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EAN : 9791020910899
352 pages
Les liens qui libèrent (19/01/2022)
3.88/5   13 notes
Résumé :
Dans nos sociétés de contrôle, l'information est devenue le moyen de surveiller, de normaliser et de donner des ordres aux populations, au point que les individus se trouvent réduits à n'être que les supports de ces informations. Pour sortir de ces fabriques de servitude qui mettent en esclavage les individus et les populations au nom de l'efficacité technique, du bonheur apporté par les algorithmes et de la mondialisation marchande, il nous faut de nouvelles utopie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
J'ai aimé le contenu de cet essai sur « nos servitudes » du langage et de nos comportements dans la société ; j'ai découvert des nouveaux concepts, des nouveaux auteurs contemporains qui regardent la réalité de nos us et coutumes de manière différente de nous. Il permet de rester humble, petits humains coincés dans le bout de l'Europe occidentale, placée sous l'hégémonie de plus en plus prégnante de l'Amérique du Nord. Nous sommes écrasés par le poids des mots qui envahissent notre quotidien et Roland Gori montre bien une situation qui semble désespérée pour celui qui ne veut pas être englouti par ces déluges d'informations quotidiennes qui hantent nos nuits quelquefois.
Si la première partie traite de la situation actuelle de nos cerveaux en ligne et de la difficulté pour une démocratie de trouver et de faire une place aux débats sereins et constructif, il voit notre position ( non parisienne car celle-ci se croit toujours le centre du monde) actuelle comme celle d'un esclave des temps modernes, quand il évoque l'habitus, une forme de pratiques qui nous habitent depuis notre enfance par l'éducation et ce que j'appelle le bain culturel de couleur ( selon le pays dans lequel tu as passé ta vie, la couleur du bain n'est pas la même et tes idées, tes opinions, tes façons de croire de vivre de parler de bouger de te déplacer ne sera pas la même. L'habitus est particulier à la culture de chaque époque également. le changement de génération entraine de nouveaux habitus, avec son lot de nouveaux comportements et nouvelles expressions par exemple.
La deuxième partie m'a semblé encore plus intéressante.
Si la situation semble désespérée, l'auteur entrevoit une issue dans ce monde globalisé pour un nouvel avenir à l'homme sage et bien dans son temps, bien avec son corps, avec sa tête, avec les siens et tous ses voisins immédiats ou non.
L'espoir il le voit dans la poésie, dans les arts, auprès et avec les artistes qui possèdent il est vrai une sensibilité plus forte que le commun des mortels. L'emploi du langage et des mots s'appauvrissent au fur et à mesure de leur trop grande utilisation dans l'espace médiatique où ils finissent par être dissous et s'éloigner de leur signification d'origine.
L'espoir il le voit également dans les utopies, à l'image des précurseurs de la pensée révolutionnaire française au cours du XIXe siècle. Et au XXIe siècle avec le livre de le Tellier « L'anomalie » qui raconte une histoire dans laquelle l'espace temps est déconstruit.
Enfin il invite à lire des poèmes, à découvrir tous nos poètes du XXe et ceux d'aujourd'hui, surtout issus de la francophonie.
Sa découverte avec la lecture des ouvrages de 3 auteurs de couleur, de la forte résistance des esclaves à l'oppression des planteurs est une source pour nous les humains non ensevelis sous les couches successives laissées lors de son passage sur les ondes, dans les revues, sur les écrans du bulldozer anglo-saxon de conserver l'espoir. C'est le marronage pratiqué alors et qui doit sauver nos tètes de l'échafaud médiatique.
Il y a un auteur américain qui avait évoqué ce qui nous arrive aujourd'hui ; c'est Steinbeck
« Lorsque notre nourriture, nos vêtements, nos toits ne seront plus que le fruit exclusif de la production standardisée, ce sera le tour de notre pensée. Toute idée non conforme au gabarit devra être éliminée. »

L'essai de Roland Gori est un ouvrage savant, extrêmement bien écrit (puisque je suis arrivé à le lire entièrement) et qui va chercher des références à des auteurs de différentes disciplines avec une facilité qui me déconcerte mais me réjouisse.


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Cet essai érudit quasi clinique sur le langage sa place dans nos systèmes et nos sociétés nous permet d'admirer un formidable état des lieux de nos modes de pensées, des différentes technocraties et autres dictatures bureaucratiques. Mais il est aussi le reflet, à mon sens, d'une immense amertume de l'auteur. Tout est il si sombre, si mortellement ennuyeux pour plagier une de ses expressions récurrentes ? Et ces aspects terrifiants sont ils propres à notre époque ? Je ne le crois pas. Peut être suis je trop résilient pour reprendre un autre concept très tendance.
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critiques presse (1)
LeMonde
20 juillet 2022
Le parti pris de ce livre est risqué, il prend la forme d’une compa­raison discutable dont l’auteur s’explique à plusieurs reprises, comme s’il craignait un malentendu. Il s’agit pour lui de montrer l’asservissement de l’homme contemporain.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
les gouvernements successifs ont installé des fabriques de servitude volontaire et de soumission sociale, au nom du progrès et de la modernisation. Ces dispositifs ont fini par pulvériser non seulement les acquis sociaux de l'État social, mais aussi le goût de la pensée révoltée et la saveur du vivant. Ils ont atteint le cœur du lien social et le foyer d'expérience des subjectivités. Nous sommes face à une véritable colonisation des mœurs autant que des esprits, analogue à toutes les formes d'esclavage et d'exploitation des humains que l'histoire a connues. Sans devoir confondre les horreurs esclavagistes et les prédations humiliantes de la colonisation, avec la violence symbolique du taylorisme, cet essai montre qu'un imaginaire commun les anime : l'homme serait un instrument voué à produire et à s'adapter à un monde désenchanté géré par le numérique. C'est au nom de l'efficacité que s'implantent au plus profond du sol humain les fabriques de servitude.
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Le nouvel esprit utopique devrait inventer de nouvelles façons de vivre et de penser dans une logique du multiple et de la diversité. Un tel défi de cette nouvelle modernité ne pourra être relevé qu’à la condition de vivre et de penser une fraternité, seule valeur à même de « réconcilier ces deux sœurs ennemies » que sont la liberté et l’égalité comme le rappelait Henri Bergson. Cette nouvelle utopie humaniste se devra de réviser un certain nombre de référentiels à même d’inventer des « modes d’être de l’ordre » pour faire en sorte que du chaos vers lequel nous nous dirigeons avec angoisse émerge un autre imaginaire, qui n’est somme toute qu’une forme pour affronter la mort.

Un ouvrage fondamentalement passionnant !!
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A une époque de cloisonnement tayloriste de la recherche, après avoir sacrifié à ce rituel de production pendant plusieurs décennies, je revendique aujourd'hui le droit au mélange, à la diversité, au métissage, à la créolisation.
Ma contribution à cet ouvrage est d'inviter à sortir des fabriques de nos nouvelles servitudes par la créolisation des consciences et des visions du monde. Relions-nous.
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Ma reflexion, issue de mes pratiques de soin de recherche et d'engagement militant m'a amené à rencontrer et croiser la route de penseurs comme Hannah Arendt, Walter Benjamin, Simone Weil, Albert Camus, Michel Fou-cault, Gille Deleuze, Edouard Glissant, Patrick Chamoiseau, Achille Mbembe
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Videos de Roland Gori (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Roland Gori
Né en 1953 à Fort-de-France, prix Goncourt en 1992 pour « Texaco », Patrick Chamoiseau est l'auteur d'une oeuvre narrative et théorique majeure où se mêlent imaginaire foisonnant et conscience politique. Les enjeux de la littérature contemporaine sont aussi au coeur de sa réflexion. Dans son dernier ouvrage « le Conteur, la Nuit et le Panier », il nous convie dans son atelier d'écrivain, observe les mystères de la création en mettant en lumière l'épaisse matière qui constitue l'oralité du conteur créole.
Au cours de ce grand entretien, Patrick Chamoiseau nous emmène à la Martinique, terreau fertile de son oeuvre, île où s'est inscrit en lui, très jeune, l'écartèlement entre le créole et la langue française, mais aussi tout le tragique de cette terre de souffrances qui porte l'histoire douloureuse des esclaves. Il revient sur ses lectures d'enfance, sa fascination pour les livres et les bibliothèques, son goût pour l'histoire, et s'attarde aussi sur des passions qu'on lui connaît moins : le dessin, la bande dessinée et la science-fiction. Il convoque, bien sûr, quelques-unes des grandes figures littéraires et intellectuelles qui le portent, Rabelais, Victor Segalen, Aimé Césaire et Édouard Glissant.
Patrick Chamoiseau dialogue avec le psychanalyste Roland Gori avec qui il évoque une autre forme d'esclavagisme, celle de notre société capitaliste dominée par un langage numérique, dont l'art et le conte pourrait être la porte de sortie. C'est la comédienne Yasmina Ho-You-Fat qui fait entendre sur la scène du conservatoire les textes de ce grand écrivain penseur de notre monde, que nous sommes heureux d'accueillir.
Un grand entretien animé par Gladys Marivat et enregistré en public le 29 mai 2022 au conservatoire Pierre Barbizet, à Marseille, lors de la sixième édition du festival Oh les beaux jours !
À lire : « le Conteur, la Nuit et le Panier », Seuil, 2021. « Manifestes », avec Édouard Glissant, éditions de la Découverte, 2021. « Frères migrants », Seuil, 2017. « Texaco », Gallimard, 1992. À écouter : « Baudelaire jazz. Méditations poétiques et musicales avec Raphaël Imbert », Seuil, 2022.
Podcasts & replay sur http://ohlesbeauxjours.fr #OhLesBeauxJours #OLBJ20
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