AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Galia Ackerman (Traducteur)Michel Secinsky (Traducteur)Pierre Lorrain (Traducteur)
EAN : 9782268025773
937 pages
Les Editions du Rocher (24/09/1997)
4/5   6 notes
Résumé :
Ce livre est une somme. Presque mille pages de mémoires de l'homme de la Perestroïka. Autant dire que le document est à considérer comme une source historique de première main. Suivant un fil chronologique, sans complaisance ni pose (il n'a plus rien à gagner, ni à prouver politiquement), Mikhaïl Gorbatchev raconte chaque étape de son parcours politique et personnel. "Gorbi", comme on l'a surnommé, conte sa vie. De ses origines jusqu'au secrétariat général du Kremli... >Voir plus
Que lire après MémoiresVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'étais déjà convaincue que cet homme était un humaniste, qu'il était visionnaire et arrivé trop tôt pour offrir de nouveaux modes de pensées, d'économie et de politique au peuple russe, qui, c'est assez affligeant, ne décolle pas (ou si peu) de l'abrutissement et l'asservissement dans lesquels il est maintenu depuis des siècles. Un pays où les mentalités et les comportements étaient encore inhibés par l'obscurantisme et l'autocratie des prédécesseurs, laissant ainsi un boulevard aux successeurs, dont Poutine et sa cohorte (à l'image de Staline), tisseront une toile en exaction, corruption, mensonge, violence et domination, dont aujourd'hui nous constatons l'ampleur. Quel désastre.
La fin de l'époque Gorbatchev fut déchirante. Après le putsch du 19 août 1991, banni, humilié et trahi par Eltsine qui le dépossède de tout pouvoir réel, il démissionne le 25 décembre 1991 après les accords d'Alma-Alta. Les accords de Minsk le 8 décembre 1991 ayant entamé les débuts de la dislocation de L'Union Soviétique par la création de la CEI (Communauté des Etats Indépendants), seront finalisés le 21 décembre 1991 à Alma-Alta avec 11 pays (sauf les états Baltes), qui signent la cessation d'existence de l'Union soviétique au profit de la CEI.
Sa mort discrète et ses obsèques le 03 septembre 2022, le sont tout autant. Aucun chef d'Etat occidental ne s'est déplacé, seul Victor Orban (Hongrie) était présent. Aucun discours officiel qui résumait sa participation active à la fin de la guerre froide dont la réduction des armes nucléaires, de l'ouverture du pays à l'économie de marché, de son prix Nobel de la paix, de ses activités ultérieures pour la protection de l'environnement, etc. ne fut prononcé. Poutine absent, avait prétexté un agenda trop chargé !
Véritable concentré d'analyse géopolitique écrit en 1995, c'est un livre passionnant et sans concession (sur lui et le contexte), qui dresse le portrait d'un homme cultivé, intelligent, travailleur infatigable, réformateur éclairé et d'une forte résilience !
Il consacre la première partie à la description de son enfance, la campagne où il vivait avec des parents et grands parents paysans assez pauvres ; ses origines et racines familiales : les ancêtres paternels sont russes, ceux maternels, originaires d'Ukraine ; il dénonce les grandes purges des années 1930 où son grand-père paternel fut arrêté par dénonciation, accusé d'être un contre révolutionnaire Trotskiste, et torturé ; le grand-père maternel connut le même motif d'inculpation en 1937. Tous deux furent libérés. Puis la guerre où son père a combattu ; ses années d'études à l'université de Moscou ; la rencontre avec Raïssa ; la mort de Staline suivie d'une tentative de « dégel » par Khrouchtchev ; ses débuts de carrière au parti ; le comité central ; la mort de Tchernenko et son accession au poste de secrétaire général du PCUS le 11 mars 1985, à 54 ans. Protégé de Brejnev, il succède à une ribambelle de vieillards presque séniles : p22 « le système lui-même était moribond, il avait perdu sa sève vitale et charriait désormais un sang vicié de vieillard ».
Le 26 avril 1986, la catastrophe de Tchernobyl a été le révélateur d'une gestion désastreuse des institutions en URSS : p254 il écrit « Ce drame a mis en lumière un certain nombre de maux dont souffrait notre système : dissimulation des accidents et des processus négatifs, irresponsabilité et incurie, négligence dans le travail, ivrognerie généralisée. Il constitua un nouvel argument de poids en faveur de réformes profondes ».
Il déplore la corruption ambiante ainsi que l'immobilisme du système où la planification ralentit, voire interdit toute réforme de la société. Il entreprend alors la modernisation de l'économie et des institutions soviétiques malgré l'inertie ou les blocages du politburo. Les mots et leur contenu « perestroika » (réforme ou restructuration) et « glasnost » (transparence) qui rencontrèrent une forte opposition des pays du groupe soviétique, séduisirent cependant l'opinion publique occidentale qui enfin, espérait l'ouverture du bloc soviétique à la « modernité ».
Ses principales réalisations internes seront, entre-autres : autonomie comptable des entreprises en 1988 ; réduction du budget de la défense ; établissement d'un régime parlementaire (création d'un parlement) et séparation des pouvoirs ; ouverture à l'économie de marché ; fin de la guerre en Afghanistan en février 1989 ; établissement de la loi sur la liberté de conscience et de religion (rencontre avec le pape Jean-Paul II en 1989). En 1986, il a fait libérer A. Sakharov (alors exilé à Gorki), et l'a associé à ses actions politiques, p385.
Son plus grand projet réalisé fut de mettre un terme à la guerre froide avec l'Occident ; le traité START (réduction des armes nucléaires), fut signé le 03 juillet 1991 avec G. Bush père. En occident, il bénéficiera du soutient politique de M.Tatcher, H. Khol et F. Gonzales.
Dès 1988 les soubresauts d'indépendance des pays baltes ont commencé à lézarder tout l'ensemble du bloc. La chute du mur le 9 novembre 1989 sonnera l'hallali. le putsch (raté) du 19 août 1991, fomenté par un bon nombre de personnes qu'il avait promues à de hauts postes à responsabilité, dont Iazov, va permettre à B. Eltsine de prendre le pouvoir en Russie et acter la chute de l'URSS.
Dans ce très beau et poignant reportage documentaire de Vitaly Mansky, « En aparté », diffusé sur Arte et à la question finale de ses actions durant son mandat de Sécrétaire Général, il avait répondu à la caméra : "Les générations futures jugeront, il est trop tôt". Paix à lui. Là où il est, j'espère qu'il a retrouvé Raïssa.
Commenter  J’apprécie          30
A 47 ans, âge de sa nomination par Brejnev au comité central, Gorbatchev a gravi tous les échelons locaux du parti dans le territoire de Stavropol, une région proche du Caucase. Il l'a dirigée « avec pratiquement les pouvoirs d'un gouverneur de la Russie tsariste ». C'est un spécialiste de l'agriculture. Par sa famille et ses contacts avec les paysans il connait le terrain. Les mémoires décrivent son ascension sociale. On le voit bon stratège pour devancer ses concurrents mais aussi homme d'action, confronté à la bureaucratie et à la gestion ubuesque de l'économie par le Centre.
Arrivé à Moscou en novembre 78 il connut successivement les ères Brejnev (décédé en novembre 82), Andropov (décédé en février 84), Tchernenko (décédé en mars 85) auquel il succéda. Andropov (ex chef du KGB) et Oustinov (maréchal, ministre de la défense) l'aidèrent à renforcer sa position dans les hautes sphères du pouvoir, peuplées de vieillards et parcourues d'intrigues.
Devenu secrétaire général (11 mars 1985) il s'employa d'abord à renouveler les hommes en introduisant une dose de démocratie dans le choix des cadres et jusqu'en 88 favorisa l'introduction de mesures économiques, certes spectaculaires, mais qui n'étaient non plus fondamentales comme l'assouplissement de l'encadrement de l'industrie légère, l'accès direct au marché mondial pour un certain nombre d'acteur, l'élargissement du lopin des paysans, Parallèlement la levée du secret et la liberté d'expression ( Glasnost) se répandirent dans la société et furent , à mon avis, le principal moteur du changement. Gorbatchev confirme a cet égard (p 603) que le massacre des Polonais à Katyn en 1940 résulta d'un ordre du politburo signé notamment par Staline .Le KGB lui a montré le document.
Avec le 19ème congrès du parti en juin 88 la réforme s'appondît et porta désormais également sur la démocratisation des institutions .Il s'agissait de retirer le monopole du pouvoir au PC pour le transmettre aux soviets (territoires) en procédant à des élections de députés du peuple. Elles eurent lieu en avril 89 et permirent à Sakharov d'entrer en scène au Parlement .Le programme que portait Gorbatchev et ses amis du Comité central était très ambitieux : rénovation du concept de propriété socialiste, mise en place d'une économie de marché, fin de « la guerre froide ».
Ils eurent à faire face à l'opposition des conservateurs (apparatchiks du parti et de l'appareil d'état) et à celle des partisans d'une transformation non pas progressive mais accélérée de l'économie, représentée par Boris Eltsine, dans un contexte de crise économique et de montée des revendications d'indépendance des Républiques. Tous ces évènements sont racontés par le menu dans le livre et parfois heure par heure. La fin du règne de Gorbatchev fut tragique et grandiose. C'est la disparition de l'URSS que le traité d'Alma-Alta remplaça par une simple communauté d'états indépendants le 21 décembre 91. Gorbatchev démissionna le 25
En lisant ces mémoires, on ne peut s'empêcher de s'interroger : quelle fut l'influence de Gorbatchev sur les évènements ? Je pense qu'il a été déterminant dans le lancement de la transformation de la société. L'explosion de l'URSS et la faillite du régime communiste étaient peut être inéluctables mais sans Gorbatchev auraient pu se produire beaucoup plus tard sous un régime autoritaire
C'est un livre à tous points de vue passionnant qui dresse le portrait d'un humaniste.
Commenter  J’apprécie          40
Même si certains détails peuvent apparaître secondaires -à tort ou à raison- au lecteur occidental, il reste que ce témoignage d'un des grands acteurs politiques du XXème siècle donne un éclairage passionnant sur les relations internationales, à la fois dans leurs aspects les plus concrets, voire triviaux, et dans leur grandeur, montrant que tous les hommes politiques ne se valent pas, quoi qu'on en dise trop souvent. Soit dit en passant, l'un des traits les plus remarquables de ce livre est que, si son auteur succombe parfois à la tentation de se donner le beau rôle -c'est humain-, il lui arrive aussi de reconnaître platement des erreurs qu'il estime avoir commises, ce qui comme chacun sait est plus rare, et pas seulement chez les hommes politiques !
Commenter  J’apprécie          60
Ce qui peut étonner l'occidental de base dont je suis, c'est la foi na£ive de Gorbatchev, apparatchik modèle, que le modéle soviétique pouvait se réformer...sans s'écrouler
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Nous considérons que l'heure est venue d'entreprendre des efforts coordonnés pour parvenir à un nouveau type d'interaction économique qui rendrait possible l'intégration de l'économie soviétique - avec son vaste potentiel de production, ses ressources humaines, scientifiques et techniques, ses richesses naturelles et son marché intérieur colossal - dans l'économie mondiale. Cela ne pourrait que renforcer les processus politiques positifs dans les relations internationales.
Commenter  J’apprécie          60
En effet, je suis actuellement préoccupé par l'un des paradoxes du XXè siècle : le contraste criant entre les réalisations techniques étonnantes du génie de l'homme et sa situation parfois lamentable dans le domaine spirituel et sur le plan moral. Nous ressemblons à des enfants déraisonnables, nos possibilités physiques dépassant de loin l'évolution de notre morale et de notre conscience.
Comment expliquer autrement les manifestations de barbarie et de cruautés monstrueuses auxquelles on continue à se heurter aujourd'hui dans les pays évolués ? La civilisation humaine n'apporte pas seulement des bienfaits, mais cause aussi d'énormes dommages à l'individu. Les liens sociaux, les assises de la famille, les principes moraux sont menacés. Bien des individus se comportent d'une manière tellement irresponsable qu'ils semblent s'inspirer du vieil et vil adage : après moi le déluge !
Commenter  J’apprécie          00
je connaissais trop bien l'esprit routinier de nos structures politiques pour me bercer d'illusions sur leur tolérance à l'égard des réformes économiques. Chez nous, toutes les tentatives sérieuses ou non de changer l'économie ont été étouffées et écrasées par les forces politiques rétrogrades. Ce fut le cas sous Khrouchtchev et Brejnev, et cela continue même de nos jours.
Commenter  J’apprécie          10

Video de Mikhaïl Gorbatchev (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mikhaïl Gorbatchev
Entretien exclusif avec le dernier président de l'URSS à Montpellier lors de sa venue pour le New Policy Forum 2011.
autres livres classés : gorbatchevVoir plus


Lecteurs (26) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3175 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..