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Marie de Prémonville (Traducteur)
EAN : 9782843375422
413 pages
Anne Carrière (19/08/2009)
  Existe en édition audio
3.62/5   284 notes
Résumé :
ROBERT GOOLRICK
Une femme simple et honnête

Wisconsin, automne 1907.
Sur un quai de gare, Ralph Truitt, magnat local craint et respecté, attend un train en retard alors que s’annonce une tempête de neige. Ce train renferme son dernier espoir, une promesse de bonheur et d’harmonie retrouvée. Ralph Truitt a placé plusieurs mois auparavant une annonce dans un journal de Chicago, dans laquelle il a écrit qu’il était à la recherche d’une femm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (79) Voir plus Ajouter une critique
3,62

sur 284 notes
Première précision, Robert Goolrick est un de mes auteurs préférés. J'étais donc impatiente de m'attaquer à ce roman après avoir adoré « Arrive un vagabond », et surtout « La chute des princes ».
Cette fois-ci, l'histoire se déroule dans le Wisconsin à la fin du XIXème siècle où un riche veuf attend sur un quai de gare enneigé celle qui a répondu à sa petite annonce en se décrivant comme « une femme simplet et honnête »
Mais Catherine Land n'est ni simple ni honnête. Avec ce projet de mariage arrangé, elle poursuit une vengeance implacable : tuer cet homme.
Une fois encore, l'auteur distille son intrigue par petites touches parfaites et imperceptibles décrivant aussi bien les émois des corps, les douceurs d'une peau, mais aussi la lourdeur des paysages de neige.
Cette nouvelle lecture de Robert Goolrick se solde à nouveau par un immense coup de coeur.

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« Ces choses-là arrivent ».
Des hommes qui deviennent fous, qui tuent leur femme.
Qui jettent leur enfant dans le puits.
Qui se tranchent la main.
Des hommes qui deviennent fous, alcooliques, violents.
Dingues de cette vie de pauvreté, d'hiver interminable, dans ce Wisconsin du début du 20e siècle.

Une femme soi-disant simple et honnête, répondant à la petite annonce d'un veuf de longue date, seul, triste, crevant de désir charnel et du besoin d'être aimé. Riche, aussi, et c'est important pour cette femme. La rencontre se déroule, l'alchimie prend.
Ces choses-là arrivent.
Mais la femme ne peut se défaire de son passé, lourd. Et à travers une rencontre, celle du fils supposé de l'homme, renoue avec ses turpitudes.
Ces choses-là arrivent.

Le drame est là, latent. La bienveillance, aussi.
Et l'ennui, pour moi.
L'inextricable embrouillamini des sentiments. L'improbable revirement. L'incroyable persistance de la haine. Tout cela me parait si compliqué, si peu vraisemblable, si emmêlé, parfois, avec l'apparition soudaine de personnages secondaires, suivi de leur disparition tout aussi soudaine.
Ces choses-là arrivent.

Je n'ai pas aimé. Ou si peu...Le style de Goolrick sauve l'ensemble, et particulièrement ses dernières pages, sensibles, justes, poétiques. Terminons donc par une note positive, si l'on peut dire :
« C'était une histoire banale, où le froid pénétrait dans les os des êtres pour ne plus jamais les quitter, où les souvenirs s'enfonçaient dans leur coeur pour ne plus jamais le laisser en paix. C'était l'histoire de la douleur et de l'amertume qu'on endurait dans l'enfance, quand on était sans défense mais capable de reconnaitre le visage du mal, de secrets maudits qu'on ne pouvait raconter à personne, de la vie qu'on s'inventait contre sa douleur et la douleur des autres, impuissant à changer quoi que ce fût, l'histoire de la fin déjà écrite ».
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Noir et blanc. Noir comme le passé des personnages, noir comme leurs pensées et leurs projets, noir comme leur avenir. Blanc comme la neige qui tombe pendant des jours et des semaines sur l'hiver du Wisconsin (on pense à Fargo des frères Coen, le film ou la série, à voir et à revoir), sur des paysages plats et nus, silencieux et désolés. Blanc comme la neige qui ensevelit tout, y compris la saleté et la pourriture des personnages qui se laissent prendre à penser qu'ils pourraient repartir de zéro.
« La neige était éternelle, infinie. Elle recouvrait la cour, le toit de la grange, redescendait vers la petite mare ronde au pied du champ le plus éloigné. Pas une empreinte, pas une marque dans toute l'étendue de ce paysage, rien d'autre que le manteau impénétrable et glacé d'argent de la neige. La perfection… Tu vois, se disait Catherine, tôt ou tard tout repart de zéro. »
Un hiver infernal qui rend les gens fous, qui les conduit aux pires extrémités, aux « faits d'hiver » atroces qu'on lit, atterré, dans le journal, fruits effroyables de la misère (économique et affective) qui sévissait dans ces contrées il y a un siècle. L'auteur précise, à la fin du roman, dans un dernier chapitre qu'il intitule « reconnaissance de dette », que ces faits divers sont pour la plupart véridiques et issus d'un livre « qui causa pareil embrasement de mon coeur et de mon cerveau… (et) ouvre la boîte de Pandore de cette vie dans les campagnes et nous en expose l'âme sombre et les ravages. »
« Rien ne dit que l'enfer flambe, pensa Ralph Truitt, planté dans son costume sobre sur le quai de cette gare minuscule, à la gerçure de nulle part. L'enfer peut bien ressembler à cela. Plus sombre de minute en minute. Si froid que la peau se rétracte sur les os. »
Un hiver qui n'a rien à voir avec les nôtres, ceux des climats tempérés. Souvenons-nous, puisque Thanksgiving pour cause de commerce nous est à présent imposé, que cette fête commémore la première récolte d'automne en 1621 de la première colonie débarquée l'année précédente. Ils étaient cent-dix à descendre du Mayflower à Plymouth (aujourd'hui Boston) et le premier hiver en tua la moitié. le froid est un personnage à part entière de ce roman, il symbolise parfaitement la situation des personnages, lui congelé dans son chagrin, elle glacée dans son égoïsme, et l'autre figé dans son ressentiment et sa haine.
Robert Goolrick fait partie de ces écrivains capables de vous faire ressentir réellement les émotions ou les sensations qu'ils décrivent. le premier chapitre (le héros attend sur un quai de gare, le blizzard se lève, la neige va venir, le silence est total, le paysage et les hommes sont figés, déjà gelés) est formidable de suggestion. Lisez ce premier chapitre (en accès libre) si vous hésitez encore.
« Ce qu'il avait voulu, c'était une femme simple et honnête. Une vie tranquille. Une vie dans laquelle tout pourrait être préservé et où personne ne deviendrait fou. »
Bien sûr,… « Elle n'était ni douce ni romantique, ni simple ni honnête. Elle était à la fois désespérée et pleine d'espoir. »
L'intrigue est poisseuse à souhait et, même si ce n'est pas l'objet principal du roman, le suspens dure, aussi longtemps que l'hiver. L'héroïne rêve de fleurs et de fruits, de senteurs et de couleurs (très belles pages de botanique), mais ce n'est qu'un rêve. Rien ne pousse, rien ne survit à l'hiver, enfin presque rien, parce que… voyez vous-mêmes.
« Chaque jour, l'hiver reculait. L'éteule réapparut dans les champs, les après-midi s'allongèrent. le fleuve noir n'avait pas quitté sa carapace de glace mais les portes de la prison paraissaient s'ouvrir et les gens, attendre le premier jour de douceur, celui ou les filles pourraient enfin apparaître dans leurs robes d'été. Il y avait un avenir. »
Croyez-le ou pas, mais, en refermant ce livre extraordinaire, j'ai ressenti physiquement un dernier frisson. Bien naturel à l'issue de cette lecture glaçante à tous points de vue. Brrrr !
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On rigole toujours quand on lit en quatrième de couverture une référence à Jane Eyre et les Hauts de Hurlevent pour qualifier le roman. Et pourtant il y a de ça, de la folie d'un Heathcliff à la douleur rentrée d'un Rochester, avec au centre une femme prise entre deux feux.
C'est une histoire complexe et très intense à laquelle l'auteur nous convie-là, sous le paysage âpre et rugueux d'un Wisconsin sous le froid glaçant de l'hiver : riche potentat local, esseulé depuis vingt ans, hanté depuis l'enfance par des démons sensuels, Ralph Truitt se décide à ‘refaire sa vie' et accepte la candidature de Catherine Land, sur la foi de la lettre qu'elle lui a envoyé en réponse à sa petite annonce et dans laquelle elle lui assure n'être rien d'autre qu'une femme simple et honnête. Mais dans cette histoire toutes les apparences sont trompeuses, rien n'est aussi simple qu'il y parait et chez chacun les fantômes du passé et les frustrations enfouies sont prêts à resurgir pour faire basculer les vérités de la lumière à l'ombre et de l'ombre à la lumière.
Je n'ai quasiment pas lâché ce récit hanté, étrangement haletant malgré le temps long qui s'y déploie, servi par une écriture incisive et ciselée, un peu pesante parfois – la plume de Goolrick se fera plus aérienne dans ses futures oeuvres.
De Robert Goolrick , un auteur que j'apprécie de plus en plus à mesure que je le lis, il ne me restait plus que ce premier roman à découvrir ; c'est heureux je crois de l'aborder après tous les autres, on apprécie plus pleinement la finesse de l'écrivain et on pardonne volontiers aux petits défauts de construction ou de vraisemblance de ce premier voyage dans la fiction : d'un des plus grands auteurs américains contemporains, j'aime tout !
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Wisconsin, 1907. Sur un quai de gare enneigé, Ralph Truitt, un riche veuf qui depuis vingt ans vit dans la solitude et l'austérité, attend celle qui a répondu à son annonce matrimoniale en se décrivant comme « une femme simple et honnête ». Mais Catherine Land n'est ni simple, ni honnête. C'est une calculatrice, qui avec ce projet de mariage, poursuit un dessein implacable. Bien sûr Truitt ignore qu'elle connaît un pan de son passé.

En couverture, une jolie photo sépia, ancêtre du noir et blanc. Noir comme le passé des personnages, leurs secrets inavoués, leurs fêlures et leurs vices. Blanc comme la neige qui tombe sur les paysages nus, silencieux et désolés, ensevelissant tout. L'hiver rigoureux est interminable, le temps s'étire, mais on ne s'ennuie pas, tandis que les Truitt font semblant d'apprendre à se connaître.

On a comparé ce roman, à juste titre selon moi, à Jane Eyre, de Charlotte Brontë. Comme référence, on fait pire ! Amour, passion, haine et vengeance. Tous les ingrédients sont là, l'écriture irréprochable. L'auteur décrit l'émoi des corps et des sens, la douceur d'une peau, l'extase sexuelle, les pulsions inavouées et inavouables.
C'est sombre, envoûtant, captivant, onirique et sensuel.
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critiques presse (1)
Lexpress
01 juillet 2011
Ancien publicitaire américain, Robert Goolrick raconte très bien le rapprochement de ces deux êtres entraînés dans une passion qui les dépasse, magnifiée par une plume sensible et sensuelle.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (69) Voir plus Ajouter une citation
Son cœur véritable, cependant, était enfoui si profondément en elle qu'il avait disparu sous la vaste couche de ses mensonges, de ses tromperies et de ses caprices. Tout comme ses bijoux, désormais ensevelis sous la neige, il gisait, caché, à attendre qu'un dégel vint un jour le libérer. Elle n'avait aucun moyen de savoir, bien sûr, si ce cœur qu'elle s'imaginait posséder avait en fait la moindre réalité. Peut-être était-il comme le bras coupé du soldat, qu'il sent battre là pendant des années, ou comme l'os brisé qui fait souffrir à l'approche de l'orage. Peut-être n'avait-elle jamais eu ce cœur qu'elle imaginait. Mais comment faisaient-elles, ces femmes qu'elle croisait dans la rue, riant avec leurs enfants ravissants ou colériques dans les restaurants, dans les gares, partout autour d'elle ? Et pourquoi se trouvait-elle à l'écart de tout de panorama romantique qu'elle sentait tourbillonner autour d'elle, chaque jour de sa vie ?
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Elle était lasse de raconter cette histoire. Lasse de le réconforter. Il n'était qu'un garçon, un petit garçon bloqué dans l'enfance, un paradis perdu qu'il ne pourrait jamais retrouver. Elle le savait. Elle était persuadée que la mort du père, les noeuds en diamant et tout ce dédain insensible et luxurieux ne lui rendraient jamais ce qu'il avait perdu, car ce qu'il avait perdu, c'était le temps et ce qui lui restait, c'était la fureur.
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Le froid était glacial,l'air électrique,chargé de tout ce qui allait advenir.Le monde se tint en arrêt, à quatre heures pile.Rien ne bougeait,nulle part ,pas un corps pas un oiseau;une seconde durant,il n'y eu plus que le silence et l'immobilité. Des silhouettes gelées sur la terre gelée, hommes ,femmes et enfants.
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Elle réfléchissait à son jardin. Elle pensait à sa vie comme une courtepointe bigarrée, faite de chutes de tissus disparates cousues tant bien que al entre elles; l'expérience, le savoir, la clairvoyance. Rien de tout cela n'avait de sens pour elle.
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Elle se rappela qu'elle jouait un rôle, et fut convaincante. Elle avait pris l'habitude d'être la femme que recherchaient les hommes, et elle savait que Ralph voulait repartir de zéro, recommencer avec une femme ingénue et timide, qui ne s'abandonnait que par petites touches discrètes, et elle la jouait bien, tellement bien qu'elle en croyait son propre mensonge.
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Vidéo de Robert Goolrick
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