Henri Godard commente : Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline

L'Art du "Voyage"

Henri Godard, grand spécialiste de Céline - voir la fabuleuse biographie qu'il lui a consacrée - nous propose, cette fois, une étude approfondie d'un ouvrage presque devenu un classique : "Voyage au bout de la nuit".


Après une première partie où l'auteur, après quelques retours sur la vie de Céline, resitue la sortie du livre dans le contexte politique, social et littéraire de l'époque, il nous explique également le "choc" dans le milieu des auteurs à la sortie du livre et les réactions qu'il a provoquées.


La seconde partie est consacrée au "style Céline".
L'auteur décrypte la "langue" employée par Céline, l'usage du "je", le parlé oral et populaire qui surprit et marqua à jamais la littérature française.
C'est cette approche très technique et détaillée de l'écrit de Céline qui est la plus complexe et la plus ardue à lire mais elle est essentielle pour comprendre l'ouvrage.


Par la suite, l'auteur nous raconte la genèse du "Voyage", les différentes versions et étapes de l'écriture puis vient la réception du livre, dans le temps, à travers les critiques de nombreux écrivains à la fois en France et à l'étranger où Céline comptait de nombreux admirateurs… et de nombreux détracteurs.



Un petit ouvrage, parfois ardu à lire, mais un ouvrage essentiel si vous aimez Céline ou juste le "Voyage" car il vous permettra de mieux comprendre et appréhender le texte mais également son auteur. La lecture ou relecture sera obligatoirement différente car éclairée d'éléments jusqu'ici inconnus.

Un texte qui vous donnera envie, j'en suis persuadé, de faire ou refaire le "Voyage"...

On peut dire d'Henri Godard, qu'il est l'expert français sur Céline. Chacun de ses livres me fait découvrir un pan inconnu de son oeuvre.

Notamment ici, Godard révèle les influences étonnantes que Céline a revendiqué pour le « Voyage » — celle de Freud, par exemple.
Ensuite, la volonté de faire une critique des moeurs de son temps (la colonisation, la première guerre mondiale, le voile de pudeur sur la pauvreté…) ; ce qui faisait considérer Céline — dans un premier temps —, comme un écrivain de gauche.

Dans cet essai, il est plus question d'une analyse philosophique de l'âme du « Voyage », plus que d'un décorticage de la langue. Godard note tout de même, la volonté d'être compréhensible de tous, en adoptant une écriture parlée de banlieue. Mais c'est l'ouvrage « poétique de Céline », du même auteur, qui est plus abouti sur cette question de l'écriture.

En définitive, c'est une reprise des plus beaux passages du « Voyage », et une remise en contexte dans le temps, dans l'oeuvre de Céline, et dans la littérature en général.