Il faut s'aimer d'une grande intensité pour pouvoir s'engueuler librement.
On bascule si vite de tout à rien quand la vie pèse du poids de l'inertie, quand les vertiges vous avalent.
Je me rends compte que plusieurs états se succèdent à l'annonce d'un cancer : le déni puis l'incompréhension puis la peur. Ils débouchent sur la colère qui déborde, elle, sur un sentiment d'injustice en même temps que des orages intestinaux terrassent nos dernières forces. Le corps affronte l'esprit dans un impitoyable combat, une course contre la montre s'inscrit en filigranes de nos actes les plus anodins. Comme si on avait peur de ne plus avoir de temps devant soi. Puis vient le temps de l'acceptation. Puis l'esprit continue à rejeter le constat que le corps imprime en tumeur. On a le sein qui saigne les maux d'une vie en péril. Cette boule, on n'en veut pas. Mais elle est là. Faut faire avec.
Pour être sincère, je n'ai plus rien à dire. Plus rien à écrire. J'ai perdu le goût du mot en le trempant dans l'encrier de l'écoute.
Pleurez, Lola, pleurez tant que vous voulez. Les larmes qui nous noient sont celles qu'on garde à l'intérieur.
Les mots sont des valises que l'on dépose.
Je recherche surtout l'apaisement dans le regard des autres, la légèreté des propos dans les rencontres libres qu'en d'autres circonstances je n'aurais pas permises.
La balade des pavés soulage et libère mon esprit en meurtrissant mes pieds.
La guerre contre le crabe ne souffre d'aucun délai. L'état d'urgence est déclaré.
La vie ne tient à rien? Même pas à un fil. Un jour, on est. Le lendemain, plus rien n'existe. Ne demeure que le souvenir qu'on peut avoir de nous.