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Critique de deuxquatredeux


Dans Perles de vie, René de Obaldia cite Roger Nimier : « La philosophie est comme la Russie : pleine de marécages, et souvent envahie par les Allemands. » La lecture du Cours de philosophie en six heures un quart constitue d'une certaine façon une démonstration de cet aphorisme dans la mesure où Gombrowicz traite essentiellement de philosophes allemands : Kant, Hegel, Schopenhauer pour lequel on sent que Gombrowicz a une espèce de penchant, Nietzsche, Feuerbach (un peu), Marx (puisque Feuerbach et Hegel), Husserl, Heidegger - un ou deux philosophes grecs sont cités, Kierkegaard et Sartre pour l'existentialisme, et puis c'est tout. Pour trois d'entre eux : Kant, Nietzsche et Schopenhauer, Gombrowicz, polonais, fait une prise de guerre en les faisant polonais comme lui : « Nietzsche, comme Kant et Schopenhauer, était polonais ! » - le premier se croyait polonais - voir « Je suis gentilhomme polonais pur sang » dans Ecce Homo - et les deux autres sont nés dans des villes, Königsberg (désormais en Russie) et Danzig, revendiquées par la Pologne. Au final, cela ne change pas grand chose, les Allemands ont envahis la philosophie, la Russie et la Pologne.

Le Cours de philosophie en six heures un quart est la retranscription* des cours donnés par Gombrowicz en avril et en mai 1969 à sa femme Marie Rita Labrosse, son ami Dominique de Roux et des amis de passage. Dans cette période, Gombrowicz souffre fortement d'une maladie des poumons contracté dans sa jeunesse et songe tout aussi fortement au suicide : les cours qu'ils donnent à son entourage le détourne du suicide et lui permette de mieux supporter les derniers instants de sa vie - il décède le 24 juillet 1969.

Amoureux de la philosophie - le texte est introduit par une préface de Francesco Cataluccio, connaisseur de l'histoire de la Pologne et éditeur en italien de l'oeuvre de Gombrowicz, sur « La philosophie de Gombrowicz » dans laquelle les éléments de la philosophie que l'auteur a disséminé dans son oeuvre sont présentés -, Gombrowicz livre un court essai de philosophie - il ne prétend pas embrasser la totalité de la philosophie -, ne s'adressant pas aux néophytes - ceux-là liront plutôt le Monde de Sophie de Jostein Gaarder ou La philosophie expliquée à ma fille de Roger Pol-Droit - et dans lequel il se montre érudit, plein d'humour - il prend ses élèves et son chien comme exemple de ces démonstrations, se moque de la nationalité (canadienne) de son épouse, … - et très peu didactique - à titre d'exemple, lorsqu'il aborde Schopenhauer, il écrit :

« Après Kant, il y a une ligne de pensée qui pourrait se dessiner ainsi :
Fichte
Schelling Idéalisme allemand
Hegel
« Idéalisme » pourquoi ? Parce que c'est la philosophie subjective qui s'occupe des idées.
Kant a eu deux successeurs (chose curieuse) de deux genres différents :
Schopenhauer
Nietszche ».

Il faut donc s'accrocher au risque de sombrer dans les marécages de la philosophie germano-polonaise.

Et pour ceux qui s'étonneraient de la durée du cours et notamment de ce quart d'heure, Gombrowicz précise : «  le quart d'heure, je le consacre au marxisme ». Cela fait court un quart d'heure pour le Grand Soir.

* Des phrases restent parfois incomplètes.
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