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EAN : 9782330038342
64 pages
Actes Sud (08/10/2014)
4.22/5   36 notes
Résumé :
Valentine Goby aborde ici ouvertement le récit autobiographique. Pour Essences, elle revisite son enfance à Grasse, pays des parfumeurs et territoire du père, à travers les odeurs qui ont façonné les premières années de sa vie, de séduction en crises d'asthme. Plus tard, à Paris, à New York, à Hanoï et Manille, elle creusera la distance avec l'entreprise familiale, l'univers olfactif des origines, pour se forger une identité singulière dont la forme achevée sera le ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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L'enfance de Valentine Goby qui se déroule à Grasse, aura été envahie par les odeurs qu'elle réunit en un tout « l'odeur d'usine », l'odeur envahissante de son père parfumeur rentrant à la maison imprégné d'un mélange d'odeurs d'essences pures, insupportable pour cette petite fille, une barrière qui la sépare de son père, qui l'étouffe.
« Dans mes souvenirs d'enfance mon père n'a pas de visage et quasi pas de corps. Son corps et son visage sont en voyage d'affaires ou dissous dans l'odeur d'usine.

Sa mère, elle, porte un parfum qui permet à l'enfant de la reconnaître, qui la distingue :
« L'Air du Temps est mon corridor olfactif, il me conduit vers ma mère, vers le foyer, chez moi.

C'est en lisant que Valentine Goby va pouvoir fuir l'odeur du père, du « corusine » comme elle le nomme.
« Lire c'est pour décamper » mais elle va retrouver les odeurs sur sa route avec le livre de Patrick Süskind « Le Parfum ».

« …dès la première page, je suis saisie à la mesure de mon arrogance : l'écriture de Süskind fabrique des odeurs ; des odeurs puissantes comme des essences pures. La langue est sa matière première. Mon père traque les plantes à parfum à travers le monde, Süskind débusque les mots dans la jungle de la langue et à la fin, tous les deux fabriquent des odeurs.

Et ce livre va la conduire, après un passage à New-York où elle sert de Peau, dans une entreprise pour tester les parfums et des séjours dans des pays asiatiques saturés d'odeurs, vers l'écriture.
Elle finira par rejoindre son père un matin de Noël 2013 dans une odeur d'iris de Florence qui leur plaît à tous les deux :
« Et peut-être l'iris nous plaît-il alors, à lui et à moi, pour les effets que le temps opère sur sa matière, et par extension sur toute matière ; pour ce qu'il révèle de sa beauté insoupçonnée. »
J'ai beaucoup aimé ce livre plein de sensualité, qui développe le parcours initiatique d'une enfant qui va se découvrir elle-même à travers les parfums ceux qu'elle rejette et enfin ceux qu'elle choisit qu'elle met sur sa peau mais aussi qu'elle crée avec ses mots.
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Si vous avez lu « Un paquebot dans les arbres» de Valentine GOBY et si vous lisez « Baumes », vous trouverez des similitudes entre les deux, notamment en ce qui concerne le rapport au père ; Comment ne pas passer inaperçu à ses yeux, exister en tant que personne.

C'est un livre très intimiste, et aussi un CRI à son père, pour lui dire J'EXISTE. Valentine a beaucoup souffert de son indifférence. A travers le sens de l'odorat, tout en pudeur, Valentine raconte son rapport au père, directeur d'une usine de distillation de fleurs à Grasse, et fait l'ébauche des problèmes qu'ils ont eu à communiquer.

Le comble, c'est que Valentine fait des crises d'asthme. Mais peut-être que ces crises sont justement là pour faire prendre conscience à son père qu'elle existe, c'est un acte de résistance à son indifférence.

Un très beau moment de lecture qui tourne autour de l'odorat et des parfums, odeurs intimement liées à son enfance.
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Ce petit livre est publié chez Actes Sud dans la collection « Essences » qui regroupe diverses productions littéraires sur le thème des odeurs. C'est sous l'angle autobiographique que Valentine Goby apporte sa contribution.
L'enfance de la romancière a été fortement imprégnée de souvenirs olfactifs et pour cause : fille d'industriel du parfum, Valentine Goby a été élevée dans la capitale du parfum, Grasse. Un de ses premiers souvenirs est lié à son père, qui rapportait du travail «l'odeur de l'usine », un mélange d'essences diverses servant à fabriquer des parfums. La petite fille n'appréciait guère les moments où son père rentrait de l'usine et imposait le mélange de parfums dont il était imprégné. Valentine préférait le joyeux désordre qui régnait dans la maison en son absence ainsi que l'odeur rassurante et légère de sa mère. Entre le père et la fille, c'était mal parti et cela ne s'arrangera pas vraiment à l'adolescence.
Baumes - Valentine Goby (audio)
A l'heure des choix, Valentine décidera de ne pas rejoindre l'affaire familiale pour se tourner vers la littérature (elle a bien fait !) mais avant cela, elle fera un petit stage dans une firme américaine qui commercialise des parfums. Voilà une autre expérience intéressante qu'elle raconte à merveille, tout comme sa rencontre avec le roman de Patrick Süskind "Le parfum".
Valentine Goby a un réel talent de conteuse et un très joli timbre de voix. Je me suis régalée avec ce petit récit poétique. Je l'ai écouté plusieurs fois, savourant le choix des mots et des métaphores.
Baumes - Valentine Goby (audio)
Un très joli voyage au pays du parfum et une façon de connaître un peu mieux Valentine Goby
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Quelle merveille que ce court ouvrage à la lecture duquel je me suis sentie envahie de parfums. Descriptions, contacts, tout ici est odorant et encore une fois l'écriture sensuelle ( ou sensorielle)de Valentine Goby m'enchante.
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Avec Baumes, Valentine Goby nous fait rentrer dans son intimité ; son enfance à Grasse, sa relation particulière avec son père - directeur d'une parfumerie, sa mère, le parfum omniprésent, mais aussi la maladie...

J'ai lu ce livre quelques jours après la venue de Valentine à ma médiathèque pour un échange très intéressant. C'est une personne très accessible, volubile, avec de l'humour.
En lisant Baumes, je l'entendais encore.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
D’un bout à l’autre de mon enfance, l’odeur d’usine signe le retour de mon père. L’odeur puissante des cuves à distiller, qui excède toutes les odeurs connues de la nature, les aggrave prodigieusement. Odeur d’essences pures, lavande pure, rose pure, orange pure, vanille pure, parfois additionnées, citron pur et griotte pure, menthe pure et tubéreuse pure, trop compactes pour se dissoudre, s’annuler l’une dans l’autre : iris contre gingembre, encens contre violette, luttant à même la fibre des vêtements. L’odeur incruste les vestes de mon père, ses écharpes de laine, ses mouchoirs de soie, ses costumes, ses chemises, ses nœuds papillon, le cuir de ses chaussures, et aussi ses cheveux, la peau de son visage, la peau de ses mains, ses ongles, ses poils. Dès son entrée dans la maison, l’odeur d’usine dissout toute concurrence, le fumet de soupe et de gratin en train de cuire, les effluves de savon de Marseille de la salle de bains, le tabac froid, l’humidité des murs. L’odeur précède mon père, l’escorte dans les couloirs, marque son sillage comme l’herbe couchée le passage d’un animal.
(...) L’odeur dessine un territoire, le territoire de mon père.
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Je me demande si le père de mon père, que je n'ai pas connu, portait l'odeur d'usine dans toute sa peau et tout son vêtement. S'il rentrait lui aussi imprégné d'essences pures, si sa présence provoquait de semblables , silencieuses apocalypses, pouvait défaire le monde dans lequel il surgissait, en imposer un autre, avec ses propres protocoles, que sa disparition renversait aussitôt et les souris dansaient. S'ils se sont transmis ça, en même temps que le patronyme, le patriarcat, la maison magnifique parmi les oliviers: cette capacité à occuper l'espace, le saturer. Le confisquer. (p.20)
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Dans mes souvenirs d'enfance mon père n'a pas de visage et quasi pas de corps. Son corps et son visage sont en voyage d'affaires ou dissous dans l'odeur d'usine. Je me souviens de ce cliché pris quelques heures après ma naissance : je suis un vermisseau lavé et habillé qu'il tient sur un bras à même le costume, il vient donc de sortir de l'usine ou il s'y rend, et à sa tenue je comprends que notre première rencontre s'est faite dans l'odeur d'essence pure. Je ne vois sûrement de lui qu'une forme ronde et claire, mais je suis pourvue de neurones olfactifs en parfait état de marche depuis ma huitième semaine in utero. C'est donc ça, mon père, d'emblée : un bloc olfactif qui n'a pas de visage.
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Dans mon enfance tout le monde porte un parfum par-dessus ses phéronomes (...)
Ma mère c'est -L'Air du temps- Un bouquet de printemps d'où jaillit l'image pastel de cerisiers et d'amandiers en fleurs. (...)
L’Air du Temps est mon corridor olfactif, il me conduit vers ma mère, vers le foyer, chez moi. (p.16)
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Ce que sent le chagrin je l'ignore, il y a mille visages au chagrin. Je veux écrire chaque émotion avec la précision d"une formule olfactive. La disséquer composante après composante, conduire le lecteur de l'une à l'autre, et ainsi jusqu'à épuisement de l'ensemble des éléments du bouquet pour qu'à la fin ce soit le lecteur qui fasse la somme, qui nomme, qui conclue au chagrin, à la tendresse ou à l'angoisse, que je ne nommerai pas moi-même.
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Videos de Valentine Goby (82) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Valentine Goby
Dans cette vidéo exclusive, plongez dans les secrets bien gardés des écrivains ! Explorez comment Caryl Férey fusionne voyages et écriture, comment DOA aborde la recherche de manière empirique, et comment Valentine Goby navigue l'exploration vertigineuse. Un voyage fascinant dans les coulisses de la création littéraire vous attend !
00:10 Caryl Férey 00:30 DOA 01:45 Alexis Jenni 02:37 Valentine Goby 04:10 DOA 05:33 Valentine Goby
Cette interview a été réalisée durant plusieurs éditions de Quais du Polar, ainsi qu'aux Artisans de la Fiction.
Chez les Artisans de la Fiction, situés à Lyon, nous valorisons l'apprentissage artisanal des techniques d'écriture pour rendre nos élèves autonomes dans la concrétisation de leurs histoires. Nous nous concentrons sur les bases de la narration inspirées du creative writing anglophone. Nos ateliers d'écriture vous permettent de maîtriser la structure de l'intrigue, les principes de la fiction et la construction de personnages.
Pour plus d'informations sur nos stages d'écriture, visitez notre site web : http://www.artisansdelafiction.com/
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