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Critique de Annette55


«  Serrez - la fort, si vous l'avez, serrez - la fort, tel est mon conseil à tous les vivants, . Respirez- la, mettez le nez dans ses cheveux, respirez profondément .
«  Dites son nom »
Ce sera toujours son nom.
Même la mort ne peut le voler.
Le même , vivante ou morte.
Aura Estrada »
Extrait de ce récit - confession autobiographique très fort , émouvant à la fois tragique et lumineux, transcendant et rayonnant ....
Difficile à dire tellement ce cri d'amour est inhabituel.

Francisco Goldman est né en 1954 à Boston, écrivain et Journaliste il rencontre Aura , de dix- sept ans sa cadette, ils s'aiment, se découvrent , s'accordent , se marient en 2005,elle meurt le 25 juillet 2007 d'un accident de surf sur une plage de la côte du Pacifique.
La mère : Juanita et l'oncle d'Aura , Léopold, ont accusé Francisco d'être responsable de sa mort . Ils lui intenteront un procès, il ne se parleront plus...
Lui, avait les journaux d'Aura, Juanita ses cendres. ,...
Or «  le vent souffle des rides sur une mer calme et ces rides qui donnent prise au vent deviennent des vagues , elles prennent de la hauteur , le vent les pousse, accélérant et augmentant leur taille .
Ce n'est pas l'eau elle même qui voyage , mais l'énergie du vent.
Cette nuit- là , où était la vague d'Aura dans son voyage vers le Mexique? »

Des vagues tellement puissantes qu'elles sont capables de vous briser net, telle une brindille., un fétu de paille.


Francisco passera des journées entières à décrypter les journaux de l'enfance et de l'adolescence de son épouse, copiant des phrases et des paragraphes , un journal à la couleur en plastique bleu layette: la rupture avec Mama Violeta, les premières séances d'analyse, la profondeur des liens qui unissaient Aura à sa mère , un degré d'intimité et de confiance qui lui était inconnu, la quarantaine passée , pourtant .....

Il collecte indéfiniment , reconstitue ses journaux intimes
et même ses écrits ——pointilliste ——il descend dans le souvenir pour ramener Aura un instant à la vie ......la faire revivre encore....

Il porte une attention exacerbée exerce une mise au point des plus fines , sourcilleuse , du regard qui lui permettront d'assembler tout ce qu'il savait entre «  Passé et Présent » dans «  le rayon » de Vie d'Aura.

Tel est le but désespéré qu'il s'assigne , reconstituer , tisser , tel un canevas , reconstruire tous ces petits rites par et pour la femme aimée. disparue , si présente , par les gants qu'elle lui avait offerts ou autre manifestation de son attachement .( gants qu'il perdra à son grand dépit )

Son récit ——assez difficile à lire——je dois dire, très émouvant sur le deuil, la perte, la souffrance, l'amour, prend aux yeux du lecteur «  la forme d'une vague qui va et vient » ,il se reconstruira lentement , en revivant avec la douceur d'avant le drame , et le déferlement d'émotions qui transpercent Francisco.
Il traversera une période difficile , confusionnelle, sorte d'autodestruction: ivresse .....désespoir,pleurs, regrets...

Le portrait d'Aura est lumineux, il la dépeint , désordonnée parfois dans les gestes du quotidien , pleine d'esprit, cultivée, drôle , fine, à l'intelligence vive, pétrie d'enthousiasme et d'énergie , virevoltante, en proie aux cauchemars parfois ..

Brillante universitaire , elle conduisait un doctorat de littérature hispanique à Columbia .
Son rêve secret était d'écrire .
Pétri d'amour , assoiffé et nourri de la braise ardente de la perte ——insurmontable———ce livre puissant de désespoir et d'espoir, paradoxalement, donne la mesure de la perfection des souvenirs, la rencontre de deux êtres entre deux mondes , un voyage littéraire de Brooklyn à Mexico.
Une histoire douloureuse et magnifique de la perte :«  Dire et reDire son nom  » ....
En l'honneur de son épouse Francisco a crée et dirige le «  Laura Estrada Prize » remis tous les deux ans à une femme de moins de trente- cinq ans en écrivant en Espagnol et vivant aux USA ou au Mexique .
Je ne pense pas que Francisco se soit reconstruit ....
Je peux me tromper ...

Ce récit a reçu le Prix Fémina Étranger 2011 .




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