C'est l'histoire d'un homme d'affaires ambitieux qui passera sa vie à développer l'entreprise familiale au service de la science, au service des hommes, et surtout des femmes. L'histoire d'un homme soucieux d'apporter des solutions, de marquer l'Histoire de l'humanité de son empreinte.
Pour ce faire il n'hésitera pas à s'entourer des meilleurs, à développer ses savoirs et son savoir-faire, à prendre en main son destin, comme le boucher saisit le veau par la peau du cou.
Tout commencera vraiment quand il découvrira que les tonnes de pancréas rejetés des Abattoirs sont en réalité une véritable mine d'or. le commerce de l'insuline est en marche. Suivront alors toutes sortes d'hormones, et notamment sexuelles, naturelles, puis synthétiques.
Courageux, tenace, Motke fait son chemin malgré les projets du grand croque-mitaine - prêt à bouffer tout crus son entreprise et tous ses « youpins » d'employés renommés, lui compris, à mettre la main sur cette corne d'abondance pharmaceutique, ce geyser d'hormones en tous genres ; livre un éternel combat de coqs avec Levine, son associé, professeur et responsable des recherches, ce « Goliath » par lequel personne n'aime à être dirigé ; s'égare « parfois » entre les cuisses de toutes ces femmes vides et avides de pouvoir, heureux de leur permettre d'y goûter un peu, surtout à ses propres employées ; tentera d'aider son frère jumeau, Aron (il a toujours été mou du genou), ce Némésis resté coincé en 1ère, la lenteur faite homme, qui se révèlera incapable de supporter une dose de testostérone à peine supérieure à celle prescrite par un médecin corrompu, et commettra l'irréparable, portant ainsi préjudice à l'entreprise. Motke ira même jusqu'à donner un fils à sa femme, après quatre filles, alors que celle-ci, ingrate, s'apprête à le quitter. Il ne faut alors pas s'étonner du parcours d'Ezra, qui deviendra la copie hormonale quasi-conforme de son père, aussi « affemmé » que lui.
Sauf que ça n'est pas tout à fait comme ça. En fait, c'est l'histoire d'un homme, qui, aux dernières heures de sa vie, aussi longues que des années, se compare à Hercule implorant Zeus de le délivrer du poison qu'il a dans la tête, se trouve des ressemblances avec Abraham, sommé de sacrifier son fils ; qui, à force de jouer avec le feu, a fini par se brûler aux flammes des trois Furies, les Erinyes, serpents visqueux aux langues fourchues et aux mains griffues. L'histoire d'un homme sans demi-mesure qui profite des horreurs de la guerre pour se permettre de n'avoir aucun sens de la nuance. Un homme dont les insinuations exhalent des relents de pourriture et de corruption plus puissants que ceux des corps charriés par les chemises brunes. Un homme capable d'éliminer ses terreurs comme on recouvre les déchets d'uranium sous un blindage de béton dans l'espoir que la matière mortelle ne s'en échappera jamais. Un homme qui se joue de la guerre, profite de l'après-guerre, saisit toutes les opportunités ou les provoque pour faire fructifier son affaire, parvient à dissimuler ses infamies dans celles des autres. Un « homme » qui n'aura jamais courbé d'autre échine que celles des porcs et de ses employées. Un chef d'entreprise qui sauvera ses brevets avant ses propres enfants.
Le négociant du roi, le docteur honoris causa, le commandeur de l'ordre d'Orange-Nassau dont la conscience est assez large pour laisser passer un carrosse et son attelage, à la conduite dictée par son sexe, aura passé sa vie à bomber le torse, se donner de grands airs, imposer sa loi, jouer au plus fin, faire de la lèche, se faire valoir, bluffer, prendre des risques et se faire mousser. Après tout, diriger une entreprise n'est rien d'autre qu'un jeu dangereux.
Ou alors, c'est juste l'histoire d'un néerlandais qui développe le commerce des « hormones de l'âme » malgré la guerre, connaît le succès, « attire » un peu trop les femmes, attise les rancoeurs, les jalousies, passera sa vie à éviter les pièges et assistera aux dernières heures de sa vie à la chute de son fils qui, comme son père, aimait trop les femmes.
Lien :
http://www.listesratures.fr/