AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Osmanthe


Après avoir regardé le documentaire Arte durant cet été où Gorbatchev, désormais 90 ans et diminué se racontait m'a donné envie de ressortir de ma bibliothèque ce petit ouvrage, lu il y a quelques années, et surtout écrit il y a vingt ans déjà.

A l'époque, l'ancien maître du Kremlin avait choisi de lancer un cri d'alarme sur l'état environnemental de la planète. Investi depuis le sommet mondial de l'écologie de Rio en 1992, il avait fondé l'organisation internationale Green Cross, dont il a été président jusqu'en 2017.

Plusieurs réflexions, consternantes, effarantes, me viennent à l'esprit. Les constats formulés à l'époque par Gorbatchev étaient déjà catastrophiques et d'une précision redoutable par rapport à ce qu'il advient aujourd'hui. Inutile de revenir finalement sur le contenu précis de ces constats, tout le monde les connaît. Surtout, si on se souvient bien, ce livre ne faisait finalement qu'ajouter une pierre supplémentaire au discours construit et pertinent des Nicolas Hulot et autre José Bové, pour ne parler que des porte-parole les plus médiatiques à l'époque. Des lanceurs d'alerte qu'on aime bien, on n'en aura pas manqués. On ajoutera Yann Arthus-Bertrand, et Allain Bougrain-Dubourg, indéracinable président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Combien de livres, d'images, de paroles, de débats...aujourd'hui, j'ai entendu un extrait d'un débat de 1979, oui, 1979, entre Haroun Tazieff et le Commandant Cousteau, le premier annonçant le réchauffement climatique en raison des rejets industriels massifs de gaz carbonique dans l'atmosphère, le second lui répondant blablabla : et oui, Cousteau était climatosceptique, et surtout croyait en la capacité des forêts et océans à capter le surplus de carbone. Tazieff lui opposait qu'encore faudrait-il qu'on protège les forêts...Donc, effarant de voir que rien n'avance, non, décidément rien. Quand on ajoute la déception engendrée par les politiciens se revendiquant écologistes, le déni des autres (Trump, Bolsonaro, vertigineux quand on pense Brésil de Bolsonaro trente ans après le sommet de Rio) et les errements de certaines de ces organisations (la branche suisse de Green Cross a été secouée par un énorme scandale financier en 2017), on comprend que la lutte, en admettant qu'elle ait réellement commencé, est perdue d'avance face aux défis environnementaux.

Gorbatchev se montre érudit, sa démonstration est magistrale. Son propos qui semble au premier abord très généraliste est charpenté de nombreux exemples, et très documenté. Réaliste, l'auteur se revendique néanmoins optimiste, et surtout il propose en annexe une charte de la Terre. Cette charte porte une vision humaniste et universaliste. Au-delà du respect de toute forme de vie et de l'intégrité écologique, elle pose une exigence de justice sociale et économique, de démocratie, non-violence et paix, et tente de tracer une voie pour l'avenir. On émettra une petite critique, classique : le diagnostic est d'une lucidité confondante, les axes de solutions sont là, et comme trop souvent la manière concrète de les mettre en oeuvre est trop discrète.

C'est malgré tout un excellent ouvrage, qui démontre la stature du bonhomme, bien injustement vilipendé comme fossoyeur de la grandeur de son pays, et finalement trop vite oublié en occident.
Commenter  J’apprécie          235



Ont apprécié cette critique (21)voir plus




{* *}