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Critique de blamblinou


Rendre le monde du vin plus inclusif : pourquoi, comment ? le pourquoi, c'est assez facile d'y répondre, lorsqu'on est soi-même une femme qui boit du vin. Les discussions en salon du vin où on est ignorées, le restaurant où le vin commandé par Madame est proposé à Monsieur pour goûter... A cause d'un effet de tradition, on accorde moins de crédit aux femmes pour comprendre les termes techniques, et celles-ci, de leur propre aveu, se sentent exclues dans ce domaine si masculin. Si cela vaut pour les femmes, on peut aisément le transposer aux personnes racisées, aux LGBT, et autres minorités, visibles ou invisibles. Selon l'autrice, changer cet état de fait passerait en premier lieu par le langage. Il est vrai que les critiques gastronomiques et autres cavistes et négociants utilisent bien volontiers des termes très imagés et peu représentatifs. Entre les précisions sur la robe du vin, les jambes ou la cuisse, ces critiques qui parlent de vins "bien en chair"... Vous admettrez que cela véhicule une image plutôt sexiste de cet univers. On y pense moins, mais il est bon aussi de se méfier, lorsque l'on cherche à qualifier le goût du breuvage, de termes évoquant l'exotisme : car ce qui est exotique à nos yeux, l'est-il réellement aux yeux de personnes issues d'un autre continent ? Pourtant, ces personnes ne sont-elles pas tout autant capables que nous, français blancs, de savourer un bon vin ?



Tout l'enjeu, selon l'autrice, est donc de réfléchir à un langage plus inclusif, moins fourni d'images qui ne parlent qu'à certains. Décrire les goûts que l'on ressent ne devrait pas nécessiter un vocabulaire sexiste ou raciste. Se baser sur des observations concrètes (odeur de fruits, goût d'épices, etc) ne peut-il pas suffire ? Sandrine Goeyvaerts invite également les femmes ou les personnes racisées souhaitant déguster des vins à se réunir en non-mixité, ou du moins en mixité choisie. En effet, on constate assez aisément que, lors de réunions de dégustation, des femmes, des personnes racisées ou encore handicapées, ont parfois du mal à s'exprimer face à certains messieurs qui semblent se parler entre initiés... alors qu'ils le sont parfois bien moins que ceux qu'ils excluent. Apprendre à déguster du vin sans s'entourer d'hommes cis blancs peut permettre de gagner en aisance dans ce domaine, et de se sentir ensuite davantage à sa place, fort.e.s des connaissances acquises.

Un beau programme que nous propose ce court essai, une réflexion à mener pour que le vin se démocratise. Coup de coeur pour ce texte sur le vin qui ne consiste pas en une énième glorification d'un univers très fermé sur lui-même.
Lien : https://chroniqueetudiantele..
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