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Critique de Fandol


Quel roman extraordinaire !
Je sors de cette lecture passionnante et émouvante complètement bouleversé. de la première à la dernière page, Valentine Goby que j'avais déjà appréciée dans Un paquebot dans les arbres, m'a fait vivre une histoire d'une importance primordiale pour celles et ceux qui se disent valides et j'ajoute que ce roman est aussi essentiel – une formidable bouffée d'oxygène – pour celles et ceux qui souffrent d'un handicap.
Avec François Sandre, grand jeune homme, sportif, amoureux, qui adore l'escalade, j'ai vécu des moments si intenses que j'ai de la peine à trouver les mots justes, ces mots que l'auteure a si bien su agencer et faire vivre avec un souci de la documentation d'une précision remarquable.
Tout débute au cours du terrible hiver 1956 dont je me souviens. L'intérieur des fenêtres était complètement gelé malgré les couvertures et les protections installées par mes parents… François part de Paris, passager d'un camion qui l'emmène chez un cousin, dans les Ardennes. Tombés en panne sur une route déserte, le chauffeur du camion l'envoie chercher du secours. François part, suit des rails, trouve des wagons immobilisés par le gel, grimpe sur l'un d'eux pour tenter de voir où il peut trouver de l'aide et une déflagration électrique le propulse sur le sol, un arc de 25 000 volts depuis la caténaire qui aurait pu le tuer ! C'est une fillette qui trouve ce corps brûlé au deuxième et au troisième degré. Un bras est carbonisé complètement, l'autre presque autant.
Commence alors une période terrible tellement bien racontée par Valentine Goby, avec des déferlantes de mots, de phrases qui prennent aux tripes. Il faut vraiment lire tout ça ! Je dois tout de même révéler que François s'en sort, revient dans sa famille qui tient un atelier de couture mais il n'a plus de bras. Nous sommes à la fin des années 1950 et l'appareillage qu'on lui propose, il ne le supporte pas.
Lui qui est très attiré par l'eau – quelle scène dans ce lac du col de la Loze, au-dessus de Méribel, où le Tour de France 2020 arrivera pour la première fois !… - découvre une murène, poisson sans nageoires, lors de la visite d'un aquarium en compagnie de Sylvie, sa soeur. Au passage, il faut que je salue Mum, sa mère, anglaise, qui fut d'une admirable patience durant son hospitalisation.
Insensiblement, j'ai découvert les débuts de ce que nous appelons aujourd'hui le handisport, mal vu, pas accepté au début des années 1960. Ce qui était, au début, en France, réservé aux mutilés de guerre, s'étend peu à peu. C'est en regardant les Jeux Paralympiques de Rio, en 2016, que l'auteure a été épatée par Zheng Tao qui bat le record du monde du 100 m dos. Depuis 1960 et Rome, que de chemin parcouru !
Hommage vibrant s'il en est, Murène est un livre qui fait honneur à la littérature française, un livre qui redonne dignité et humanité à toutes celles et à tous ceux qui souffrent dans leur corps et trouvent dans le sport, à condition qu'on regarde comme des sportifs, une occasion de se sublimer et d'oublier leur différence.
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