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EAN : 9782070142828
304 pages
Gallimard (21/05/2015)
3.53/5   16 notes
Résumé :
Motke, de son vrai nom Mordechai de Paauw, aimerait bien mourir. À quatre-vingt-dix-sept ans, il regrette le temps où son corps était encore le moteur de tous ses plaisirs, et il se fait alors le narrateur d’une existence hors du commun.
Jeune homme, il est contraint de reprendre l’abattoir familial, mais son ambition le pousse à transformer la florissante entreprise en faisant appel à Rafaël Levine, un scientifique d’origine juive-allemande, pour lui adjoind... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Mordechaï de Paauw, 97 ans, veut mourir, il n'est plus qu'un légume entre les mains d'aides-soignantes zélées. A l'heure des journaux télévisé, Il assiste impuissant à la chute de son fils, Ezra, directeur de la firme qu'il a créée dans les années 20 près d'Amsterdam. Son fils, jouisseur et vigoureux quinquagénaire, homme d'affaire puissant, est impliqué dans un scandale sexuel au Etats-Unis.

Dans sa chambre Mordechaï repense à sa vie et à l'héritage qu'il lui a laissé: une des plus grandes industries pharmacologiques au monde, une des premières usines à fabriquer et à commercialiser l'insuline, à isoler la testostérone et l'oestrogène, à produire la pilule contraceptive. Mais Ezra a hérité aussi de la sexualité débridée de son père, ce besoin de séduire, de posséder toutes les femmes. le vieillard le sait, sa vie n'a pas été exemplaire alors il se confie.

Les mémoires, à la première personne, d'un sale type, arrogant, sûr de lui et égoïste, mais aussi les mémoires d'un créateur d'entreprise génial et précurseur instinctif, qui va vivre le XXe siècle à pleine dents. « La fabrique d'hormones » est une oeuvre de fiction inspirée de la genèse de l'entreprise Organon aux Pays-Bas.

Saskia Goldschmidt en grande romancière, décrit un pays, les Pays-Bas au travers une famille d'industriel. Les découvertes fondamentales de l'isolation des hormones et leurs applications dans le monde moderne, la vie de Mordechaï, homme d'action énergique mais véritable sex-addict, donne un roman très instructif et vraiment original.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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C'est l'histoire d'un homme d'affaires ambitieux qui passera sa vie à développer l'entreprise familiale au service de la science, au service des hommes, et surtout des femmes. L'histoire d'un homme soucieux d'apporter des solutions, de marquer l'Histoire de l'humanité de son empreinte.
Pour ce faire il n'hésitera pas à s'entourer des meilleurs, à développer ses savoirs et son savoir-faire, à prendre en main son destin, comme le boucher saisit le veau par la peau du cou.
Tout commencera vraiment quand il découvrira que les tonnes de pancréas rejetés des Abattoirs sont en réalité une véritable mine d'or. le commerce de l'insuline est en marche. Suivront alors toutes sortes d'hormones, et notamment sexuelles, naturelles, puis synthétiques.
Courageux, tenace, Motke fait son chemin malgré les projets du grand croque-mitaine - prêt à bouffer tout crus son entreprise et tous ses « youpins » d'employés renommés, lui compris, à mettre la main sur cette corne d'abondance pharmaceutique, ce geyser d'hormones en tous genres ; livre un éternel combat de coqs avec Levine, son associé, professeur et responsable des recherches, ce « Goliath » par lequel personne n'aime à être dirigé ; s'égare « parfois » entre les cuisses de toutes ces femmes vides et avides de pouvoir, heureux de leur permettre d'y goûter un peu, surtout à ses propres employées ; tentera d'aider son frère jumeau, Aron (il a toujours été mou du genou), ce Némésis resté coincé en 1ère, la lenteur faite homme, qui se révèlera incapable de supporter une dose de testostérone à peine supérieure à celle prescrite par un médecin corrompu, et commettra l'irréparable, portant ainsi préjudice à l'entreprise. Motke ira même jusqu'à donner un fils à sa femme, après quatre filles, alors que celle-ci, ingrate, s'apprête à le quitter. Il ne faut alors pas s'étonner du parcours d'Ezra, qui deviendra la copie hormonale quasi-conforme de son père, aussi « affemmé » que lui.
Sauf que ça n'est pas tout à fait comme ça. En fait, c'est l'histoire d'un homme, qui, aux dernières heures de sa vie, aussi longues que des années, se compare à Hercule implorant Zeus de le délivrer du poison qu'il a dans la tête, se trouve des ressemblances avec Abraham, sommé de sacrifier son fils ; qui, à force de jouer avec le feu, a fini par se brûler aux flammes des trois Furies, les Erinyes, serpents visqueux aux langues fourchues et aux mains griffues. L'histoire d'un homme sans demi-mesure qui profite des horreurs de la guerre pour se permettre de n'avoir aucun sens de la nuance. Un homme dont les insinuations exhalent des relents de pourriture et de corruption plus puissants que ceux des corps charriés par les chemises brunes. Un homme capable d'éliminer ses terreurs comme on recouvre les déchets d'uranium sous un blindage de béton dans l'espoir que la matière mortelle ne s'en échappera jamais. Un homme qui se joue de la guerre, profite de l'après-guerre, saisit toutes les opportunités ou les provoque pour faire fructifier son affaire, parvient à dissimuler ses infamies dans celles des autres. Un « homme » qui n'aura jamais courbé d'autre échine que celles des porcs et de ses employées. Un chef d'entreprise qui sauvera ses brevets avant ses propres enfants.
Le négociant du roi, le docteur honoris causa, le commandeur de l'ordre d'Orange-Nassau dont la conscience est assez large pour laisser passer un carrosse et son attelage, à la conduite dictée par son sexe, aura passé sa vie à bomber le torse, se donner de grands airs, imposer sa loi, jouer au plus fin, faire de la lèche, se faire valoir, bluffer, prendre des risques et se faire mousser. Après tout, diriger une entreprise n'est rien d'autre qu'un jeu dangereux.
Ou alors, c'est juste l'histoire d'un néerlandais qui développe le commerce des « hormones de l'âme » malgré la guerre, connaît le succès, « attire » un peu trop les femmes, attise les rancoeurs, les jalousies, passera sa vie à éviter les pièges et assistera aux dernières heures de sa vie à la chute de son fils qui, comme son père, aimait trop les femmes.

Lien : http://www.listesratures.fr/
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J'ai été très intriguée par cette histoire, et j'avais une appréhension en commençant ce roman, mais au final, c'est plutôt une belle découverte. Aux Pays-Bas, dans les années 30, Mokte est un industriel juif qui se rêve chimiste. Il s'associe à un scientifique afin de pouvoir développer des molécules comme l'insuline ou la testostérone. Les hormones sont une thématique de recherche très importantes pour ce personnage, et on comprend pourquoi quand on voit son mode de vie : il a lui-même une virilité débordante et souhaiterait que son frère en fasse de même, les femmes sont pour lui des jouets...Comme vous le comprenez, la vie sexuelle de ce personnage est un des pans de l'histoire, auquel il faut associer la construction et l'expansion d'un empire pharmaceutique dans un contexte de seconde guerre mondiale....
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J'ai pris mon temps pour cette chronique parce que je ne me souviens pas avoir étais aussi indécise sur mes sentiments vis-à-vis d'un personnage que sur ceux que j'ai pour Mokte.

Mokte est un homme très complexe qui n'a rien de manichéen dans son traitement. Il est déterminé et réaliste, même si il n'arrive pas toujours à faire les bons choix ou à prendre conscience de la responsabilité de ses actes.

Cela le rend assez brute aux yeux des autres personnages qui sont quant à eux écraser par le poids de leurs responsabilités et incapable d'y voir clair dans une époque étouffer par un nuage de terreur.

Mokte évolue vraiment dans une tragédie, on voit la fatalité de la situation arriver, on connait l'issu mais on ne peut s'empêcher d'être fasciné par le parcours de cet homme pour en arriver là.

Mais au-delà de Mokte, l'auteur a donné à chaque personnage une personnalité et un destin qui leur sont propres et qui sont d'autant plus touchant, qu'ils ont tous un chemin de vie singulier.

Le récit est marqué également par de nombreux personnages féminins forts tel que Diane, dont l'histoire m'a énormément touchée de part son refus du statut sociale qu'on lui impose mais aussi de part sa force de caractère.

L'histoire est très intéressante dès le début avec cette idée que d'un abattoir (lieu de mort), on fabrique des hormones qui rendront la vie à certaines personnes dont les corps ne fonctionnent plus.

Même si on peut trouver quelques longueurs dans les passages sur le laboratoire, j'ai trouvée cela très intéressant, de la fabrication de ce "remède" jusqu'à la concrétisation de ces hormones qui donneront une drogue des plus dangereuse, qui ira corrompre le corps mais aussi l'âme de nos protagonistes.

La notion même d'amour dans ce livre est très complexe et est a dissocier de la notion de désir, car ce sont deux sentiments différents bien que parfois complémentaires pour Mokte.

Cependant on voit ce sentiment s'évaporé pour laisser place à quelque chose de plus sombre et de plus froid au fil de la lecture.

Un personnage qui m'aura touchée jusqu'à la fin, une fin indigne mais qui conclut parfaitement l'épopée de ce petit garçon devenu un homme esclave de ses pulsions mais maître de sa destinée.

La plume de l'auteur reste très belle et suit tout à fait sont récit. Parfois brute et dur, parfois douce et lyrique. L'écriture s'adapte au caractère de Mokte et rend le personnage encore plus vivant et imposant.

Enfin bref...Un livre d'intensité et d'une profondeur puissante et poétique, qui en font un coup de coeur manifeste pour moi. Le personnage de Mokte est complexe mais fascinant à suivre, et l'histoire ne vous laissera pas insensible.
Lien : http://bookymary.blogspot.fr..
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Mordechaï, ton point de vue ne n'intéresse pas

Un très vieil homme « bloqué au fond de ce lit à quatre-vingt-dix-sept ans ». Un corps en douleur et un esprit lucide. Mais une lucidité machiste comme le fut sa vie. Récitatif tourné sur soi et la soit-disant dictature des pulsions, « En réalité, nous sommes les éternelles victimes de notre membre, de la verge, de la quéquette. L'organe autonome qui commandait mon esprit, déterminait mes actes, maîtrisait ma raison et prenait la direction des opérations ». Un homme en réaffirmation du pouvoir et du sexe, un homme dans toute la haine qu'il voue aux femmes, une haine présentée-déguisée sous forme de victimisation « victime éternelle », de désirs, de pulsions soit-disant « incontrôlables », de l'appropriation des corps, de la vie et du travail des autres. Motke vit et se revit dans la déchéance de ce fils Ezra.

Ma lecture est très subjective. Je m'éloigne probablement de l'auteure. Mais comment dire, dans ce flot monopolisé de paroles, la force de deux personnes. Aron le frère transformé en cobaye puis en violeur et qui finira dans les chambres à gaz des assassins en chemise brune, celui qui n'est pas revenu. Et surtout Rivka qui fut son amante, sa femme (un mariage imposé dans la respectabilité des hommes, le père et l'amant), celle qui rejettera et l'enfant parasite et le mari obsédé par le fantasme de la libido… Rivka celle qui refuse la soit disant « nature » des choses.

Le rythme propre des mots et des phrases pour dire et faire ressentir, souligner les menaces du nazisme ou les invasions quotidiennes dans le corps des femmes. Des mots simples ou acerbes sur les confusions, le mépris des autres, les rêves de puissance. La douce force de la littérature pour dire ce un peu plus qui fait livre.

Les Pays-Bas, les années du souffle brun et de l'embrasement raciste de l'Europe, la recherche et l'extraction de l'insuline, le savant Rafael, puis la chasse aux hormones, le rêve de l'homme augmenté et de la fortune, les expériences et les expérimentations sur les êtres humains, le directeur et les employées…

Un presque siècle de crimes politiques, raciaux, industriels ou sexuels. Les contraintes dans le monde ne sont pas ce que les hommes en disent, le « grand prix de l'infamie ».
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
« En réalité, nous sommes les éternelles victimes de notre membre, de la verge, de la quéquette. L’organe autonome qui commandait mon esprit, déterminait mes actes, maîtrisait ma raison et prenait la direction des opérations. Ce que j’ai pu détester abandonner ma vie à ces pulsions incontrôlables ! Et comme j’en ai joui ! »
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Jour après jour je m'enfonce dans la morosité qui a marqué une grande partie de ma vie. Je les connais bien, ces journées où on a l'impression d'avoir les pattes engluées dans une immonde mélasse, où le moindre mouvement demande trop d'énergie. Ces heures passées sur un lit, immobile, prisonnier d'un cocon de tristesse. L'occasion de regarder le monde : le soleil qui se lève comme à l'ordinaire, comme si la lumière avait tant d'importance. Mizie qui entre dans la chambre, un sourire triste aux lèvres. Dans la rue, la hâte des hommes et des femmes qui courent en tous sens, comme si leurs actes étaient capables de modifier, un tant soir peu le monde, en bien ou en mal. Oui, j'ai nourri aussi cette illusions pendant des dizaines d'années. Hélas ! j'ai cru dure comme fer que je jouais un rôle déterminant, que j'allais rendre le monde meilleur grâce à mes compétences, à ma ténacité, à mon intelligence. C'est vrai, j'ai laissé mon empreinte. Mais le monde en a-t-il bénéficié ? Tomber de Charybde en Scylla, nous ne faisons rien de mieux, tous autant que nous sommes.
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