Un matin, au réveil, l'assesseur de collège Kovaliov se retrouve sans nez. Il entreprend une quête désespérée mais rien n'y fait. Quel étourdi celui-là pour perdre son nez et quel filou
le nez de se faire la malle sans dire un mot à son proprio !
Très courte nouvelle, parue en 1836,
le nez fait partie des cinq Nouvelles de Petersburg.
Dès le début, le fantastique nous dit : j'y suis, et le jeu des miroirs nous dévoile que
le nez en russe c'est HOC et à l'envers, COH c'est rêve, et COH c'est le premier titre que
Gogol donne à sa nouvelle.
Perdre son nez c'est plutôt embêtant surtout qu'avec
le nez on peut perdre le rêve d'une vie sociale. Mais, est-ce que le rêve avec nez ne serait-il pas la réalité sans nez ? C'est à dire le manque, l'absurde dans la vie, la place qu'on croit tenir et qui se révèle fausse, tout comme la position qu'on croit avoir dans la société ?
Gogol vient de la campagne, où la terre est mère qui enfante, et à Petersburg, , ville "insaisissable", "ville où tout est pierre, les maisons, les arbres et les habitants", il se sent aliéné et dérouté, il lui manque quelque chose. Petersburg, ville fantastique, où le réel n'est pas réel et où l'absurde s'est installé. Et
le nez, où est-il à sa place ? Etre à sa place ou connaître sa place ? Vivre avec le manque ou avec un faux plein ? Cherchons les réponses !
Gogol tire à vue avec des balles de moquerie, de raillerie, d'ironie et de fantastique où l'humour fin, subtile et enjoué vise des cibles précises. le conteur, par la magie des mots et du rythme, entraîne le lecteur qui se laisse aller avec grand plaisir, tout en se posant des questions qui restent en suspens depuis très très longtemps.
Quel pied de nez
Nikolaï Gogol nous a-t-il fait entre rêve et réalité !