Après avoir déjoué un complot visant à la séparer de son mari en la jetant dans les bras de Colin Paturel (l'ancien esclave avec qui elle s'était échappée du harem du sultan Moulay Ismaël, devenu Barbe d'Or le pirate, puis promu gouverneur de Gouldsboro par Peyrac lui-même), Angélique, de retour à Gouldsboro, la colonie fondée par son mari le Comte de Peyrac, voit ses craintes se concrétiser : le danger rôde, on veut sa perte et celle de son cher mari. (Voir La Tentation d'Angélique.)
De mauvais augures planent au-dessus de la tranquille colonie occupée par les huguenots de la Rochelle, une poignée d'anglais protestants, et quelques catholiques, bien que tout ce petit monde essaye de vivre en bonne harmonie dans ces contrées sauvages cernées par les guerres politiques et religieuses des anglais, des canadiens et des indiens, Peyrac veillant à pacifier le pays.
Un navire venu de France, La Licorne, fait naufrage sur les côtes de Gouldsboro, ajoutant à la confusion déjà régnante dans la petite colonie suite à l'arrivée du nouveau gouverneur (voir la Tentation d'Angélique). Les rescapés, une troupe de femmes, les Filles du Roi, orphelines venues se marier avec les colons du Canada, et à leur tête, leur «Bienfaitrice», la duchesse de Maudribourg, étrange et belle jeune veuve bigote et exaltée, son secrétaire, et le capitaine du bâteau, qui a réussi à sauver la figure de proue de son navire... Une licorne.
Tout ce petit monde est donc recueilli par les Peyrac. Des amours se lient entre quelques passagères et colons. Mais la duchesse insiste pour continuer son voyage en direction de Québec où ses filles sont attendues.
Le comte devant partir en mer pour des affaires politiques et Angélique ne pouvant l'accompagner, son amie huguenote Abigaël allant bientôt accoucher de son premier enfant à 35 ans, elle se retrouve donc seule avec ses doutes et ses angoisses…
Mais la belle et confuse duchesse de Maudribourg décide finalement de revenir seule auprès d'Angélique à qui elle confesse son passé : orpheline, elle a été élevée au couvent jusqu'à l'âge de 15 ans. Devenue très belle et très cultivée, on l'a mariée de force à un vieux Duc pervers qui l'a violée et humiliée durant des années avant de la laisser veuve et fortunée. Elle a toujours été dévote, et Dieu est son seul salut. Angélique ne peut qu'avoir de la compassion pour cette femme fragile, perdue, d'une beauté envoutante et exaltée… Mais il ne faut jamais se fier aux apparences.
Dans cet opus, on découvre une Angélique plus fragile qu'à l'accoutumée, encline au doute, à l'angoisse : une sourde menace pèse sur elle et les siens, mais rien de concret. de toute part des attaques, des impondérables planifiés par des ennemis invisibles sèment le trouble dans son esprit. Impossible cependant de trouver qui est à l'origine de ces tourments….
Et pour cause, cet ennemi particulier se pare de toutes les beautés et de tous les subterfuges pour se faire passer pour une bonne et charitable âme aux propres yeux d'Angélique, tentant par ses mensonges doucereux de la séparer de ceux qu'elle aime et en qui elle a toute confiance… Elle se met à douter de tout et de tout le monde. le Mal est à l'oeuvre…
Mais qui est réellement cette duchesse de Maudribourg ? Agit-elle sous l'égide de quelqu'un ou de son propre chef… ? N'y aurait-il pas un lien avec ce jésuite fiévreux et rongé de frustration, le père d'Orgeval ? La prophétie de la nonne de Québec, annonçant l'arrivée d'une Démone, une femme terriblement belle sortant des flots, chevauchant une licorne, et apportant désolation et mort autour d'elle, ne serait-elle pas en train de se réaliser ? Angélique et les siens sont en grand danger. C'est une hydre a plusieurs têtes qu'il lui faudra combattre pour sortir de ce marasme. Elle ne pourra compter que sur ces propres ressources, comme à son habitude, mais pourra aussi mesurer la force de son amour et de ceux qui l'entourent...
Ce n'est pas mon tome préféré de la saga Angélique – mes préférences vont à «
Angélique se révolte » et «
Angélique et le Nouveau Monde »-. Mais on y retrouve tous les ingrédients qui contribuent au plaisir de cette étonnante et épique histoire : suspens, complots, un soupçon d'Histoire, bons sentiments… Juste peut-être au début, un peu trop de « ah Joffrey mon amour ! – ah Angélique ma mie ! Nous vaincrons les méchants, notre amour sera le plus fort !»… le personnage de la duchesse est assez bien exploité et fait une fort honorable méchante, alliée au ténébreux père d'Orgeval.
A suivre :
Angélique et le complot des ombres – Angélique à Québec.
Challenge pavés 2015-16