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EAN : 9782878626568
1 pages
Editions Thélème (17/03/2011)
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3.74/5   356 notes
Résumé :
Quelle humiliation pour le major Kovaliov de voir son nez se pavaner dans un uniforme de conseiller d'Etat !
Chef-d'oeuvre du réalisme fantastique, incroyable satire burlesque, Le nez, paru en 1835, est, pour Gogol, l'occasion de faire voler en éclats une société composée de pantins pour qui la fonction et l'uniforme sont le substitut universel de la vie.
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Critiques, Analyses et Avis (46) Voir plus Ajouter une critique
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Le Nez est une nouvelle totalement déjantée, iconoclaste et insolente.
On sait que les fonctionnaires ministériels arrivistes, incompétents, corrompus, orgueilleux et pleutres sont régulièrement brocardés par Nicolaï Gogol, comme par exemple dans ses pièces de théâtre le Révizor et le Mariage.
Cependant, ici, c'est vraiment de la très grosse artillerie. L'auteur tire à boulets rouges sur tous les fonctionnaires en s'attardant plus particulièrement sur le cas de l'assesseur de collège Kovaliov (titre aussi ronflant que creux où vous seriez bien en peine de trouver un métier véritable) et aussi un petit peu sur les artisans, en la personne du barbier ivrogne Ivan Iakovlévitch.
Gogol y dénonce probablement le népotisme et la cooptation, qui font en deux jours d'un citoyen lambda on ne peut plus ordinaire, un personnage éminent avec un poste à responsabilités.
Avec un ton unique, très réjouissant, fait d'absurde et de fantastique, digne d'un Kafka dans La Métamorphose, mais en franchement plus drôle, plus caustique, plus sarcastique ; un ton fait d'une profonde ironie et d'une farce grinçante, Gogol taille un costume aux policiers, jamais gêné d'espionner ni de réclamer des pots-de-vin, ainsi qu'aux hauts fonctionnaires qui se pavanent dans les ministères en passant leurs journées à faire les jolis coeurs et à ourdir des intrigues pour se graisser les poches ou nuire à un collègue dont ils lorgnent la place.
Il s'offre également les journalistes, les médecins et de façon générale tous ceux qui, cupides et un peu trop imbus d'eux-mêmes, veulent parfois péter un peu plus haut que leur bas rein ne les y autorise.
Pourquoi Nicolaï Gogol a-t-il utilisé cette forme insolite (pour l'époque) de l'absurde ?
Premièrement, parce que son propos, dit tel quel, aurait été politiquement très incorrect et digne de poursuites sans doute assez désagréables.
Deuxièmement, parce que Gogol lui-même travaillait dans un ministère et ne pouvait donc pas taper ouvertement sur des collègues qui se seraient reconnus, sachant parfaitement de quelles bassesses ils étaient capables.
Troisièmement, et peut-être n'en avait-il pas encore pleinement perçu toute la puissance, l'absurde en littérature possède une force incroyable, qui suscite la réflexion et qui donne des interprétations très variées. C'est cette veine qu'exploiteront par la suite beaucoup d'auteurs au XXème siècle, comme Kafka, Beckett ou Ionesco, pour ne citer qu'eux.
Quatrièmement, quoi de plus naturel pour dénoncer des absurdités d'un système que d'en grossir les traits à l'extrême ? C'est la base même de la caricature. Je voudrais d'ailleurs à ce propos mentionner une réflexion personnelle, que je n'ai lue nulle part, mais que je crois avoir un petit semblant de vérité.
Dans la nouvelle, l'auteur nous donne deux dates : la disparition du nez, le 25 mars et la réapparition du nez le 7 avril. Pourquoi ces dates ? quelle part prennent-elles dans la dénonciation d'un système archaïque et absurde ? Et bien réfléchissons à l'Ukraine et à la Russie de Gogol. N'y aurait-il pas une fête de la nativité du Christ commémorée le 25 décembre dans le calendrier Julien (local) qui correspond au 7 janvier dans le calendrier Grégorien (utilisé un peu partout dans le monde) ? Tiens donc, on retrouve exactement le même écart. Troublant hasard, non ? J'ai peine à croire que Gogol l'ai fait par inadvertance et je vous laisse en juger.
Il y a eu de (nombreuses) autres interprétations à propos de cette nouvelle. Notamment celle comme quoi le titre original, нос, signifiant nez, est l'exact inverse du mot russe сон, signifiant rêve. D'autres ont vu dans le propos de Gogol une raillerie du fonctionnaire aux bottes d'une femme castratrice. Pourquoi pas ? c'est plausible mais je ne m'avancerai pas davantage dans ces interprétations car, le propos est suffisamment ouvert pour donner cours à de nombreuses interprétations où l'on finit par pouvoir tout faire dire à une oeuvre.
Voilà donc une nouvelle bien plaisante en somme, très rafraîchissante par la verdeur de son ton, qui brocarde à tour de bras et que je vous laisse tout le loisir d'interpréter comme bon vous semblera car ce que je vous ai livré n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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A vue de pif, une nouvelle parfumée à l'absurde pour abuser les renifleurs de la censure tsariste.
Le major Kovaliov, assesseur de collège caucasien, fonction honorifique et emploi fictif (ce n'est pas une invention parisienne), a égaré son nez. Nous sommes en 1836 et non, il n'a pas perdu l'odorat à cause d'un ancêtre de notre petit dernier de virus. L'organe à disparu de la trombine du fonctionnaire au réveil. Si le groin ne lui sert pas à grand-chose dans son métier, sa désertion le prive de son activité principale : la conquête féminine. D'un profil d'aigle royal à celui bull terrier, le charme opère moins et ses favoris partent avec du handicap. Difficile de mener les belles par le bout du nez quand on en est dépourvu.
Le major Kovaliov va partir à la recherche de son tarin fugueur, camouflé sous un cache-nez. Mais l'homme n'a pas le nez creux, et comme il n'a jamais regardé plus loin que le bout de son n..., c'est bon j'arrête, la moutarde lui monte nulle part (désolé c'estfacile mais trop tentant), et l'orifice continue à lui passer sous... les yeux.
La légende et la préface mentionnent qu'à l'origine une autre partie de l'anatomie du personnage devait disparaître. Invité à un diner chez le sieur Smirnov (le bien nommé), Nicolas Gogol aurait raconté une blague grivoise dont le sujet était un fonctionnaire qui avait confié à sa lingère ses sous-vêtements avec ses attributs dedans. Les gens sont tête en l'air et queue basse parfois. Les invités rirent de bon coeur mais déconseillèrent toute publication pour que l'auteur ne soit pas accusé d'outrages autant à la bienséance qu'à l'honneur des serviteurs de l'Empire à défaut du meilleur.
C'est 4 ans plus tard que la nouvelle fut publiée et Gogol avait sagement remplacé la chose pour le nez. Pas besoin de titiller l'oncle Sigmund pour déceler l'allusion phallique, surtout quand on sait que Nicolas Gogol, daguerréotype à l'appui, possédait un très long nez. Une péninsule, sans mentir.
Derrière la blague potache, ce récit délirant et amusant vaut surtout pour ses attaques masquées contre la vanité, la vacuité des apparences et de la notabilité, la corruption policière de l'époque et une bureaucratie kafkaienne avant l'heure.
Moi, comme tous les matins, je n'ai perdu que mes clés. Tout le reste est à sa place.
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Une histoire de nez à en perdre la tête !!
Qui a volé, a volé, a volé, le nez ....de Kovaliov ?
Nikolaï Gogol réussit à nous interpeller, nous accaparer dans la recherche de cet organe vital, le nez !! Centre du visage et, du coup, objet d'attention, de toutes les railleries aussi...A quoi tient l'intérêt d'une personne à ses yeux, aux yeux des autres ? A son nez peut- être ? Dans cette Nouvelle, le nez devient l'objet de tous les tourments, de tous les désirs...Gogol le personnifie, le diabolise, le sacralise mais à quoi bon ?
Absurdité, Dérision, .....pied de nez ?
OU
Evidence... comme un nez au milieu de la figure ?


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Après avoir apprécié le manteau, du même auteur je m'attendais à sourire à nouveau et j'avoue avoir été plutôt désappointé par ce voyage en Absurdie.
S'il s'agit d'une allégorie alors je suis complétement passé à côté et je le regrette. Si j'ai lu cette nouvelle sans ennui, j'ai surtout eu l'impression de voir défiler des mots que je n'arrivais pas à assembler, je n'ai de plus pas trouvé le texte particulièrement humoristique. Je n'ai pas trouvé non plus de justification à cette succession de dialogues sans queue ni tête, je crois finalement qu'à l'instar du major Kovaliov j'ai perdu mon nez sur cette lecture...
Il reste que le style est plaisant et fluide, ce que j'ai apprécié.
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Cette nouvelle fantastique est une peinture pittoresque de la société russe avec des personnages caricaturaux de tous les milieux.
Les déambulations invraisemblables, comiques et discordantes sont narrées sans trop de surprise, comme si cela allait de soi.

Gogol exploite le réalisme fantastique dans une satire burlesque où la Russie est perçue comme une terre bizarre qui fait penser à l'univers Kafkaien où les personnages baignent dans une sorte de brouillard, de délires paranoïaques et étranges dénués de toute vraisemblance.

Le nez est un thème récurrent et presque obsessionnel dans la littérature de Nikolai Gogol, romancier de l'absurde.
Son sens est symbolique et représente certainement un complexe d'infériorité et une sorte de "castration" imaginaire, d'impuissance sociale.

Le point fort est de laisser entrevoir une évolution du personnage, qui se bonifie et gagne en humanité entre deux rebondissements cocasses.



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critiques presse (1)
Ricochet
25 novembre 2011
Drôle et divertissant, cet album réunit les qualités pour faire découvrir l’auteur tout en passant un agréable moment de lecture.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Il se passe de drôles de choses sur terre. Parfois, c'est vraiment tout à fait invraisemblable. Soudain, le nez, celui-là même qui s'était promené en conseiller d'état et qui avait fait tant de bruit en ville, se retrouva, comme si de rien n'était, de nouveau à sa place, c'est à dire entre les deux joues du major Kovaliov. Cela se passa le 7 avril. Une fois réveillé, il se regarda désespéré dans le miroir et vit : le nez !... Il y mit la main. C'était bien le nez ! "Hé!" déclara Koliakov joyeux au point de danser comme un cosaque, pieds nus, à travers sa chambre. Mais Ivan venait d'entrer et l'en empêcha. Il ordonna qu'on le savonnât sur-le-champ et durant le savonnage, regarda encore une fois dans le miroir : le nez. Il se rinça dans le lavabo et regarda à nouveau dans le miroir : le nez !
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Mon Dieu ! mon Dieu ! Pourquoi un malheur pareil ? Si j'avais été sans un bras ou sans une jambe — tout aurait été mieux ; j'aurais été sans oreille — c'est moche, mais c'est quand même supportable ; mais sans nez, un homme, c'est le diable sait quoi ; un oiseau sans ailes, un citoyen sans droits, — juste à jeter par la fenêtre ! Si encore on me l'avait coupé à la guerre, ou dans un duel, ou si c'est moi qui en avais été la cause ; mais il a disparu comme ça, sans raison, oui, disparu pour rien, pour pas un sou !... Mais non, ce n'est pas possible, ajouta-t-il, après un temps de réflexion. C'est invraisemblable que le nez ait disparu ; c'est invraisemblable, de toutes les façons. Ou bien, soit, réellement, c'est dans mon rêve, soit, c'est juste une espèce de chimère ; peut-être que, par erreur, j'ai pris pour de l'eau la vodka avec laquelle je m'essuie la barbe après le barbier. Ivan, ce crétin, il ne l'aura pas bue, et, moi, voilà, je paye les pots cassés.
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_ Et maintenant, je m'en vais faire un bon petit somme.
Il était donc à prévoir que la venue de l'assesseur de collège serait tout à fait inopportune. Ce commissaire était un grand protecteur de tous les arts et de toutes les industries, mais il préférait encore à tout un billet de banque.
_C'est une chose, avait-il coutume de dire, dont on ne trouve pas l'équivalent : cela ne demande pas de nourriture, ne prend pas beaucoup de place, cela tient toujours dans la poche, et si cela tombe, cela ne se casse pas.
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- Aujourd'hui, Prascovia Ossipovna, je ne prendrai pas de café, dit Ivan Iakovlévitch, et, à la place, je me mangerais bien un petit pain chaud avec une tête d'oignon. (C'est-à-dire qu'Ivan Iakovlévitch aurait souhaité et l'un et l'autre, mais il savait qu'il était absolument impossible de demander les deux choses en même temps, Prascovia Ossipovna ne supportant guère ce genre de lubies.) " Qu'il mange son pain, l'imbécile ; moi, ça m'arrange, se dit l'épouse, il me restera une tasse de café en plus. " Et elle lui jeta un pain sur la table.
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Non, le voilà disparu, comme cela, sans raison aucune !... Toutefois, non, cela ne se peut pas, ajouta-t-il après avoir réfléchi, c’est une chose incroyable qu’un nez puisse ainsi disparaître, tout à fait incroyable. Il faut croire que je rêve, ou que je suis tout simplement halluciné ; peut-être ai-je par mégarde avalé, au lieu d’eau, de l’alcool dont j’ai coutume de me frotter le menton après qu’on m’a rasé. Cet imbécile d’Ivan aura négligé de l’emporter, et je l’aurai avalé.
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Pour en savoir plus : http://ateliershenrydougier.com/moscou.html Lire un extrait : https://fr.calameo.com/books/005553960838d5c676209 A commander en ligne : https://www.interforum.fr/Affiliations/accueil.do?refLivre=9791031204802&refEditeur=155&type=P
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