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EAN : 9782743638672
221 pages
Payot et Rivages (01/02/2017)
3.51/5   145 notes
Résumé :
Icône du journalisme en Amérique, Vivian Gornick a surtout connu le succès en Amérique avec ses textes autobiographiques. Le plus « culte » , « Attachement féroce », publié en 1987, paraît pour la première fois en français. Dans la lignée de « L'Année de la pensée magique » de Didion ou de « Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? » de Jeanette Winterson, Gornick s'empare d'un sujet universel : les relations mère-fille. Dès les premières pages, on tombe so... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (38) Voir plus Ajouter une critique
3,51

sur 145 notes
Comment est-il possible qu'un livre de cette qualité, publié aux USA en 1987, n'ait été traduit en français qu'en 2015?

Comment est-il possible qu'un tel livre ait seulement une dizaine de critiques quand La Tresse -au hasard..- en a plus de 200?

Est-ce que nous ne sommes pas en train de passer à côté d'une Doris Lessing du Bronx, d'une Virginia Woolf new yorkaise ?

J'y allais pourtant à reculons: je redoutais la énième autobiographie romancée sur la relation fatale mère-fille, le ixième bouquin sur la yiddish mamma toxique -une version de la mère juive castratrice à l'usage des petites filles- , ou même la chronique -tellement-haute- en -couleurs des années 40-60, où l'immigration ashkénaze, souvent communiste, faisait les belles heures du Bronx...

Rien, rien, rien de tout cela! J'ai été cueillie par la surprise, de la première à la dernière ligne: rien de convenu, rien d'attendu, rien de stéreotypé -et pourtant tout sonne terriblement juste, tout fait mouche, tout ouvre à la réflexion, tout remue notre sensibilité, notre sensualité.

Tout est créateur de sens, forgeur de mythe. Et cette mère , cette fille touchent à l'universel à force d'être si authentiquement uniques, si puissamment originales- ce qui n'est pas le moindre des paradoxes!

Avec une langue affûtée, exempte de tout cliché, tantôt collant au plus près de la sensation, de l'émotion, tantôt prenant le recul de l'ironie, ou la froideur distanciée de l'analyse, Vivian Gornick traque, isole, retrouve, perd, compare, mêle les moments d'un passé toujours vivace et ceux d'un présent jamais serein, toujours un peu sur le qui-vive, deux temps étroitement mêlés comme le sont, indissolublement, pour le meilleur et pour le pire, la mère et la fille.

Sa mère et elle. Car il s'agit d'un récit autobiographique et non pas d'un roman, tissé au rythme des promenades inlassables que les deux femmes font ensemble dans un New York dont la forme change plus vite que le fond de leur coeur...

Structure proustienne, musicale, et analyse impitoyable, parfois virulente pour ce récit d'une émancipation difficile, douloureuse, mais sans rupture, sans mise à mort, sans reniement.

Naissance d'un écrivain, formation d'une intellectuelle qui reste la fille d'une maîtresse femme. Acquisition d'une liberté qui reste un dialogue. Prise de distance qui reste un face-à-face.

Il faut lire Attachement féroce pour toutes ces raisons, et aussi pour le plaisir de découvrir un Bronx d'après guerre, marqué par l'exil, l'holocauste, mais résolument tourné vers la vie, un Bronx populaire, où chacun se connaît, où tout se sait, se commente, se distille. Pour découvrir Nettie, la shiksa, jeune veuve ukrainienne et goy, à la sensualité envoûtante, qui tente de capter la jeune Vivian dans ses filets de sirène, face à madame Gornick mère, tranchante, autoritaire, incontestée.

Attachement féroce, férocement attachant...


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Voici un récit autobiographique vivant qui relate les relations mère - fìlle ...
Vous pensez: un de plus------non pas du tout -----plutôt une sorte de" Je t'aime moi non plus" , engagé, féministe , vibrant et lucide, sans aucune complaisance , vraiment !

Vivian et sa mére vivent dans le quartier juif du Bronx de l'après guerre . Elles occupent un petit appartement oú alternent la haine ou la fusion, c'est selon ....Ces deux êtres se sentent liées par un amour impossible, qui les empêche de se séparer .....
Au sein de ce quartier vivent essentiellement des femmes , un Bronx populaire oú chacun se connait , oú tout se sait bien sûr , oú chacun aime parler de l'autre...
Notamment Nettie, flamboyante ukrainienne, sensuelle et extravagante qui attire l'auteur , la jeune Vivian, face à sa mére autoritaire, hors d'atteinte, impatiente et tranchante , au caractère bien trempé.....atypique, dure et forte....

Bien des années après, mére et fìlle déambuleront longuement, arpenteront les rues de New--York.
Tout au long de leurs promenades, leurs souvenirs affleurent , surtout les anecdotes concernant leurs voisines d'immeuble , elles raniment les tranches de vie au milieu de ces femmes , le travail aussi et l'amour..... des flashs backs nourris ....l'auteur conte le contexte social d'une manière subtile et caustique, sa relation éprouvante avec sa mére, parfois douloureuse ...

Adoration et détestation à la fois !

Cela ressemble à un journal intime: une relation compliquée, riche, unique dont la figure centrale est "La Mère" , ses fulgurances, une forme d'attachement - détaché,---honnête ....féministe , tendre et drôle à la fois qui brosse le portrait d'une époque .

Un roman étonnant publié en 1987aux Etats -Unis .
Pourquoi arrive t- il si tard en France ?
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Emprunté 19 mars 2022- Bibliothèque Buffon- Paris


Après la lecture enthousiaste d'"Inépuisables", j'ai enchaîné avec ce récit personnel, au ton souvent grinçant, relatant les rapports houleux entre l'auteure et sa mère, juive et communiste !....

Le titre est des mieux choisis, car en dépit de relations qui finiront avec le grand âge de la mère par s'apaiser... la relation filiale et maternelle est aussi insupportable que toxique, le plus souvent....

En dépit du vif intérêt de ce récit qui est aussi un témoignage des plus éclairants sur la condition des femmes dans les années 1940-1950....

L'auteure nous raconte à la fois son parcours et celui de sa mère...Cette mère communiste convaincue, extrême dans tous ses comportements, privés comme sociaux... pesa lourdement sur ses enfants, et surtout sur sa fille , qui porta, envers et contre tout l'état dépressif maternel, durant de longues années.... Lorsque la mère perdit son mari, elle devint la veuve inconsolable, d'un mariage idyllique et ce fut le rôle de sa vie !!!

On ressent très vivement à la fois l'attachement profond de la fille pour sa mère, autant que son exaspération et sa colère quasi permanentes...On est, nous-mêmes, lecteurs, oppressés,
épuisés de ces rapports qui ne peuvent que fort rarement échapper aux conflits et aux reproches... Nous ne sommes guère étonnés que l'auteure ait essuyé quelque échec dans son mariage, et dans ses rapports aux hommes... avec un tel contentieux materne !!...

Une part très significative est donnée aux questionnements de l'auteure sur la sexualité et les droits des femmes... le livre est intéressant, certes, mais très rattaché aux débuts du Féminisme !!

"Dans ces années-là, les femmes comme moi étaient qualifiées de Nouvelles, Libérées, Excentriques (je préférais quant moi le qualificatif d'excentrique, et c'est toujours le cas aujourd'hui). Dans les faits, j'étais nouvelle, libérée et excentrique à mon bureau dans la journée, mais le soir, allongée sur mon canapé à regarder dans le vide, ma mère se matérialisait sous mes yeux comme pour dire : "Pas si vite, ma chérie. Nous n'en avons pas encore fini toutes les deux."

Récit oppressant, étouffant, tant la relation mère-fille est dans les ambivalences incessantes, l'amour, la haine, la culpabilité , l'hostilité.... Quelques rares moments de respiration et d'accalmie... lorsque la mère et la fille marchent ensemble dans la Ville !

Franchement soulagée de sortir de ce "duo infernal "!!!

Je trouve ce récit fort révélateur d'une époque , d'un pays... C'est une sorte de page de "Sociologie"....
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Difficile de ne pas entrer dans la folie de ce couple ère-fille. On frémit, on rit, on sourit, on s'irrite. On comprend les manques, les failles, la passion, la violence, l'amour, les haines, les incompréhensions qui les enserrent. La vie de l'une, la vie de l'autre, deux destins qui se répercutent. Une histoire de femmes mais pas seulement. Car tout se rejoint; L'échec de l'une, la solitude de l'autre. Une biographie intéressante dans laquelle chacune et chacun comprendra que la difficulté d'aimer naît toujours de la blessure de ne pas l'avoir été.
Astrid Shriqui Garain
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Vivian et sa mère déambulent bras dessus bras dessous dans les rues de Manhattan. Lors de ces promenades, elles parlent, se souviennent du passé, se chamaillent un peu, se racontent beaucoup. Il est question du quartier (Le Bronx des années 40-60), son organisation, ses communautés, les femmes qui le font vivre. Les histoires des unes et les problèmes des autres... Il est question de sexe aussi, de relations amoureuses, de maris volages, de femmes heureuses en ménage et d'autres non.
Certains passages m'ont fait sourire, mais dans l'ensemble je n'ai pas trouvé grand intérêt à ce déballage d'affaires de famille.
Beaucoup de références à la culture juive que je n'ai pas comprises moi qui suit athée et inculte, je l'avoue, sur les questions de religion.
Beaucoup de passages concernent la vie de couple et la narratrice raconte la sexualité de sa mère sans distance, ce qui m'a mise un peu mal à l'aise... Une lecture qui m'a agacé parfois et ennuyé beaucoup. Bref, je suis passé complètement à côté !
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critiques presse (6)
Actualitte
07 mars 2018
Écrit en 1987, Attachement féroce dissèque la relation de l’auteure, féministe alors déjà réputée aux États-Unis, avec sa mère, mais aussi avec ses amants et globalement avec tous ceux avec qui elle interagit.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeMonde
10 juillet 2017
Attachement féroce est un grand livre gorgé de lucidité sarcastique, paru en 1987 : il était temps de le découvrir !
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaPresse
03 avril 2017
La plume de Vivian Gornick est tendre, mais jamais complaisante. On sent beaucoup d'amour pour ce Bronx et ses habitants qui l'ont définie comme femme et comme écrivaine.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LaLibreBelgique
08 mars 2017
Un texte vibrant, qui alterne le fusionnel et la haine pour finalement dépasser le cadre de l’intime et livrer, de l’époque, de la condition des femmes et de New York, une vision unique, tranchante, lucide.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaCroix
28 février 2017
Les mémoires romanesques de Vivian Gornick, âgée de 81 ans aujourd’hui, font revivre sa relation éprouvante avec sa mère dans le Bronx de l’après-guerre.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeFigaro
23 février 2017
Le portrait d'une New-Yorkaise de caractère par sa fille. Superbe.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Elle se détourne et, avec le tranchant de la main, fend l'air de son geste habituel de démission.
"Laisse-moi tranquille",dit-elle avec un tremblement de dégoût profond.
Je la regarde battre en retraite. Cette manière de faire semblant de se désintéresser : ce sera la dernière chose qui restera d'elle.
En réalité, ça la représentera à jamais. C'est son emblème, son idiome, ce qui la constitue à ses propres yeux. Ce geste, c'est son moyen de se différencier des bêtes, de s'élever au-dessus de la mêlée, de défaire le vrai du faux, de ne jamais prendre les choses à la légère, de toujours marquer un point. Tout à coup, sa vie presse sur mon coeur.
Commenter  J’apprécie          210
Par moments, ma mère posait dur moi un regard vitreux et se mettait à prononcer mon nom d'un ton aigu en disant :"Tu es orpheline,maintenant, une orpheline!"Personne n'osait lui rappeler que selon la coutume juive,on est orphelin quand votre mère meurt, et seulement à moitié orphelin s'il s'agit de votre père. Peut-être qu'oser n'était pas le problème. Peut-être qu'en réalité, les gens comprenaient qu'elle ne parlait pas de moi,mais d'elle.Elle vivait la perte de manière si primaire qu'elle avait pris tout le chagrin pour elle. Le chagrin de nous tous.Elle était à la fois l'épouse, la mère, la fille.(p.70)
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J'ai habité dans cet appartement entre l'âge de six et vingt et un ans. L'immeuble avait beau compter vingt logements, quatre par étage, je je me rappelle que femmes.Je n'ai presque aucun souvenir d'hommes. Pourtant, ils étaient partout-maris,pères ou frères-mais je ne me souviens que des femmes. Toutes vulgaires comme Mrs Drucker ou féroces comme ma mère. Quand elles parlaient, on avait l'impression qu'elles ne savaient ni qui elles étaient, ni quel pacte elles avaient conclu avec la vie.En revanche, elles se comportaient la plupart du temps comme si elles le savaient pertinemment. Futées, versatiles, illettrées, on les aurait crues issues des romans du naturaliste Théodore Dreiser.(p.8)
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Dans ces années-là, les femmes comme moi étaient qualifiées de Nouvelles, Libérées, Excentriques (je préférais quant moi le qualificatif d'excentrique, et c'est toujours le cas aujourd'hui). Dans les faits, j'étais nouvelle, libérée et excentrique à mon bureau dans la journée, mais le soir, allongée sur mon canapé à regarder dans le vide, ma mère se matérialisait sous mes yeux comme pour dire : "Pas si vite, ma chérie. Nous n'en avons pas encore fini toutes les deux."
Commenter  J’apprécie          120
"Maman, si ce livre ne te plaît pas, ce n'est pas grave. Tu as le droit de le dire."
Elle me regarde d'un air inquiet, les yeux écarquillés, la tête à demi tournée vers moi. Tout à coup, elle est intéressée. Je reprends :
"Mais ne dis pas qu'il n'a rien à t'apprendre. Qu'il ne contient rien. Tu vaux mieux que ça, moi aussi, et le livre aussi. En disant ça, tu rabaisses tout."
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Videos de Vivian Gornick (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vivian Gornick
Les Grands Débats - N… comme New York : Manhattan Stories dimanche 23 septembre 2018 de 14h00 à 15h00 Vivian Gornick - Kristopher Jansma - Pierre Krause Elle est à elle seule un véritable personnage de roman, un monde en soi, une métropole qui ne s'arrête jamais. Elle nous fascine et habite notre imaginaire, plus que toute autre ville. Que représente cette ville pour nos invités ? Qu'a-t-elle à leurs yeux de si particulier ? Comment écrit-on New York ? Chacune ou chacun possède-t-il sa version personnelle de cette ville ? Itinéraire en compagnie de trois auteurs dont les livres ne pourraient en aucun cas se dérouler ailleurs…
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