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Critique de Pavlik


Pavlik
07 décembre 2016
A l'origine ce texte, écrit en 1977 par le sociologue Erving Goffman, était un article paru dans la revue "Theory and Society". Il a été publié en France en 2002.

Goffman s'intéresse aux mécanismes qui, dans l'organisation sociale, permettent "l'arrangement des sexes", autrement dit, instituent les rapports entre les sexes et ce, bien entendu, au profit des hommes. En premier lieu, l'auteur part de l'hypothèse que les différences biologiques entre les sexes sont non pertinentes pour expliquer les différences de genre (le genre étant entendu comme, en quelque sorte, le "sexe social" qui définit une identité de genre), alors même que ces différences sont affirmées en grande partie en leur nom.

Ainsi, il développe le concept de "réflexivité institutionnelle", c'est-à-dire que les pseudo différences biologiques sont inscrites dans les institutions mêmes pour en garantir la pertinence. Par ailleurs, la répartition des individus en deux classes sexuelles distinctes, appelant une socialisation différenciée, fournit une identité de genre, qui brouille la perception que peuvent avoir les mêmes individus de leur positionnement au sein d'une classe sociale spécifique. de même, cette notion de classe sexuelle (et tous les attributs qui en découlent) rend moins aisée la differentiation entre sociétés "sauvages" et civilisées.

C'est un réel plaisir de lire Goffman et notamment les descriptions qu'il fait de situations ou se jouent les relations entre les sexes (selon les injonctions de l'organisation sociale) : le processus de séduction (la cour), la galanterie, mais également la description de quelques exemples de réflexivité institutionnelle (dont le plus célèbre est celui des toilettes publiques). Enfin, l'auteur attire notre attention sur le fait que, de toutes les catégories discriminées, les femmes ont une place à part dans le sens où elles sont la seule catégorie à faire l'objet d'une idéalisation ("un panthéon de moindre valeur mais un panthéon quand même") et à faire l'objet d'une distribution organisée via le mariage, ce qui leur donne, par les avantages acquis liés à leur lien avec les hommes, un intérêt objectif à ne pas remettre en cause le système.

En bref, un texte qui demeure d'une grande pertinence, très dense malgré sa brièveté (80 pages), plutôt accessible et qui me semble malheureusement toujours d'actualité.
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