En lisant cette nouvelle juste après un
Ménage d'autrefois qui la précède dans le recueil et dans l'écriture de
Gogol, j'ai été légèrement déçue. On retrouve certes la description gourmande, spirituelle et moqueuse d'une petite ville de province, mais sans la tendresse mélancolique du
Ménage d'autrefois qui peignait un couple de vieillards toujours amoureux. Non, ici, c'est une description gourmande à travers
le portrait d'Ivan Nikiforovitch, qui avant toute chose, mange, boit, et mange à nouveau. Description spirituelle et moqueuse aussi à travers les personnages des fonctionnaires de la ville, ses officiels présentés par leurs défauts : le maire boite, est peu instruit, radote ses vieilles campagnes militaires, le juge bavarde au lieu de juger, le greffier grommelle, le garde du palais de justice n'a qu'un bras, un autre notable est borgne, les femmes respectables sont trop grosses ou trop maigres... Il est d'ailleurs beaucoup question de mutilation, de corps abîmés. On retrouve donc tout l'humour critique présent dans
le Revizor, même si ce n'est pas la partie centrale du récit.
Non, le récit s'attache aux deux Ivan, qui sont deux personnages de farce : celui qui mange trop, est trop gros, passe son temps à dormir nu ou presque nu au soleil - c'est lui qui finalement pourrait être appelé un jars, il engraisse... L'autre a une apparence d'amabilité, de courtoisie, de réflexion. Mais il fait des phrases aux tournures creuses, engrosse sa domestique, refuse l'aumône aux mendiants... Dans cette brouille, j'ai lu une vendetta traitée de façon comique, comme la rivalité entre les O'Timmins et les O'hara dans Lucky Luke et les Rivaux de Painful Gulch, ces deux familles qui se détestent. le rapprochement est incongru, mais finalement, j'avais rapproché
le Revizor des inspections surprises dans le pénitencier des Dalton chez Lucky Luke à nouveau.
Gogol, scénariste de bande-dessinée ?