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EAN : 9782878589795
248 pages
Viviane Hamy (13/09/2018)
3.41/5   11 notes
Résumé :
Dans une époque trouble où grondent l'inquiétude et l'effroi, Hanna, une jeune trisomique, est en quête d'un père dont elle ne peut révéler le nom de peur qu'on lui arrache les yeux et la langue. Ému, Marius, alors qu'il fuit lui-même un danger occulte, lui offre son aide. Leur odyssée les mènera jusqu'à Berlin et à ses bruits de bottes. Leur chemin croisera celui de personnages tous plus extravagants les uns que les autres, aux obsessions peu banales. Les apparence... >Voir plus
Que lire après Une jeune fille perdue dans le siècle à la recherche de son pèreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Voici bien longtemps que je n'avais rencontré un roman aussi déroutant, consistant, tout en étant bizarrement touchant.
Un titre à rallonge, une magnifique couverture enflammée annoncent une odyssée moderne en apparence sans début et sans fin (si si, c'est possible) qui narre la rencontre improbable d'un homme en fuite, Marius, et d'une jeune fille trisomique de quinze ans, Hannah. Celle-ci répète sans cesse qu'elle est à la recherche de son père et Marius, dans un premier temps déstabilisé par le handicap, mais dans l'incapacité de l'abandonner, va se consacrer avec elle à cette quête du père.

Au fil du roman, les lieux, les rencontres se succèdent dans un tourbillon assez surréaliste voire carrément absurde. Jugez plutôt : un couple d'hôteliers gèrent un hôtel sans nom mais dont les chambres portent les noms de camps de concentration ; un antiquaire ne propose ses services qu'à ceux qui parviennent à sa boutique quasi-inaccessible au sommet d'un immeuble sans porte ; un artiste marginal à l'oeil perçant…Stop ! Un peu de suspense que diable, et ce roman n'en manque pas. Un peu comme dans les récits oniriques, troublants mais aussi émouvants de Yoko Ogawa, cette auteure japonaise que j'apprécie tout particulièrement, qui amène à réfléchir en faisant un pas de côté.

Ici, qu'il s'agisse de folie légère, d'absurdité totale, ou d'obsessions étranges, l'originalité des personnages étonne, inquiète ou interroge, et l'inventivité de l'auteur est l'heureuse surprise de ce livre. Certes, il faut faire un effort pour garder le fil du récit, mais les nombreux questionnements valent la lecture. Ainsi, la plus vulnérable n'est peut-être pas la moins adaptée, la compréhension des autres n'est jamais acquise car « chacun a sa carte mentale. Chacun s'oriente dans sa tête, à sa manière », et surtout comment réussir à préserver la mémoire, témoigner de l'histoire, mantra récurrent des différentes rencontres.

À titre individuel, l'invitation est peut-être aussi tout simplement, le temps d'une lecture, d'ouvrir une parenthèse, de se laisser embarquer dans le monde de Gonçalo M. Tavares car « c'est l'immobilité qui est importante. On ne peut rien observer pendant qu'on est en train de fuir ». Un éloge de la réflexion et de la lecture en somme, réservoirs de force pour vivre malgré tous les aléas de l'existence.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Viviane Hamy pour la découverte de cette jeune fille perdue dans le siècle à la recherche de son père. C'est la première oeuvre de Gonçalo M. Tavares que je lis mais probablement pas la dernière, il a vraiment réussi à me surprendre.
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Impossible de savoir où nous sommes et à quelle époque. Que s'est-il passé pour que Marius fuit sa vie, on ne le saura pas non plus.

En tout cas, si c'était simplement une envie de liberté, elle est vite entravée par Hanna, une jeune fille trisomique qui attire son attention.

Une jeune handicapée dans ce monde troublé ne peut rester seule. Hanna a besoin d'aide et Marius en la prenant sous son aile va regarder le monde différemment et chaque rencontre va ouvrir une porte et laisser s'engouffrer un vent de liberté.

Fable initiatique, errance philosophique, conte féérique pré ou post apocalyptique, cauchemar éveillé, rêve de désirs enfouis, récit gothique, à travers le miroir du XX è siècle partons avec Marius et Hanna à la rencontre des hommes-mémoire.

Oublions tout ce que nous avons lu, refusons nos certitudes, bousculons nos habitudes et laissons-nous emporter par la prose hypnotique de Gonçalo M. Tavares. « Une jeune fille perdue dans le siècle à la recherche de son père » est un livre étrange, envoutant et Oulipien en diable.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Il est l'un des auteurs portugais les plus connus dans son pays, et à travers le globe. Son nom ? Gonçalo M. Tavares, qui revient d'ailleurs dans nos librairies hexagonales avec Une jeune fille perdue dans le siècle à la recherche de son père publié aux éditions Viviane Hamy. L'occasion idéale de découvrir la plume lumineuse et envoûtante d'un écrivain également professeur d'épistémologie en terres lisboètes.

# La bande-annonce

« — C'est votre fille ? — Non, répondis-je. Je l'ai trouvée dans la rue. J'ai déjà demandé dans des magasins : personne ne sait qui elle est. Personne ne l'a jamais vue dans le quartier. Elle est à la recherche de son père. Elle s'appelle Hanna. Il y a une institution qui accueille ce genre d'enfant, je vais l'y conduire. »

Cette rencontre déterminante, dictée par le hasard, va bouleverser la vie des deux protagonistes.

Marius – qui jusque-là fuyait un danger inconnu – décide de prendre Hanna sous son aile et de l'aider à retrouver son père. Un détail retient son attention : la jeune fille tient entre ses mains une boîte contenant une série de fiches dactylographiées destinées à l'« apprentissage des personnes handicapées mentales. » Mais cette définition, handicapée mentale, s'applique-t-elle vraiment à la situation de la jeune fille ? Rien n'est moins sûr.

Une odyssée moderne et initiatique commence alors, portée par l'écriture « quasi hallucinée » propre à Gonçalo M. Tavares.

# L'avis de Lettres it be

Tout commence par une rencontre, comme souvent, autour d'une table. Mais cette rencontre-là, très vite, s'affiche comme différente. Un tas de fiches manuscrites, véritable guide de vie, en possession d'une jeune fille trisomique de 15 ans, Hannah. de l'autre côté de la table, Marius, fuyard inconnu au bataillon. Un duo qui se forme, à la recherche du père de Hannah. A la recherche, une fois encore, du temps perdu ?

Des gérants d'un hôtel dont toutes les chambres sont nommées d'après les camps de concentration et d'extermination nazis, des occupants de cet hôtel pas moins curieux, un antiquaire à l'escalier escarpé et sans rambarde, un photographe angoissant et angoissé, des « hommes-mémoire » éparpillés à travers le globe pour conter/compter l'horreur de l'Histoire… le loufoque se bagarre souvent avec l'absurdité dans ce nouveau roman de Gonçalo M. Tavares. Autour de Marius et Hannah se tisse effectivement tout un réseau de personnages, de péripéties et de lieux dont le fil est peut-être complexe à suivre mais qui, toujours, fait se soulever les interrogations dans notre esprit de lecteur : qu'est-ce que nous fuyons ?

Difficile de trouver des mots sans trahir la réalité d'un texte multiforme, presque difforme. Gonçalo M. Tavares, que nous avons eu la chance de découvrir à travers ce roman, vous intègre presque de force dans un univers fait de malaises, d'absurdité, d'humanité et ce jusqu'à des dernières phrases étouffantes, dans le vacarme du temps qui marche. Inclassable dès son titre, Une jeune fille perdue dans le siècle à la recherche de son père est à lire et découvrir. Sans raison sinon celle de tenter d'en trouver.

Découvrez la suite de la chronique sur Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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Hanna.
Marius.
C'est une rencontre. le choc des personnalités. L'appréhension de l'autre. Hanna, elle est cette jeune fille égarée, traînant à ses poches quelques fiches. Manuel de survie pour personne handicapée - trisomique précisent les bristols. Et Marius, il est en cavale. de quoi. Pourquoi. La question reste en suspens. Comme une honte. Une peur de divulguer la vérité. Après tout, si l'enfant savait, resterait-elle ? De la rencontre survient la nécessité de retrouvailles avec un paternel. Hanna est perdue, égarée à des lieux qu'elle ne semble pas connaître. Marius devient alors le guide, protecteur d'une petite qu'il connaît à peine. Commence à un voyage à deux. Une destination inconnue pour ces deux éclopés qui n'auraient jamais dû se rencontrer.

La lecture s'oriente en deux sens. Un chemin pour la simple réalité des faits contés, et l'autre bardé d'imaginaire. Comme une impression de plonger avec Alice (aux pays des merveilles), ou de suivre Dorothy à la recherche du Magicien d'Oz. J'en ai choisi le second chemin, le plus noueux, mais peut-être le plus intriguant. 

Chercher le père dans l'immensité d'une ville.
Retrouver les liens familiaux qui semblent être brisés.
Et si peut-être, la question était simplement de faire confiance à autrui.
Apprendre à vivre.

Les rencontres s'entremêlent, forment parfois conglomérat de personnages qu'il faut parvenir à extirper. Un antiquaire et sa caverne d'ali baba. Des propriétaire d'hôtel qui pourraient être les résidents de l'Overlook (Shinning, Stephen King). Un peintre qui se plaît à capturer les malades. Et toujours un menteur qui s'amuse de ses pitreries. Ils sont une farandole, une ronde de laquelle il est nécessaire de s'extirper pour continuer leur voyage. 

Une histoire curieuse, parfois rocambolesque. On frôle l'humour noir, on s'étonne, on questionne le passif des personnages. de la plume de l'auteur, il faut savoir apprécier les phrases longues, entrecoupées d'une multitude de virgules. 
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Voici un roman aussi singulier qu'envoûtant, que l'on referme avec le sentiment de ne pas avoir compris grand-chose, sans pour autant que cela provoque la moindre frustration...
Il débute par une rencontre, dans la rue, entre Hanna, une adolescente trisomique, et le narrateur, un homme dont on devra se contenter de savoir qu'il est en fuite, rencontre qui sera suivie de beaucoup d'autres, toujours improbables, parfois inquiétantes, mais souvent très touchantes.

Hanna, qui n'a sur elle, lorsqu'ils font connaissance, qu'un classeur composé de fiches éducatives pour personnes handicapées, dit être à la recherche de son père. Elle ne peut dire son nom, sous peine de se voir arracher la langue et les yeux, mais le prétend à Berlin, où se rend alors le duo nouvellement formé. Ce voyage, et la recherche de ce père innommé, sont rythmés par une succession de portraits, ceux des hommes ou des femmes que croisent ou interrogent nos deux héros, le sourire perpétuel et la spontanéité innocente d'Hanna facilitant les contacts, d'emblée bienveillants, et suscitant les confidences.

On trouve ainsi dans ce savoureux roman le membre d'une fratrie de colleurs d'affiches qui, à travers le monde, tentent de réveiller les consciences, d'appeler les hommes à une pacifique rébellion. Un affable antiquaire qui reporte, "pour garder le cap", une suite infinie de nombre pairs dans le manuscrit entamé par son grand-père. Un rescapé des camps qui est parvenu, au fil du temps, à réduire suffisamment l'ensemble de ses possessions pour qu'elles ne représentent plus qu'une partie négligeable de son poids, le but étant d'être, en cas de fuite, le plus léger possible. Un sculpteur de l'infiniment petit, dissimulant parfois, dans l'invisibilité de ses oeuvres microscopiques, des déclarations d'amour... et beaucoup d'autres...

Les rencontres avec chacun de ces êtres extraordinaires sont comme des prétextes à autant de fables que l'on soupçonne porteuses d'un symbolisme difficilement déchiffrable, mais qui nous imprègnent d'un sentiment diffus de menace poussant à l'errance, de quêtes vaines car utopiques mais dont la poursuite même est pourvoyeuse de sens et d'espoir, de tentatives attendrissantes d'invraisemblance pour contrer la cruauté éternelle du monde...

Ce contexte sous-jacent -car jamais clairement énoncé- dote le roman d'une texture assez sombre, toutefois contrebalancée par la poésie que dégage l'étrangeté de ses personnages et cette sérénité qu'ils semblent retirer de la certitude que, peu importe le résultat, ils auront déployé les subterfuges nécessaires et adaptés à leur survie.

C'est donc avec beaucoup de plaisir que j'ai participé à cette ballade atypique, première incursion dans l'oeuvre de cet auteur vers lequel, c'est sûr, je reviendrai...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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critiques presse (1)
LaCroix
14 septembre 2018
L’innocent appareillement de deux êtres battus par la vie, un homme fuyant on ne sait quoi et une jeune trisomique, montre la voie d’un certain salut…
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Nous sommes de la race de ceux qui emportent le minimum; Regardez, dit-il en désignant mon sac à dos, si vous étiez chargés, vous n’auriez pas pu modifier votre parcours. (..)
Quand on est chargé, on va d’un endroit à l’autre par le chemin le plus court ou le plus commode. On a une destination. Dans notre tête, il n’y a pas de carrefours, on suit toujours le seul itinéraire qui vaille, il n’y a aucune alternative. Quand on tourne à gauche à un croisement, on ne tourne pas parce qu’on change d’avis, on tourne parce que c’était le chemin. Je suis content de savoir que pour vous, au contraire, il y a encore des carrefours dans les villes.
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« Objectivement, les personnes qui souriaient étaient beaucoup plus nombreuses lorsqu’elles étaient proches de nous. On aurait pu croire à un pur hasard, qu’il se trouvait simplement que les gens les plus éloignés étaient juste plus neutres ou plus malheureux, mais en réalité Hanna semblait avoir un truc, sans en être consciente, pour faire apparaitre des expressions bienveillantes. Presque, immanquablement, les gens que l’on croisait laissaient tomber quelque chose qui, une poignée de seconde plus tôt, verrouillait leur visage et, renonçant à toute attitude défensive, souriaient, tendrement, ouvertement, soit à Hanna, soit à moi, soit à nous deux. »
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Une bonne mémorisation nécessite une logique interne, on est capable de retenir une énorme quantité de données si l’on parvient à établir des liens entre elles, si on les intègre dans une espèce de série dans laquelle un élément existe en relation avec les autres, et non isolement.
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Objectivement, les personnes qui souriaient étaient beaucoup plus nombreuses lorsqu’elles étaient proches de nous. On aurait pu croire à un pur hasard, qu’il se trouvait simplement que les gens les plus éloignés étaient juste plus neutres ou plus malheureux, mais en réalité Hanna semblait avoir un truc, sans en être consciente, pour faire apparaitre des expressions bienveillantes.
Presque, immanquablement, les gens que l’on croisait laissaient tomber quelque chose qui, une poignée de seconde plus tôt, verrouillait leur visage et, renonçant à toute attitude défensive, souriaient, tendrement, ouvertement, soit à Hanna, soit à moi, soit à nous deux.
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Bien voir ce qui est loin, cher ami, c’est une des grandes qualités de la mémoire, il ne s’agit pas seulement de voir derrière soi, mais aussi de voir loin devant ; la mémoire est plus une qualité du bon observateur dans l’espace que du bon observateur dans le temps.
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Vidéo de Gonçalo M. Tavares
Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos - Interprète : Filipa Freitas
Dans le cadre de la saison France-Portugal et à l'occasion de la parution de Mythologies, la Maison de la Poésie accueille l'un des plus grands auteurs de littérature portugaise contemporaine, dont les nombreux ouvrages fonctionnent comme des explorations narratives et langagières. Ce recueil se compose de plusieurs récits allant de la fable au conte, qu'il soit pervers ou cruel. Mâtiné d'un humour noir caustique, il met à jour la mécanique d'un imaginaire délicieusement tourment, fascine par son incongruité et par ses résonances mythologiques et archaïsantes.
Avec le soutien de la Saison France-Portugal 2022.
À lire – Gonçalo M. Tavares, Mythologies, trad. du portugais par Dominique Nédellec, éd. Viviane Hamy, 2022 – Journal de la Peste, trad. du portugais par Élodie Dupau, Bouquins éd., 2022.
+ Lire la suite
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