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EAN : 9782809713121
192 pages
Editions Philippe Picquier (04/01/2018)
3.68/5   61 notes
Résumé :
Au coeur de l'enfance de l'auteure brille le sourire de Bongsun. Maltraitée et affamée, Bongsun s'est réfugiée chez eux il y a des années. Pour autant, elle n'occupe pas une place égale à celle des autres enfants de la famille, elle reste une subalterne, une petite bonne. Mais pour Jjang-a, c'est sa très chère grande soeur, qui dort dans sa chambre, la porte sur son dos partout où elle va. Surtout, elle est une porte ouverte sur un monde différent, comme si on franc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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“Maintenant que j'y pense, la première personne à avoir vu mon visage quand je suis venue au monde, c'est elle, Bongsun. C'est elle aussi qui a donné à ma mère la nouvelle décevante que le nouveau-né était malheureusement une fille, elle encore qui a sacrifié son sommeil pour bercer le nourrisson à la place de ma mère.....Elle n'avait que douze ans.” C'est Jjang-a, écrivaine ( l'auteur ?),qui raconte quarante ans plus tard.
Le père de la narratrice est parti étudier aux Etats-Unis, en laissant une femme et trois enfants sans moyen financier dans une vieille bicoque d'un bidonville d'un quartier de Séoul. Dans la famille il y a une autre petite fille abandonnée, réfugiée chez eux et dans ce milieu de misère faisant fonction de domestique, Bongsun. Elle est la “ma très chère grande soeur” qu'un lien particulier lie à la narratrice , “Elle était pour moi une mère, une grande soeur, en même temps qu'une amie et le premier être humain que j'ai vu en arrivant dans ce monde.”. Bongsun est aussi une conteuse hors pair, une conteuse d'histoires terrifiantes...un peu trop 😊.
Mais les choses n'en resteront pas là, tout va radicalement changer.....
La narratrice, nous raconte avec beaucoup de délicatesse, sa petite enfance (0-6 ans) solitaire, celle d'une enfant sensible, intelligente, espiègle et éveillée dans un pays, la Corée du Sud, dans les années 60. Un pays englué dans la misère et dont le fossé entre les classes sociales sont des ravins. En toile de fond la triste histoire de Bongsun, une vie sans famille où elle vit avec ses instincts et ses pulsions, un destin laissé aux bons soins du bon Dieu et de la mère de Jjang-a. La petite fille apprendra par son biais, très jeune,les dures réalité de la vie.
C'est triste, dur et émouvant, mais l'affection réciproque de la petite fille pour Bongsun, la finesse et la subtilité des divers détails dont celles des coutumes coréennes ( "Elle portait un hanbok blanc en signe de deuil"), et de très belles réflexions sur la Vie, en font une belle histoire, beaucoup plus profonde qu'elle ne paraît.

Je dois dire que la photo de couverture du livre a été décisive pour mon achat, si vous y jetez un coup d'oeil vous m'en donnerez raison . Mais la petite Jjang-a est beaucoup moins innocente que la petite fille de la photo 😊, mais IRRESISTIBLE,
comme elle.....
C'est un livre qui vient de sortir, une prose aiguisée et subtile, une très belle traduction,un livre poignant qui en vaut le détour !
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Une petite fille, une autre à peine plus âgée qui lui procure soins et affection ; à travers le regard d'une enfant, l'auteur nous décrit la situation des gamines «adoptées» de Corée du Sud transformées en bonnes à tout faire.
Pierre-Romain Valère dans Double Marge
Lien : https://doublemarge.com/cate..
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Écrire sur l'enfance, et en particulier sur la sienne, est plutôt une garantie de succès littéraire. On est particulièrement touché par les héros enfants, sans doute parce qu'ils nous renvoient tous à une expérience personnelle ou aux enfants qui nous entourent, fils, filles, neveux, nièces. Pourtant quand on pense à sa propre enfance, on a toujours un doute : mes souvenirs sont-ils réellement les miens ou le mélange savant des anecdotes qu'on m'a raconté et des images marquantes qui imprègnent ma mémoire comme des flashs, mais sans la consistance d'un souvenir précis qui me permettrait de bien le raconter. Par exemple je sais que j'ai goûté pour la première fois à l'alcool en récupérant une goutte sur la table de chevet de mon arrière-grand père malade, dans la maison de repos où il a fini ses jours. Je le sais parce que j'ai le souvenir flash de ce goût écoeurant et d'un très vieux monsieur malade sur un lit et que ma mère a fait le lien avec les visites régulières qu'elle faisait avec moi quand j'étais très petit (3-4 ans). Mais de là à réellement me rappeler ce que j'ai pensé à l'époque, ce que j'ai pu observer, le chemin est long.

Pourtant c'est à cette tâche que s'attelle Gong Ji-Young dans ce livre. En effet, elle décrit son enfance de 4 à 6 ans, en tentant réellement de recréer cette période le plus possible à partir de ses propres souvenirs. Elle indique régulièrement quand les souvenirs s'appuient sur ce que sa mère lui a raconté, sur les photos d'un évènement, mais son récit est surtout constitué du regard de cette petite fille sur les adultes, un regard très mature (et que l'on peut donc supposer aussi forcément reconstruit à partir de ce que l'auteure est aujourd'hui) mais finalement un regard également très original, notamment dans le rapport entre ce que les adultes pensent des enfants et ce que les enfants comprennent de ce qui se joue entre les adultes. Elle décrit notamment très bien ce doute qu'ont les adultes quand les plus jeunes enfants sont témoins de choses qu'ils n'auraient pas du voir... puis ce moment rassurant où ils se disent "Mais non, voyons, elle est trop jeune pour comprendre tout ça !". L'auteur nous donne son point de vue assez simple "Méfiez-vous, ils comprennent vraiment tout... avec leurs grilles du moment, mais ils enregistrent tout".

Au-delà de l'exercice narratif d'un point de vue enfantin le plus sincère possible, le but du livre est également de nous parler de la tradition des bonnes en Corée du Sud, ces jeunes filles que des familles "adoptent" et qui partagent le quotidien de la maison comme si elles étaient une enfant supplémentaire... mais bien avec le rôle de participer avant tout aux différentes tâches ménagères et de garder les enfants les plus jeunes et la maison quand tout le monde est parti. Cela m'a fait penser en miroir à la kafala musulmane qui fonctionne principalement sur le même modèle, loin de nos adoptions occidentales qui cherchent à donner un statut égal à tous les enfants. L'attachement de l'auteure pour cette soeur qui s'est plus occupée d'elle que sa mère et avec qui elle entretient un rapport de sororité à la fois puissant et étrange est vraiment au coeur du livre et explique d'ailleurs tout simplement le titre.

Pour un lecteur occidental, le livre est forcément également le lieu de la découverte du mode de vie coréen, d'autant que l'auteure a pu dans son enfance vivre la pauvreté profonde puis la montée dans l'échelle sociale après le retour du père parti faire des études aux Etats-Unis. On assiste donc aux questionnements d'une toute petite fille face à toutes les différences sociales et elle nous décrit dans le même temps ce qui constitue son quotidien et sonne si "exotique" à nos oreilles. La construction d'une identité, d'une personnalité face à tous ces bouleversements est vraiment intéressante à observer.

Enfin, j'ai trouvé aussi que, contrairement à ce que j'avais pu constater chez beaucoup d'auteurs asiatiques, souvent dans la retenue et la pudeur au niveau de l'expression des sentiments et des relations amoureuses, j'ai découvert ici un ton plus direct et décontracté. L'auteure est très reconnue dans le pays pour ses combats menés pour la défense de la démocratie, le droit des minorités, et elle est je pense une voix à suivre pour mieux comprendre la Corée d'aujourd'hui.

En conclusion, je rapporte ici sa réaction après que le parti conservateur coréen ait réclamé contre elle des enquêtes afin de mieux connaitre ses activités politiques . Elle a écrit alors sur Twitter "Merci au Grand Parti national pour m'avoir rendu populaire à l'international", consciente que l'Occident ne pouvait que s'intéresser à une écrivaine qui remettait en cause le dogme du Parti au pouvoir.
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Bongsun n'avait rien, elle est venue se réfugier chez nous. Nous non plus n'avions pas grand-chose, papa était parti étudier aux Etats-Unis, maman travaille au marché de Séoul. Bongsun n'a comme atout que son humeur égale, son sourire, ses histoires … dont je raffole. Elle m'emmène partout sur son dos, elle nous aide de son mieux s'occupant de moi avec gentillesse et bienveillance. Lorsque papa rentre et trouve un emploi Bongsun comprend qu'elle ne fera jamais parti de la famille ...
Un livre qui nous permet de découvrir la Corée des années soixante au travers des yeux d'une très jeune fillette. La vie est dure et pas toujours très juste mais plutôt que se révolter Bongsun aborde sa destinée sans haine ni violence. Les mots sont choisis, la toile qui se manifeste à nos yeux apparait par petites touches.
Est-ce une autobiographie ? le récit le laisse à penser … mais rien ne nous le prouve.
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Tel un chat qui quitte des maîtres négligents pour se trouver un nouveau toit, Bogsun, maltraitée et affamée par sa famille d'accueil, a choisi la famille de Jjiang-a pour fuir ses bourreaux. Chez Jjiang-a on est pauvre mais généreux. le père poursuit ses études aux Etats-Unis, la mère travaille au marché, la famille vit en location dans un sombre sous-sol mais Bogsun y reçoit chaque jour sa part de riz.
Elle avait 12 ans à la naissance de Jjiang-a et c'est tout naturellement qu'elle a pris la petite en charge, la promenant sur son dos, la nourrissant et l'endormant au son de ses histoires. Jjiang-a grandi avec cette soeur qu'elle suit partout, partageant son lit, ses secrets et ses escapades nocturnes. Pourtant, avec le retour au pays du père, la situation change. A mesure que la famille prospère, déménage dans un meilleur quartier, devient propriétaire, Jjiang-a prend conscience que Bogsun n'est pas vraiment sa soeur, plutôt une domestique que l'on tolère par pure bonté, pour finir par devenir une charge indésirable...

Quelque quarante ans plus tard, Jjiang-a, auteure reconnue, engagée contre la dictature, raconte sa ''très chère grande soeur'' dont le sourire et l'optimisme ont illuminé son enfance. Et pourtant, comme le reste de la famille, elle s'en est détachée, allant jusqu'à l'effacer de sa mémoire. Compagne de misère, Bogsun en est aussi le témoin gênant et ne saurait les suivre dans leur ascension sociale. C'est aussi ce que décrit Jjiang-a : la Corée du Sud des années 60, la pauvreté extrême, la solidarité, l'ambition de s'en sortir et la perte des valeurs de ceux qui s'enrichissent.
Une écriture simple pour dire l'insouciance et l'amour inconditionnel de l'enfant, mais aussi le rejet, la honte et la culpabilité de l'adulte. Beaucoup de profondeur et de sentiments pour cette auteur qui sait toujours toucher au coeur. Même s'il n'a pas la puissance de Nos jours heureux, Ma très chère grande soeur est un beau roman au ton doux-amer. Bogsun, durement marquée par la vie mais toujours solaire et souriante restera longtemps dans l'esprit du lecteur.
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critiques presse (1)
LeMonde
12 février 2018
« Ma très chère grande sœur », de la romancière Gong Ji-young, ravive une enfance à Séoul dans les années 1960. Mémorable.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Ce jour-là, j’aurais dû comprendre qu’il est inutile de faire confiance et d’accorder le bénéfice du doute à des gens qui, parmi tant de sentiments possibles, ne manifestent que de l’hostilité. Mais même en sachant dès le début que telle personne va forcément agir dans le mauvais sens, on se dit toujours « on ne sait jamais… », c’est plus fort que nous, c’est comme le poison addictif de l’espoir......
Mais j’en suis au même point aujourd’hui, après tant d’années. J’ai eu souvent ce genre d’expériences depuis cette première fois, pourquoi faut-il que je m’acharne à croire que les méchants finiront par être bons et les règles à être impartiales ?
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....j’ai pensé aussi que le destin d’une personne pouvait être influencé inéluctablement par une si petite chose et que rien n’était insignifiant dans la vie....Mais par la suite, j’ai changé d’avis......car j’ai compris la raison pour laquelle rien n’est insignifiant dans la vie : quand une personne fait face à un choix, même dérisoire, c’est la totalité de son vécu qui en décide ; aussi, l’important n’est pas la rencontre elle-même mais l’ensemble du vécu qui l’oriente.
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Les êtres humains refusent de voir les choses telles qu'elles sont ; ils n'acceptent que ce qui se conforme à leur vision des choses; quand ils prennent la route avec une carte qu'ils ont dessinée à l'avance et tombent sur un chemin allant dans un sens différent de ce qu'ils avaient prévu, ils préfèrent changer le chemin pour l'adapter à leur carte, et rares sont ceux qui acceptent de modifier leur dessin.
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Depuis notre emménagement dans ce quartier j'avais appris beaucoup de choses : que, par exemple, quand on avait de l'argent, on pouvait acheter une maison comme on achète un bonbon; mais que quand on n'avait pas d'argent, on pouvait être chassé de son logement ; et même que les gens comme Mija, Jeong-ja ou bongsun, on pouvait les acheter avec de l'argent. Désormais mon père n'était plus malheureux puisqu'il était à nouveau en mesure de conduire une voiture; quant à ma mère, elle était devenue l'une de ces personnes aisées dont elle avait dit un jour "Plus les gens ont de l'argent, moins ils sont charitables", et en effet, elle semblait bien impitoyable.
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Dans une échoppe de nouilles, de longs spaghettis blancs accrochés sur une corde comme des linges étaient en train de sécher en vibrant légèrement dans la brise du soir. C’était une nuit de printemps.
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Video de Ji-young Gong (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ji-young Gong
Née en 1963 à Séoul, Gong Ji-young est une romancière très populaire en Corée. Elle participe aux luttes étudiantes contre la dictature des années 80, pour défendre la démocratie et les droits des exclus de la société. Ecrivaine engagée, elle est appréciée pour ses œuvres qui traitent de la condition des femmes et des travailleurs, des maltraitances dont sont victimes les handicapés, de la répression sexuelle… A l'occasion de la Nuit des Idées 2021, elle s'est entretenue avec Choi Mikyung, traductrice coréenne. Sous-titres en Français
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