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Critique de keisha


keisha
12 décembre 2015
À propos de Ceux de July (Albin Michel), paru en 1983, Nadine Gordimer déclarait à La Croix : « le racisme pourrait être le péché originel, l'inévitable tache qui marque tout être humain, de quelque race qu'il soit. Il faut savoir qu'il est là, en chacun de nous, comme le virus de la peste.

Parlons de l'histoire:
La famille Smales, le père, architecte, la mère, Maureen, et leurs trois jeunes enfants ont fui leur belle villa, quittant Johannesbourg en proie au émeutes, incendies, violence. La population noire a pris possession d'une partie du pays, des avions ont été abattus, bref, c'est le chaos. Où aller? Leur domestique depuis quinze ans, July, propose des les emmener dans son village de brousse, à des centaines de kilomètres, où la case de sa propre mère leur sera prêtée. le roman va juste raconter quelques semaines de leur séjour. La fin est assez ouverte.

Paru en Afrique du sud en 1981, bien avant la fin de l'Apartheid que l'on connaît, ce roman imagine donc une rébellion armée de la population noire, la mort, la résistance ou la fuite de la population blanche, mais les événements resteront en arrière plan. Nadine Gordimer scrute l'évolution des rapports entre ses personnages. le couple Smales, avec le mari désormais sans pouvoir et dépendant du bon vouloir de son ex-domestique, lequel décide d'apprendre à conduire et récupère les clés de leur véhicule. Difficile pour le couple de passer d'une immense villa à une simple case, sans intimité réelle (et ni eau ni électricité bien sûr). Cahin caha ils s'adaptent, Maureen essaie de travailler avec les femmes. C'est finalement leur plus jeune fille qui s'intègre le mieux au village.

Mais les moments les plus forts, à mon avis, sont ceux des échanges entre Maureen et July, où l'on retient sa respiration tellement la tension est palpable. Les Smales n'étaient pas de mauvais employeurs selon leurs critères, ils essayaient de respecter July et lui offrir de bonnes conditions de travail, mais pourtant jamais il ne fut leur égal. Maureen commence à réaliser qu'elle ne comprenait pas July.

"De là, elle voyait la brousse. Elle se mit à lire. Mais le dépaysement qu'offre un roman, l'impression illusoire et pourtant profonde de se trouver transportée dans un autre temps, un autre lieu, une autre vie, qui fait tout le plaisir de la lecture, elle ne l'éprouvait plus. Dans un autre temps, un autre lieu, une autre vie? Elle y était déjà. Et cet exil l'oppressait. Ce changement dans son existence, ce dépaysement involontaire occupaient toute sa pensée comme l'air qu'on souffle dans un ballon le remplit et lui donne sa forme. Déjà, elle n'était pas ce qu'elle était. Aucune fiction ne pouvait rivaliser avec ce qu'elle découvrait à présent et qu'elle n'aurait jamais pu imaginer.
Ces gens ne possédaient rien.
Dans leurs maisons, il n'y avait rien. du moins à première vue."

Un très beau roman, qu'on ne peut oublier.
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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