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EAN : 9782277224945
J'ai lu (05/03/1993)
3.87/5   50 notes
Résumé :
Enfin réunis sur le sol américain, Angélique et son mari, Joffrey de Peyrac, doivent affronter les terribles épreuves des immigrants, sur une terre hostile, entourés d'ennemis farouches.
Après la destruction du fort de Katarunk, la caravane du comte de Peyrac s'enfonce vers l'intérieur dans la forêt glacée. C'est à Wapassou qu'ils vont vivre un automne et un hiver tragiques en butte à la cruauté des hommes et des éléments : au fanatisme des Indiens et au sect... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Nième tome de la célèbre saga d’Anne et Serge Golon, Angélique et le Nouveau Monde se démarque largement de tous les autres tomes. Déjà, dans Angélique se révolte, on avait pu remarquer que l’Histoire derrière l’histoire était très présente, et nourrissait concrètement l’intrigue un peu basique de la quête de l’amour disparu.
Quinze ans ont passé depuis ce soir maudit où la jeune femme du Comte de Peyrac, Angélique de Sancé de Monteloup, s’effondrait en place de grève devant le bucher qui venait de bruler son mari.
Quinze années de lutte, de courses effrénées, d’espoirs et de déceptions… Quinze années pendant lesquelles Angélique a vu naitre, partir ou mourir ses enfants.
Et enfin, elle l’a retrouvé son amour perdu, son Comte défiguré au charisme puissant, sous le masque du Rescator, ce pirate de Méditerranée qu’elle avait déjà croisé. En prime, elle retrouve aussi ses fils, Cantor et Florimond qu’elle croyait morts.
Ayant quittés La Rochelle sous le feu des canons du Roi de France, avec à son bord des protestants fuyant les dragonnades (voir Angélique se révolte), le navire de Peyrac accoste après un voyage éprouvant, sur les rives de Gouldsboro, la colonie libre fondée par Peyrac et ses hommes sur les côtes du Maine. (Voir Angélique et son amour.)
Au début de l’été, un groupe d’une trentaine de personnes, dont Angélique, sa fille Honorine, ses fils, une famille de Huguenots, tous menés par Peyrac et ses hommes les plus surs, prennent le chemin de l’arrière-pays, pour rejoindre le fort de Katarunk, au cœur des Appalaches. Ils souhaitent trouver la paix et la tranquillité dans ce lieu retiré, et Peyrac compte y faire fructifier ses mines…
-Rappelons la situation historique de l’époque. Nous sommes aux alentours de 1680, les Anglais, protestants, ont déjà bien colonisé le Nord de l’Amérique. La région du Maine est déclaré province anglaise par le Roi d’Angleterre bien qu’en partie française ; le Canada est reconnu français, donc catholique. Nouvelle-France est son nom à cette époque.
Les guerres de religions se poursuivent loin du vieux Continent, les indiens y sont mêlés, chacun son camp ; avec environ six mille Canadiens Français catholiques au Nord, deux cent mille Anglais protestants au Sud, s’échelonnant le long des rivages et de l’embouchure des grands fleuves, avec à l’Ouest deux cent mille Iroquois pro-Anglais, et à peu près autant d’Abénakis, Algonquins, Hurons, à l’Est, pro-Français... (Les Hurons sont d’origine iroquoise « mais se sont séparés de leurs frères de la Vallée Sacrée en des temps lointains pour des raisons oubliées, et se considèrent depuis comme ennemis ancestraux ».)
Dans ces forêts du Maine, qui montent vers le Nord, on a des trappeurs appelés à l’époque les coureurs-de-bois, qui font trafique de peaux et boucanent de l’eau-de-vie qu’ils échangent contre de l’or ou d’autres peaux aux Indiens, ces Indiens de toutes tribus alliées avec les Français : les Sagamores, Abénakis, Patsuikets, Algonquins. Ces Indiens, tellement acquis à la cause catholique, qu’ils enlèvent des familles anglaises pour les amener aux français de Québec afin qu’ils soient baptisés en échange de nourriture, d’alcool, de babioles, d’une place au paradis…
Et il y a les Iroquois, peuples des Cinq Nations, dont l’emblème est la Tortue. Ils aiment capturer et torturer les jésuites qui s’avancent toujours plus loin pour tenter de les convertir, et font la guerre aux tribus qui s’allient aux blancs. Ils peuvent traiter avec l’anglais aussi bien que le français, ou les tuer, parce qu’ils leur déplaisent. Mais sont plutôt du côté des Anglais car ils détestent les Jésuites.
Les Jésuites, ces moines/prêtres catholiques intégristes proches de l’inquisition, qui vouent leur vie à faire des disciples, ont sur ce nouveau continent une puissance accrue. Ils sont la conscience chrétienne du Nouveau-monde… Ils font office de conseillers dans les salons de Québec. Et leur langue fielleuse et doucereuse encourage souvent à la guerre, à la vengeance, la destruction.
C’est dans ce climat que la troupe du Comte de Peyrac arrive au fort, pour le trouver occupé par des français de Québec… (Katarunk a été bati sur les rives du Kennebec, fleuve qui coule du Saint-Laurent au nord, et file vers le sud. C’est un lieu stratégique. Les rivières étant « les autoroutes » de l’époque).
Le Comte de Loménie-Chambord et quelques autres nobles du Saint-Laurent coureurs-de-bois, ont été dépêchés sur place pour « accueillir » Peyrac. Plusieurs tribus d’Indiens les accompagnent. La tension est palpable…
Peyrac va devoir traiter avec ces représentants de la Nouvelle-France, tout en diplomatie : il ne faut froisser personne, ne se mettre personne à dos, ni les Français, ses proches voisins qui gouvernent le Nord, ni les Anglais, qui tiennent le Sud et avec qui il a des accords, et ne pas s’aliéner les Iroquois. Ceux-ci auront droit de passage, en échange, ils ne s’attaqueront pas aux autres tribus installées sur les bords du fleuve. Les Français pourront ainsi aller et venir sans crainte de se faire occire à chaque passage.
Après une soirée de festin, l’accord enfin trouvé, les Français sont rassurés sur les intentions de Peyrac, et conquis par la beauté et l’intelligence d’Angélique. Ils repartent enfin, suivis de leur contingent d’Indiens.
Mais les Iroquois, furieux de voir que le Comte s’est allié aux Français, viennent lui demander des comptes. Ils ont entendu parler de Peyrac et de sa puissance : il fait éclater les montagnes et pleurer les étoiles… En effet, Peyrac est expert en explosifs et en feux d’artifices, et ils ne veulent pas qu’il s’allie avec d’autres qu’eux !
Grace à Angélique, une entrevue est possible. Un festin pour sceller l’accord est organisé. A l’aube suivant cette nuit d’agape à l’indienne (débauche de nourriture, d’alcool et de tabac), quatre chefs des Cinq Nations sont assassinés par un des Français revenu se venger d’avoir été enlevé enfant par les Iroquois et d’avoir vu sa famille massacrée…
Les tribus d’Iroquois rassemblées non loin de Katarunk sont prêtes à venger leurs chefs… Un seul est rescapé ; c’est lui qu’il faut convaincre, c’est à lui qu’il faut expliquer que Peyrac a été trahi également par les Français, sous son propre toit… Pour marquer son dégout envers les agissements des Français, et son respect envers les Iroquois, Peyrac devra bruler le fort de Katarunk avec une grande partie de ses biens (dont la nourriture).
N’ayant plus d’autre choix, la troupe de Peyrac continue son périple à travers les Appalaches en direction de Wapassou, petit fort que le Comte a fait construire pour exploiter ses mines d’or et d’argent. Plus de trente personnes vont ainsi débarquer dans ce minuscule abri.
Heureusement, l’été indien s’est installé, et la petite colonie va avoir le temps d’agrandir et de faire provisions pour tenir l’hiver qui s’annonce. Commence alors pour Angélique le temps de découvrir enfin l’homme qu’elle a retrouvé… Ils vont avoir un long hiver pour se réapprendre, pour se ré-apprivoiser. Peyrac avait laissé pour veuve une jeune femme inexpérimentée de la vie, il retrouve une femme mûre et accomplie, qui a fait sa vie loin de lui.
Les évènements de l’hiver ne feront que les rapprocher, eux les amants éternels, là où d’autres se seraient déchirés. Ils vont devoir encore affronter bien des aléas dans leur coin retiré du monde, car le monde sait où les trouver… En particulier ce Jésuite charismatique et inquiétant, le père d’Orgeval, qui s’est mis en tête qu’Angélique pouvait bien être « la Démone » annoncée par la vision d’une nonne québécoise très respectée.
Le fantôme de l’Inquisition venu du Vieux continent n’en finit pas de poursuivre les Peyrac.
Angélique et le Nouveau-Monde est mon épisode préféré de la saga. On est en totale immersion dans le monde des colons de cette époque, l’amour entre Peyrac et Angélique n’est pas là l’essentiel, loin s’en faut ! On découvre un univers réaliste, violent, dur, cruel, mais plein de vie et de force. Le style simple et cultivé d’Anne et Serge Golon font ici des merveilles pour la fluidité de l’histoire, on apprend des tas de choses sur l’Histoire du Nouveau-Monde et du Canada.
A suivre, La tentation d'Angélique - Angélique et la Démone.
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Bon. Ce n'est pas de la très haute littérature, mais le deuxième tome m'a beaucoup plu. Ou le récit d'un hivernage dans les Appalaches, à Wapassou. Un poste, où vivent quelques mineurs (il y a une exploitation minière). Angélique, aux côtés de l'indestructible Joffrey de Peyrac/ Rescator, tient son monde à bouts de bras. Ses fils, sa fille
les mineurs, (et même son mari). Mon passage préféré, le récit d'un repas d'Épiphanie. Mais aussi, l'arrivée à Wapassou et les préparatifs avant l'hivernage.
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Quelques longueurs dans ce tome, très bien documentés au sujet des tribus indiennes et beaucoup de digressions également, même si nous découvrons plusieurs personnages hauts en couleur et les nombreuses péripéties inhérentes à la survie à un hiver à l'intérieur des terres inhospitalières américaines.
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Lue il y a plus de vingt ans, j'ai adoré cette saga riche en péripéties et très romanesque.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il la tourna vers lui en riant, la serra contre son torse dur, et doucement sa main commença de caresser son épaule, sa nuque penchée, ses formes pleines qui tendaient un peu le corsage, là, sous le bras.
- L’iroquois ne viendra pas cette nuit mon amour… Et le Français va dormir. Il a bu, chanté, festoyé. A demain les projets de massacre… Une nuit ! Qu’importe le lendemain si une nuit nous est encore donnée … Une nuit, c’est toute une vie !…
Il releva son menton entre ses doigts et baisa inlassablement ses lèvres offertes. Puis il cacha la belle tête altière contre son épaule et, de nouveau, il étreignit Angélique à la briser.
- Nous sommes des êtres neufs, chérie. Le monde qui nous observe l’est aussi. Autrefois, dans nos vieux palais, nous nous figurions libres. Cependant, tous nos gestes étaient sanctionnés par mille yeux impitoyables, ceux d’une société mesquine et jalouse, à bout de course. Il n’était pas facile, même avec des idées neuves, de se différencier des autres dans le Vieux Monde. Ici, c’est autre chose…
Tout bas, les lèvres dans ses cheveux, il ajouta :
- Et même si nous devions mourir, même demain, même affreusement, au moins ce serait ensemble et non plus pour de stériles et stupides servitudes.
Elle sentait sa main sur ses hanches, à travers l’étoffe de sa robe, et puis tout à coup elle la sentait, glissant plus haut sur sa poitrine dénudée, elle voyait les étoiles partout. Oui, il avait raison… Rien n’avait plus d’importance… Même s’ils devaient mourir demain, même affreusement… Elle était sa chose, soumise à sa force d’homme. Il avait dégrafé sa robe, rabattait le haut de sa chemise sur ses bras.
- Laissez-moi faire, ma toute belle. Il faut pouvoir respirer librement quand on a le cœur serré par la peur du Français ou de l’Iroquois. N’êtes-vous pas mieux ainsi ?... Laissez-moi donc faire… Il y a longtemps que je n’ai pas eu le plaisir de délacer ces compliqués ajustements d’Europe. En Orient les femmes s’offrent sans faire aucun mystère pour l’homme.
- Ah ! Ne me parlez plus de vos odalisques.
- Pourtant vous ne pourrez que gagner à la comparaison…
- C’est possible ! Mais je les déteste.
- J’adore quand vous êtes jalouse, fit-il en la renversant contre le lit rustique.
Et comme elle tout à l’heure, il songeait dans un éclair : « heureusement que nos corps s’entendent ! »
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Elle l'entendit encore crier d'une voix démente :
- Swanissit est mort ! Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! ...
Tâtonnant, elle se recula, cherchant un point d'appui. Elle marchait à travers la cour, cherchant l'habitation principale où, cette nuit, on festoyait. Soudain, elle aperçut à quelques pas d'elle la porte béante comme un trou noir ouvert sur de l'ombre froide. Au gré du vent, le lourd panneau de bois grinçait sur ses gonds de cuir.
Une appréhension affreuse lu étreignit le coeur.
- La salle du festin ! murmura-t-elle, et elle marcha jusqu'au seuil.
Il n'y avait plus que quatre hommes assis devant la table. Tout de suite, elle vit que son mari n'était pas parmi eux. C'étaient les quatre chefs iroquois, Swanissit, Anhisera, Onasatégan et Ganatuha. Le font contre la table, ils paraissaient cuver leur ivresse. Une odeur fade montait de la salle où le brouillard s'était infiltré. Les feux étaient éteints. Angélique perçut un bruit sinistre et qui la fit frissonner jusqu'à la racine des cheveux. C'était le bruit d'une averse lente, comme le suintement d'une eau visqueuse au fond d'une caverne obscure.
Qu'importaient le froid de la porte ouverte et les feux éteints ! ... Ceux qui se tenaient là n'avaient plus besoin de chaleur. Car ils dormaient, le crâne à vif, dans une mare de sang. Et ce bruit, qu'Angélique entendait, c'était celui de ce sang s'écoulant de la table au sol.
Une nausée la saisit.
Et l'inquiétude même qu'elle éprouvait pour le sort de son mari fut submergée par l'horreur, la terrifiante infamie de la scène.
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Elle était indignée de l'indifférence que manifestait Perrot pur le sort de ces gens, surtout des femmes. Bien qu'il fût fort brave homme, il était avant tout Canadien, et pour lui l'Anglais hérétique n'appartenait pas à une espèce qu'il soit nécessaire de ménager. Mais, voyant une déception mêlée d'horreur dans les yeux d'Angélique, il essaya de se disculper.
- N'allez pas croire, madame, que ces femmes sont tellement à plaindre. Certes, les Indiens les traiteront peut-être comme des servantes corvéables mais ne craignez pas pour leur honneur. Les Indiens ne violent jamais leurs prisonnières* comme cela se fait en Europe. Ils estiment qu'une femme contrainte attire le malheur sur un wigwam. Et, de plus, je crois que les femmes blanches leur inspirent une certaine répugnance. Si ces Anglaises et leurs enfants se montrent dociles, elles ne seront pas malheureuses. Et si elles ont la grâce d'être rachetées par une honorable famille montréalaise elles seront en outre baptisées et ainsi leurs âmes seront sauvées. Ces Anglais ont de la chance d'être tirés de l'hérésie.
Il lui rappela aussi que les Canadiens avaient eu beaucoup à souffrir des Iroquois qui, eux aussi, enlevaient des Blancs, mais c'était pour les torturer affreusement, ce que ne faisaient pas les Abénakis, alliés des Français.
* Ces moeurs indiennes du respect de la femme, générales au début du XVIIè siècle, disparurent peu à peu devant l'exemple des Blancs et sous l'influence de l'eau-de-vie. Vers la fin du XVIIè siècle beaucoup d'Indiens ne se privaient pas de violer les femmes blanches.
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