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3,34

sur 167 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une histoire émouvante de disparition d'une jeune fille Sarah, partie dans le Grand Nord et qui n'est jamais rentrée.
Désarroi des parents qui luttent chacun de leur façon, le père pudiquement, presque secrètement contrairement à la mère qui déploie toute son energie à la recherche de sa fille , attente qui devient obsessionnelle mais comment lui reprocher ce qui devient le seul but de son existence.
Et à coté d'eux , Lisa, la fille cadette dont la vie de petite fille puis d'adolescente est volée par l' absence de l'ainée. Elle n'a qu'une existence en négatif, transparente dans le coeur de ses parents .
En parallèle, nous suivons Lisa au Groenland, lorsqu' elle part sur les traces de sa soeur au moment où il faut bien la déclarer morte au bout de 28 ans comme un dernier espoir, une tentative ultime pour comprendre ce qui a pu arriver à Sarah la musicienne, anéantie par la mort de Diane, l'amie de coeur.
Et la vision du Groenland est bien différente de celle du prospectus que Lisa rapporte chez elle avant son départ.
Le regard sur la fonte trop prématurée de la glace, sur les pécheurs qui reviennent bredouille , qui se blessent , qui se suicident qui battent femmes et enfants et qui tuent leurs chiens devenus des bouches inutiles à nourrir .
La merde qui souille les paysages que l'ont voudraient immaculés et l'odeur des ordures lorsque le printemps arrive trop vite , constat amer d'un monde dont les changements liés à l'homme lui échappent comme une machine folle que l'on ne plus arrêter .

LE PARADIS BLANC EST LOIN !

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Magnifique clôture d'un drame familial, 30 ans après, au bord de la banquise qui disparaît.

Publié en 2011 chez Albin Michel, le huitième roman (hors jeunesse) de Valentine Goby marquait un bel aboutissement provisoire, poursuivant cette exploration intense de la manière dont le corps, et la part de corps qui traque l'esprit, agissent et réagissent face au malheur hors normes.

Vingt-huit ans après les faits, Lisa se rend au Groenland où sa soeur aînée Sarah a disparu à 22 ans. Dans un va-et-vient subtilement tramé, elle confronte chemin faisant une vie de souvenirs dédiés à la disparue et le présent d'une civilisation qui s'efface dans l'indifférence du monde, face au réchauffement climatique.

Souvenirs d'une soeur follement passionnée de musique classique et d'acoustique des salles de concert, de son idylle et de ses voyages avec l'Amie aimée, de son profond désarroi lorsque la maladie emporta celle-ci, de cette soudaine décision de se rendre là-bas, loin au Nord, de la terreur qui s'abat sur la mère et le père lorsque le vol retour de Copenhague ne leur rend pas leur fille, de l'attente, de la course aux autorités, de l'enquête privée, du basculement de la frénésie initiale dans la morne dépression, aux limites de la folie, figée dans l'attente irrationnelle, de l'indifférence développée pendant ce temps vis-à-vis de la cadette, Lisa, tant l'énergie parentale est vouée à la conjuration du destin probable de l'aînée, Sarah.

Souvenirs de la construction volontariste de soi qui succède à la mortification du corps, de la découverte patiente que pour, cadette désormais invisible, enfin pouvoir exister aux yeux des parents figés dans l'attente, devenir professeur de français à l'étranger, arpentant toutes les Alliances françaises du monde, nourrissant l'envie et la passion de devenir écrivain, constitue une catharsis autrement plus roborative et efficace, in fine, que l'enfermement dans la triste et mortifère camisole familiale.

Confrontation à la magie noire du soleil et de la glace, avec ces magnifiques échos parfaits, du narrateur perdu au Spitzberg de Christoph Ransmayr Les effrois de la glace et des ténèbres », 1984), du Captain Subzero frigorifié volontaire en terre de Baffin de William T. Vollmann Les fusils », 1994) ou encore et peut-être surtout, de la profonde empathie envers les Groenlandais de la Smilla de Peter Hoeg Smilla et l'amour de la neige », 1992), et tandis que le spectre de Jorn Riel est réellement présent, livre de poche emmené par la narratrice, confrontation enfin à la banquise qui disparaît, là-haut, détruisant les modes de vie, cassant économie et société groenlandaises aussi sûrement que n'importe quel programme de développement surgi des brumes techno-capitalistes au service d'une avidité toujours renouvelée, et dans cette ultime tentative de reproduire les bribes du dernier voyage de sa grande soeur, parmi les chiens de traîneau désormais condamnés et les pêcheurs de glace désemparés, cristallisation d'une compréhension et d'un apaisement…

Un livre d'une belle intelligence et d'une immense beauté. Car comme le dit Paul-Émile Victor dans sa préface à l'« Antarctique, désert de glace » de Claude Lorius, citation que Valentine Goby place en exergue de ce « Banquises » : « La vie polaire ne permet aucun maquillage, aucun subterfuge, aucune tricherie. On se montre tel qu'on est : l'homme que l'on est au fond de soi et qu'on ignore soi-même. ».
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Une couverture blanche, blanche comme la banquise, cette banquise où il fait si froid….
Ce froid qui vous prend l'âme et le coeur, lorsque l'être aimé disparaît … Car c'est comme ça, lorsqu'un être cher n'est plus près de nous, on a froid, toujours, même au soleil, plus rien n'a le pouvoir de nous réchauffer et il faut du temps, beaucoup de temps, pour qu'un jour la chaleur pénètre à nouveau notre coeur, notre corps et que notre âme se réveille….
C'est encore pire si on ne sait pas ce qu'est devenu celui ou celle qui a disparu. le froid reste, s'incruste, c'est l'impossible deuil….

L'absente c'est Sarah, disparue il y a vingt-sept ans…Disparition volontaire, accident, meurtre ? La famille ne sait pas et attend… Ne pas déménager, ne pas s'absenter, ne pas bouger, des fois que … arrêter le temps et se dire que demain, tout sera à nouveau comme avant…
La mère ne vit pas, elle survit, seule l'espérance d'un retour la tient debout.
Le père essaie d'être fort, d'apprivoiser sa douleur, il ne dit rien, souffre-t-il moins pour autant ? « Et s'il avait moins mal qu'elle, en effet ? S'il pouvait vivre avec cette douleur au lieu de vivre en elle ? »,
Lisa ; la soeur, part sur les traces de Sarah, plus de vingt après. Elle refait le même voyage, essaie de rencontrer les mêmes personnes … Elle va à la rencontre de …. sa soeur, elle-même, les autres ?
Une fois encore, la question est posée : faut-il aller à la rencontre des autres pour mieux se connaître ? Ne peut-on exister par soi-même ?

Cette oeuvre évoque des thèmes chers à Valentine Goby :
- l'absence (« ça prend de la place l'absence »),
- le deuil, ici impossible (Vous avez un corps, vous pouvez faire le deuil…. Vous n'en avez pas, vous pouvez espérer…. Espérer jusqu'à quand ? Quand faut-il se résigner ? Un père, une mère peuvent-ils se résigner ? Et que deviennent les autres enfants ? ….)
- les corps, celui de la mère, de la fille encore vivante qui souffre un temps d'anorexie, celui des gens vivants, si chauds, si doux lorsqu'on les touche ….

La construction de ce livre peut désarçonner, des flash back, des informations (la vie des pêcheurs au Groenland), les parents face à eux-mêmes, la vie maintenant (l'euro alors que la disparue avait des francs) et en filigrane la quête de Lisa…. On peut avoir l'impression de ne pas suivre, de partir dans plusieurs directions sans aboutir …

Heureusement, il y a l'écriture de Valentine Goby, son phrasé haché, où les mots semblent se bousculer tant elle veut en dire …. A tel point que parfois, les verbes ne sont pas présents ….
Finalement il est peut-être là, le bémol de ce roman, elle a voulu trop en dire, trop exprimer de choses, d'émotions différentes, d'où un récit morcelé qui de ce fait perd un peu en « substance ».

Banquises, avec un « s », pourquoi ?
Pour cette banquise qui, à cause du réchauffement climatique, se découpe en morceaux et devient des banquises (comme le livre, elle est morcelée).
Pour cette banquise extérieure, celle qu'on voit, où on a froid au corps, et celle, intérieure (« le Nord n'est pas un lieu géographique. C'est un lieu intérieur ») où on froid à l'âme ?
Ou pour toutes autres raisons que seule, Madame Goby, pourra nous dire …..
Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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1982. Aéroport de Roissy. Une famille accompagne la jeune Sarah, 22 ans, pour son départ vers Uummannaq, au Groenland. La tension est palpable.La mère se retient de pleurer et d'être trop pressante. le père rassure et Lisa, sa soeur plus jeune de 7 ans, ne dit mot.
C'est qu'après la mort de sa meilleure amie, Sarah avait abandonné tout vélléité de voyage, elle qui parcourait inlassablement le monde. Sarah doit revenir quelques mois plus tard retrouver sa famille pour l'été. Pourtant, sa famille ne l'a reverra jamais, Sarah n'est pas dans l'avion de retour et on ne retrouve aucune trace de la jeune fille.
Commence alors pour ses parents et sa soeur Lisa, un travail de deuil impossible et le récit de 27 années ravagées par l'absence et l'ignorance. 27 ans nécessaire à Lisa pour suivre les traces de sa soeur et partir à son tour sur la banquise.

Je n'avais jamais lu Valentine Goby mais je peux dire tout haut que ce roman est un véritable coup de coeur !
Avec Banquises, l'auteur plonge véritablement dans les entrailles de la souffrance et de l'ignorance de la disparition d'un enfant ou d'une soeur. le texte alterne les époques : tantôt nous découvrons les conséquences immédiates du non-retour de Sarah, tantôt nous sommes projetés dans le présent de Sarah, désormais femme et mère. S'intercale des passages familiaux au fil de ces 27 années.
Valentine Goby laisse la parole principalement à Lisa, la soeur, tout en ménageant des intermèdes où nous partageons le vécu de la mère ou du père.
L'écriture m'a quelque peu déstabilisée au début. Valentine Goby bouleverse la construction des phrases, met des virgules à la place de point, inverse l'ordre des sujets et de compléments.

Et pourtant, on se laisse peu à peu emporter dans le rythme du récit dont l'alternance de narrateur et d'époque évite l'ennui et provoque l'attente chez le lecteur.
Alors de quoi parle Banquises, me dirait vous ?
Banquises est un récit magnifique sur l'absence, sur la douleur de la perte quant celle-ci n'est pas totalement avérée, sur le deuil impossible.
Nous allons suivre la famille de Sarah dans son difficile parcours : l'attente infinie à l'aéroport à traquer tous les vols où Sarah pourrait descendre, l'attente interminable du coup de fil de Sarah, l'obligation d'être présent à la maison afin de ne pas rater sa venue ou son appel, les démarches auprès des autorités réticentes (elle est majeur et fait ce qu'elle veut...) pour retrouver des traces de Sarah, les affiches distribuées pour trouver un témoin, l'impossibilité pour le couple de se donner encore du temps pour l'amour, etc....

Sarah la disparue, Sarah l'absente, Sarah qui va obligatoirement revenir... Une Sarah qui monopolise toute l'attention, toute la vie. Une Sarah qui éclipse une Lisa....
Car si la quête désespérée des parents est totalement poignante et bouleversante par son désespoir devant lequel personne ne peut rester indifférent, l'histoire de la vie de Lisa est tout aussi prenante. Lisa, jeune soeur de Sarah, devient totalement transparente pour ses parents et sa vie semble presque contestée par rapport à celle de la disparue. Comment vivre et continuer à exister ? Comment se construire sur l'absence d'une autre ? Comment surmonter sa propre douleur tout en portant celle de ses parents ?

Lisa construit sa vie malgré tout. Elle est mariée, a 2 enfants mais la soeur manque toujours.
Peu à peu, le désir d'aller sur les traces de sa soeur, de parcourir les derniers lieux où elle serait allée pour voir ce qu'elle aurait vu, se fait jour. 27 ans plus tard, c'est donc à Lisa de partir pour le Groenland. Son voyage se fait initiatique. Elle découvre une terre, ses habitants, une autre façon de vivre. Un lieu où la disparition a aussi force de loi. Car le Groenland voit ses terres disparaitre. La banquise rétrécit, suite au réchauffement climatique, la population s'amenuise et les chiens de traineau en surpopulation, sont abattus par nécessité.

Valentine Goby nous parle ici d'une monde qui s'efface, qui nous efface peu à peu de sa surface. Banquises est un sublime roman désenchanté. Bref, Banquises est un concentré de finesse et d'émotion qui bouleversera son lecteur par la force de son écriture et son récit !
Un des livres de la rentrée à ne pas rater, à mon avis !!
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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Lisa part pour le Groenland sur les traces de sa soeur Sarah, partie vingt-sept ans plus tôt et qui a disparu là-bas. Ce voyage est une quête, celle de l'absente, celle du sens à donner à sa disparition. Mais sur place, elle découvre une terre en déliquescence, qui disparaît elle aussi.
Le récit de la quête de Lisa n'est pas linéaire. Comme une composition kaléidoscopique, les fragments de souvenirs, les photographies laissées par Sarah, les images du Groenland recomposent une histoire, celle d'une famille brisée par l'absence. Dans une langue sèche et heurtée, le récit nous entraîne à la poursuite de l'absente, de ce vide immense laissée derrière elle et du deuil impossible qui ronge les vivants.
Je ne sais pourquoi ce roman du vide, de la perte et de l'effondrement m'a tant bouleversée. En tout cas, j'ai eu du mal à le lire, à me confronter à la douleur d'une famille et d'une terre, à observer le monde glisser dans l'abîme.
Lien : https://betweenthebooksentou..
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Banquises est un récit magnifique sur l'absence, sur la douleur de la perte quant celle-ci n'est pas totalement avérée, sur le deuil impossible.Banquises est un récit magnifique sur l'absence, sur la douleur de la perte quant celle-ci n'est pas totalement avérée, sur le deuil impossible.
Vivre, est-ce là vivre ? et Elsa, la seconde est oubliée. On ne vit que pour Sarah. On fête l' anniversaire de Sarah depuis 27 ans. On ne vend pas l' appartement au cas où ...elle réapparaitrait.Une Sarah disparue , mais qui est toujours omniprésente.

La vie de Lisa semble complètement invisible aux yeux de ses parents. Comment se construire sur l' absence d'une autre , s'identifier dans une telle situation ?
Valentine Goby alterne les passages de vie du père et de la mère. Elle laisse souvent la parole à Lisa. le récit comporte des" flash-backs" sur la vie de Sarah, et des instants de vie d' Elsa.

Je me suis laissée porter par ce récit en demi-tons , qui alterne passé et présent. Banquises est un récit magnifique sur l'absence, sur la douleur de la perte quant celle-ci n'est pas totalement avérée, sur le deuil impossible.


Lien : http://livresdunjour.blogspo..
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Ce livre est un tourbillon d'émotions qui vous assaillent et qui ne vous lâchent plus.
Point de vue écriture, c'est une écriture qui demande de s'y plonger lentement et longtemps. Inutile de le commencer si vous n'avez que dix minutes devant vous. Elle se mérite, elle s'immisce en vous et vous aurez plaisir à relire certaines tournures.
Lien : https://pagesversicolores.wo..
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