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EAN : 9782809711363
336 pages
Editions Philippe Picquier (08/01/2016)
4.05/5   38 notes
Résumé :
Frère Jean se remémore l'année de ses 28 ans quand il résidait dans une abbaye bénédictine en Corée du Sud parce qu'il avait décidé de consacrer son existence à Dieu. Il évoque sa rencontre amoureuse avec une femme, la fin de cette romance, la mort tragique de deux des moines et la réminiscence d'un secret familial dramatique.
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Sous le regard de la lune, pleine et bleue, contemplant le silence, je me remémore la vie de Frère Jean. Il y a des vies que l'on n'oublie pas, comme des instants de bonheur venus éclaircir votre horizon. Frère Jean est là devant moi, dans sa robe monacale. Il est vieux maintenant, plus le genre à monter sur une échelle. Pourtant, il a encore la mémoire vive et les souvenirs douloureux. Oui l'amour fait mal. Il cogne, il frappe quand on ne l'attend pas. Il fait se poser des questions, puis il disparaît le jour, un jour, pour revenir chaque nuit, une vie.

Frère Jean me plonge dans ce monastère bénédictin près de Daegu, en Corée du Sud. Avec quelques moines allemands venus délivrer la parole de Dieu, il y sera question de foi et de choix, d'amour et de guerre, et beaucoup de silence. le silence et l'amour sont étroitement liés, comme la lune et le sourire d'une femme. A chaque livre ouvert, il y a ce silence et ce sourire. A chaque bière bue, il y a ce silence et ce sourire. Aujourd'hui une Paix Dieu brassée les nuits de pleine lune, pour communier avec Frère Jean, avec le sourire de cette femme qui a bousculé sa vie, avec ce monastère. Et avec la littérature.

Oh oh vertige de l'amour. La fidélité à Dieu. Yeah vertige de l'amour. Dieu avait mis un kilt. Et la Corée se déchire, se divise. La rouquine carmélite. Et mon errance littéraire dans les couloirs froids de ce monastère, l'coeur transi reste sourd, quelques bouteilles de vin à vider. En Corée.

Il y a des bouquins dont vous ne soupçonnez pas leur portée avant d'avoir tourné la dernière page. Comme pour les histoires d'amour. Au mot FIN, vous essayez d'ouvrir un nouveau chapitre de votre vie, comme pour les histoires d'amour, mais clairement vous vous en sentez incapable, parce que trop ancré en vous. "L'échelle de Jacob" est ce roman, avis totalement personnel, je ne parle toujours qu'en mon nom propre pour ne pas m'imposer dans la vie des lecteurs, qui marque une vie, la mienne. Il me rappelle d'ailleurs, dans le même registre - ce n'est peut-être donc pas un hasard, "Au col du mont Shiokari". Jamais je n'oublierai les mots de l'auteure, comme le sourire de cette femme ou le clair de lune qui illumine mes lectures comme mes musiques, mes nuits.
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Quelques dix ans après les faits, frère Jean se souvient des évènements qui ont ébranlé sa foi. Dans la sérénité d'une abbaye bénédictine proche de Daegu, il avait décidé de consacrer sa vie à Dieu. Il était alors un jeune novice de vingt-neuf ans, inséparable des frères Angelo et Michaël et rencontrait So-hui, la nièce de l'abbé.

Avec la sensibilité qu'on lui connait, Ji-young Gong nous introduit dans l'intimité d'un novice dont la foi vacille lorsqu'il rencontre une jeune fille et en tombe amoureux. Prêt à quitter les ordres pour vivre pleinement cette histoire, il est aussi fortement perturbé par la mort de deux de ses compagnons. le doute s'installe alors dans son esprit et les questions abondent. Est-ce Dieu qui a mis So-hui sur son chemin ? Pour éprouver sa foi ou pour l'aimer ? Et pourquoi a-t-il rappelé à lui deux coeurs purs et idéalistes ? Qu'ont-ils fait pour mériter de mourir si jeunes ? C'est auprès du père Thomas que Jean, tourmenté et indécis, reprend confiance en sa vocation. le vieil homme, d'origine allemande, lui confie les épreuves subies durant la guerre de Corée et sa détention inhumaine dans un camp au nord du pays. Il ne sera pas le seul à lui parler de cette guerre fratricide dont la Corée conserve encore les douloureuses cicatrices. Sa propre grand-mère cache bien des secrets concernant cette période troublée.
Ainsi l'autrice mêle les petites histoires à la grande Histoire et dévoile un pan du terrible passé d'un peuple qui a beaucoup souffert. Cependant, c'est un livre rempli de bonté et d'amour qui parle de foi, de deuil, de pardon et de résilience.
Malgré son ancrage dans un monastère bénédictin, L'échelle de Jacob parlera à tout un chacun grâce à sa dimension universelle. Beau et émouvant.
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Absolument sublime !
La couverture était douce et le résumé prometteur, mais je n'aurais pas cru que ce roman serait aussi beau.
L'écriture est magnifique, empreinte de douceur, de poésie et de retenue dans les sentiments.
L'histoire, bien que Coréenne, est à l'image des poupées russes, une intrigue principale donne naissance à une intrigue secondaire, qui elle-même nous entraîne dans une troisième histoire, laquelle permet de révéler des secrets en lien avec l'histoire principale.
L'auteur nous relate l'histoire d'un homme qui a fait le choix de s'engager auprès de Dieu, mais dont les convictions vont brutalement être remises en cause par un tsunami émotionnel.

Frère Jean est aspirant à la prêtrise dans un monastère en Corée du Sud.
C'est lui qui nous raconte un épisode de sa vie, survenu dix ans plus tôt.
En l'espace de quelques semaines, il va être confronté à la rencontre bouleversante avec une femme, à la mort de deux compagnons et à un secret de famille.
Le tout baigne dans une ambiance qui oscille sans cesse entre la sérénité qui règne au sein du monastère, et les vagues successives et dévastatrices qui ravagent le coeur et l'âme des personnages.
Certains éléments de l'Histoire de la Corée sont évoqués et apportent un éclairage nouveau à des tragédies personnelles.

Ce roman est atrocement émouvant mais sans aucune niaiserie, les protagonistes semblent ballotés par l'Histoire, comme de vulgaires pions, mais les choix qu'ils feront, parmi lesquels celui d'accepter la mort ou de choisir une certaine forme de vie, leur confèrent une dignité et une force incroyable.
Nul besoin d'être croyant pour se plonger dans ce roman, même si la plus grande partie se déroule au sein des murs du monastère.
J'ai beaucoup aimé découvrir ce qu'impliquaient la foi et l'engagement auprès de Dieu, confrontés aux passions des hommes et aux réalités politiques et sociales d'un pays.

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Voilà un roman bien complexe, il renferme quasiment plusieurs romans à lui tout seul. Il y a d'abord l'histoire de Frère Jean et son questionnement sur la vie au monastère et son engagement auprès de Dieu. Il y a ensuite sa romance avec So-hui et l'histoire de la Corée. Tout ça s'emboîte pour donner L'échelle de Jacob, un roman dense et riche qui demande du temps. C'est une lecture qui ne se dévore pas au contraire il s'agit de ce genre de roman qu'il fait prendre le temps de lire pour l'apprécier à sa juste valeur.

C'est ici ma première rencontre avec l'auteure coréenne, sans doute plus connu en France pour Nos jours heureux (que je n'ai pas encore lu d'ailleurs !) et je dois dire que je suis conquise par sa plume qui est magnifique. Pleine de pudeur comme beaucoup d'écrivains asiatiques, pleine de poésie, on pourrait relever un tas de citation tant son écriture est belle. le livre est documenté, elle nous raconte l'histoire de la Corée, la pauvreté, les coutumes en toile de fond de l'histoire de Frère Jean.

Frère Jean justement est un personnage très attachant qui nous raconte son histoire. Il se livre sur sa vie au monastère, son engagement, ses doutes parfois et sur son histoire d'amour avec So-hui que j'ai eu du mal a cerner.
"- Vous ne voulez voir les religieux que comme des êtres en manque de relations sexuelles. Franchement, cette idée m'offusque. Un homme amoureux d'une femme et qui lui jure fidélité est un héros romantique, tandis que nous, qui faisons serment de consacrer notre existence à la recherche de la vérité et donc à Dieu, sommes toujours considérés comme un objet d'étude et de curiosité, le symbole même de l'interdiction et de l'inhibition sexuelles, et je déteste cette réalité. "

La vie monacale est magnifiquement décrite, l'auteure a su trouver les mots justes pour la décrire.
"Pour expliquer la vie au monastère, il faut avant tout mentionner le silence. Pendant mes années passées ici, j'ai appris que le silence n'était pas seulement le calme ou l'absence de bruit. Au contraire, il s'agit plutôt d'une écoute très attentive. le silence est nécessaire pour percevoir le bruit au-delà du bruit, la sensation au-delà de la sensation."

C'est un très beau roman qui mérite d'être davantage connu et il me tarde maintenant de lire Nos jours heureux.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Ce livre ayant été écrit par une auteure sud-coréenne ayant actuellement cinquante-neuf ans, il serait intéressant de connaître l'histoire de ce pays.

Le narrateur est frère Jean un jeune homme de 29 ans novice soumis aux règles de Saint Benoît au sein d'une collectivité en la ville De W en Corée du sud. Priez et travaillez, telle était la principale devise des bénédictins.

Jean à connu et aimé la nièce de l'abbé Samuel à la folie. Il avait envisagé de quitter le monastère et de l'épouser, mais cette belle jeune femme, So-hui en a épousé un autre et a quitté la Corée du sud pour les Etats-Unis.

Jean se sentait bien seul sans So-hui. Heureusement il avait deux grands amis novices comme lui. C'était Michaël un intellectuel universitaire et Angelo un homme simple sans famille qui avait terminé ses études secondaires. Son troisième ami était le père Thomas qui allait sur ses quatre-vingt-dix ans. Ils avaient tous une grande franchise et une écoute attentive les uns pour les autres. Ils cherchaient à se faire plaisir les uns, les autres ce qui constituait un soutien dans leurs épreuves et difficultés. Mais voilà, Michaël et Angelo périrent carbonisés dans un accident de la route.

Une femme qui aimait Michaël se suicida ….

Cette histoire est constituée de beaucoup de difficultés au côté d'amours intenses, vrais.

Le christianisme est une révélation qui n'est imposée à personne, ce qui signifie qu'un grand respect doit être accordé à ceux qui ne veulent pas y adhérer.

Si j'adhère personnellement au christianisme, reste à voir la façon dont je veux en vivre. La prière, la méditation, le silence, la vie monacale, ce n'est vraiment pas mon truc. Je suis plus porté sur l'action, le service, l'écoute, la présence aux gens en difficultés. Comme les protestants, j'ai toujours aimé échanger sur la Bible mais les réformes luthériennes et calvinistes ont leurs limites.

Je pense au bien que font des abbayes mais chaque chrétien doit agir suivant ses charismes.

Le livre est divisé en trois parties. J'ai trouvé la première partie pénible à lire. Les deux suivantes m'on intéressées, surtout lorsque la grand-mère de Jean lui explique longuement l'enracinement de sa foi. L'appréciation d'ensemble est mitigée. Peut-être n'était-ce pas la lecture dont j'avais besoin actuellement. Des sauts avant et après dans le temps sont déroutants.

Il y a aussi l'échelle de Jacob qui fait référence à Genèse 29 …. L'Echelle se déploie du ciel à la terre et symbolise un Dieu présent à l'homme, qu'il envoie en mission.

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Citations et extraits (43) Voir plus Ajouter une citation
Le silence ressemble à un miroir sombre qui parvient à révéler les os et la chair même à travers plusieurs couches de vêtements. D'une certaine manière, c'est quelque chose de redoutable. Lorsque je décidai de prendre l'habit de moine, j'étais plein d'admiration pour ce calme, mais je n'avais pas imaginé qu'il possède un tel pouvoir. Je ne me souviens pas précisément, mais il me semble que je me retournai alors timidement vers la gare. Le sifflet de mon train qui repartait me parut irréel. J'eus le sentiment d'avoir laissé ma courte jeunesse dans ce train, avec le bruit, mes peurs, joies, dégoûts, angoisses, pleurs, envies, jalousies... Comme je posais un pied dans le long couloir plongé dans la pénombre, j'aperçus furtivement mon âme toute nue par l'entrebâillement des rideaux du vacarme.
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Les rapports entre les gens sont vraiment étranges. Une fois que chacun a pris un rôle- ce qui se produit souvent dès le départ-, il le conserve quoi qu'il arrive.Par exemple, si dans ma relation avec quelqu'un je commence par écouter ses soucis, lors de nos rencontres suivantes, je serai pour lui une oreille bienveillante. Si, au contraire, c'est moi qui me confie à lui, je chercherai toujours à le voir quand j'aurai des problèmes. Avec les autres, je pouvais être agresseur ou victime, mais dans notre trio, Michaël était toujours l'agresseur, Angelo la victime, et moi j'étais entre les deux.

( Picquier , 2019, p.50)
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Je ne me souviens pas bien de qui s'avança en premier. En tout cas, ses lèvres, aussi froides que de la glace carbonique, aussi brûlantes qu'un haut-fourneau, aussi douces que des pétales de roses, aussi tranchantes que la lame d'un rasoir, laissèrent en moi cette nuit-là une trace indélébile.
Au moment du contact, tout mon corps se désintégra en poussière d'argent et jaillit jusqu'au sommet de la montagne ; le sang dans mes veines afflua à la vitesse d'un rapide dans une rivière, et un courant électrique de plusieurs milliers de volts me fit fondre sur place ; je me répandis tel le vent sur une vaste plaine. Ce n'était là qu'un léger baiser, assis côte à côte sur un banc, chacun notre canette à la main, mais bientôt So-hui m'enveloppa le cou de ses bras et nous nous embrassâmes passionnément.
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Qu'est-ce qui fait le plus souffrir les être humains ? C'est le doute. Surtout celui qui laisse pressentir un grand malheur. Si les hommes redoutent la mort, c'est aussi parce qu'elle est source de doutes et qu'aucun de nous ne sait ce qu'il y a après. Il en est de même quand quelqu'un est porté disparu, sa famille en souffre plus que si cette personne était morte, car cet état de latence empêche de se résigner et de cesser d'espérer.
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Perplexe, je fixai ma grand-mère, mes baguettes en suspens.Où voulait-elle en venir ? Pourquoi tenait-elle à me raconter cette histoire ? (...)
- Comment a-t-il été possible que moi, élevée dans une famille catholique depuis plusieurs générations et éduquée dans des établissements scolaires fondés par des religieux, je tombe amoureuse d'un de ces communistes qui faisaient irruption dans nos monastères pour arrêter et emmener de force nos moines et nos prêtres, et remplacer le portrait de Jésus par celui de Jim Il- Sung ? Tout le monde m'a posé la question, Jean, mais moi je ne me la suis jamais posée. L'amour arrive tel un orage, sans prévenir ; il vient comme ça, un peu comme une rafale surgissant de nulle part quand on se repose, assis au flanc de montagne pendant une randonnée. On dit que c'est à nous de le choisir ou pas.Mais si on peut le refuser, c'est que ce n'est sans doute pas de l'amour, à peine un souffle de vent.

( Picquier poche, 2019, p.323)
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Video de Ji-young Gong (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ji-young Gong
Née en 1963 à Séoul, Gong Ji-young est une romancière très populaire en Corée. Elle participe aux luttes étudiantes contre la dictature des années 80, pour défendre la démocratie et les droits des exclus de la société. Ecrivaine engagée, elle est appréciée pour ses œuvres qui traitent de la condition des femmes et des travailleurs, des maltraitances dont sont victimes les handicapés, de la répression sexuelle… A l'occasion de la Nuit des Idées 2021, elle s'est entretenue avec Choi Mikyung, traductrice coréenne. Sous-titres en Français
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