Cet opus commence étrangement : c'est un certain Monsieur Ko qui écrit l'histoire sur sa machine à écrire, dans une luxueuse villa en bord de mer...
Il écrit donc qu'Axle Munshine, à bord de son vaisseau le Dauphin d'Argent, parcourt les galaxies "dans une direction que seul le hasard avait sélectionnée, vers rien, pressé d'y parvenir...."
Pendant ce temps, un signal est détecté à bord du vaisseau, de plus en plus précis... Mais pas le temps de s'y attarder, Musky réclame un pique-nique sur le champs, idée "soufflée" par Monsieur Ko... C'est étrange car Axle et Musky ne semblent pas voir cet homme d'une soixantaine d'années, aux cheveux hirsutes et blancs, qui tape sur sa machine à traitement de texte, alors qu'ils sont juste à côté de lui... mais Axle laisse entendre qu'il comprend que Musky n'est pas totalement maitre de ses désirs, et qu'il s'en occupera plus tard.
Ainsi donc, ils trouvent une planète tranquille, "Phyloménia-de-Phyla, au ciel limpide et aux saisons sans brutalité..."
La petite troupe formée d'Axle, Musky et des androïdes débarquent et s'installent pour un pique-nique fastueux, lorsque soudain, un lapin géant de forme humanoïde déboule, traverse le campement, et court vers une mine abandonnée, Musky à ses trousses. Une explosion se produit, le lapin est mort et Musky sonné. Sur ces entrefaites, débarque une armée de lapins, commandée par le général Phylipe Phyloxiéra de Phyloland. Lequel explique à Axle ce qui vient de se passer...
Sur cette planète, tout le monde est "branché", connecté, relié par une petite antenne fixée sur le haut du crâne, à des réseaux relais, eux-mêmes reliés au Grand Phyl, espèce de super-ordinateur auquel tout le monde doit être relié dès son plus jeune âge. La planète est parcourue d'un dense réseau de câbles, partant tous de la capitale, Phyloland.
Ce Phyl tout puissant dicte chaque pensée, chaque geste de la population. Sans le Phyl ils ne sont rien, ne bougent plus, incapables de penser par eux-mêmes, et meurent... Toute leur vie est formatée, prévue, réglée comme du papier à musique : ils savent qui ils doivent épouser, où ils doivent travailler, rien n'est laissé au hasard.
Mais certains se sont rebellés, ne supportant plus de ne pas pouvoir faire leur propres choix... Ils veulent leur indépendance. Mais à quoi ressemble l'autonomie chez des lapins formatés ? A une autre forme de dépendance, avec de plus petits réseaux, moins de contraintes, mais toujours reliés, et toujours dirigés par des pensées externes...
Dans toute cette agitation révolutionnaire stérile, Axle et Musky ne seront que des pions, jusqu'à la révélation finale, étonnante et très drôle malgré sa cruauté.
Cet opus est vraiment très bon, très drôle, et fustige habilement le mercantilisme, la globalisation, la télé et l'internet.
Dans le même temps, dans ce tome sont soulevées des questions importantes sur Axle et son père, Korian, dont on trouvera début de réponse dans l'opus suivant : Un certain Monsieur Ko...
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- Et voilà ! Cet homme est un vrai phylomane, maintenant... Désormais, il saura toujours ce qu'il doit dire, faire, penser... Regardez son visage ! Il est heureux : il ne se pose plus de questions !
Vous êtes une âme souffrante, Axle... Vous n'êtes pas fait pour cette errance épuisante et sans objet... Venez nous rejoindre ! Je suis votre ami. Venez !
- Je.. je... je ne sais pas... J'ai néanmoins besoin de trouver réponse à une ou deux questions ... Juste une ou deux, pas plus...
- Nous avons toutes les réponses, Axle. Toutes, sans exception. Branchez-vous sur le Phyl. Et hop ! Finies, envolées toutes ces interrogations stériles...
- Vous savez où est Korian ?
- Tout vous dis-je ! Le Phyl sait tout ! ... L'une des équipes qui ont travaillé à nos banques de données a été réunie et formée par Korian Munshine. Korian est l'un de nos pères fondateurs, Axle ! D'ailleurs, son portrait est là, pas loin... Vous ne le saviez donc pas ?
- Je l'ignorais...
- Branchez-vous, Axle, et vous serez immédiatement en contact permanent avec lui ! C'est ce dont vous rêvez depuis longtemps, n'est-ce pas ?
- Hé Axle ! Tu ne songes tout de même pas à baisser ton froc devant cette figure de trou-du-cul ?
- Vous savez Mademoiselle, ce n'est pas dangereux... Une petite piqure de rien du tout... J'ajoute que s'il n'est pas satisfait, il pourra très simplement débrancher son antenne... Comme ça !
LA CHRONIQUE DE JEAN-EDGAR CASEL - MARTIN MILAN