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Citations sur Villa Kérylos (9)

C'est avec l'inutile qu'on fait de grandes choses.
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Dans une ambulance, en 1917, j'ai parlé grec avec un blessé allemand, il avait étudié les comédies d'Aristophane à Heidelberg, et, en grec, nous avons récité un dialogue concasse entre deux grenouilles, plein d'onomatopées, et nous avons juré de tout faire pour qu'il y ait un jour la paix. Il m'a offert son couteau de poche. Je l'ai toujours. Cela peut sembler naïf. Il faut comprendre qu'on avait coupé deux jambes à côté de nous, l'air était infesté, avec cette odeur de pourriture douceâtre si caractéristique, nous avions vu mourir des camarades, et c'est parce qu'il citait Aristophane que je ne l'ai pas considéré, sur son grabat, comme un boche tout juste bon à laisser crever pour qu'on ait plus d'eau.
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La maison suit la forme de la presqu’île et le mouvement des blocs de pierre où s’accrochent les algues. Elle est allongée au soleil, les murs pâles paressent, avec les joints des soubassements peints en rouge, les grands balcons ornés de bronze, les terrasses qui se croisent. Elle n’a rien de régulier et pourtant il s’en dégage une harmonie qu’aucune autre villa ne possède.
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C'était aussi une machine à boire le soleil [ La Villa Kerylos]; un refuge pour penser; un navire sur l'océan du temps; un morceau de folie raisonnante- je lui ai tourné le dos mais elle m'émeut, c'est le décor de toutes les histoires que j'imaginais quand j'étais encore un petit garçon, c'est là que j'ai vu, quelques années plus tard, pour la première fois, celle que j'ai le plus aimée. C'est la mosaïque de mes jours. Mon bonheur en petits cailloux. C'est pour elle que j'y suis revenu, pas trop souvent, pour ne pas trop souffrir. (p. 16)
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Je ne veux pas croire que cette maison sera un jour une ruine. (...) Un jour de colère, j'avais eu envie d'y mettre le feu. Je m'étais retenu. Si j'y avais passé ma vie, j'aurais été emmuré vivant, je n'aurais jamais pu devenir artiste, je serais resté le bon petit garçon qui admire tout ce qu'on lui montre. (p. 12)
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Depuis des siècles, pour trouver et comprendre le passé, les archéologues creusaient. Le génie de Théodore avait été de construire pour comprendre. Il m'avait appris, sans rien me dire, à faire toujours l'inverse de ce que les gens attendent. Adolphe me disait qu'il fallait avoir les pinceaux à la main pour se faire une idée de la peinture dans la Grèce antique. Quand le peintre Jaulmes mélangeait ses pigments devant nous, les plaçait sur le mortier, il était archéologue, il créait, il inventait, c'était une manière géniale de faire des fouilles à l'envers.
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Le grec n'a rien à prouver. Il me plait parce qu'il ne sert pas. Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien, a écrit le bon vieux Théophile Gautier. Même la tour de M. Eiffel ne sert à rien, ça le désespère, c'est le gage de son succès futur. Il est incapable de s'en rendre compte, il n'est pas architecte, il est ingénieur. Les étudiants doivent foncer vers l'inutile. Est-ce que la musique, le solfège, c'est vraiment utile ? Est-ce que la course à pied, le lancer de disque, le tir à l'arc, ce sont des choses utiles ? Est-ce que les règles du jeu d'échecs sont utiles ? Pourtant je préférerai toujours celui qui sait jouer aux échecs, celui qui joue du violon, si je dois choisir qui je vais inviter chez moi. [..]
Ces gens-là sauront me parler d'autres choses, par allusions, dire sans dire, je serai de plain-pied avec tous ceux qui auront appris des tas de choses pour le plaisir. Apprentissage long, pénible, pas drôle, mais c'est ça aussi qui est amusant...
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Le temps des Reinach débutait, et il s'achevait. L'époque où les gens très riches pouvaient aussi être très savants. Aujourd'hui, les gens riches ne sont plus jamais des savants, et les savants ne sont plus jamais riches.
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[Théodore] se moquait de la vraie vie - sauf qu'un jour il avait voulu une maison, et pas n'importe laquelle, pour que sa famille, peut-être, pût voir dans quel monde il vivait véritablement depuis toujours. Il devait se dire que des pierres ça pouvait se toucher, que des chambres on y entrait, des lits on y dormait, des assiettes on s'en servait et que tout cet univers, sorti de son cerveau, aiderait sa femme, ses enfants, à vivre comme leur père, ou du moins à le comprendre. La maison l'avait diverti, mais elle servait aussi à cela : elle rendait extérieur et tangible tout ce qui se trouvait enfoui dans les escaliers, les salles pavées de tesselles, les galeries peintes et la bibliothèque immense de son cerveau. (Seconde partie, chapitre 18, "La bibliothèque");
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