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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Eloge des voyages insensés est un récit qui nous amène aux contrées les plus extrêmes, que ce soit au sens propre ou au sens figuré. Vassili Golovanov nous amène à ce qu'on appelle le bout du bout du monde. Il est vrai que l'île polaire de Kolgouev paraît bien loin, aux antipodes à tous points de vue. Cette terre paraît belle vue de loin et abimée plus on s'en rapproche. Abimée par les hommes, le progrès, l'alcool, le communisme qui y est passé par là durant de nombreuses années.
C'est un livre rare, pas forcément facile d'accès tout comme cette terre des rêves, de l'oubli et de la fuite, dont il est question ici.
C'est un livre au confins de tout, un peu comme l'île qui est au coeur de ce récit.
C'est une île isolée. Elle couvre 5 000 km2 dans la mer de Barents, côté russe, elle est éloignée de tout et on s'en rend vite compte lorsqu'on tente de la chercher sur une carte. Voilà pour le décor.
C'est un récit de voyage, puissant, envoûtant, vertigineux, sombre et lumineux en même temps.
La prose est belle, lyrique et baroque. Au début, on ne sait pas trop où on va sur cette île mystérieuse, on avance avec la narrateur qui est perdu un peu comme nous.
C'est un morceau de terre à la dérive, où vivent et peut-être survivent quelques centaines d'habitants, descendants de chasseurs de rennes.
L'idée d'une île est merveilleuse, romanesque, elle crée l'enchantement, le rêve de partir ailleurs. Les îles sont des rêves en partance, des morceaux de terre qui se détachent de nous-mêmes, pour partir à la dérive. Nous tendons les mains comme pour comme retenir cette île qui est une barque qui file, tenter de l'arrimer et puis s'y jeter au dernier moment, vers ce voyage improbable...
Vassili Golovanov est un journaliste et l'île de Kolgouev devient peu à peu un territoire d'investigation. Pourquoi ? Sans doute parce qu'un rêve d'enfant sommeille encore dans le coeur de cet homme. Nous sommes au début des années 90, autant dire que nous sommes dans le début de l'effondrement du régime soviétique.
Les paysages semblent immenses sur ce petit territoire, donnent parfois l'impression que le narrateur est happé par cette immensité.
C'est une île désolée.
Le récit est sans doute décousu, nous ne savons où nous cheminons, quel est le fil qui nous mène et d'ailleurs où nous mène-t-il vraiment ? Le narrateur tâtonne sur cette île, il s'y reprend à plusieurs fois. Parfois j'ai eu l'impression de marcher dans une nuit immense, septentrionale, sans fin.
C'est une île désirée.
Au fur et à mesure que le narrateur découvre l'île, s'engage en elle, un contraste étonnant nous saisit entre les couleurs merveilleuses qui enrobent les paysages et les déchirements d'une population en lambeaux. Il y a des personnages attachants, violents, désoeuvrés.
C'est une île insensée.
Ou bien c'est le voyage qui lui donne cet aspect. Il y a plusieurs voyages. Il faut plusieurs voyages pour visiter cette île hostile, faite de terre, de toundra et de sable.
Il y a une humanité qui se dégage dans ce voyages entre les rires et les fables des insulaires et c'est beau.
C'est une lumière, la seule lumière qui permet de pousser la barque vers l'autre rivage...
J'ai beaucoup aimé ce récit de voyage. Il m'a emporté dans une île dont la géographie s'est peut-être mélangée durant quelques pages à l'imaginaire d'un journaliste poète. N'est-ce pas le propre d'un étonnant voyageur ?
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Un livre singulier qui met en scêne l'ile de Kolguev.
En toute honnêteté avant d'ouvrir ce livre je n'avais jamais entendu parler de cette ile, un tantinet moins médiatique qu'Ibiza. Elle se situe dans la région arctique, en mer de Barents, autrement dit perdue dans le grand Nord dans ces territoires russes terra incognita.
Le lecteur s'attend par conséquent à partir dans des grandes envolées désolées, lyriques aux confins de le redécouverte de terres à l'aube de l'histoire avec peut-être quelques pages d'ethnologie.
Oui Golovanov à travers un récit de randonnée à l'intérieur de l'ile offre de larges séquences dans cette ambiance mais ce périple est régulièrement entrecoupé de réflexions personnelles, d'anecdotes sur le vécu de l'auteur en dehors de Kolgouev. En définitive pour l'auteur, chacun est habité par un désir de fuite, recherche son ile, ailleurs. Nous sommes très proche d'un Rimbaud d'une saison en enfer (ou de ce qu'il pourrait pu écrire dans son univers de trafiquant), d'un Buzzatti ,Car cette ile est un territoire de la désolation, l'univers de ses quelques habitants, livrés à eux-mêmes, un seul passage d'hélicoptère deux fois par mois inaccessible financièrement pour la plupart, est celui de l'alcoolisme et de la misère. En paraphrasant Claude Lévi Strauss tristes tropiques...
Il reste que ce livre est une oeuvre remarquable, pas facile à lire, il faut bien le reconnaitre, je l'ai lue en plusieurs étapes. L'écriture est de très belle qualité et les mots sollicitent régulièrement le lecteur en profondeur.
A lire pour un lecteur .qui aime faire du hors piste.. .
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Un livre sur le voyage qui ne laisse pas indifférent, tant le style, le récit, les envolées littéraires sont hors du commun.
C'est une lecture exigeante, qui demande une concentration toute particulière. C'est une lecture poétique, qui se laisse apprivoiser, si l'on accepte de se laisser porter. C'est une lecture en forme de tourbillon, qui sait nous faire perdre le fil pour mieux le retrouver.
Certains passages descriptifs sont magiques. Rarement des paysages hivernaux me seront apparus aussi pleinement par la lecture. le lecteur est emporté dans les méandres du moi intérieur de l'auteur, qui nous livrent par circonvolutions ses pensées, ses réflexions...
A découvrir avec patience, distance et implication.
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