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Citations sur Nymphodora Ivanovna (11)

"Les auteurs de romans et de récits désireux d'exprimer le bouleversement provoqué chez une personne par quelque chose d'inattendu avaient jusqu'à présent recours à l'éclair, au tonnerre, aux décharges électriques, aux coups de canon.
Je vous laisse libres de choisir n'importe lequel de ces procédés parce que je n'ai nulle envie d'en inventer un nouveau pour décrire l'état de Nymphodora."
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Si vous aviez observé ce visage de près, vous auriez été saisi de frayeur tant son immobilité exprimait de souffrance ; vous auriez dit que se trouvait couché là, devant vous, le cadavre d'un homme ayant rendu son dernier souffle dans les plus cruels tourments physiques et moraux.
Or le jeune homme était en vie ; il était plus vivant que vous et moi, car les souffrances qu'il endurait lui rappelaient sans répit qu'il était vivant.
Nous pouvons tous nous dire vivants tant que le sang circule dans nos veines et que bat notre cœur. Mais qu'est-ce que cette vie, tranquille, paisible, sans passion, scandée par la montre de gousset, assoupie dans un fauteuil moelleux ou rampante au long des pages d'un roman nouveau mais ennuyeux à l'ancienne ? Ce n'est pas une vie — c'est un engourdissement. Pour vivre au sens plein du terme, vivre d'une vie humaine, il faut mettre ses sentiments à l'épreuve ; non pas les solliciter mollement, non ! il faut les bouleverser jusqu'aux tréfonds les plus secrets, en tirer des sons amples, — que ce soient des sons de plaisirs ou de douleur, peu importe ! — pourvu qu'ils soient forts, des sons tels que vous ne pourrez plus vous oublier ni oublier que vous êtes en vie.
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Votre époux est, sans conteste, très bien de sa personne, il est aimable, il est gentil, il est très bon. Il constitue toutes vos joies, il se promène avec vous sur la Perspective Nevski, il vous accompagne au Magasin Anglais et à la boutique de madame Sichler, il paie dans les deux, il reste sagement assis dans votre loge, au bal il ne se mêle pas de ce qui ne le regarde pas, il ne discute jamais avec vous, ne vous contredit parfois que pour plaisanter, suivant en cela la despotique habitude de certains époux qui aiment à se gausser de leurs mignonnes épouses ; bref, il est à vos pieds, il vous est soumis, il est votre esclave — et vous l'aimez ! Ce sentiment vous fait " affreusement " honte, mais vous l'aimez, parce que, parole d'honneur, on ne peut pas ne pas aimer un homme si aimable. Imaginez-vous… Seigneur, pour rien au monde je ne souhaiterais quelque chose de méchant ! Mais imaginez (c'est indispensable pour mon récit) que votre aimable époux, ce doux tendre époux, qui restait sagement assis dans votre loge et qui payait dans les magasins, ait disparu soudain, fourré on ne sait où… qu'il se soit perdu, foudroyé, écroulé quelque part… Mon Dieu !
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Les auteurs de romans et de récits désireux d'exprimer le bouleversement provoqué chez une personne par quelque chose d'inattendu avaient jusqu'à présent recours à l'éclair, au tonnerre, aux décharges électriques, aux coups de canon. Je vous laisse libres de choisir n'importe lequel de ces procédés parce que je n'ai nulle envie d'en inventer un nouveau pour décrire l'état de Nymphodora. Je dirai seulement, en préservant la sacro-sainte vérité, que sa vue se brouilla, que la tête lui tourna, qu'elle eut l'impression de voir la rue, les gens et toutes les maisons tournoyer autour d'elle comme autour d'un pivot. Elle ne pouvait poser son regard sur rien, tout s'embrouillait sous ses yeux. Enfin, quand elle eut repris ses esprits, elle se hâta de braquer sa vue sur la fatale voiture, mais celle-ci avait disparu.
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Il était une fois le roi d'Espagne Philippe III. Et ce roi travaillait un jour dans son cabinet. Le temps était froid. Afin de réchauffer le corps du roi, on déposa près de lui un brasero. Au bout d'un moment, les braises avaient tellement échauffé le visage royal que la sueur se mit à dégouliner, mais le bon et timide Philippe ne s'en plaignit point. Un des courtisans, le marquis de Pobar, remarqua la délicate situation du souverain, mais il n'osa pas reculer le brasero parce que cela sortait des limites de sa fonction et que cela eût nui à la sévère étiquette espagnole. Il se rua à la recherche du duc d'Albe. Celui-ci déclara qu'il n'avait pas le droit d'entrer dans le cabinet du roi, mais qu'il allait en référer au duc d'Uceda. Ce dernier, par malchance, était justement à son pavillon de chasse. On se mit à débattre et à discuter. Entre-temps le roi cuisait doucement ; lorsqu'on fit enfin quérir Uceda, qui accourut chez le roi, le pauvre Philippe, plongé dans ses réflexions et ses occupations, était complètement cuit, au point que cela lui provoqua une inflammation, laquelle causa sa mort.
Cette histoire vous paraîtra peut-être farfelue, mais je la tiens d'un document écrit, et il faut se fier à l'écrit. J'espère en tout cas qu'un tel " incident " ne vous arrivera pas à la lecture de cette anecdote et de mes autres ouvrages…
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Le bâtiment du chef de la police comporte quelques pièces en sous-sol, dont les fenêtres se trouvent au ras du trottoir ; dans l'une d'elles, sur un divan de cuir, était allongé un jeune homme, d'apparence agréable et très bien vêtu.
Les derniers feux du couchant jouaient sur les toitures de Pétersbourg, sans pénétrer dans les profondeurs de cette morne bâtisse, creusée dans le ventre de la terre. Seul un reflet des nuages purpurins tombait à travers la grille qui barrait les croisées. La pièce en paraissait plongée dans une sorte de lutte entre l'obscurité et une faible lumière incertaine qui conférait aux objets des teintes fabuleuses, changeantes, et peuplait le lieu de formes mouvantes.
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De la rue et de la cour provenaient des cris perçants. Des serpents de feu rampaient le long des poutres et se glissaient dans toutes les fentes du vieil édifice ; la chambre de Nymphodora s'emplissait d'une fumée étouffante ; le plafond commençait à craquer… Nymphodora était toujours debout, immobile, se contentant de murmurer : " Sauvez-nous… "
Soudain, dans la porte, par où des flammèches sautaient comme issues de l'enfer, une silhouette d'apparence humaine se profila. " Au secours ! Sauvez-nous ! " — s'égosilla Nymphodora, en rassemblant ce qui lui restait de force. Deux coulées d'eau passèrent par la porte ; de la vapeur s'éleva en chuintant et en sifflant des solives noircies ; quelque chose d'énorme pénétra dans la pièce, quelque chose d'humide tomba sur Nymphodora, elle poussa un cri, et, quelques secondes plus tard, elle était emportée sans connaissance hors du brasier par un jeune homme, son voisin, qui depuis longtemps déjà contemplait la jolie frimousse de la jeune veuve et maintenant se présentait fort à propos pour la sauver — un chevalier sans peur et sans reproche !
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L'amitié n'est belle que dans les livres, et encore, dans les vieux et gros volumes reliés en cuir et rongés aux vers ; mais dans la vraie vie, les amis ne sont là que tant que tout va bien.
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Bien entendu, messieurs-dames, beaucoup auraient consenti à prendre Nymphodora sous leur protection en voyant son cou de cygne, son minois limpide, ses yeux d'azur et ses petits pieds mignons : toutes ces choses engendraient une irrésistible envie de la protéger. Mais, voyez-vous cela, Nymphodora ne voulait la protection que de son mari ou de son père. Désir étrange, peut-être incompréhensible, et, pour certains, désagréable même ; toujours est-il que c'est ainsi que pensait Nymphodora.
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Le pauvre Stréletski, que vous aviez assassiné la veille, fut sorti en cachette de la maison. Vous n'aviez pas oublié de le défigurer et de le revêtir de vos effets, afin de leurrer votre femme et tous les autres. J'avoue, monsieur Sérébrov, qu'il fallait avoir beaucoup de courage pour accomplir tout cela, et plus encore d'adresse pour le réussir. Toutefois la chance ne pouvait vous sourire indéfiniment, et un forfait aussi monstrueux devait être découvert tôt ou tard. Je ne comprends pas que vous n'y ayez pas songé !
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