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Citations sur Bakakaï (6)

Rien de plus artificiel que les descriptions de jeunes filles et les comparaisons recherchées que l'on forge à cette occasion. Les lèvres comme des cerises, les seins comme des boutons de rose... Oh, s'ils suffisait d'acheter chez le marchand quelques fruits et légumes! Et si une bouche avait vraiment le goût d'une cerise mûre, qui pourrait tomber amoureux? Qui se laisserait tenter par un baiser réellement doux comme une friandise?
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Je remarquai de bonne heure que mon père évitait comme le feu le contact de ma mère. Pis encore, il évitait sa vue et, quand il lui parlait, il regardait en général de côté ou s'examinait les ongles. Rien de plus triste en son genre que ce regard obstinément baissé. Parfois, cependant, il la regardait en biais, avec les marques d'un dégoût sans bornes. [...] Et comment dans ces conditions expliquer mon existence? Comment étais-je venu au monde? Je pense qu'on m'avait conçu dans une sorte de contrainte, les dents serrées, en faisant violence à l'instinct - autrement dit, je suppose que mon père a lutté un certain temps contre son dégoût au nom du devoir conjugal (il plaçait plus haut que tout son honneur viril) et qu'un bébé, moi, a été le fruit de cet héroïsme.
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- [...] Notre langue est cent fois plus riche que la française, qui passe cependant pour la plus accomplie. Que dit le français? «Petit», «petiot», «très petit», tout au plus. Tandis que nous, [Polonais], quelle richesse : «maly», «malutki», «maluchny», «malusi», «malenki», «malenieczki», «malusienki», et ainsi de suite.
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L'amour! quelle charmante, quelle incompréhensible absurdité! Pincer et repenser, et même prendre dans ses bras, combien de choses cela implique! Bah, je sais maintenant à quoi m'en tenir, je vois la secrète parenté de cela avec la guerre : à la guerre aussi il s'agit de pincer et de repenser, ou de saisir dans ses bras. [...]
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Les Allemands sont lourds, brutaux, avec des pieds plats, les Français sont petits, menus et dépravés, les Russes, velus, les Italiens - c'est le bel canto. Quel soulagement de se sentir polonais : rien d'étonnant à ce que tous nous envient et veuillent nous balayer de la surface de la Terre
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Je suis né et j'ai grandi dans une maison très respectable. C'est avec émotion que je me reporte vers toi par la pensée, ô mon enfance ! Je revois mon père, un bel homme de haute stature dont tous les détails du visage, le regard, les traits, les cheveux grisonnants, témoignaient d'une bonne et noble race. Je te revois aussi, mère, austèrement vêtue de noir, avec pour seul bijou de larges boucles d'oreilles anciennes. Je me revois enfin moi-même, petit garçon grave et pensif, et j'ai envie de pleurer sur mes espoirs détruits.
Le seul point noir, peut-être, de notre vie familiale était que mon père détestait ma mère. Je m'exprime mal en disant qu'il la détestait : c'est plutôt qu'il ne pouvait pas la supporter. Pourquoi ? Je n"ai jamais pu le comprendre et là commence le mystère dont les ténèbres m'ont conduit, dans mon âge mûr, à une catastrophe intérieure. Que suis-je en effet devenu ? Un voyou, ou mieux encore une ruine morale. Par exemple, en baisant la main d'une dame, je la mouille de salive, après quoi je sors vite mon mouchoir de poche, je dis : " Oh, excusez-moi " et j'essuie.
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