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EAN : 9782754811149
128 pages
Futuropolis (05/11/2015)
3.82/5   28 notes
Résumé :
Leo, chilien de naissance, a grandi en Afrique du Sud où sa famille s’est exilée en 1970, suite à l’accession au pouvoir de Salvador Allende, synonyme selon ses parents de communisme et de chaos. Alors que le vieux Pinochet est hospitalisé en Angleterre et qu’il est autorisé à regagner le Chili, Leo décide de faire lui aussi, avec sa compagne - journaliste française, le voyage vers ce pays natal qu’il ne connaît pas. Dans le sillage du vieux dictateur déchu, Léo se ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
En voilà un titre provocateur, tant la figure de Salvador Allende, socialiste élu démocratiquement à la présidence du Chili en 1970, est révérée à travers le monde, contrairement à celle de l'infâme général Pinochet, dont le coup d'Etat en 1973 entraîna la mort tragique d'Allende, et dont la junte militaire sema horreurs et terreur dans le pays jusqu'au début des années 90.
Oui mais voilà, ce qui nous semble bien clair aujourd'hui et depuis longtemps en Europe n'apparaissait pas aussi tranché au Chili il y a quelques décennies (ni d'ailleurs à l'heure actuelle, puisqu'il semble qu'il y ait encore du chemin à faire sur la voie de la réconciliation). En effet, en 1970, Allende était loin de faire l'unanimité, et ne gagna la présidentielle que de justesse, après trois tentatives avortées. Son programme socialiste de nationalisation des grandes entreprises, notamment, était perçu par la classe dirigeante comme une grave menace pour l'économie du pays. Certains, craignant pour leurs privilèges de nantis, s'exilèrent. A l'image des parents de Leo, jeune narrateur né en Afrique du Sud, qui ne fera connaissance avec son pays d'origine qu'une bonne vingtaine d'années plus tard. Entre-temps, Leo grandit dans le culte du général Pinochet, considéré comme le sauveur du Chili. Mais en 1998, les yeux de Leo, pas encore trente ans, commencent à s'ouvrir. Cette année-là, c'est l'épisode de l'arrestation, pour tortures et génocide, entre autres, de Pinochet à Londres, puis celui, lamentable et d'une lâcheté politique sans nom, de sa libération pour raisons de santé. Troublé par les manifestations anti-Pinochet, Leo découvre peu à peu une autre réalité et se rend au Chili pour tenter de comprendre la face de son pays qui lui était jusque là resté voilée.

La BD nous fait suivre en parallèle, et sans trop s'embarrasser de chronologie, ces trois histoires, celles d'Allende, de Pinochet et de Leo, les deux premières étant plus étroitement liées que ce que j'imaginais. On y découvre un Allende orgueilleux, sûr de lui voire arrogant, mais prêt à mourir pour son idéal, et un Pinochet, petit soldat sans envergure, qui, poussé dans le dos par sa femme, gravit les échelons de la hiérarchie, marionnette pilotée par les Etats-Unis de Nixon qui ne voulaient pas, après l'humiliation cubaine, d'un autre leader marxiste dans un pays où les entreprises de l'Oncle Sam ont de gros intérêts financiers, et qui, sous la pression des autres hauts-gradés du pays, se décide enfin à signer la lettre annonçant le coup d'Etat.
Le Chili a connu, lui aussi, son 11 septembre, en 1973, date de la prise d'assaut du Palais présidentiel de la Moneda par les militaires, date de la mort d'Allende dans ce même palais. Les heures terribles qui ont précédé et suivi ce jour funeste sont bien rendues par les dessins crayonnés, généralement très sombres et de plus en plus flous à mesure que le drame se joue. Par contraste, les épisodes de la vie de Leo sont plus clairs et colorés. On pourrait croire que c'est parce que cette nouvelle génération porte un peu d'espoir en elle, mais elle n'en reste pas moins très lucide : « Les deux camps restaient irréconciliables, trente ans après le coup d'Etat. Et je ne me voyais pas vivre dans un pays incapable de partager cette histoire commune ».
Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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Léo a toujours été un chilien expatrié.
Son enfance fut sud-africaine où son père travaillait dans l'exploitation minière. Eloignée du pays pour fuir le socialisme, la famille a toujours été convaincue par la légitimité du régime de Pinochet, garant de la stabilité du pays. Léo, adulte, va devoir faire le voyage pour comprendre l'exil et la transmission des souvenirs, voir se fêler cette vision idyllique d'un pays méconnu, et prendre la mesure des bouleversements politiques et sociaux entre démocratie et dictature.

La difficulté de l'accès au pouvoir pour Allende (quatre tentatives pour enfin être élu en 1970 contre les conservateurs), l'influence des États Unis dans la déstabilisation de la présidence socialiste par crainte d'un "nouveau Cuba", la manne des exploitations de matières premières que gouvernement et compagnies s'arrachent, le climat social explosif... Tout prépare au coup d'Etat de 1973 et il sera féroce: Allende y laissera sa vie.

Après une certaine persévérance pour me situer dans les allers et retours de différentes époques, j'ai fini par m'immerger dans l'histoire politique du Chili. Les planches concernant Salvador Allende et Augusto Pinochet, plus sombres et sépia, s'intercalent avec celles de la vie de Léo, plus lumineuses. le graphisme est un peu rude mais colle bien au sujet. La période est sombre et peut se lire comme de vieux documents d'archives. Tout s'entrelace et s'imbrique pour reconstituer un panoramique jusqu'aux derniers mois du vieux dictateur sous procédure judiciaire d'immunité à Londres en 2000.

Un roman graphique d'une grande force picturale, résumant avec talent et concision une page d'histoire qui continue à diviser, une excellente bande dessinée pour décrypter trente années de dictature aux blessures inguérissables.
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Maudit Allende raconte le schisme qui frappe encore le Chili, plus de 40 ans après la mort d'Allende, 25 ans après la fin de la dictature de Pinochet, 10 ans après sa mort (même si les auteurs ne situent pas leur action dans le présent).

C'est très bien mis en scène par l'évocation du retour de l'ancien dictateur après sa détention en Angleterre. Il revient sous les aclamations de ses partisans, et il est vite entouré par sa garde de bérets noirs.

Les auteurs nous font suivre Léo, un jeune homme dont les parents se sont exilés suite à la victoire d'Allende. Les auteurs racontent l'ascension du leader socialiste, en parallèle de celle d'Augosto Pinochet. Ils évoquent les troubles et les problèmes connus à la suite des réformes, la position de Nixon (dont on n'a pas fini de payer les conneries, finalement), et la décision finale de l'armée. On passe très vite sur les années Pinochet, pour atterrir aux années Guzman, ce juge espagnol qui va poursuivre Pinochet, soutenu par son amie de toujours, Margaret Thatcher, pour service rendu aux Malouines. Les dictateurs se reconnaissent entre eux, ils se cooptent, se sauvent la mise... C'est ce qui sauvera la peau de Pinochet: le soutien de l'Angleterre et une forme de fatalisme des Chiliens... qui -à part une tentiative d'assassinat en 1991, ne tenteront rien contre leur bourreau. C'est montré en demi-teinte par les auteurs quand Léo, qui a pris dans la gueule les confessions d'un chauffeur de taxi à Santiago qui a balancé des coprs dans la rivière sous la junte militaire, envoie un colis à ses parents pro-Pinochet et cherche l'apaisement, la conciliation, le silence...

Les auteurs s'attaquent à une page très sombre de l'Histoire mondiale vu les implications des USA et de l'Europe.

Mais le récit qui démarre très fort, jusqu'à l'élection d'Allende, sedélite ensuite et accouche d'un résultat trouble, flou, tremblotant, qui ne m'a pas franchement convaincu... quelles sont les vérités, quels sont les faits dans le récit? On n'en sait trop rien. On évolue dans des approximations. Beaucoup de superficialité dans le propos, on effleure un peu tout sans réellement creuser. Pourtant il y a matière à creuser: disparitions, suicide vs. meurtre, soutien anglais, récession et problèmes sociaux, etc.

Allende est maudit par les Chiliens. Maudit pour avoir failli. Pour s'être donné la mort. Pour avoir enfanté un monstre dont les Chiliens ont su s'accommoder. Parce qu'il est socialite. Parce qu'il a voulu mettre fin aux privilèges bourgeois. Pour être l'ami de Castro.... A gauche comme à droite, les Chiliens semblent lui en vouloir. Les seuls qui ne lui en veulent pas, comme Léo, sont ceux qui ont tourné la page et pour qui Allende ne représente plus rien. Allende est vraiment maudit...
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Magnifique et originale. le graphisme est assez inédit pour une BD et sublime le texte. Nous avons ici un portait croisé Pinochet-Allende, leur enfance, leurs ambitions, leurs différences. Nous suivons une famille proPinochet qui fuit le Chili quand Allende arrive au pouvoir, et le petit garçon de la famille va découvrir en grandissant loin de son pays natal qui étaient vraiment ces deux hommes.
Lien : http://latetedelart2.blogspo..
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On se doit de saluer la politique éditoriale de Futuropolis, qui met en avant la bande dessinée documentaire. Que la BD devienne un support de connaissances sur le monde actuel et son Histoire, est un joli pied de nez à tous ceux qui pensent que "la BD, franchement, c'est pour les gamins qui savent pas lire!".
"Maudit Allende" retrace le parcours d'un jeune expatrié chilien, pour mieux comprendre L Histoire récente et bouleversée de son pays. En quête d'identité, il confronte les opinions de sa famille, pro-Pinochet, aux faits marquants qui ont vu le socialiste Allende prendre le pouvoir démocratiquement, puis être renversé par un coup d'Etat militaire en 1973. Un très bel album, aux dessins tourmentés mais inspirants, qui témoigne de la difficulté pour un pays de se reconstruire sans avoir fait le deuil de cet épisode trouble.

Plus de critiques sur le blog : https://mediathequeroudour.wordpress.com/
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critiques presse (3)
Bibliobs
07 décembre 2015
Un récit sombre, servi par le splendide dessin de Jorge Gonzalès.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
ActuaBD
03 décembre 2015
Tout en portraits croisés et aller-retours entre présent et passé, un album qui raconte les faits et éclaire les protagonistes avec brio.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Sceneario
18 novembre 2015
On se laisse emporter dans ces atmosphères qui insistent sur les regards, (...) qui installent une ambiance sombre et tendues... C'est tout simplement magnifique et presque hypnotique ! Du très très bon boulot.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Une légère brume accompagne le lever du jour. Dans ce secteur côtier du nord du Chili, il est fréquent de voir une cape nuageuse recouvrir le désert au petit matin. La visibilité sur la panaméricaine est limitée. La voiture avale les kilomètres, près de 2000 entre Valparaiso et la région de Tarapacá. Elle transporte le sénateur Salvador Allende et plusieurs élus socialistes.
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"Les forces populaires doivent s'unir pour obtenir le pouvoir. Elles doivent l'arracher car la bourgeoisie n'y renoncera jamais.
C'est logique, les puissants veulent le conserver."
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Je viens du Chili, un petit pays, où chaque citoyen est libre de s’exprimer comme il le souhaite...
Nous sommes un pays potentiellement riche mais nous vivons dans la pauvreté.
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Je paierai de ma vie loyauté du peuple. Le peuple doit se défendre mais ne dois pas se sacrifier.
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Le temps de la trahison était enfin venu.
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Videos de Jorge Gonzàlez (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jorge Gonzàlez
Dans le 119e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente La dame blanche, album que l’on doit à Quentin Zuitton, édité chez Le Lombard. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec : – La sortie de l’album Kristina, la reine-garçon, adapté d’une pièce de théâtre de Michel Marc Bouchard, sur un scénario de Jean-Luc Cornette, un dessin de Flore balthazar et c’est édité chez Futuropolis – La sortie de la première partie de L’âge d’eau, d’optique que l’on doit à Benjamin Flao et aux éditions Futuropolis – La sortie d’un tome de la série Les compagnons de la libération consacré à Simone Michel-Lévy, que l’on doit au scénario de Catherine Valenti, au dessin de Claude Plumail et c’est édité chez Grand angle – La sortie du deuxième tome de la série Saint-Elme baptisé L’avenir de la famille que l’on doit au scénario de Serge Lehman, au dessin de Frédérik Peeters et c’est édité chez Delcourt – La sortie de l’album Cauchemars ex-machina que l’on doit au scénario de Thierry Smolderen, au dessin de Jorge González et c’est édité chez Dargaud – La réédition de l’album Dans la secte que l’on doit au scénario d’Henri Pierre, au dessin de Louis Alloing et c’est édité chez La boite à bulles
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