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4,12

sur 1304 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Encore un texte sur la déportation ? Oui, mais abordé avec une profonde intelligence par Valentine Goby, qui dévoile des faits hallucinants sur le sort réservé aux déportées enceintes à Ravensbrück. Un roman grave et bouleversant.

Suzanne, ancienne déportée, est invitée dans un lycée pour parler de son expérience des camps. Une question lui est posée, elle doute et cherche à répondre correctement sans fausser l'histoire...C'est alors qu'elle déroule son récit. Sous le nom de Mila elle fait partie d'un réseau de résistance à Paris. Elle a 22 ans. Arrêtée, elle arrive au camp de travail de Ravensbrück au printemps 1944. Mila découvre l'horreur du quotidien des 40 000 femmes venues de toute l'Europe. L'appel à 3 h 30 du matin, la saleté et la puanteur insoutenables. Les infections aux noms barbares qui emportent les femmes les unes après les autres. Les bagarres et les vols dans les baraquements. La faim qui tord les entrailles. le froid. Les abus permanents. Mais aussi la solidarité, le partage et l'espoir, qui donnent chaque jour la force de continuer à vivre. Mila a peur, elle a un secret, qu'elle doit garder à tout prix : elle est enceinte. Elle ne sait rien de ces choses-là, sauf que si elle parle, elle meurt, voire pire. C'est sa façon à elle de résister, tant que les SS ne savent rien, elle a encore quelque chose qui lui appartient, qu'elle peut contrôler et protéger. Arrivée à terme, elle découvre la Kinderzimmer, la chambre des nourrissons. Même si les enfants y meurent très vite, Mila y voit un point de lumière dans les ténèbres…

Âmes sensibles s'abstenir. Kinderzimmer est un roman éprouvant, extrêmement dérangeant, qui vous prend à la gorge de la première à la dernière page. On suffoque, on tremble, on a la nausée. Une écriture sans concessions, tour à tour dépouillée et glaciale – à l'image du camp – puis poétique et bouleversante, sert ce texte virtuose. À coups de phrases urgentes, de mots crus, d'alternance de rythmes et de langues, elle nous entraîne dans un univers dont la noirceur est sans égale et nous immerge au coeur même de l'horreur. Mais elle nous donne à voir aussi la formidable énergie de vie qui vibrait dans les camps et la minuscule lueur, là-bas, tout au fond, qui continue de briller et qu'il ne faut surtout pas laisser mourir. Entre ombre et lumière, désespoir total et foi inébranlable en la vie. Un grand livre. Très fort.
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S'il fallait trouver une justification au roman de Valentine Goby, on pourrait dire qu'il est utile parce que la montée actuelle des partis d'extrême droite et populistes montrent qu'il est nécessaire de souligner où ont mené par le passé leurs idéologies.

Mais aussi que la solidarité et la force des déportées, malgré le dénuement et l'inhumanité absolus du camp, rapportées dans Kinderzimmer, témoignent de la résistance d'hommes (ou de femmes en l'occurrence) à leur anéantissement programmé.

J'ai souvent pensé qu'il y avait une forme d'indécence de ceux qui n'ont connu que la paix à écrire sur les camps. Pourtant, pour que " plus jamais ça ", il faut raconter, expliquer encore et encore. Peu importe qui le fait, l'essentiel est que cela soit fait.

Ainsi, ce sont les témoins qui l'ont vécu, tel Primo Levi, qui racontent leur calvaire. L'enfer dont la plupart de leurs camarades ne sont pas revenus malgré leur volonté et leur instinct de survie. Mais c'est également Kinderzimmer écrit par une jeune femme pour rappeler jusqu'où peut aller la folie des hommes ; le mal absolu perpétré au nom d'idéologies nationalistes.
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Dire que je serais passée à côté de cette lecture si je n'avais pas été témoin de la présentation de son livre par Valentine Goby elle-même, invitée par la médiathèque locale... J'aurais probablement parcouru quelques pages, puis refermé sur l'horreur ce livre qui dérange. Oui c'est insoutenable, oui les descriptions de la vie des femmes et des bébés dépasse tout ce qu'on peut imaginer, bien assis que nous sommes sur notre confort quotidien. Et oui, Valentine Goby ne nous épargne rien. Mais l'entendre avec un grand sourire parler de l'espoir, de l'amour entre ces femmes, de l'acte d'écriture qui est un devoir à la mémoire. Pour que plus jamais.... Et surtout écouter la lecture qu'elle fait de ces passages extraordinaires tels que les dialogues entre ces déportées que tout pousse à la mort certaine et qui parlent de cuisine, d'oiseaux, de chevaux blancs. L'espérance est forte, dans ces camps de mort, ne l'oublions pas. Merci Valentine Goby
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Valentine Goby nous offre ici un roman particulièrement bouleversant.
Un prologue introduit Suzanne Langlois, ancienne déportée du camp de travail de Ravensbück en septembre 1944, qui depuis trente ans se déplace dans les écoles pour parler de son passé, la résistance, la gestapo, la déportation.
Transmettre avant de mourir, car Ravensbrück est un camp sans documents (détruits par les SS avant leur fuite), seuls restent les paroles des survivantes.
Ravensbrück, camp de concentration spécialement réservé aux femmes et dans lequel vécurent aussi des enfants(!)
C'est la vie quotidienne de ces milliers de femmes qui est retracée ici.
Une plongée au coeur de l'horreur.
Avant 1944, les bébés étaient tués à la naissance.Mais en 1944, lors de la débâcle allemande,la kinderzimmer (chambre des enfants) est créée pour s'occuper des nouveaux-nés.
Sur 500 naissances consignées à Ravensbrück, une quarantaine d'enfants seulement ont survécu.
Ce livre est une page d'Histoire, c'est un hommage aux grandes résistantes, Germaine Tillion, Charlotte Delbo, la poétesse,...mais aussi aux autres, les inconnues.
Ce livre, c'est un hymne à la vie, à la solidarité et au courage.
Il est dédié aux trois enfants français survivants :
Sylvie Aylmer(03/1945)
Jean-Claude Passerat(11/1944)
Guy Poirot(03/1945)
ainsi qu'à l'étudiante en médecine, puéricultrice de la Kinderzimmer :
Marie-Jo Chombart de Lauwe
Nous avons un devoir de mémoire , pour que cela ne se reproduise jamais.
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Valentine Goby a écrit un roman, qui n'épargne pas le lecteur,sur la vie dans les camps de concentration et plus particulièrement nous fait vivre auprès de Mila. Mila est une jeune femme tout juste enceinte lorsqu'elle est arrêtée et conduite à Ravensbrück. Ignorant ce que deviennent les bébés puisqu'elle n'en voit aucun, Mila va chercher à cacher cette grossesse jusqu'au jour où elle accouche et fera alors connaissance avec les Kinderzimmer. L'écriture de Valentine Goby est particulière, elle ne cherche pas à édulcorer les faits. Ce n'est pas non plus un livre larmoyant loin s'en faut. C'est un livre dur cru, violent. le quotidien nous est décrit sans aucune fioritures :odeurs, maladies, excréments mais aussi la cruauté les gardiennes qui ne dérogent jamais à l'appel qui s'éternise quel que soit le temps.
C'est une lecture intense qui réclame maintenant quelque chose de bien plus léger pour ne pas sombrer !
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« Le camp est une régression vers le rien, le néant, tout est à réapprendre, tout est à oublier. »

Comment vivre l'horreur d'un camp de concentration et y survivre ? Est-ce qu'on souhaite continuer à vivre dans ces conditions, quand on voit que « le corps s'avale. Se digère » ? Manque de nourriture, de soins, crasse, violences, maladies, insoutenable cruauté, mort... peut-on trouver la force de tenir même pour un enfant à naître ? « Il n'y a pas un bébé dans ce camp, pas une mère parce que mettre au monde c'est mettre à mort. »

L'amitié, l'amour, un pari gagné et des mots peuvent sauver. « Nommer quelque chose qui n'appartenait pas au camp » c'est une victoire sur ce néant. « Regarde, Mila. Regarde bien, et souviens-toi. » Coder, toujours coder "do ré# fa" pour mémoriser, et compter : 90 jours moins 1, moins 2, moins 3... un trimestre d'espoir, pour la musicienne, des bémols à chaque jour.

Et après ? Quand bien même on arriverait à s'en sortir... que faire, que dire ? « Elle sait qu'elle va porter Ravensbrück comme elle a porté son enfant : seule, et en secret. »

J'ai dévoré ce roman et pourtant je n'ai pas aimé l'écriture. Des phrases que j'ai trouvées difficiles, souvent de longs inventaires et des tournures qui freinaient ma lecture - « les sans dents, les yeux jaunes, la gale dans les coudes dans les genoux, les qui se tiennent très droites pour faire bonne impression » - et pourtant !

Je ne pouvais m'empêcher de tourner les pages, je voulais savoir. le rythme du récit est parfaitement bien calé et beaucoup de thèmes sont évoqués dans ces quelques pages avec force justesse (la découverte de son corps, de la maternité lorsque personne ne vous a rien dit, la mort dans le camp, le retour des camps, la difficulté de dire à ceux qui n'ont pas connu... ).

« Qu'est ce que ça veut dire, gagner ou perdre ? Teresa répondrait : tu perds seulement quand tu abandonnes. »
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Je l'ai déjà dit lors d'une précédente présentation de livre, j'ai un "grand palmarès" de lecteur sur la littérature dite concentrationnaire.
Mais cette littérature est une oeuvre monumentale de témoignage(s).
Or, ce qui fait la singularité du livre de Valentine Goby, c'est que - Kinderzimmer - est une oeuvre de fiction. D'où ma longue prudence, qui explique, en partie, pourquoi j'ai attendu sept longues années avant de me lancer dans la lecture de ce roman.
- Kinderzimmer - ou la chambre des enfants ou la pouponnière ( une antichambre de l'enfer sur terre), appartient à ces nombreux mystères liés à l'existence, à la finalité du camp de concentration de Ravensbrück, camp où se retrouvaient, en majorité, des déportées politiques venues de toute l'Europe ( URSS ou Russie comprise), qui avaient pour vocation d'être des esclaves travaillant jusqu'à épuisement (mort) pour le "Grand Reich " allemand, et à propos duquel on ne possède quasiment pas d'archives.
Un de ces mystères est l'ouverture très discrète de cette "pouponnière" en septembre 1944... au moment même où les nazis commencent à gazer en masse des déportées dont ce n'était pas jusque-là la destinée initiale.
À travers un formidable travail d'historienne, pour ce qui est du contexte, rendu avec un réalisme très dur mais d'une éthique de vérité scrupuleuse, Valentine Goby ( c'est là qu'intervient la fiction) crée et fait vivre des personnages "plus vrais que vrais".
Une jeune femme, Mila, déportée politique française, va passer de vendeuse dans un magasin de musique, oeuvrant, grâce à des partitions "réécrites", pour la Résistance, d'héroïne ordinaire à héroïne extra-ordinaire, parce qu'elle est enceinte, qu'au début elle l'ignore, puis le nie et le cache, et parce que arrivée au terme de sa grossesse, elle et ses camarades vont découvrir l'existence, ignorée de toutes (ou presque), de cette - Kinderzimmer -... minuscule lieu de vie au milieu d'un gigantesque lieu de mort... et que toutes ensemble, elles vont se battre pour que le souffle de cette vie ou de ces vies ne s'éteigne pas. ( L'espérance de vie des nourrissons ne dépassait pas trois mois). Acte de résistance, acte de solidarité ; il s'agissait moins de sauver des individus que de préserver l'espèce. Certaines mères avaient jusqu'à 20 enfants, et plus parfois (les mères en vie "adoptaient" les enfants des mères décédées...). Valentine Goby raconte qu'un des trois enfants français né à Ravensbrück... a été surnommé "l'enfant international"...
Révélation et symboles éminemment interpellants.
Un livre fort qui questionne sur les camps bien sûr, mais sur l'humain, son courage, sa capacité à se dépasser, sur la solidarité (omniprésente dans cette histoire), sur la vie et le sens qu'on peut lui donner, sur l'amour, et sur l'internationalité de l'espèce humaine.
Une dernière petite précision concernant l'écriture. J'ai évoqué le réalisme, il y a aussi l'émotion restituée par une narration au présent de l'auteure, pour se dégager du piège qu'eût été une écriture "de témoignage".
J'aurais eu des regrets de passer à côté d'un si bon travail d'écriture sur un tel sujet.
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Bon, et bien voilà un roman que je suis heureuse d'avoir terminé...
Non pas qu'il soit mauvais, au contraire, mais il est éprouvant.

Dans "Kinderzimmer", Valentine Goby nous fait rentrer dans l'histoire, elle ouvre une fenêtre sur le passé, sur ces événements si monstrueux qu'ils en paraissent inconcevables, et elle nous projette littéralement dedans.
L'écriture est hachée, féroce, parfois presque hallucinée, en symbiose totale avec le propos.
Le texte est exigeant, il demande une attention constante sous peine de perdre le fil.
C'est une lecture qui appelle des pauses, pour respirer, revenir à la douceur.

Sur le sujet des camps, de ce retour impossible à la vie d'après, j'ai lu (et beaucoup aimé) il y a quelques temps " Et tu n'es pas revenu" de Marceline Loridan-Ivens, mais là où ce dernier était tout en pudeur malgré la violence et la douleur," Kinderzimmer" expose l'horreur brute.
Il me semble que si le premier touchait à notre intelect, le texte de Valentine Goby en appelle plus à nos réflexes et à nos sens.
Il y a ces mots, à la toute fin du livre: " Il faut des historiens pour rendre compte des évènements; des témoins imparfaits, qui déclinent l'expérience singulière; des romanciers pour inventer ce qui a disparu à jamais: l'instant présent".
Voilà, ce roman, c'est l'histoire au présent...


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J etais vraiment intriguée par ce titre et après l avoir repéré chez plusieurs de mes amis je me suis dit qu il fallait absolument que je m y penche dessus.
Alors comme Fandol le dit en introduction de sa critique, mon dieu quelle claque. Pourtant j ai déjà lu plusieurs livres sur le sujet. Mais là je ne sais pas. J avais presque l impression d être dans ce camp avec Mila, le récit m a pris aux trippes. Cela a été une lecture intense. Comme à chaque fois je n ai pas pu m empêcher de penser comment des êtres humains peuvent infliger ça a d'autres êtres humains.
Avec Mila, Suzanne Langlois de son vrai nom, j ai vu l horreur , la faim, la peur , le froid mais aussi l espoir et l entraide, le courage, l envie de vivre. Mila c est une resistante française qui a été dénoncée. Elle a 22 ans et elle est enceinte. Elle arrive dans le camp en 1944 et cache sa grossesse car elle sent qu il ne faut pas révéler sa grossesse. le sort réservé aux femmes enceintes et aux bébés est ignoble. Kinderzimmer c est la chambre des bébés. Seulement 3 enfants nés dans le camp en sont sortis vivants.
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Valentine Goby aborde avec ce roman le sujet peu connu des femmes enceintes dans le camp de concentration de Ravensbrück.
Le récit est habilement introduit par la visite dans une classe d'adolescents de Suzanne, ancienne déportée, pour raconter ce qu'elle a vécu avec ses compagnes d'infortune dans les camps.
Troublée par une question inhabituelle d'une jeune élève, Suzanne se souvient et s'interroge.
Et nous sommes projetés dans l' horreur; bien que les livres sur la vie dans les camps et les terribles images des documentaires soient gravés dans nos esprits , cette nouvelle description est difficilement soutenable, peu de choses nous sont épargnées: les longues heures d'appel où les femmes doivent être des stèles immobiles sous peine d'être éliminées , la violence,la saleté, la maladie, la mort qui rode en permanence... .
Mais Mila, le nom qu'elle porte pendant sa détention évoque aussi les liens forts entre les femmes, amitié, soutien, solidarité, les petits actes de résistance, l'espoir parfois fou et mille petites choses qui permettent de continuer de lutter pour sa vie: les concerts d'ongles et les petits cadeaux pour les anniversaires et Noël ...
Se surajoutent à ce récit , le vécu d'une grossesse et la découverte de la Kinderzimmer où les nourrissons passent leurs quelques petits mois de survie où l'instinct maternel se décuple pour faire vivre son bébé où celui d'une autre
Je me suis demandée comment Valentine Goby avait eu la force d'écrire cette histoire si éprouvante, en tout cas le lecteur en sort profondément affligé. Un grand roman .
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