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3,72

sur 333 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les sentiments amoureux s'accordent mal avec l'analyse rationnelle, échappent parfois à l'entendement...
Bien qu'il établisse une analogie entre les relations humaines et certaines propriétés chimiques, le roman « Les affinités électives », écrit par Goethe au début du 19ème siècle, est avant tout une tragédie amoureuse.

A l'issue d'un veuvage qu'ils ont connu tous deux à la même époque, Edouard et Charlotte ont convolé en justes noces et apprécient leur petite vie tranquille dans leur vaste domaine campagnard des environs de Weimar.
Ces châtelains dans la force de l'âge ont déjà une belle expérience de vie et savent que l'épanouissement d'un couple dépend des attentions du quotidien et aussi des concessions mutuelles.
Ainsi Edouard sollicite-t-il auprès de son épouse l'installation au château du Capitaine, un ami de longue date souffrant de solitude. Charlotte ne voit pas d'un bon oeil cette invitation mais finalement l'accepte non sans avoir réussi à imposer à son mari la présence auprès d'eux de sa nièce Odile dont elle se fait fort de parfaire l'instruction.

Le Capitaine est un personnage pragmatique et ses idées concernant l'organisation du domaine sont pertinentes. Charlotte apprécie la compagnie de cet être mesuré toujours à l'écoute d'autrui et qui donne son avis avec tact.
Odile est le charme incarné et fait tourner la tête d'Edouard qui a pourtant l'âge d'être son père. Celui-ci est au petits soins avec la jeune femme au point que son badinage prête parfois à sourire.

Cette situation idyllique mais pour le moins équivoque résistera-t-elle aux premiers vents contraires ?

Dans un style étonnamment moderne, loin du marivaudage de l'époque, Goethe entraîne le lecteur dans une histoire passionnelle mêlant quatre personnages sympathiques et entiers.
Je termine la relecture de ce roman incontournable quelque peu bouleversé, un sentiment identique me semble-t-il à celui ressenti voici trois décennies. Les années passent, les sensations demeurent...

Que diriez-vous d'un petit flirt avec la littérature allemande et plus si affinité ?
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Parmi les très bons romans que j'ai lu, celui-ci est probablement celui que j'ai trouvé le plus bizarre.
L'idée même d'« affinités électives », d'inspiration schopenhauerienne, constitue, à mon avis, une tendre rêverie toute à fait digne d'être prise en considération pour sa grande beauté et son originalité. Mais en lisant le roman, j'ai vraiment eu l'impression que Goethe y croyait dur comme fer à cette idée. Se serait-il laissé séduire l'esprit par la verve très jolie, très romantique et très poétique de Schopenhauer?
D'autre part, sa très lourde insistance sur des détails architecturaux directement liés au franc-maçonisme est encore plus saugrenue. Cette bizarrerie n'a pu être inclue dans le roman sans qu'un artiste aussi accompli que Goethe en soit conscient. Est-ce qu'il a vraiment pensé que son lecteur devrait s'intéresser à cela? Franchement, ça me dépasse, car ça constitue à mon avis le seul défaut de cet excellent roman qui aurait été un véritable chef-d'oeuvre autrement.
Vraiment, comme il le dit lui-même : « Les plus grands hommes sont toujours de leur siècle par quelque faiblesse. »(224)
Du reste, le roman est franchement réussi, et probablement en grande partie en fonction de l'effet d'étonnement que ses étrangetés provoquent chez son lecteur. On ne m'a jamais laissé perplexe de manière aussi grandiose.
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Lorsque Goethe publie « Les affinités électives » en 1809, trente-cinq ans après Werther, il a déjà soixante ans. On le dit ému, épris, voire même bouleversé par une très jeune femme. Passionné de sciences, il se fonde sur la théorie des affinités chimiques des éléments entre eux (d'Étienne-François Geoffroy), la transpose, et nous fait vivre avec une violence et une subtilité intactes les effets physiques et psychologiques de l'attirance amoureuse.

«- Si vous ne trouvez pas que cela prend un air pédant, reprit le capitaine, je puis me résumer brièvement dans le langage des signes. Figurez-vous qu'un certain A intimement uni avec un certain B, et qui n'en saurait être séparé par beaucoup de moyens, beaucoup d'efforts ; figurez-vous un C qui se comporte de même envers d'; mettez maintenant les deux couples en contact : A se jettera sur d'et C sur B, sans qu'on puisse dire qui a quitté l'autre le premier, qui s'est réuni le premier à l'autre. »

Édouard et Charlotte se sont enfin mariés, devenus chacun veuf et veuve, et ayant pu ainsi enfin donner libre cours à leur amour de jeunesse partagé qui s'est maintenant commué en un mariage heureux et paisible. Dans un cadre isolé, ils profitent des joies de leur château, dans l'insouciance qu'autorise leur fortune. Apres quelques atermoiements de Charlotte, qui craint la rupture de leur bel équilibre, ils accueillent à demeure deux invités, l'un d'eux ami d'Edouard, le Capitaine (personnage non nommé en dehors de son grade), un homme mesuré et sérieux en tout, et Odile la nièce de Charlotte, qui n'est pas brillante, mais qui telle un aimant attire à elle toutes les attentions.

Avec ce quatuor, « Les affinités électives » est comme une expérimentation autour de cette question : le mariage doit-il rester un objet sacré, pour le meilleur et pour le pire ? Et bien sûr, comme prévu, A va s'éprendre de C, et B de D.

Tandis que les aménagements du parc, de la chapelle, et la construction d'une nouvelle maison sur les hauteurs donnent à la propriété un aspect de plus en plus idyllique et ordonné, la force de la passion qui naît entre Édouard et Odile annonce des déchirements tragiques, entre l'impétuosité destructrice d'Edouard et l'ambivalence de la douce et céleste Odile, personnage solaire du roman ; Odile, fascinant personnage d'intérieur, qui jardine dans les serres, entretient la maison et intériorise aussi ce conflit si brutal entre sa passion pour Édouard, le centre de sa vie, et sa lumineuse bienveillance envers tous. Ce perpétuel conflit entre la liberté d'aimer et les contraintes morales sera lui résolu par Charlotte et le Capitaine, plus raisonnables et maîtrisés, mais aussi moins passionnants.

Le titre de cette oeuvre attire comme un aimant. Et ce texte de deux-cent ans qui a été tant lu et commenté, conserve effectivement tout son magnétisme. Au-delà des déchirements, de la crise du mariage typique de l'époque, il contient aussi une peinture extraordinaire de la vie mondaine sous toutes ses facettes, avec notamment ces scènes extraordinaires du divertissement des tableaux vivants, et il fascine aussi quand, par moments, le récit prend tout à coup une tournure fantastique.

« En s'avançant sur une falaise, ils virent devant eux, dans le fond, la vieille bâtisse de bois, noire, singulière, ombragée par des rochers à pic et par de grands arbres. Ils se décidèrent bon gré mal gré à descendre sur la mousse et les débris de roches, Édouard en tête. Lorsqu'il regardait en l'air et qu'il apercevait Odile le suivant de pierre en pierre, d'une marche légère, sans crainte et sans anxiété, avec le plus bel équilibre, il croyait voir planer au-dessus de lui une créature céleste. »
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Un roman sublime, partant d'une idée originale pour l'époque, celle de confronter les réactions chimiques aux relations amoureuses entre un quatuor aristocratique. Dans ce domaine pratiquement coupé du monde, tout est question de regards, de frôlements, de paroles à double sens et de billets doux... On suit page après page la séparation progressive du couple modèle formé par Edouard et Charlotte, dévorés par leur attirance pour Odile et le Capitaine. Un livre magnifiquement construit, en deux parties qui s'éclairent l'une l'autre par un subtil jeu de parallèles et d'échos, un jeu amoureux qui dépasse peu à peu les héros, et une réflexion constante sur l'instabilité des sentiments amoureux, qu'on peut noter dans la référence métaphorique au parc qui entoure le château... (la suite en cliquant sur le lien ci-dessous !)
Lien : http://ars-legendi.over-blog..
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Les affinités électives est un classique de la littérature allemande, un roman d'amour tragique, à découvrir ou à relire. Goethe y excelle par son art de la narration et de l'analyse psychologique. le livre fait, avec des qualités formelles indéniables, le récit linéaire d'une action qui se déroule sur dix-huit mois. A travers la peinture d'une aristocratie terrienne, oisive, éloignée des conventions, Goethe aborde les thématiques du couple, de la passion, du mariage, de la séparation. le récit est ponctué de nombreuses conversations courtoises autour de sujets universels.
Et le début de l'histoire ?
Charlotte et Edouard se sont aimés autrefois sans pouvoir se marier, puis les circonstances leur ont permis de se retrouver et de se marier. Ils se sont promis de profiter de leur vie à deux et d'aménager le domaine autour du château. Mais Edouard insiste pour que son ami le Capitaine vienne, pour un moment, vivre avec eux. Pour Charlotte, cet élargissement n'augure rien de bon. le Capitaine s'installe, commence à faire des relevés topographiques du domaine et des plans. le sujet des « affinités électives » est abordé à partir d'exemples pris en chimie, pour Charlotte, les affinités sont des parentés fondées non par sur le sang mais sur l'esprit ou l'âme. Odile que Charlotte a décidé de faire revenir du pensionnat , fait office de gouvernante avec beaucoup de zèle. Sa présence influence de façon positive les relations dans la maison. le jeu des « affinités » commence…

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Le style de Goethe est inégalable, cet ouvrage le prouve encore une fois. le temps ne semble pas faire vieillir ces oeuvres qui possèdent une ame propre et forte. Lire ce livre c'est voyager dans le temps et l'espace avec un auteur surdoué !
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Une histoire d' amour et 2 couples cherchant des affinités entre l' amour et la chimie de l' époque d' où le titre, une certaine froideur intellectuelle dans de beaux paysages.On n' est pas chez Stendhal ou Balzac.Il y a un peu trop de prétention, ce n' est pas véritablement une oeuvre romantique, pas d' humour ni de critique sociale, des longueurs.
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Dans ce roman, un couple s'éprend respectivement d'une "sainte" et d'un militaire. La femme, en adulte, se sépare du militaire; l'homme en noble élevé en enfant gâté s'attache irréversiblement à la "sainte". Les deux amants seront réunis dans la mort...Goethe oppose au mariage de l'institution civile et morale un mariage d'affinités électives où deux âmes se trouvent par dessus les conventions humaines. Un beau roman où il ne se passe proprement rien...
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Je suis entrée difficilement dans Les Affinités électives : la langue m'a certes freinée, mais le rythme assez lent de l'histoire et la passion bizarre des personnages pour l'aménagement de leur jardin n'ont pas aidé. J'ai découvert sans entrain le quotidien calme d'Édouard et Charlotte, tombés amoureux dans leur jeunesse, séparés par des mariages arrangés et heureusement réunis par le décès de leur conjoint respectif. Je me doutais bien que l'arrivée du Capitaine Otto, ami désargenté d'Édouard, et d'Ottilie, la nièce orpheline de Charlotte, ajouteraient du piment à l'histoire, cependant la narration reste très froide et distante, ce qui m'a obligée à changer sans cesse de point de vue pour ne pas m'endormir devant les paysages. Goethe se livre à travers ce roman à une analyse scientifique des sentiments autant qu'à la mise en scène funeste des passions, et l'on termine le livre sans trop savoir ce qu'il faut en penser.

Les quatre protagonistes des Affinités électives forment un équilibre presque trop parfait pour être vrai. Charlotte est pleine de sens et raisonnée, de même que le Capitaine Otto, géomètre dans l'âme. À l'inverse, Édouard est impulsif et émotif ; la symétrie serait presque parfaite si Ottilie n'ajoutait à ces traits de caractère une timidité certaine et un grand sens du service. Sans doute est-ce de cette jeune fille, à peine sortie de l'adolescence, que je me suis sentie la plus proche, même si je me suis aussi reconnue dans la manière d'être de Charlotte. le Capitaine Otto m'est resté parfaitement étranger, n'ouvrant la bouche que pour parler architecture, plans et chimie, et Édouard m'a paru somme toute assez lâche et égoïste, tant il se laisse emporter par ce qu'il éprouve, sans aucune considération pour les émotions des autres.

Les Affinités électives repose sur un pari lancé peu après le début du roman. Si l'on met en présence deux couples d'éléments chimiques AB et CD, nous explique le Capitaine, ils se sépareront forcément pour s'apparier en diagonale : ainsi A ira vers C tandis que B ira vers D. La phrase n'est pas plutôt lancée que ce schéma se reproduit dans les sentiments des quatre personnages mis en présence. Charge au lecteur de déterminer ce qui relève des phéromones ou du libre arbitre, tandis que les relations se crispent et que l'histoire avance vers sa fin. Indépendamment de cette métaphore filée entre la science et l'amour qui m'a laissée sceptique, j'ai beaucoup apprécié la modernité du discours de Goethe sur le divorce. Pourquoi se forcer à aimer, quand l'amour n'est plus là ? Qu'y a-t-il de si terrible à se séparer ? de tous les débats qui animent les personnages, celui-ci est pour moi le plus intéressant.

Cette audace est brutalement coupée dans son élan par un dénouement qui tombe comme un cheveu sur la soupe, à la façon de celui des Liaisons dangereuses. L'amour relève-t-il davantage de la réaction chimique que de la volonté ? Est-il aléatoire ou prédéterminé ? Ces questions sont pour moi plus finement explorées dans l'oeuvre de Choderlos de Laclos que dans Les Affinités électives. Pour l'anecdote, le titre du roman de Goethe est tiré des travaux d'un chimiste suédois ; sa narration se rapproche parfois davantage de la description d'une expérience que de la tragédie classique. Petite précision également, Ottilie s'appelle Odile en français, mais j'ai trouvé son nom allemand tellement agréable que j'ai préféré le conserver 😉 »

Émilie – Apprentie Bibliothécaire
Lien : http://www.paulinedeysson.co..
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Une oeuvre littéraire à la fois romanesque et didactique. On y découvre les expériences bourgeoises et les caprices relationnels de quatre personnages remarquablement définis les uns par rapport aux autres. La saveur romantique de l'oeuvre est agréable, quoique très dramatique. Il y a beaucoup d'intelligence dans le style, mais certains passages sont fastidieux et ennuyants. J'ai préféré Les années d'apprentissages de Wilhelm Meister où j'y ai trouvé plus de vitalité dans le rythme de la narration.
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