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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Trois femmes dans la tourmente

Laure Gombault a ressemblé trois nouvelles dans ce recueil qui raconte la vie de trois femmes durant la Première Guerre mondiale. Jeanne, Lucienne et Fernande vont nous permettre de découvrir trois aspects de ce conflit meurtrier. Trois histoires aussi sensibles qu'éclairantes.

Jeanne a croisé le regard bleu de Pierre et sa vie a basculé. Elle qui menait jusque-là une vie ordinaire a trouvé avec cet instituteur venu de Paris de quoi remplir sa morne existence. À l'amour qu'elle découvre dans ses bras vient bientôt s'ajouter l'envie de savoir et de connaître, d'apprendre à lire et écrire.
Mais après deux années de bonheur, les gendarmes viennent lui arracher son mari. En ce jour d'août 1914, il part pour le bagne, lui qui a refusé la guerre et a préféré déserter. Alors on refuse à Jeanne le droit de remplacer son mari à l'école pour instruire les enfants. En revanche, on l'accepte comme aide-soignante à l'hôpital pour tenter de soulager les souffrances des soldats qui arrivent du front. Son zèle et son courage vont lui permettre de se rapprocher d'un médecin qui a accompagné les bagnards en Guyane. Il pourrait peut-être lui donner des nouvelles de Pierre? Quand elle comprend qu'il va retourner là-bas, elle fait tout pour qu'il la prenne comme assistante, pour se rapprocher de son homme. Et qui sait?
Avec cette première nouvelle, Laure Gombault donne le ton de son recueil, centré autour de trois femmes dans la tourmente de la Grande Guerre.
La seconde se retrouve à la tête de la ferme que les hommes ont déserté et doit tenter d'assurer les récoltes, de faire vivre tant bien que mal ce domaine qui a besoin de bras. La solution va s'esquisser avec l'arrivée de Maghrébins affectés au service des agriculteurs. Lucienne, qui entend suivre les instructions de son mari parti combattre sur le front de la Somme, refuse dans un premier temps d'accueillir ces inconnus chez elle étranger. Puis elle accepte que Hassan vienne lui apporter sa force de travail, plus que jamais nécessaire alors que l'heure des récoltes arrive. Mais voilà, Hassan ne laisse pas insensibles les femmes du domaine. Lucienne observe le manège de Sidonie avant d'être à son tour troublée par la personnalité de l'ouvrier. Mais n'en disons pas davantage.
La troisième nouvelle raconte l'histoire de Fernande qui travaille dans une usine d'armement où la plupart des postes sont désormais occupés par des femmes. Dans la chaleur et le bruit, dans les cadences infernales entrecoupées par les accidents, un brin d'humanité va pouvoir s'immiscer, une solidarité entre femmes qui se retrouvent seules à attendre, à espérer des nouvelles du front. Et quand l'annonce d'un décès vient réduire à néant les rêves de retrouvailles, une épaule compatissante est la bienvenue.
C'est du reste cette humanité qui lie ces trois nouvelles qui mettent les émotions à fleur de peau. Dans ces moments de crise, on se rend bien compte de ce qui est vital et combien la force mentale est déterminante pour pouvoir continuer à avancer face à la violence, la désinformation, les coups du sort. La plume de Laure Gombault épouse parfaitement l'intensité des désordres intimes pour nous offrir, au moment où la guerre refait surface en Europe, une grille de lecture qui éclairante. Avec peut-être aussi le constat amer que plus d'un siècle plus tard, l'Histoire recommence avec les mêmes images, les mêmes attentes douloureuses, les mêmes morts au bout de la route.


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De Laure Gombault, j'avais aimé, après un début de lecture difficile, "Le ventre de Vénus", dont je disais qu'il s'agissait d'un roman sensible et émouvant. Pour "Les sans-gloire", dernier ouvrage paru, je pourrais tout aussi bien dire la même chose.

J'ai retrouvé la même écriture, classique, des mots simples mais bien choisis, des phrases parfaitement organisées : "Les feuilles du grand chêne viennent mourir à mes pieds. L'hiver s'annonce précoce. Je ramasse les bûches en prévision de la flambée du soir et je me réjouis par avance de tendre mon visage au-dessus des flammes. J'aime leur morsure, moins douloureuse que l'absence." Pas de chichis dans ces quelques mots et pourtant ils suffisent à nous faire ressentir la chaleur du feu et la douleur de l'absence. Car Jeanne est seule. Son Pierre est parti à la guerre, la Première Guerre. Elle assume le travail, attend son retour et rêve de jours meilleurs. Jeanne est la première des trois femmes dont l'auteur nous conte la vie durant ces quelques années de guerre pendant lesquelles elles avaient vaillamment remplacé les hommes qui combattaient sur le front. Et pour Lucienne et Fernande, les tâches sont aussi importantes et la considération pas davantage au rendez-vous.

Ces trois récits, trois destins différents, ont pourtant en commun plusieurs qualités. Ils sont visiblement le fruit d'une grande sensibilité et d'une connaissance de la période traitée parfaitement documentée. Ils sont émouvants, voire poignants. Toute l'atrocité de cette guerre et les difficultés de ceux, et surtout celles, qui étaient restés à l'arrière sont parfaitement étudiées, racontées par le menu. Certes le sujet a déjà été traité, mais là, il l'est à hauteur des "petits", de ceux que l'on oublie et que l'on n'encense jamais.

Une jolie page d'histoire emplie d'humanité en l'honneur de toutes celles qui, dans les difficultés, oeuvrent dans l'ombre. J'ajouterai un bon point supplémentaire pour les vers d'Arthur Rimbaud semés çà et là et l'absence de coquilles devenue si rare.

Lien : https://memo-emoi.fr
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On retrouve ici trois récits de trois femmes lors de la Première Guerre mondiale qui vivent leur vie pendant que leur mari est en guerre. Elles ne sont pas juste attentistes, elles aident dans la vie quotidienne en ce début de guerre où tout le monde pensait que ce n'était l'affaire que de quelques mois.

Le départ des hommes amène aussi ces femmes à se questionner sur leur vie, à leur relation de couple et à celle avec leur partenaire. Leur époux est à la fois un compagnon, un amoureux mais aussi la personne avec laquelle elles commencent à se construire. Se retrouvant seules après l'enrôlement des hommes, elles se questionnent sur leur propre identité en tant qu'individu : que sont-elles vraiment et quel est leur pouvoir en tant que personne seule ?

Ces femmes prennent conscience très vite que le poids des responsabilités va reposer sur elles. Elles sont à la fois effrayées mais en même temps courageuses et montrent qu'elles sont capables d'accomplir des tâches bien plus ardues que celles qui sont cantonnées aux femmes de l'époque. On retrouve en filigrane le courage des hommes partis au front, ceux qui ont osé déserter malgré les conséquences, ceux qui sont morts pour leur pays mais surtout le manque d'humanité qui a pu exister au front où l'individualisme et la dénonciation existaient.

Les histoires de Jeanne, Lucienne et Fernande sont singulières mais elles montrent leur détermination à aller de l'avant que ce soit pour retrouver un compagnon enrôlé de forçe, tenir une exploitation ou assurer un avenir meilleur à son enfant. Ces récits fictifs sont touchants, empreints d'humanité et rendent hommage à toutes ces femmes qui ont tenu la boutique et qu'on a oublié aussitôt la guerre finie.


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