AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070197484
224 pages
Gallimard (04/11/2016)
4.43/5   7 notes
Résumé :
Les deux grandes œuvres de Góngora, les Solitudes, série de tableaux champêtres et marins, et la Fable de Polyphème et Galatée, sont entreprises à la même date : 1612. Il ne termine pas la première, et les deux lui valent une réputation de poète obscur, pédant, confus, pape d’une nouvelle secte, le "cultisme", et d’un nouveau langage le “jargóngora”. La Fable de Polyphème et Galatée, écrite en strophes de huit vers hendécasyllabes, emprunte son thème aux Métamorpho... >Voir plus
Que lire après Fable de Polyphème et GalatéeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Né en 1561, Góngora appartient de plein droit au baroque, avec toutes ses splendeurs et tous ses excès. Sa poésie prend source dans la postérité du pétrarquisme, qui influence toute la Renaissance. Il pratique ce que son époque dénomme « cultisme » . Il s'agit d'une culture savante, imitée de l'Antiquité, pour les genres littéraires utilisés, les thèmes, le lexique (nombreux latinismes), la syntaxe etc. Cela aboutit à une poésie complexe, très loin de la langue parlée, et qui nécessite des connaissances poussées pour arriver à la comprendre. Cette complexité poussée à l'extrême par Góngora a fait taxer son style de manière dépréciatrice de « gongorisme », pendant du « marinisme » en référence à la poésie de Marini en Italie. Comme beaucoup de poètes baroques, il a été quelque peu oublié, avant de retrouver un regain d'intérêt au XXe siècle, grâce notamment aux symbolistes.

La fable de Polyphème et Galatée fait partie des oeuvres les plus renommées de Góngora, avec Les solitudes, le Panégyrique au duc de Lerma, et un nombre important de sonnets. Il a aussi écrit dans un registre et style très différent, des oeuvres satiriques ou burlesques, dans une veine plus populaire.

La fable de Polyphème et Galatée se réfère à l'Antique, à l'epyllion, ou épopée brève, à la bucolique (bergers et bergères et leurs amours) etc mais en y joignant une forme de modernité. le texte prend source dans le mythe de Polyphème, développé tout particulièrement par Ovide dans ses Métamorphoses. C'est un mythe très vivace et souvent traité par les poètes à l'époque, par exemple Marini l'a utilisé dans des sonnets.

Góngora reprend l'histoire telle que l'a racontée Ovide : le cyclope amoureux se voit préférer un jeune et beau berger (Acis) par Galatée. Il lance un rocher qui écrase son rival, provoquant sa mort, mais le sang du jeune homme se transforme en source, lui assurant l'immortalité. Góngora transforme toutefois le texte d'Ovide, il donne beaucoup de place à la description de la Sicile, donne vie à des somptueux paysages, des merveilleux tableaux ou tapisseries. Il accorde aussi beaucoup de place aux jeunes amoureux, à leur rencontre, leur coup de foudre, leurs émois. Et fait de Polyphème, au-delà du monstre d'Ovide, un amoureux souffrant, en prise aux affres de la passion.

Il faut reconnaître que la difficulté pour lire, et comprendre Góngora est réelle. D'ailleurs l'édition dans laquelle je l'ai lu, donnait non seulement le poème en édition bilingue, mais aussi un texte en prose, rédigé par Damaso Alonso, qui « traduit » le poème, le dit autrement, et qui explicite les références, mythologiques notamment. C'est plus plaisant à lire qu'une pléthore de notes, et permet de revenir ensuite au texte de Góngora en arrivant à le suivre, et en pouvant mieux apprécier ses beautés poétiques.Il y a d'étranges fulgurances dans cette poésie, des couleurs éclatantes, des ornements à profusion, des images à foison. Au-delà du sens, il y a un rythme, une respiration.

Jacques Ancet qui l'a traduit en français a produit un beau texte, et a fourni en plus une présentation très riche, qui donne beaucoup de clés pour permettre d'essayer de se glisser un peu dans ce texte quelque peu hermétique.
Commenter  J’apprécie          202
le lecteur pourra s'enivrer des rythmes et des sonorités qui ont fait de Gongora un poète sans égal et parfois inaccessible. Briseur de syntaxe et inventeur de mots, Gongora est , en effet, le plus parfait exemple d'une subversion du langage qui atteint au sommet du dicible et de l'ineffable.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
(Al Conde de Niebla)


Estas que me dictó, rimas sonoras,
Culta sí aunque bucólica Talía,
Oh excelso Conde, en las purpúreas horas
Que es rosas la alba y rosicler el día,
Ahora que de luz tu niebla doras,
Escucha, al son de la zampoña mía,
Si ya los muros no te ven de Huelva
Peinar el viento, fatigar la selva.
Templado pula en la maestra mano
El generoso pájaro su pluma,
O tan mudo en la alcándara, que en vano
Aun desmentir el cascabel presuma;
Tascando haga el freno de oro cano
Del caballo andaluz la ociosa espuma;
Gima el lebrel en el cordón de seda,
Y al cuerno al fin la cítara suceda.
Treguas al ejercicio sean robusto,
Ocio atento, silencio dulce, en cuanto
Debajo escuchas de dosel augusto
Del músico jayán el fiero canto.
Alterna con las Musas hoy el gusto,
Que si la mía puede ofrecer tanto
Clarín -y de la Fama no segundo-,
Tu nombre oirán los términos del mundo.
Commenter  J’apprécie          40
Muet la nuit le chien, endormi le jour,
s’étend de tertre en tertre et d’ombre en ombre.
Le troupeau bêle ; au plaintif bêlement
nocturne le loup des ombres naît :
il se repaît et cruel laisse humide
du sang de l’une ce que l’autre paît.
Rappelle, Amour, les sifflements et laisse suivre leur
maître
le silence du chien et son sommeil !
Commenter  J’apprécie          90
Strophe 43.
Haleine de fumée, hennir de feu,
mais frein d'écumes, Aethon illustrait
les colonnes érigées par le Grec
où lave ses roues le char de lumière,
quand d'amour le cruel géant aveugle,
accabla la nuque d'un roc sauvage,
qui à la plage, d'écueils non dénuée,
est phare aveugle, et tour de guet muette.

Su aliento humo, sus relinchos fuego
si bien su freno espumas, ilustraba
las columnas Eton que erigio el Griego
do el carro de la luz sus ruedas lava,
cuando de amor el fiero jayàn ciego
la cerviz oprimio a una roca brava
que a la playa, de escollos no desnuda,
linterna es ciega y atalaya muda.
Commenter  J’apprécie          40
[Bizarre que la couverture Babelio de cette édition soit différente de celle que je cite, en NRF Gallimard, et que j'ai intégrée sans problème]

Le Polyphème, on l'a dit, est le poème le plus abouti de Gongora. Parfaite construction narrative, lyrique, strophique et métrique, tout y est maîtrisé jusque dans le moindre détail et tout, en même temps, est pris dans cet élan qui déborde tout travail conscient * et lui donne cette intensité faite de ce croisement d'obscurité et d'incandescence qui est la poésie même.

*Cf les deux phrases de Gongora citées par Lezama Lima dans "Serpent de Don Luis de Gongora", p. 40 :

"Dans les songes l'âme a des yeux de lynx"

et

"Ceux qui dorment sont des compagnons de travail."

Jacques Ancet, introduction à la "Fable de Polyphème et Galatée", NRF poésie / Gallimard, p. 40.
Commenter  J’apprécie          20
Une nymphe il adore, la plus belle,
née de Doris, au royaume d’écume.
Galatée est son nom, et, douce, en elle
Vénus son trio de grâces résume.
L’une et l’autre étoile qui étincelle
sont ses yeux brillants sur sa blanche plume :
sinon de Neptune roche hyaline
paon de Vénus et de Junon le cygne.
Commenter  J’apprécie          74

Lire un extrait
Video de Luis de Góngora y Argote (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Luis de Góngora y Argote
Luis de GÓNGORA y ARGOTE – Une Vie, une Œuvre : le triomphe du baroque (France Culture, 1986) Émission "Une Vie, une Œuvre », par Hubert Juin, diffusée le 27 mars 1986 sur France Culture. Invités : Philippe Sollers, Philippe Jacottet, Bernard Sesé, Severo Sarduy, Claude Esteban, Gregorio Manzur.
autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (25) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1220 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}