Emprunté 19 mars 2022- Bibliothèque Buffon- Paris
Après la lecture enthousiaste d'"
Inépuisables", j'ai enchaîné avec ce récit personnel, au ton souvent grinçant, relatant les rapports houleux entre l'auteure et sa mère, juive et communiste !....
Le titre est des mieux choisis, car en dépit de relations qui finiront avec le grand âge de la mère par s'apaiser... la relation filiale et maternelle est aussi insupportable que toxique, le plus souvent....
En dépit du vif intérêt de ce récit qui est aussi un témoignage des plus éclairants sur la condition des femmes dans les années 1940-1950....
L'auteure nous raconte à la fois son parcours et celui de sa mère...Cette mère communiste convaincue, extrême dans tous ses comportements, privés comme sociaux... pesa lourdement sur ses enfants, et surtout sur sa fille , qui porta, envers et contre tout l'état dépressif maternel, durant de longues années.... Lorsque la mère perdit son mari, elle devint la veuve inconsolable, d'un mariage idyllique et ce fut le rôle de sa vie !!!
On ressent très vivement à la fois l'attachement profond de la fille pour sa mère, autant que son exaspération et sa colère quasi permanentes...On est, nous-mêmes, lecteurs, oppressés,
épuisés de ces rapports qui ne peuvent que fort rarement échapper aux conflits et aux reproches... Nous ne sommes guère étonnés que l'auteure ait essuyé quelque échec dans son mariage, et dans ses rapports aux hommes... avec un tel contentieux materne !!...
Une part très significative est donnée aux questionnements de l'auteure sur la sexualité et les droits des femmes... le livre est intéressant, certes, mais très rattaché aux débuts du Féminisme !!
"Dans ces années-là, les femmes comme moi étaient qualifiées de Nouvelles, Libérées, Excentriques (je préférais quant moi le qualificatif d'excentrique, et c'est toujours le cas aujourd'hui). Dans les faits, j'étais nouvelle, libérée et excentrique à mon bureau dans la journée, mais le soir, allongée sur mon canapé à regarder dans le vide, ma mère se matérialisait sous mes yeux comme pour dire : "Pas si vite, ma chérie. Nous n'en avons pas encore fini toutes les deux."
Récit oppressant, étouffant, tant la relation mère-fille est dans les ambivalences incessantes, l'amour, la haine, la culpabilité , l'hostilité.... Quelques rares moments de respiration et d'accalmie... lorsque la mère et la fille marchent ensemble dans la Ville !
Franchement soulagée de sortir de ce "duo infernal "!!!
Je trouve ce récit fort révélateur d'une époque , d'un pays... C'est une sorte de page de "Sociologie"....