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Arthur Adamov (Traducteur)Pierre Cahné (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070429288
576 pages
Gallimard (08/03/2007)
4.22/5   677 notes
Résumé :
Partisan de la position allongée, Oblomov ne trouve le bonheur que dans le sommeil. Ni son ami Stolz, incarnation de l'énergie et de l'esprit d'entreprise, ni la belle Olga, avec qui se nouera l'embryon d'une idylle, ne parviendront à le tirer de sa léthargie. Entreprendre et aimer sont décidément choses trop fatigantes.
Grand roman de moeurs, "Oblomov" offre une satire mordante des petits fonctionnaires et des barines russes. La première partie du texte cons... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (86) Voir plus Ajouter une critique
4,22

sur 677 notes
Cher ami babeliote, auras-tu la flemme de lire cette critique ?

Oblomov, lui, n'eut sans doute pas l'énergie de venir à bout d'un tel ouvrage. Presque 700 pages dédiées au parti du moindre effort, où les péripéties se résument à se tourner sur le flanc lorsque l'on était jusqu'alors allongé sur le dos, où l'on rêve que l'on dort, où le « héros » ne finit par se désengourdir dans son lit qu'après 65 pages, où l'on n'en finit pas de compter les grains de poussière dans la chambre etc. Alors pourquoi, à l'heure où nous n'avons plus le temps de rien, se plonger dans une telle torpeur littéraire ?

Bien sûr, si vous avez déjà succombé au bovarysme alors vous avez quelques prédispositions pour l'oblomovisme. Comme Emma Bovary, Ilya Ilitch Oblomov est en décalage avec la vie. Mais là où Emma Bovary fuit l'ennui, Ilya Ilitch le recherche.

D'ailleurs jamais il ne s'ennuie. Il s'agit plutôt d'une quiète flânerie onirique que rien ne doit troubler, nous dirions aujourd'hui qu'Oblomov psychosomatise – son corps accuse les maux de son âme - et se fait une montagne des petits soucis du quotidien, de cette vie qui ne le laisse jamais en paix, à tel point que son atonie le pousse toujours davantage dans la fuite de la vie en société, du travail, de la vie familiale etc. Oblomov passe à côté de sa vie précisément car il se l'imagine trop, il se noie dans les tréfonds de cet imaginaire aigre-doux et perfide - celui-là même dont son ami Stolz se méfie.

La vie de Gontcharov (en caméo dans son propre roman !) attise bien des curiosités, au-delà des comparaisons a posteriori avec une Emma Bovary ou un Frédéric Moreau, antihéros un peu branleur et mondain de l'Education Sentimentale (encore Flaubert, toujours Flaubert), comment l'auteur russe a-t-il pu trouver une si singulière inspiration ?

Schématiquement, le personnage d'Oblomov est l'incarnation de ce que l'on appelle, en psychologie clinique, l'aboulie, la défaite de la volonté. Pour lui toute tentative de vie sociale, mondaine, d'agitation, de labeur, d'épargne ou de curiosité n'est que vanité et stérile agitation comme si in fine cela ne faisait pas grande différence. Que pourrait t on lui opposer ? (Aidez-moi à le convaincre dans vos commentaires peut être…).

Zakhar, le valet clampin d'Oblomov, véritable tire au flanc, est une autre déclinaison de la paresse et apporte une tension comique précieuse à l'oeuvre. Là où Oblomov admet son état - qu'il le revendique ou le blâme – Zakhar se cherche constamment des excuses, n'assume jamais sa fainéantise, il a toujours une « bonne » raison de ne pas avoir fait ce pourquoi on le paye et entretien scrupuleusement son déni comme une armure.

Stolz représente une forme d'anti Oblomov. C'est un personnage volontaire, raisonné, en perpétuel mouvement. Face au contraste entre les deux amis, le narrateur invoque l'attraction des contraires.

Les interventions de Tarantiev dévoilent une autre facette de la paresse, après l'aboulie léthargique d'Oblomov et le déni de fainéantise de Zakhar, c'est le parasitisme. Tarantiev tente de vivre au crochet des autres, et notamment d'Oblomov, à force de le tourmenter et de le culpabiliser, mais lorsqu'il doit lui-même faire quelque chose, l'angoisse de quitter sa flemme surgit.

Le personnage féminin central, celui d'Olga est admirable et tout en nuances, une jeune femme déjà mature dont la psychologie très fine oscille entre séduction, analyse et bienveillance, j'ai le sentiment que c'est le personnage le plus libre du roman en ce qu'il n'incarne pas un trait de caractère opposable à Oblomov. Nous ne sommes pas dans le rapport très comique Oblomov/Zakhar ou « 50 nuances de flemme » ni dans la « thèse antithèse et pas de synthèse » Oblomov/Stolz. Cela permet une certaine fraicheur, quelque chose d'inédit et d'imprévisible dans les rapports entre Olga et Oblomov, et leur relation, qui force Oblomov à sortir de son confort apathique, nous dévoile les ressorts de son atonie, entre égoïsme et désespoir fatal.

Oblomov est un roman psychologique et l'une des plus grandes satisfactions du lecteur réside dans les portraits désarmants des personnages et leurs interactions, notamment les dialogues, rien d'étonnant d'ailleurs à ce que le théâtre ait adopté Oblomov.

Les clichés restent à la porte de cet ouvrage et nous avons la vision dynamique d'un couple finalement très précurseur.
Si les personnages d'Oblomov et d'Agafia représentent des êtres figés, entre résilience et résignation, comme enracinés dans leur routine et comme les arbres finalement courbés par les vents violents de l'existence, les vies d'Olga et de Stolz naviguent sur les flots, en perpétuel mouvement, avides de nourritures terrestres.

On prouve que l'on a du caractère lorsqu'on parvient à vaincre le sien, mais cette victoire ne peut se faire que sur nous-même et pas dans la fuite (Henri Laborit me contredirait sûrement), autrement elle est artificielle, en témoigne l'illusoire et indolente rédemption passagère d'Oblomov dans l'amour.

Je lis ça et là qu'Oblomov est un éloge à la paresse, je ne le crois pas. Il n'y a qu'à voir les tourments psychiques et matériels dans lesquels le plonge son hégémonique inertie. Je ne dis pas qu'il n'y a pas des leçons à tirer du personnage, notamment dans le fait de ralentir, de contempler davantage et de prendre un sacré recul sur les vaines agitations de nos existences facultatives. Mais il faut tout de même rappeler ici qu'Oblomov est un noble à une époque où la Russie n'a pas abolit le servage, et comme nous l'apprend le passage du « songe d'Oblomov », ce dernier est éduqué pour être d'une oisive nonchalance, et qui plus est, il peut se le permettre économiquement, aux frais des paysans de son domaine !

J'en viens à la langue d'Oblomov, je suis assez parano sur les traductions, et il faut signaler que s'agissant de notre ouvrage, il y a quelques raisons. Je conseille après enquête l'édition du Livre de Poche, qui est la plus récente traduction et je déconseille l'e-book du domaine public, toute première traduction française largement tronquée qui ne fait qu'une centaine de pages.

Dans l'ombre de « Guerre et Paix » et « Crimes et Châtiments », cette épopée de la paresse, véritable chef d'oeuvre national en Russie, procure des moments jubilatoires (vous aurez moultes occasions de méditer au détour d'une phrase) ainsi qu'une salutaire introspection car il est d'une actualité piquante à l'ère des procrastinateurs, du « bore-out » et du « burn-out » et le livre pose également la question de ce que l'on fait de sa vie, la douceur et la désarmante sensibilité d'Oblomov nous amène à reconsidérer nos perceptions, mieux vaut la quantité ou la qualité de la vie ? Peut-on choisir sa vie ? Et surtout, éthiquement, peut-on choisir cette vie ? Ruwen Ogien dirait oui mais vous, qu'en pensez-vous ?

Je vous souhaite en tout cas de passer avec Oblomov des moments aussi singuliers et denses que ceux que j'ai pu passer ces derniers mois.

Mais attention ! le texte de Gontcharov est une liqueur dense et riche dont les mots, pleins d'acuité, se lampent du bout des yeux et se digèrent lentement, alors gare à l'écoeurement. A Oblomovka rien ne presse, à lire paresseusement !
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Oblomov, trentenaire, profite des revenus de son domaine de 300 âmes situé à bonne distance de Saint Petersbourg et qu'il n'a pas visité depuis des lustres. Il préfère passer son temps entre le lit et le divan à refaire le monde - privilégiant la position allongée - la tenue de la maison laisse à désirer, - Zakhar, le serviteur est fidèle mais tout aussi fainéant que son maître.Et nous voilà invité dans l'intimité d'Oblomov, rencontrant quelques personnages hauts en couleur, (certains le bernant) et l'on participe à ses réflexions, ses doutes, son histoire d'amour naissante avec Olga et enfin l'amitié sincère de Stolz, ami d'enfance qui n'a de cesse de lui ouvrir des perspectives et des opportunités, souvent en vain.

Quel roman, et quelle peinture de la nature humaine. Avec humour et beaucoup d'esprit Gontcharov épingle, dans la première partie, une galerie de personnages qui constituent le cercle des relations d'Oblomov, offrant un échantillon de la société russe bourgeoise ou artistique, des amis pas toujours sincères ou désintéressés dans un style drôle et léger. Seul son ami d'enfance d'origine allemande Stolz, son opposé (dynamique entreprenant, optimiste), prend soin de lui, le protège et tente de le remettre dans une dynamique qu'Oblomov élude et refuse dans cesse.
Attachant par ses angoisses, exaspérant par ses atermoiements, Il se noie dans ses hésitations et ses réflexions qui le poussent invariablement à la procrastination. Une attitude qui passera dans le langage courant russe sous le terme d'oblomovisme, une sorte de léthargie constante, handicapante mais d'une lucidité incroyable.
Une lucidité telle, qu'il entrevoit toutes les éventualités de chaque situation les évaluant plus en terme de problèmes à venir que de bénéfices ou de joies qu'il pourrait vivre, et renonce ainsi à toute action et ce, dans tous les domaines.

Etude de moeurs, étude de caractères mais également étude sociale sur la petite aristocratie terrienne, exilée en ville qui se laisse vivre représentative d'une société russe en déliquescence.
Beaucoup d'humour une acuité d'analyse dans la psychologie et une cohérence dans les réactions des personnages font de ce roman une vraie réussite dans la lignée de Gogol pour l'humour surréaliste, Maupassant pour la peinture de moeurs et Balzac pour l'intrigue. Un écrivain du XIXème majeur et un roman, que Tolstoï considère comme une oeuvre capitale, c'est un grand roman sur la nature humaine.
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Oblomov. Grand classique de la littérature russe, quoique un peu moins connu que les oeuvres de Dostoïevski, Tolstoï ou Tourgueniev auprès des Occidentaux. Pourtant, son personnage éponyme, Ilya Illitch Oblomov a donné lieu à un archétype : celui du jeune aristocrate soumis à une seule force : l'inertie. « Sais-tu, Andreï, que jamais dans ma vie aucun feu ne s'est allumé, ni bienfaisant ni destructeur, aucun. […] ma vie, à moi, a commencé par cette extinction, bizarre mais vraie ! Dès les premiers instants où j'ai pris conscience de moi-même, j'ai senti déjà que je m'éteignais. » (p. 247) C'est cet homme apathique dont nous suivrons le parcours (j'ose difficilement utiliser le terme ‘'aventures'') curieux et assez comique, un parcours que j'ai bien apprécié.

Oblomov a un grand défaut, il est paresseux. Désinvolture, toute activité intellectuelle l'effraie. Lire un livre ? Vous n'y pensez pas, et ce mal de tête qui suivra ? de la visite ? Est-ce vraiment nécessaire ? Il est préférable de rester au chaud dans son lit moelleux. Incapable de prendre une décision, d'entreprendre une action, il reporte tout à plus tard. Heureusement qu'il n'est pas méchant. En fait, c'est plutôt le contraire, certains profitent de sa médiocrité… C'est que ce jeune aristocrate est en quelque sorte un raté (il ne s'est jamais démarqué dans ses études, qu'il a abandonnées dès qu'il eut atteint les exigences minimales pour occuper un poste dans l'administration, poste qu'il a quitté dès que la charge de travail et le stress qui l'accompagnait sont devenus trop lourds à supporter). Bon à rien, il ne remarque pas qu'il se fait rouler par tous, son métayer, le propriétaire de son appartement de St-Petersbourg, etc. Je pense que c'est pour cela que ce jeune homme reste sympathique, voire attachant, malgré tous ses revers.

Ce portrait est complété par celui du serviteur, le vieux Zakhor, mais la fainéantise du maitre déteint un peu sur celle du serviteur. Il se traine les pieds, dort pendant son service, époussette et balaie de façon sporadique… et, à l'occasion, il met la main sur une ou deux pièces de cuivre d'Oblomov, jamais suffisamment afin que ce dernier ne s'en rende pas compte. Il n'est pas trop gourmand ni imprudent. La maison pourrait tomber en ruine et c'est à peine si ce duo improbable s'en rendrait compte.

Avec ce roman, Ivan Gontcharev a réalisé avec beaucoup de finesse une critique sociale, enfin, surtout une caricature de cette aristocratie oisive qui dilapide son héritage au lieu d'essayer de faire fructifier ses propriétés. Cela m'a fait beaucoup rire. Il faut croire que c'était un réel problème et le personnage est devenu tellement populaire que le terme Oblomov a fini par coller à tous ceux qui correspondaient à ce nouvel archétype. Un genre de Tanguy, version 1859. Évidemment, c'est un roman de son temps : bienvenue les longs passages descriptifs, les longueurs. Après deux cents pages (un peu moins de la moitié du livre), on se dit qu'on a lu l'essentiel. Que peut-il rester ? Qu'est-ce qui pourrait peut-être transformer cette inertie d'Oblomov, le faire sortir de sa léthargie ? Un voyage ? Peut-être, si on l'y force. Et c'est ce que tente son fidèle ami Stolz mais, les préparatifs terminés, une enflure à la lèvre constitue un danger grave nécessitant qu'on reporte le départ à une date ultérieure… le jeune homme ne quittera pas St-Pétersbourg. Pas même des problèmes dans ses propriétés de l'Oural ? Que pourrait-il faire, lui qui n'a pas terminé ses études et ne s'est jamais occupé d'agriculture ? Non, mieux vaut qu'il reste là où il est…

Bref, le lecteur aura compris le principe. Jusqu'à l'entrée en scène de la jeune et belle Olga. Est-ce que l'amour d'une femme sera plus forte que l'apathie qui menace Oblomov ? Saura-t-il le tirer de son divan ? Ou bien cela sera-t-il une complication de plus dans sa vie si douillette ? À vous de le découvrir. Certains se réjouiront de la finale, moi, bah… Mais rendu là, c'est une question de gouts.
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Edition L'Age d'Homme de 1986 - Traduction Luba Jurgenson

Il m'a fallu quelques jours pour rassembler mes esprits quant à cette critique; non que j'eusse été pris d'oblomovisme, mais pour bien essayer de saisir la portée de ce livre, qui à l'aune des débats de notre temps, prend une tournure encore différente de tout ce qu'il a déjà questionné depuis sa publication.
Délicat... Un tel livre, dont l'étude continue de nos jours, sûrement du fait que l'auteur lui-même ne semble pas vouloir en tirer une morale claire, mais de poser des questions, dont il aurait commencé à répondre plus tard dans son oeuvre "La Falaise" si je m'en réfère à certains l'ayant lu... Encore un autre livre à lire.
Tachons donc d'être personnel... Oblomov, héros de la décroissance ? Pas vraiment, il faut être clair sur ce point, dans le sens que cette apathie et cette propension au rêve et à l'inactivité, ce refus des passions et de la transformation de son environnement, ne s'accompagnent pas d'une réflexion sur une prétendue relativité des croyances de l'Homme; l"aquoibonnisme" ici n'est que paresse, plaisirs de la table et finalement de la chair, bien que cette dernière se fasse longuement et cruellement attendre, donnant au passage à voir la rigidité glaciale des convenances religieuses et bourgeoises des relations galantes.
En bref, l'envie de renverser la table d'Olga et de toute sa famille, assommant Oblomov avec un os de jarret, démontrant ainsi l'iniquité souffreteuse de cette hypocrisie enfermant le personnage probablement le plus doué de sensibilité de tout le livre, la merveilleuse Olga corsetée jusque dans son âme par la société noble, dont Gontcharov esquisse subtilement le portrait de l'inutilité, et de son acceptation forcée, comme état de Nature, fait de naissance, par les masses laborieuses — le fils d'Oblomov, né tout blanc et avec des membres de poupée, comme son père, n'est de tout de façon pas apte à quelques travaux que ce soit, reconnait Agafia Matvéevna — tout en insistant sur cette bonté originelle, ramenant peut-être au mythe de la pomme de la connaissance...
Donc oui, Oblomov aurait pu être "L'Idiot", et Dostoïevski aurait plutôt nommé le sien "Le Blond"....
Zakhar, crétin parfait, dont le mariage avec la futée Anissia, insiste sa fonction de bouffon de l'histoire, de l'aveuglement des hommes (avec une minuscule) à déconsidérer les femmes (alors que ces sociétés slaves sont loin d'être les pires de ce côté là...). Il amène toute la partie burlesque, celle qui fait des premiers chapitres du livre une farce de boulevard, avant que l'on ne plonge dans cette longue partie onirique qu'est le Rêve d'Oblomov, permettant d'ancrer l'oblomovisme comme atavisme familiale, narrant cette douce et molle vie à la campagne, que seul l'étincelle de la jeunesse viendrait troubler, donnant au lecteur la vision d'une forme d'Eden, opposé à la modernité de la connaissance et de l'internationalisme.
Stolz incarne bien-sûr cette engeance. Lui seul arrive à sortir Oblomov de ses vapeurs coussineuses. Son rôle, globalement positif, est habilement teinté d'arrogance pour que la question reste ouverte: doit-on aller contre la volonté de quelqu'un, "dans son intérêt" ? Et puis, au fond, n'est-ce pas là une forme de satisfaction égoïste pour lui ? Celle qui parfois l'aveugle temporairement : la machination de Tarantiev et Moukhoïarov étant dès le début évidente, eux fuyant le repas de la Saint-Elie sitôt son arrivée...
Ces deux réjouissantes crapules sont des personnages inoubliables. Je ne boirais plus jamais de rhum de la Jamaïque de la même façon.
Buvons donc.
Buvons aux chefs-d'oeuvre, même si celui-ci m'aura par moment bien agacé, il est une saine et indispensable lecture en ces temps de confinement.
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Oblomov est une oeuvre littéraire de l 'écrivain russe , Ivan Gontcharov .Ce dernier est estimé par ses pairs de l 'époque tels Dostoïevski ,Tourgueniev ,
Tolstoï pour ne citer que les plus illustres .D 'ailleurs Tolstoï disait de cette oeuvre :"Oblomov est une oeuvre capitale ".Il s 'agit d 'un grand écrivain mais peu connu jus qu 'à une certaine époque .Tourgueniev l 'estimait et ce malgré leur rivalité littéraire . Ce roman est considéré comme une satire où l'auteur caricature l 'aristocratie de son époque et critique le règne du tsar Nicolas .
Je vais transcrire l 'étude faite sur l 'auteur par son éditeur parisien :
"Gontcharov ( 1812-1891 ) avait trente-quatre lors que vers 1846 ,il aborda la littérature .Dans son premier roman, intitulé Une Histoire ordinaire , il mit en scène un rêveur qui ,en regrettant sa jeunesse perdue , vit dans les nuages et se repaît de chimères .Il y dépeignit la profonde langueur ,intellectuelle et morale , où le règne de Nicolas avait plongé la Russie .
La main sur le pouls du malade , Gontcharov raconta , calme et impassible,les souffrances de la société . Il ne prit pas la peine de rechercher les sources du mal : chacun les connaissait trop bien . Son livre fit événement : ce fut à la fois une vengeance et un triomphe .
L'écrivain garda ensuite le silence durant douze ans . On disait vaguement que , par une note secrète , la censure impériale lui avait prescrit d 'observer désormais plus de circonspection . Il reparut enfin avec Oblomov , une nouvelle étude aussi cruellement vraie et tracée d 'une main plus ferme encore .
Dans Une Histoire ordinaire , il avait montré comment
s 'est opérée la désorganisation sociale , dans Oblomov il peignait la société telle que l' avait faite le règne précédent . Adonieff , le héros d 'Une Histoire ordinaire , est
un moribond qui lutte contre l 'agonie .Oblomov est un mort qu 'on galvanise .
Sans caractère ,sans énergie ,sans initiative , il nous représente le produit extrême d 'un despotisme qui a fait son temps .
La figure d 'Oblomov est complétée par celle de son domestique-serf Zakhare . Ce dernier appartient à deux époques : de la première il a retenu un dévouement sans bornes pour la famille des Oblomov ,la deuxième a raffiné ses moeurs et élargi sa conscience . Il adore son maître et le calomnie il lui prêche l 'économie et s ' enivre à ses dépens . Il est avec lui familier ,bourru ,grossier, mais il
l 'aime comme un chien aime son chenil . Rien de plus franchement comique ni qui ait une saveur plus étrange que les dialogues entre Oblomov et ce Scapin sauvage ".Etude sur l' auteur par Charles Deulin ( Paris 1877 )
On doit aussi évoquer l 'amour de la belle Olga qui a fait de son mieux pour faire revenir Elie à une nouvelle vie où il connaîtra l 'amour .Mais malheureusement son entreprise fut vaine .
On ne doit pas oublier l 'amitié solide et désintéressée de Stolz qui a tout tenté pour faire sortir son ami ,Oblomov de sa torpeur mais ce dernier est arrivé à découragé toute les bonnes volontés .
Oblomov est une grande oeuvre .Cette dernière est considérée comme un classique de la littérature russe du 19 e Siècle .
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critiques presse (1)
LaTribuneDeGeneve
10 juillet 2023
Rêveurs et distraits, ce livre est pour vous ! Après une enfance aisée à la campagne, Oblomov, le protagoniste de ce roman russe de la seconde moitié du XIXe siècle, s’installe à Saint-Pétersbourg où il vit des revenus de ses propriétés.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
Citations et extraits (150) Voir plus Ajouter une citation
Un tel homme peut-il être sympathique ? Est-il capable d'aimer, de haïr, de souffrir ? Sans doute, car aucun homme, du moins à première vue, ne semble dispensé de ces passions. Mais celui-là a trouvé on ne sait quel subterfuge pour simplement aimer tout le monde. Il existe en effet des gens en qui on n'arrive pas à susciter des idées, ni même des sentiments d'animosité, de rancune, etc., etc. On peut leur faire ce qu'on veut, ils restent tout aussi caressants. Il faut, du reste, leur rendre cette justice que leur amour non plus - si on le mesure au thermomètre - ne dépasserait jamais un certain degré de… disons : tiédeur. On dit bons ces hommes qui aiment tout le monde, mais en réalité ils n’aiment personne et ne sont bons que parce qu’ils ne peuvent même pas être mauvais. Si, devant un tel homme, d’autres font l’aumône à un pauvre, il lui jettera aussi quelques sous ; mais si ces autres injurient ou chassent le pauvre, il fera comme eux : il l’injuriera et le chassera.
*
L’homme était alors environné de mystères incompréhensibles. Et il cherchait dans son imagination la clef de ces mystères et de ceux qui peuplaient sa pauvre existence. Et peut-être sont-ce le sommeil éternel d’une vie toute passive, l’absence de vraies sensations et d’effrois réels, qui poussent l’homme aujourd’hui à se créer, au sein du monde culturel, un autre monde imaginaire, à chercher une diversion dans des pensées oisives…
C’est à tâtons qui vivaient nos pauvres ancêtres ; ils ne donnaient pas des ailes à leur imagination, mais ils ne la bridaient pas non plus, quittes à s’étonner naïvement, ou même à s’épouvanter des maux qui les accablaient. Mais les hiéroglyphes restaient, obscurs, muets.
*
Elle ne trouvait dans le caractère germanique aucune douceur, aucune délicatesse, bref, rien de ce qui rend l’existence agréable dans le beau monde, rien de ce qui permet de contourner la règle, de rompre avec la routine, de se soustraire à la férule.
*
Selon lui, la mission normale de l’homme était de vivre les quatre grandes saisons de l’année, c’est-à-dire les quatre âges humains, sans faire aucun de ces bonds que la nature réprouve. Il disait : « La combustion égale et lente vaut mieux que tous les incendies, les ravages, la poésie. »
*
- Ah ! toi aussi ! Je n’avais qu’un ami, et le voilà devenu fou à son tour ! Mais qui va donc en Amérique ou en Egypte ? Des Anglais, et je ne suis pas Anglais, le Seigneur Dieu ne m’a pas fait tel. Et cela se comprend : eux, n’ont pas de place dans leur pays pour y vivre. Mais dis-moi un peu, qui d’entre nous s’aventurerait de bon gré là-bas ? A la rigueur quelques cerveaux brûlés qui ne tiennent guère à la vie.
*
Donner à la passion un cours légal, n’est-ce pas éviter toutes les déceptions, toutes les trahisons, et les remplacer par le battement toujours égal d’un cœur paisible ! N’est-ce-pas, donc, goûter la sève éternelle de la vie, demeurer en état d’éternelle santé morale ?
La passion ! Elle est belle dans les vers ou au théâtre, quand les acteurs s’agitent, la cape jetée sur les épaules et le couteau à la main ; après quoi, assassins et assassinés s’en vont souper ensemble.
Ah, si seulement les vraies passions pouvaient se terminer ainsi ! Mais non, elles ne laissent après leur passage que fumée et suffocation. Et plus aucune trace de bonheur ! Des souvenirs seulement, d’affreux souvenirs de honte et de cheveux qu’on arrache !
Céder à la passion, c’est s’engager en pleine montagne sur des chemins pierreux ; le cavalier s’épuise, les chevaux titubent, et pourtant le village natal est là, on l’entrevoit déjà, il ne faut pas le perdre de vue ; mais comment sortir du sentier étroit et périlleux ?
Oui, il faut canaliser, étouffer, noyer la passion dans la vie commune, le mariage.
*
- M’occuper ! On peut s’occuper, bien sûr, mais quand on a un but. Or je n’en ai pas, vraiment pas.
- Le seul but, c’est de vivre.
*
Ce triple « je vous aime », qu’était-ce ? Une erreur d’optique, sans doute, le chuchotement d’une âme encore oisive, le pressentiment de l’amour dans le meilleur des cas, mais en aucun cas l’amour.
*
Nous nous sommes aimés d’une manière inattendue, très vite… un peu comme on tombe malade, et c’est bien ce qui m’a empêché de me ressaisir il y a déjà quelque temps. De plus, qui dont, en vous regardant, en vous écoutant des heures et des heures, pourrait prendre sur soi la douleur de rompre l’enchantement ? Où trouver, à chaque minute, assez de présence d’esprit et surtout de volonté, pour s’arrêter un haut de la pente ? Chaque fois je me disais : Je ne me laisserai pas entraîner plus avant, je m’arrêterai, cela dépend de moi, et ce disant je me laissais entraîner. Mais maintenant commence un combat, combat pour lequel j’exige votre soutien. C’est aujourd’hui seulement (cette nuit) que j’ai compris combien mes pieds ont glissé vite. C’est aujourd’hui seulement que je suis parvenu à regarder l’abime où je tombe, et que j’ai résolu de m’arrêter.
*
Remarque en passant que c’est le travail qui est le but de la vie, et non un être humain quel qu’il soit !
*
Stolz se demandait souvent où se tenait le mensonge, et il voyait défiler dans son esprit les masques bariolés du présent et du passé. Avec un sourire, parfois timide, parfois en fronçant les sourcils, il contemplait la suite interminable des héros et des héroïnes de l’amour : les Don Quichotte aux gants d’acier, les dames de leur pensées (dont la fidélité résistait à des séparations interminables), les pastoureaux aux joues roses et aux yeux candides, leurs Chloé accompagnées de moutons…
Des marquises en dentelle défilèrent devant ses yeux, le regard intelligent, le sourire pervers ; puis des Werther, cervelles brûlées, plus tard perdus, noyés ; puis des vierges fanées, vouées aux larmes éternelles versées à l’ombre de quelque cloître ; puis des figures moustachues, au regard brûlé d’un feu impétueux, don Juan naïfs ou malins. Et tous, se disait-il, toutes, tremblent au seul nom de l’amour !
*

- Se tourmenter pour des fantômes ! Tu crois vraiment qu'il n'y a pas de remèdes ?
- Qui t'a dit cela ? Le soutien, dans la vie, cela existe. Et si on n'a pas ce soutien, alors, même sans toutes les inquiétudes on ne veut plus continuer à exister.
- Que faire ?
- S'armer de courage et continuer patiemment, opiniâtrement. Nous ne sommes pas des titans, poursuivit-il en l'entourant de ses bras, avec les Manfred et les Faust, livrer un combat téméraire aux questions insidieuses. Nous ne devons pas relever leurs provocations mais, baissant la tête, laisser passer la minute difficile, pour ensuite sourire de nouveau à la vie, tendre vers le bonheur…
- Et si ces questions insidieuses… ne desserrent pas leur étreinte, si la tristesse vous opprime de plus en plus ?
- Alors nous devons les accepter comme faisant partie intégrante de la vie...
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A l’école de la vie, elle avait suivi un cours intensif. Chaque heure d’expérience, même la plus insignifiante, à peine perceptible, chaque évènement qui, tel un oiseau, passerait inaperçu aux yeux d’un homme sont saisis par une jeune fille avec une rapidité inexplicable : la courbe, décrite au loin par ce vol, laisse dans sa mémoire une empreinte ineffaçable, sert de repère et de leçon. Là où un homme a besoin d’un poteau indicateur, elle se contente d’un bruissement de vent, d’un tremblement d’air à peine audible. Pour quelle raison le visage d’une insouciante jeune fille dont la naïveté faisait rire une semaine auparavant exprime-t-il soudain une pensée grave ? Quelle est donc cette pensée ? Elle semble contenir à elle seule toute la logique, toute la philosophie des hommes, spéculative, comme empirique, bref, tout un système de vie !
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Si ces lois et ces raisons ont été peu étudiées jusqu’à maintenant, c’est parce qu’un homme atteint d’amour à mieux à faire que de suivre d’un œil savant les impressions qui se glissent dans son âme, les sentiments qui le figent comme dans un sommeil, les yeux qui deviennent aveugles ; que de remarquer à partir de quel moment le pouls, puis le cœur commencent à battre plus fort, comment du jour au lendemain naît un dévouement jusqu’au tombeau, le goût du sacrifice, comment petit à petit le moi disparaît pour passer en lui ou elle, comment l’intelligence s’émousse ou s’affine d’une façon extraordinaire, comment la volonté s’adonne à la volonté de l’autre, comment la tête se penche, les genoux se mettent à trembler, comment viennent les larmes, la fièvre…
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Jamais dans ma vie n’a brûlé aucun feu, salutaire ou destructeur. Elle n’a jamais ressemblé à une matinée que le soleil levant colore petit à petit, puis embrase, et qui enfin devient jour, comme chez les autres, pour flamboyer et répandre la chaleur, et où ensuite, tout bouillent, tout bouge dans un après-midi torride, pour s’adoucir de plus en plus, s’estomper et enfin s’éteindre progressivement, de manière naturelle, vers le soir. Ma vie à moi a commencé par s’éteindre, aussi étrange que cela puisse paraître. Depuis la première minute où j’ai eu conscience de moi-même, je me suis senti m’éteindre.
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Non, ta tristesse, ton vague à l’âme, si c’est bien ce que je pense, sont plutôt un signe de force… Les recherches d’un esprit vif et excité tendent parfois à dépasser les limites de l’existence, et, bien sûr, ne trouvent pas de réponses. C’est alors que vient la tristesse… ce mécontentement provisoire de la vie… C’est la tristesse de l’âme qui questionne la vie sur son mystère…
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