avait vingt-deux ans.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
3,33

sur 166 notes
La présence de l'absente, le trop-plein de cette absence. Valentine Goby décortique dans ce roman l'absence d'une personne et tout ce que celle-ci engendre sur la vie des proches.
Le vide remplit la vie de la famille.
Ce n'est pas le roman de Valentine Goby que j'ai préféré. Malgré la jolie plume de Valentine, j'avoue ne pas être rentré à 100 % dans cette lecture. La banquise a dû me refroidir !!
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Vingt huit ans se sont écoulés entre le départ de Sarah vers le grand nord et celui de Lisa sa soeur, qui l'avait accompagnée à Roissy en compagnie de leur mère et l'avait vue s'engouffrer dans un tube transparent comme absorbée. 
Sarah, 22 ans, déjà en allée, tournée vers ce voyage qui l'attend, retient toute l'attention de la mère «déjà dans le manque». Lisa, elle, regarde ailleurs... «pour ne pas être obligée, par compensation, de déborder de sollicitude envers la mère soudain abandonnée. Elle ne veut pas endurer seule le poids de tant d'amour.»
Ce départ est un prélude à la douleur de la disparition qui va suivre. 
Car six semaines plus tard Lisa et ses parents attendront en vain le retour de Sarah. Elle ne reviendra pas de son voyage au Groenland effectué alors qu'elle n'a pas surmonter la perte de son amie Diane avec laquelle elle fusionnait à travers la musique.
«Et ce qu'elles entendent n'est pas de la musique, voyez leurs visages, c'est la résonance de leurs propres désirs, leurs chagrins, leurs peurs. (...) elles savent, comme elle (Martha Argerich), elles sentent, aux feux d'artifice allumés dans leurs ventres, que dans la musique elles sont à leur place ; en éprouvent la joie organique.» p 68

Même si on souhaite oublier, nier le corps pour se retirer de la vie, c'est impossible. Il se rappelle à nous dans les moments d'exaltation comme dans les pires douleurs, comme celle de la disparition d'un enfant, d'une soeur dont on ne sait si elle est encore vivante ou morte.
Ce doute, cette incertitude qui défait, cette attente qui mine, s'ajoute au vide laissé par l'absente. La mère se retranche dans sa douleur, le père vit avec et Lisa veut être aimée, exister, elle veut être regardée, elle s'envole à son tour vers l'Afrique, l'Asie.

Plus tard elle se rendra au Groenland sur les traces de Sarah sa soeur dont elle s'était pourtant promis de se démarquer.
«Un an plus tôt il n'est pas question de ce voyage. de toutes les destinations possibles le Groenland est celle que Lisa écarterait d'emblée. Mais elle y vient, pourtant, lentement, et presque à son insu.» p 33
Lisa à Uummannaq tente de reconstituer ce qu'aurait pu être Sarah dans ce milieu totalement différent, en train de peut-être s'effacer et disparaître lui-aussi. 

«Lisa fixe les flétans pas tout à fait morts dans les bacs de polystyrène, les joues intactes, les joues trouées, les ouïes béantes, obscènes et superbes comme une toile de Schiele.» p 149
Cette allusion à Egon Schiele m'a ramené à la lecture plus ancienne de «Qui touche à mon corps je le tue» texte plus viscéral, plus proche de l'oeuvre bouleversante de ce peintre.
Il y a une passion, une tension, une avidité, une soif de vie, une faim qui sourdent de l'écriture précise et énergique de Valentine Goby. Elle fait appel à tous les sens. Impossible de quitter ses livres une fois qu'ils sont entamés. Importance du corps, du ventre, de la peau qui sont exaltés dans des phrases parfois violentes où le sang circule. Valentine Goby aime ce qui brûle, fait brûler.
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C'est un roman profondément émouvant, tant sur la question du deuil de la fille et soeur disparue de manière inexplicable que sur le sujet de la catastrophe écologique que représente la fonte de la banquise au Groenland.
Le style du texte rappelle des pensées qui vagabondent, laissant libre cours aux émotions et aux souvenirs , et pourtant les nombreux parallèles entre passé et présent, entre les événements extérieurs et les pensées de l'héroïne montrent l'intrigue est très travaillée.
Objectivement, je sais que c'est un bon roman, mais je n'ai pas accroché à l'histoire qui m'a paru trop triste, trop lente, trop ancrée dans la psychologie.
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Magnifique clôture d'un drame familial, 30 ans après, au bord de la banquise qui disparaît.

Publié en 2011 chez Albin Michel, le huitième roman (hors jeunesse) de Valentine Goby marquait un bel aboutissement provisoire, poursuivant cette exploration intense de la manière dont le corps, et la part de corps qui traque l'esprit, agissent et réagissent face au malheur hors normes.

Vingt-huit ans après les faits, Lisa se rend au Groenland où sa soeur aînée Sarah a disparu à 22 ans. Dans un va-et-vient subtilement tramé, elle confronte chemin faisant une vie de souvenirs dédiés à la disparue et le présent d'une civilisation qui s'efface dans l'indifférence du monde, face au réchauffement climatique.

Souvenirs d'une soeur follement passionnée de musique classique et d'acoustique des salles de concert, de son idylle et de ses voyages avec l'Amie aimée, de son profond désarroi lorsque la maladie emporta celle-ci, de cette soudaine décision de se rendre là-bas, loin au Nord, de la terreur qui s'abat sur la mère et le père lorsque le vol retour de Copenhague ne leur rend pas leur fille, de l'attente, de la course aux autorités, de l'enquête privée, du basculement de la frénésie initiale dans la morne dépression, aux limites de la folie, figée dans l'attente irrationnelle, de l'indifférence développée pendant ce temps vis-à-vis de la cadette, Lisa, tant l'énergie parentale est vouée à la conjuration du destin probable de l'aînée, Sarah.

Souvenirs de la construction volontariste de soi qui succède à la mortification du corps, de la découverte patiente que pour, cadette désormais invisible, enfin pouvoir exister aux yeux des parents figés dans l'attente, devenir professeur de français à l'étranger, arpentant toutes les Alliances françaises du monde, nourrissant l'envie et la passion de devenir écrivain, constitue une catharsis autrement plus roborative et efficace, in fine, que l'enfermement dans la triste et mortifère camisole familiale.

Confrontation à la magie noire du soleil et de la glace, avec ces magnifiques échos parfaits, du narrateur perdu au Spitzberg de Christoph Ransmayr Les effrois de la glace et des ténèbres », 1984), du Captain Subzero frigorifié volontaire en terre de Baffin de William T. Vollmann Les fusils », 1994) ou encore et peut-être surtout, de la profonde empathie envers les Groenlandais de la Smilla de Peter Hoeg Smilla et l'amour de la neige », 1992), et tandis que le spectre de Jorn Riel est réellement présent, livre de poche emmené par la narratrice, confrontation enfin à la banquise qui disparaît, là-haut, détruisant les modes de vie, cassant économie et société groenlandaises aussi sûrement que n'importe quel programme de développement surgi des brumes techno-capitalistes au service d'une avidité toujours renouvelée, et dans cette ultime tentative de reproduire les bribes du dernier voyage de sa grande soeur, parmi les chiens de traîneau désormais condamnés et les pêcheurs de glace désemparés, cristallisation d'une compréhension et d'un apaisement…

Un livre d'une belle intelligence et d'une immense beauté. Car comme le dit Paul-Émile Victor dans sa préface à l'« Antarctique, désert de glace » de Claude Lorius, citation que Valentine Goby place en exergue de ce « Banquises » : « La vie polaire ne permet aucun maquillage, aucun subterfuge, aucune tricherie. On se montre tel qu'on est : l'homme que l'on est au fond de soi et qu'on ignore soi-même. ».
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Une histoire émouvante de disparition d'une jeune fille Sarah, partie dans le Grand Nord et qui n'est jamais rentrée.
Désarroi des parents qui luttent chacun de leur façon, le père pudiquement, presque secrètement contrairement à la mère qui déploie toute son energie à la recherche de sa fille , attente qui devient obsessionnelle mais comment lui reprocher ce qui devient le seul but de son existence.
Et à coté d'eux , Lisa, la fille cadette dont la vie de petite fille puis d'adolescente est volée par l' absence de l'ainée. Elle n'a qu'une existence en négatif, transparente dans le coeur de ses parents .
En parallèle, nous suivons Lisa au Groenland, lorsqu' elle part sur les traces de sa soeur au moment où il faut bien la déclarer morte au bout de 28 ans comme un dernier espoir, une tentative ultime pour comprendre ce qui a pu arriver à Sarah la musicienne, anéantie par la mort de Diane, l'amie de coeur.
Et la vision du Groenland est bien différente de celle du prospectus que Lisa rapporte chez elle avant son départ.
Le regard sur la fonte trop prématurée de la glace, sur les pécheurs qui reviennent bredouille , qui se blessent , qui se suicident qui battent femmes et enfants et qui tuent leurs chiens devenus des bouches inutiles à nourrir .
La merde qui souille les paysages que l'ont voudraient immaculés et l'odeur des ordures lorsque le printemps arrive trop vite , constat amer d'un monde dont les changements liés à l'homme lui échappent comme une machine folle que l'on ne plus arrêter .

LE PARADIS BLANC EST LOIN !

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critiques presse (2)
LeMonde
21 octobre 2011
Il y a dans ce livre de Valentine Goby une générosité et un espoir que les malheurs ne parviennent pas à altérer. Une foi, si l'on veut, s'arrachant à l'absence. Au vide. Au silence. D'aucuns appelleraient cela l'humanité. "Que pourrais-je vous donner de plus grand que mon gouffre ?", écrivait le poète Paul Valet.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Telerama
21 septembre 2011
Après les affres de la passion sous l'Occupation (L'Echappée belle) et le supplice de l'avortement (Qui touche à mon corps je le tue), elle traite avec la même sensibilité ondoyante d'une autre détresse : la disparition.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Dans les livres elle cherche des lieux pour elle. Pour se défaire, pour se trouver, fenêtres et miroirs. Elle casse le dos, corne les pages, trace des accolades, noircit de mots les marges, souligne au stylo-bille pour qu’il deviennent ses livres, singuliers, pas prêtables, qu’ils soient elle, elle y tient plus que tout. elle y note des dates, ses devoirs, les références d’un disque, un numéro de téléphone, constelle les pages de garde de petits signes tout droit issus du rêve, étoiles, spirales, sinuosités, lignes de chiffre, mots surgis de la torpeur d’un cours ou d’un trajet de bus, empreintes qui situent sa lecture dans le temps, l’espace, et réécrivent le livre à leur manière. p 128
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Au sous-sol, le niveau départ, sous chape de ciment brut, plafond traversé de bouquets de fils électriques à nu, de câbles et de néons en barres. On y est sans y être, à l'aéroport. Des portes automatiques trouent ça et là le béton, laissant voir des portions de la route circulaire, silhouettes floues, carrosseries de voitures et de cars Air France mal détourés dans l'obscurité - dehors, à vingt mètres de ce boyau, invisible, le plein jour. Au niveau supérieur, loin à hauteur de la piste de décollage, des vitres étroites taillent des triangles, des quadrilatères dans le ciel cru, dans les talus d'herbe fluo, les barbelés, les fuselages d'avions. Les yeux levés, on aperçoit parfois des carlingues traversant les vitres segment par segment, au pas sur le tarmac, puis ce sont les queues des avions comme des ailerons à la surface de l'eau. Dans l'abîme le niveau départ, privé du tricotage en fer et verre en forme de coupole par lequel, de Francfort à Bangkok, on amorce l'envol avant même le comptoir d'enregistrement. Ici, empilement de béton sur béton sur onze niveaux, départs, arrivées, parking rouge, parking bleu, parking vert, et au sommet, la délivrance, un chemin de ronde ceint de bureaux d'où la vue s'ouvre enfin sur le ciel, et champs après champs, après champs, noeuds d'autoroutes, hangars étincelants, un château d'eau pour seul obstacle en travers de l'horizon morne, et même, du vent.
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La mère n’a jamais changé de coiffure, ses cheveux tombent sur ses épaules, mais elle a fait une couleur hier, à cause des cheveux blancs. Un brushing ? Elle répond non, elle n’a jamais eu de brushing. Il pourrait parler à sa place, le père, il pourrait dire les mots qui cognent dans la tête de cette femme, il sent les vibrations de ses terminaisons nerveuses, devine le rythme de son cœur, il fait le compte, quarante-deux ans qu’ils se connaissent, il pense se connaissent plutôt que s’aiment non par manque d’amour, non parce qu’il doute, mais parce que à ce point de la vie ce n’est plus la question, l’amour, il est en elle, elle est en lui, distincts et soudés, bouturés, et ce qu’ils forment pourrait s’appeler chimère, du nom de ces organismes greffés l’un à l’autre, poire et coing, orange et mandarine, qui donnent un même plant mais conservent chacun leur patrimoine génétique. Mêmes, et différents.
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La file progresse lentement entre les bandes déroulantes. Lisa pousse son chariot , ça coince encore. Il fait trop chaud, à cause d'avril, de l'aération mal réglée, des chaussures en Goretex et du blouson de ski hors-saison. Lisa dézippe son blouson, le balance sur le chariot, se baisse et décroche à nouveau les sangles du sac à dos prises dans les roues. Elle devrait compacter le sac dans une gaine de film transparent, une valise en démonstration pivote continûment sur un socle à quelques mètres, mais la queue avance, dense à cause du mauvais fonctionnement des bornes d'enregistrement, Lisa ne prend pas le risque de s'éloigner pour la recommencer, cette queue, alors à chaque déplacement du chariot vers les comptoirs Scandinavian Airlines, le même mouvement nerveux pour rabattre ses mèches de cheveux derrière les oreilles, puis se pencher et dégager les roues. Elle n'y est pas, dans le voyage. Elle n'a pas une pensée pour Copenhague où elle atterrira ce soir, pour Kangerlussuaq, sur la calotte groenlandaise, qu'elle atteindra demain, avant la remontée vers le nord.
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... dans les cagettes, les tuniques des oignons se fendent, s’effritent en miettes dorées comme une peau de croissant. Voyez, les bulbes outrepassent leur état de dormance, dans les limbes pointent des hampes qui gonflent, verdissent, traversent les collets, renflées en leur centre, effilées aux extrémités. Elles portent une inflorescence parfaite, sphérique, une ombelle composée de dizaine de fleurs jaunes minuscules douces au toucher, pinceau à maquillage. La floraison devient poussière, dénude les capsules renfermant les graines noires, elles poudrent le bois stérile des cagettes. p 123
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Vidéo de Valentine Goby
Dans cette vidéo exclusive, plongez dans les secrets bien gardés des écrivains ! Explorez comment Caryl Férey fusionne voyages et écriture, comment DOA aborde la recherche de manière empirique, et comment Valentine Goby navigue l'exploration vertigineuse. Un voyage fascinant dans les coulisses de la création littéraire vous attend !
00:10 Caryl Férey 00:30 DOA 01:45 Alexis Jenni 02:37 Valentine Goby 04:10 DOA 05:33 Valentine Goby
Cette interview a été réalisée durant plusieurs éditions de Quais du Polar, ainsi qu'aux Artisans de la Fiction.
Chez les Artisans de la Fiction, situés à Lyon, nous valorisons l'apprentissage artisanal des techniques d'écriture pour rendre nos élèves autonomes dans la concrétisation de leurs histoires. Nous nous concentrons sur les bases de la narration inspirées du creative writing anglophone. Nos ateliers d'écriture vous permettent de maîtriser la structure de l'intrigue, les principes de la fiction et la construction de personnages.
Pour plus d'informations sur nos stages d'écriture, visitez notre site web : http://www.artisansdelafiction.com/
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