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Fanchita Gonzalez-Batlle (Traducteur)
EAN : 9782867463952
350 pages
Liana Lévi (05/01/2006)
3.21/5   55 notes
Résumé :
Iconoclaste, provocateur, politiquement incorrect, ce roman dresse le portrait d'une famille de la bonne bourgeoisie juive romaine, les Sonnino. Tout d'abord Bepy, qui préfère oublier le " clownesque couple " Mussolini-Hitler pour revenir à une scintillante et futile existence dans laquelle les femmes, surtout celles de ses amis, occupent la place centrale.

Il ne comprendra jamais pourquoi son fils cadet Teo, doué et séduisant, choisit d'aller vivre ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Avec les Pires intentions est le premier roman d'Alessandro Piperno (2006). Il fit un tabac en Italie et en France à sa parution. Succès populaire et critique vraiment élogieuse. Je l'ai trouvé inégal, prometteur et brouillon.
le narrateur Daniel Sonnino est le principal protagoniste du roman. Il est jeune et c'est le dernier descendant, dégénéré, d'une famille bourgeoise romaine. Il est juif par son père et catholique par sa mère. Il est obsédé, fétichiste, collectionneur de petites culottes.
La première partie est une parodie de roman-saga, genre le Guépard ou les Buddenbrocks bling-bling. le narrateur, sous la forme de retours en arrière et de digressions étourdissantes pseudo proustiennes nous raconte une série d'anecdotes improbables, de bobards peut-être, sur trois générations. Au début surtout c'est très drôle. Les portraits des fondateurs valent à eux seuls le détour. D'un côté Bepy le flambeur juif obsédé à la tchatche crue qui a mené la famille à la ruine. de l'autre Nanni, le gérant avisé catholique mais parvenu cocu et complexé. Ils étaient associés, ils sont devenus rivaux. Les portraits s'enchainent, les générations suivantes sont vides et creuses et on est submergé par un tel torrent de paroles de plus en plus fatigantes qu'on en perd totalement le fil de l'histoire. Où veut-il donc en venir ? C'est qui déjà sa copine ?
La seconde partie ressemble davantage à une parodie de roman d'apprentissage, genre L'Education Sentimentale au baisodrome. Daniel est tombé éperdument amoureux de la petite fille de Nanni. Il souffre depuis des années. Il a commis un impair fatal. Daniel est plein de ressentiment envers sa famille, il est complexé et souffre d'être à moitié juif. Il est méchant, cynique et imbu de lui-même. Il se présente comme une victime de la famille mais évidemment ne vaut pas mieux qu'eux. Tous ces richards sont mal dans leur peau et dans l'incapacité d'aimer leur prochain.
Pour résumer, l'intrigue me semble mal construite et l'écriture un peu trop spectaculaire. Mais pour un premier roman c'est vraiment pas mal, souvent drôle. Je lirai sans doute Persécution.
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Avec ce roman, composé de deux partie, la première qui aborde la splendeur puis la décadence de Bepy Sonnino et la deuxième partie est centrée sur le héros Daniel, son petit-fils, passant en revue son adolescence, puis sa vie d'adulte, l'amour de sa vie Gaia, Alessandro Piperno nous propose une satire de la bourgeoisie des années 90.

Nous avons donc Bepy, le patriarche au passé douteux, juif et néanmoins plutôt fasciste, qui assume difficilement pour ne pas dire pas du tout, le fascisme de l'époque, pas très au clair non plus avec le judaïsme, marié avec Ada dont plusieurs membres de la famille ont été déportés, qu'il trompera allègrement.

Ils ont deux enfants Luca, albinos, coaché à fond par Bepy pour en faire un atout, est un homme sûr de lui, qui vit toujours entre deux avions, roule en Porsche, mais voit peu ses enfants, un peu mégalo, tandis que l'autre, Teo finit par émigrer en Israël, devenant un fondamentaliste, anti palestinien.

Casanova aux aventures multiples (même la femme de son associé a fait partie de son tableau de chasse), Bepy, à force de flamber, finira ruiné et devra s'exiler aux USA.

De l'autre côté, nous avons l'autre famille Cittadini, à sa tête Nanni, l'ex associé de Bepy, toujours en quête de prestige social, qui a épousé une femme de la haute société, avec villa de luxe où passe toute la bonne société bourgeoise… quelques hics bien-sûr dans le tableau : son fils s'est suicidé car Nanni avait fait pression sur lui pour qu'il ne divorce pas. Il laisse deux enfants : Gaia la préférée de Nanni et Giacomo psychotique….

Évidemment, Daniel, fétichiste, collectionneur de collants ou petites culottes, onaniste effréné, est amoureux en secret de Gaia, et devient son confident à défaut d'autre chose…

Alessandro Piperno nous trace un portrait tellement acide, ironique, sur les personnages qu'on a l'impression de lire un manuel de psychiatrie, toutes les pathologies y figurent. Les personnages sont caricaturaux. On comprend vite qu'un évènement important s'est passé, obligeant Daniel à s'exiler, mais l'auteur fait durer le suspense.

J'ai aimé les ruminations de Daniel, qui rappelle étrangement Philip Roth, notamment sur la judéité ou semi-judéite ou plutôt le côté biculturel, qui le conduit à écrire un essai anti juif : « tous les juifs antisémites. D'Otto Weininger à Philip Roth », on voit qu'il est à la recherche d'une identité, aussi bien spirituelle que sociale, car il baigne dans un milieu nanti dont il dénonce les codes et tente plus ou moins de s'en affranchir. Mais, il finit par devenir lassant à force de vouloir tenter de tout interpréter…

Des pages grinçantes, au vitriol même, sur le mariage De Luca avec une Goy, fille de catholiques purs et durs, avec des négociations interminables, tant les deux familles se détestent.

Les cogitations et personnalités des autres protagonistes sont intéressantes aussi : la culpabilité apparente de Nanni, ainsi que son mépris pour tout ce qui ne brille pas, le besoin de Luca d'avoir une idole, une figure paternelle à admirer, reportant sur Nanni l'idéal du père lorsque son propre père meurt, sans oublier Giacomo fumeur, alcoolique, drogué, qui manipule en fait tout le monde.

Sans oublier le fils de Théo, Lele, donc le cousin de Daniel, homosexuel : "lui, petit enfant imprégné des intégrismes paternels maniaques, a reçu un signe du Vengeur Biblique, la punition divine provoquée par ces pensées illicites à propos de ses compagnons, par l'anormalité de ces pensées" P 79

Et cerise sur le gâteau : Gaia, nymphette aux moeurs légères, totalement déconnectée de la réalité, sans oublier les copains préoccupés uniquement de fêtes, d'argent, voitures… Ah les problèmes existentiels des riches !!!

Donc, un roman intéressant, avec des longueurs, de belles réflexions pleines d'ironie, mais une overdose de sexe, en ce qui me concerne, entre l'onanisme de l'un, l'érotomanie de l'autre, fétichisme, en passant par l'homophobie, avec peu d'élégance dans le langage parfois… On peut lire par exemple "Celui qui a embrassé avec tant d'enthousiasme le traditionalisme juif le plus extrême se retrouve avec pour fils cette pédale travailliste".

Une critique difficile car j'ai bien aimé par moments, j'ai râlé pas mal aussi, en tout cas, ce livre de 440 pages ne m'a pas laissée indifférente.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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"Avec les pires intentions" est une saga familiale étonnante,provocatrice,drôle, parfois choquante, souvent féroce, bavarde et éloquente...
Cet ouvrage brillamment écrit nous conte les tribulations d'une famille de la bourgeoisie juive romaine: les Sonnino.

La figure emblématique, le grand- père Bepy est futile, hâbleur:"Combien de fois
Bepy, devant des femmes d'une laideur célèbre, s'est répandu en éloges téméraires: " Mon trésor, je t'ai rarement vue aussi splendide.....",excessif, machiste...
Coureur de jupons impénitent, il collectionne les femmes et les billets neufs, c'est un homme de pouvoirs et d'affaires, adulé autant que détesté....
Mais son petit fils. Daniel, le narrateur, timide et infiniment torturé va se charger de lui régler son compte, enfin, presque,car ce livre est une entreprise de déracinement d'un monde, d'une société et surtout d'une certaine idée de la judéité...

Daniel,rejeton tout à fait juif, est issu d'un mariage mixte entre une mère, fille de famille de "gentils" et De Luca, fils de Bepy.
Sa mixité en fait une sorte "d'apatride", d'étranger pour ces deux communautés: "gentil pour les juifs" ,"juif pour les gentils".
Cette dualité se renforce lorsque l'on considère les destins opposés des deux fils de Bepy.
L'aîné, Lucas, père de Daniel chérira l'esprit du grand- père , il en sera le dépositaire, jonglant avec une aisance magistrale entre Luxe, Porsche, Voyages d'affaires et Cachemire...
L'autre fils a choisi la voie la plus escarpée de la religion et....l'installation en Israël.
Le mécanisme d'attraction- répulsion auquel est confronté le narrateur est la clé et le Moteur du livre.
Daniel a un vrai "dilemme" :appartenir à la jet - set de ces adolescents riches, se ronger d'amour insatisfait et platonique pour Gaia, digne représentante de ce monde de parvenus ou mépriser les signes extérieurs de réussite sociale...
Ce dilemme va pourrir son adolescence, le maintenir dans ses complexes identitaires et le paralyser face à ses choix d'homme.
Peut- être finira t- il par s'affirmer et à gagner sa place?en profitant pour étaler ses frustrations de trentenaire désorienté....

L'ouvrage est un trop plein d'humour déjanté et féroce, de réflexions définitives sur les rapports humains et la condition juive.
Il donne parfois l'impression d'être aussi ambigu que la personnalité du narrateur, inégal aussi,car les interrogations continuelles et les états d'âme de Daniel peuvent lasser le lecteur!
On sort à moitié rieurs et dupés par ce texte dense et caustique!
Mais la richesse du roman est réelle,avec des questionnements salvateurs sur la famille et la religion,sur les différences, les incompatibilités et les divergences,sur la difficulté de l'adolescence, la crise identitaire,l'antisémitisme,la lâcheté, la sensualité exacerbée,les apparences qu'offrent les facilités destructrices de l'argent roi, un ouvrage décapant, aux portraits féroces et jubilatoires,qui donne le tournis!
Où l'on côtoie Raymond Aron, Churchill, Miller,Depardieu, Frank Capra, Gary Grant et Hepburn et bien d'autres personnages tout aussi dissemblables!
Difficile d' écrire une critique correcte sur un ouvrage aussi provocateur et
foisonnant, et les interrogations riches qu'il recèle!
Mais ce n'est que mon avis.

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Pas facile l'adolescence, quand on y est coincé entre un Apollon et une nymphette, surtout lorsqu'on est inhibé, fétichiste et fervent onaniste.
Le narrateur me fait penser à un Dustin Hoffman du Lauréat qui n'aurait pas eu la chance de se faire déniaiser par Mrs Robinson. Il y aurait bien la mère de son meilleur ami pour tenir le rôle d'Ann Bancroft : « Je ne me désintoxiquerais jamais complètement du cocktail aphrodisiaque dont je ne cessais d'énumérer intérieurement les ingrédients: quarante-deux ans, blonde, polyglotte, évaporée, snob, habillée haute couture, sujette aux sautes d'humeur, et absolument belle. » Mais hélas…
« Je crains que la dame n'ait répondu à ma vénération par le détachement; ces années se distinguent dans ma mémoire par ma vocation à fréquenter des gens capables de faire ressortir mon inutilité, mais personne n'a réussi à m'offrir une impression aussi vive de mon insignifiance humaine que Karen Ruben. Dire qu'elle ne me considérait pas comme un interlocuteur possible est un euphémisme; je n'existais tout simplement pas. Je n'appartenais pas à cette planète.»
Avant de nous livrer le fond de sa vie sentimentale, il nous offre la description réjouissante de sa famille et de son cercle d'amis, tous issus d'une bourgeoisie romaine très aisée. C'est brillamment réussi tant les portraits sont savoureux avec la généreuse dose d'acidité qui fait les bons cocktails : « Frivolité, sarcasme, effronterie, tendance au sophisme, aux faux-fuyants et au dépassement de crédit, imprudence, incapacité d'évaluer l'effet de ses actes, prodigalité, obsession sexuelle, désintérêt pour le point de vue d'autrui, réticence à reconnaître ses torts, force de caractère affichée qui n'est que faiblesse, et surtout une variété d'optimisme qui confine à l'irresponsabilité : ce n'est là qu'une dose infime du mélange avec lequel ils ont l'habitude de vous flouer et vous mettent le dos au mur, le microbe avec lequel ils intoxiquent votre organisme, mais aussi la cocaïne avec laquelle ils vous font planer. »
Il y a le malicieux portrait du grand-père, flambeur, flagorneur, séducteur impénitent convoitant et empruntant les femmes des autres, de préférence celles de ses amis, banqueroutier sans scrupules ni remords. Il y a les parents. le père toujours par monts et par vaux, toujours attendu avec impatience, toujours regretté sitôt parti, la mère attendant l'éternel retour de son Ulysse, l'oncle rebelle, l'associé et rival de son grand-père, les amis de collège et de lycée, les premiers émois amoureux et les premières désillusions qui vont avec.
Pour rester dans l'analogie cinématographique, et puisque de la Via Condotti à Cinecitta il n'y a guère plus loin que du Capitole à la Roche Tarpéienne, osons dire que ce roman se situe quelque part entre Les Vitelloni et la Dolce Vita, trente ans plus tard, avec quelques années en moins pour les protagonistes et une bonne dose d'humour en plus. Avec un suicide à peine évoqué, un adultère supposé, deux enterrements, des rivalités, quelques mesquineries, des réceptions fastueuses, une jeunesse dorée, une flatulence malvenue, un amour platonique déçu et un petit scandale de rien du tout, on pourrait trouver le sujet bien mince. Sauf qu'il y a ce formidable talent de conteur, capable de vous faire feuilleter ce qui pourrait ressembler à un hebdomadaire de la vie mondaine sans photos avec le même ravissement que celui de votre première découverte de l'Iliade. C'est mon troisième « Piperno », les sujets sont voisins (la famille juive, l'adolescence, les amitiés de jeunesse, le grand-père ou le père indigne, les aléas de la fortune) le talent est toujours présent et le plaisir intact. Les pages se tournent, c'est drôle, inventif et caustique. le ton général plein d'un détachement ironique, dont le narrateur est la première victime, rend la lecture aussi agréable que passionnante jusqu'à la chute finale qui, comment dire, est assez culottée !
Comment résister à l'envie d'inciter ceux qui liraient ce billet sans avoir jamais ouvert un « Piperno » à franchir le pas (ou le Rubicon) ? Impossible. Alors terminons avec une dernière citation :
« Voici l'histoire de la fête d'anniversaire de Gaia, entrée dans les annales – avec ma contribution déterminante – comme la plus désastreuse et la plus inoubliable. Voici l'histoire de ma fin. de ma révolution manquée. de mes démissions de fils à papa. Voici l'histoire du deuxième juif crucifié avec juste raison par une oligarchie de Romains. L'histoire de ma crucifixion, après laquelle je n'allais jamais pouvoir ressusciter. L'histoire de mon expulsion du jardin d'Eden, l'histoire que depuis le début je me proposais de raconter avant de m'égarer dans un labyrinthe de digressions inutiles. »
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Grandeur et décadence !
La société juive romaine dans toute sa splendeur.
Du grand-père, Casanova invétéré, flambeur, sans moralité, au petit-fils, Daniel, une famille d'où ressortent tous les excès du « mâle » italien et toutes les caractéristiques du comportement juif.
Les personnages, aux personnalités outrancières, sont presque caricaturaux.
La seconde partie est plus réservée à Daniel et ses amours malheureuses.
Voilà une famille passée au peigne fin.
Trois générations s'y succèdent, avec des sauts dans le temps, de telle façon que l'on s'y perd un peu.
Choquant parfois, excessif souvent, un peu brouillon, mais très intéressant.

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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
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Le Grand siècle de Bepy
Plusieurs heures après avoir encaissé le diagnostic de tumeur à la vessie, Bepy sentit qu’il n’avait aucune échappatoire lorsqu’il sélectionna parmi le nombre infini de questions glaçantes : Est-ce que je pourrai encore baiser ou est-ce que c’est foutu ? Quoiqu’un tel dilemme puisse apparaître comme une inversion pathologique des priorités, le spectre de sa virilité compromise se révéla pour lui, dans cette situation extrême, plus effrayant que l’horreur du néant : sans doute parce que, dans son imaginaire, impuissance et mort coïncidaient, même si la seconde était préférable à la première, ne serait-ce que par le réconfort de l’absence éternelle... Ou alors le saut dans l’obscurité qui avait conduit cet homme prospère à la faillite avait été trop foudroyant pour ne pas entamer l’intégralité de ses émotions. Mais pourquoi empêcher le funambule du sexe adultère – partisan de la déportation des homosexuels de la moitié du monde dans une île « pour eux tout seuls » de s’exprimer pleinement ? Pour la dernière fois, sa bite mûre et hypercompétitive était prête à briller de l’éclat d’une ancienne flamme : Giorgia Di Porto, modiste, et maîtresse semi- clandestine au temps des vaches grasses, allait déchirer l’obscurité des dernières années de Bepy Sonnino. Tout était tombé à l’eau entre eux le jour où Ada,épouse lunaire de Bepy, à la peau couleur dragée, avait trouvé la modiste de dix-sept ans – aussi espiègle et hau-taine que la Catherine Spaak du Fanfaron – en train d’uriner sur les moustaches de son conjoint, qui buvait l’ammoniaque dorée avec la gloutonnerie d’un bébé. Le reste est inévitable coup de théâtre : le cri d’horreur d’Ada, l’ordre de renvoyer la petite pute, et l’achat compensatoire d’un collier de corail de Buccellati qui avait consacré la fin de cette relation dissolue.
(incipit)
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Son histoire (Nanni) était captivante, mais elle avait le mérite de ne pas virer au fantastique et de revenir toujours dans les limites de l’inépuisable machine narrative qu’est le capitalisme du XXe siècle. Une de ces histoires capables de transformer un morveux mordu d’ordinateur en homme le plus riche de la planète, ou un jeune juif russe ayant fui le stalinisme en producteur de cinéma le plus important d’Hollywood. P 176
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Les nazis voulaient me tuer pour des raisons que je ne connais toujours pas. Je m’en suis tiré. Ne me demandez ni comment, ni pourquoi. Je ne suis pas un type qui a des réponses toutes prêtes. Je crierai mon bonheur. Je sanctifierai ma bonne foi. Je gratifierai matériellement ma progéniture. Ensuite, ce sera son tour. P 31
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Gaia, avec son regard couleur brise marine, était époustouflante. Ce n'est pas vrai qu'elle m'a attiré par sa banalité de privilégiée. Ni qu'avoir expérimenté pour la première fois le modèle masochiste qui me mettait dans une position de nette sujétion vis-à-vis d'une fille de mon âge m'avait influencé de façon dramatique. Je mentirais encore si je déclarais qu'elle était comme les autres, un produit de son milieu raffiné, avec pas mal de sécheresse et de flagornerie, un des mille clones de ces années-là, représentation marmoréenne de l'inconsistance de la grande bourgeoisie. Je ne veux pas dire par là que cette passion, destinée à dépasser avec les années le seuil de l'obsession, ne reposait pas sur une estimation subjective, sur mon goût très personnel pour les chairs diaphanes. Je voudrais toutefois ramener la portée de cette subjectivité à de justes proportions. Je ne me suis pas amouraché d'un porc-épic ni d'une formule mathématique et encore moins d'armoiries patriciennes. Mais bien d'une fille au sommet de sa splendeur fluorescente qui avait tout pour faire tomber amoureuse la moitié de la population adulte de Positano en cet ardent été 1984. Voilà ce que j'essaie de dire.
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Ce qui me surprend le plus, c'est son attitude d'aujourd'hui à mon égard. J'ai l'impression qu'elle fait semblant d'être ma petite amie. Qu'elle m'accorde l'inimaginable. C'est mon jour de chance dont le souvenir servira à me rendre fou dans la longue succession de jours minables.
Elle me sourit, minaude pour moi, me demande conseil, me secoue, me donne des petits noms drôles... et surtout, pour une fois, elle a la délicatesse et le bon goût de ne pas me poser de questions sur Dav...
Gaia est avant tout mon époque. La via Condotti à six heures et demie un soir de décembre 1986 ne peut se comparer à aucune autre rue. Pour en trouver de semblables il faut sans doute penser à la Perspective Nevski au temps de Gogol, ou à Washington Square quand y claquaient les talons placides de Henry James ou à la Madison Avenue dans laquelle ont vécu et souffert les personnages d'Edith Wharton. Un flamboiement de lumières écarlates, une lueur de tapis rouges et de rubis sur les vitrines amarante, un parfum grillé de marrons, une chanson douce et sucrée de Bing Crosby diffusée avec discrétion sur un morceau de ville en fête.
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