Jean-Luc Godard
- Nous sommes un peu comme des frères ennemis, je trouve, parce que moi, à tort peut-être, j’ai le haine de l’écriture. Pas de l’écriture en elle-même, mais du moment où elle vient, elle est tout le temps là…
Tandis que toi, s’il n’y a pas l’écriture (je ne sais pas s’il faut l’appeler l’écriture ou le texte)…
Marguerite Duras
- L’écrit, je dis : le texte ou l’écrit.
Jean-Luc Godard
- Mais quand même, une image, il y en a un peu besoin…
Marguerite Duras
- J’ai besoin de deux choses, sur l’écran, qui ne gênent pas ce que j’appellerais « l’amplitude de la paroles ». En général, je trouve que toutes les images, ou presque, gênent le texte. Elles empêchent le texte d’être entendu. Et ce que je veux, c’est quelque chose qui laisse passer le texte. Tout mon problème, c’est ça.
M. D. – Moi, j’ai pratiquement quitté Paris, maintenant. J’y reste trois mois par an. D’ailleurs, tu sais ce qui se passe à Paris. On est chassés, petit à petit. Avec la libération des loyers, il ne va plus rester que les milliardaires français et leurs bureaux.
J.-L. G. – C’est le même mouvement qu’à New York.
Il y a parler et parler. Les hommes ne peuvent pas parler d’eux-mêmes ; les femmes le peuvent. Les hommes ne peuvent pas, donc ils se servent d’alibis. Ils parlent d’autre chose pour parler d’eux-mêmes, d’autre chose qui les concerne. Ils parlent des femmes, ils parlent de leur travail, ils parlent d’idées…
Jean-Luc Godard
- Tes films, c’est ce qu’ils ont de beau. Ce sont de vrais films qui n’ont pas à être faits en films.
Marguerite Duras
- Mes films sont de vrais livres tu dis ?
Jean-Luc Godard
- Non, c’est un livre qui parle, ou c’est un livre qui voit, c’est un livre qui regarde et qui parle sous cette forme-là : il est vrai, il ne se cache pas.
Je ne comprenais rien à ce qu’il me disait. Il ne comprenait rien à ce que je lui disais, pas seulement à cause du bruit infernal de l’école, mais peu importe, ça a fait un entretien.
M. D. - […] L’homme est plus enfantin que la femme, mais il a moins d’enfance.
Les films brisent ainsi l’illusion de l’achèvement des livres, pour révéler l’irréductible et l’infini du texte qu’ils contiennent : d’une certaine manière ils les parachèvent