AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Éloge pour une cuisine de province - La vie promise (15)

Et si le poème, c'était plus simplement
ce qui reste en souffrance dans la déchirure
du ciel, comme une valise sans couleur
un gant dans l'herbe - et le rayon de soleil
s'amuse avec les serrures, l'agrafe en fer-blanc
cependant que nous restons en retrait
empêtrés dans nos ombres
comme un enfant grandi trop vite
et qui ne sait plus rire.
Commenter  J’apprécie          150
Vers l’ouest, avec les derniers rayons roses,
En suivant bien la flèche sur le bas trop tendu
De la nuit qui s’est penchée pour mettre
L’avion dans sa poche, voilà

Ce qui te tient encore, les yeux au ciel, debout
Sur ce parking où tu effiles dans le gris
Tes voiles de Colomb, tes routes de la soie
Et du sel et du seul, en attendant.

En attendant que tout finisse (tu dis tout
Comme celui qui siffle pour garder son ombre
À ses côtés dans la ruelle obscure) tout : ce baiser
- À peine – du couchant sur les lèvres

De celle qui s’en va en te laissant le quai.
Commenter  J’apprécie          130
Je me disais aussi: vivre est autre chose
que cet oubli du temps qui passe et des ravages
de l'amour et de l'usure - ce que nousfaisons
du matin à la nuit : fendre la mer,

fendre le ciel, la terre, tour à tour oiseau,
poisson, taupe, enfin : jouant à brasser l'air,
l'eau, les fruits, la poussière ; agissant comme,
brûlant pour, allant vers, récoltant

quoi ? le ver dans la pomme, le vent dans les blés
puisque tout retombe toujours, puisque tout
recommence et rien n'est pareil
à ce qui fut, ni pire ni meilleur,

qui ne cesse de répéter : vivre est autre chose.
Commenter  J’apprécie          70
Crépuscule, 4

Ce peu de mots ajustés aux choses de toujours
ce questionnement sans fin des gosses dans la journée
Ces silences plus longs maintenant, à l’approche du soir
comme le soleil traversant la chambre vide
sur des patins, tout cela qui se perd
entre les lames du parquet, les pas, les rides
a fini par tisser la toile inaccessible
qui drape chacun des gestes du vieux couple
lui donne cet air absent des statues
prenant le frais dans la cour du musée
- et nul ne voit leurs ombres se confondre
enjamber le haut mur du temps
mais seulement l’échelle aux pieds de la nuit
l’échelle sans barreaux ni montants
d’une vie petite arrivée à son terme.
Commenter  J’apprécie          30
Crépuscule, 2

La maison à veilleuse rouge dans l’impasse
tu attendais de grandir, le cœur
et les doigts tachés d’encre
pour y chercher des roses
À présent qu’une route à quatre bandes
la traverse tu es entré toi aussi sans savoir
dans la file qui fait reculer l’horizon
où cet enfant t’appelle qui n’a pas pu grandir
portant jour après jour en ses mains sombres
le bouquet rouge au fond du ciel
que tu n’as pas cueilli
Commenter  J’apprécie          30
LES PROIES


Les villages de schiste sombre et froid
laissent courir aussi des filles aux lèvres peintes
et souvent le poing des vieux laboureurs s’écrase
sur la table de l’unique bistrot
élargissant d’un coup l’espace de l’attente
où la lumière se rassemble, frileuse
et comme prise au piège d’une lampe
mais il est midi à peine et dans la rue
un chat guette une proie que personne ne voit
Commenter  J’apprécie          20
Peut-être bien …


Peut-être bien que les hommes après tout
ne sont pas faits pour vivre dans les maisons
mais dans les arbres
et encore
pas comme l’écureuil ou le singe d’Afrique
qui sont des enfants espiègles et craintifs
mais comme les oiseaux
et encore
pas comme le loriot bavard ou le geai plus rogue
qu’un chien de ferme et plus insupportable
qu’une porte qui grince
mais comme les oiseaux de haute volée de longs
voyages
qui n’y viennent que pour le repos
échanger quelques nouvelles lier connaissance
et prendre un peu de sang nouveau
avant de s’enfoncer dans le silence et l’anonyme
gloire du ciel
loin
[…]
Commenter  J’apprécie          20
FAMINE

Certains dimanches d'été, le ciel descend sur terre et tire au cordeau des routes pour les familles sans auto, les chevaux sans maître, les filles gommées des calepins.
Sans bouger, chacun voyage à son rythme dans un pays rendu d'avance, jusqu'à ce que, le soir tombant, il faille se lever, rentrer le banc qui fraîchit, passer la barrière, le seuil, le jeu des ombres, son propre corps et retrouver enfin son visage dans la glace comme cette toile depuis des siècles dans la chambre du peintre.
Commenter  J’apprécie          10
Crépuscule, 3

Les yeux jaunes des voitures le soir
tu les voyais déjà, enfant
détourer le pied des immeubles
et tu faisais pareil à table
avec la mer et les ciseaux dorés
ajustant patiemment sous la lampe
l’image à sa légende obscure.
A présent tu sais lire et tiens ferme
la barre de ta fenêtre sur le monde
où les immeubles s’écroulent
l’un après l’autre dans l’incendie
découvrant peu à peu la ligne
sous laquelle il te faudra descendre
descendre encore, paupières closes,
pour joindre les bords extrêmes de ta vie.
Commenter  J’apprécie          10
Crépuscule, 1

Le comptable a fermé le dernier guichet
tiré la grille et peut-être un instant pensé
à devenir voleur, à céder au poids
de la clé brûlante dans la poche
tandis que le soleil aux plis de sa nuque
verse la rouille des jours perdus
à supputer la chance d’une fenêtre
dans ces visages minés à contre-jour
par la pioche infatigable du temps
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (46) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1220 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}