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Si un intrépide grand-oncle, Joshua, n'avait pas eu l'idée, à l'extrême fin du XIXème siècle, de se transformer en chercheur d'or-aventurier en Alaska et dans le Yukon canadien, s'il n'avait pas combattu au cours de la première guerre mondiale avant de rentrer au bercail, Truro, Cornouailles, après avoir amassé une fortune que beaucoup convoitent sans être capables de la chiffrer, s'il n'avait pas décidé de la léguer à d'autres que ceux qui la considéraient comme acquise par les liens du sang, Robert Goddard n'aurait pas écrit le retour. Mais comme c'est bien l'origine de l'intrigue qu'a imaginée l'auteur, le roman a été écrit, et bien écrit. En 1947, Joshua, qui était sur le point de modifier les termes de son testament, est assassiné par deux hommes, du moins en apparence. C'est acquis, toute la famille s'accroche sans les contredire, aux conclusions simplistes de la police, au procès et à la condamnation à mort par pendaison de l'un des auteurs du meurtre, père de Nick, ami d'enfance de Christian Napier, personnage principal et narrateur de l'intrigue. Voilà la lecteur transporté en 1981. Chris assiste au mariage de sa nièce, renouant avec une famille où il n'a jamais trouvé sa place et qu'il a même rejetée, et réciproquement. Son ami Nick fait irruption au milieu de la fête et se pend, affirmant que son père n'a pas tué l'oncle Joshua. Impossible d'en dire davantage, tant les personnages sont nombreux et verrouillée l 'intrication du passé et du présent. Il s'agit bien sûr d'une saga familiale sur laquelle souffle un vent romanesque puissant. Conformément à ses habitudes, Robert Goddard entraîne le lecteur dans le sillage d'histoires où le secret, le mensonge, la manipulation, la corruption familiale, la trahison, voire le chantage sont prépondérants. J'ai apprécié cette lecture, qui a la particularité de vouloir ressembler à un roman victorien écrit à une époque contemporaine : sens de la description, du détail, envolées lyriques sur les paysages ou la météo cornouaillais (ça existe ?) et appesantissement sur le mode de vie d'une classe sociale vouée à la disparition. Cependant et justement à cause de ce qui précède, comme lors de mes autres incursions dans son oeuvre, Robert Goddard m'est apparu comme un auteur qui souffre d'un excès d'imagination qu'il ne parvient pas toujours à contrôler : ses rebondissements et coups de théâtre sont souvent à la limite de la crédibilité, il en fait trop et trop longtemps, tirant sur la patience du lecteur jusqu'à la rupture de son intérêt. En milieu de roman, j'ai souffert d'un excès de détails qui n'apportaient rien de plus à l'histoire, qui meublaient au cours desquels je me disais : "Mais pourquoi Nick n'est-il pas allé se faire pendre ailleurs ?". Chris, le narrateur est plus sympathique que Robin Timariot, héros du temps d'un autre, qui m'avait exaspérée. Pour autant, je n'ai pas réussi à m'attacher, ni à ses pas, ni à son histoire. J'ai déploré qu'il vive depuis si longtemps, seul au milieu de son commerce de voitures anciennes et de luxe, sans relation féminine comme s'il se considérait au-dessus de l'appel de la chair, je n'ai pas cru à ses abstinences alcoolique et sexuelle, vieilles de 10 ans. Mais bien évidemment, ce n'est que mon avis, l'intérêt du roman ne réside sans doute pas dans ces réflexions purement personnelles et/ou sexuelles, mais s'il est ailleurs, il m'a échappé. + Lire la suite |