Tic … Tac … Tic … Tac … Première page, premier choc. Nous sommes sur les rives du Bosphore, Ophélie une jeune française venue vivre à Istanbul s'apprête à poser une bombe dans la cabine d'une piscine d'un luxueux hôtel de la ville.
Tic … Tac … Tic … Tac … Pourquoi cette jeune femme souhaite-t-elle commettre un tel acte ? Est-ce par conviction politique, religieuse ?
C'est alors que je me suis dit comment réussir à passer plus de 200 pages avec une apprentie terroriste ? Comment
Clarisse Gorokhoff va-t-elle réussir à m'emporter aux côtés de cette narratrice meurtrière ?
Incontestablement par son talent ! Car
Clarisse Gorokhoff parvient avec brio à convaincre son lecteur de marcher sur les traces de ce qui a poussé cette jeune femme à perpétrer l'impensable.
Sans emploi, hébergée gracieusement dans un quartier chic de la ville par son amant, un certain Sinan, Ophélie mène une vie que l'on pourrait croire être une vie de débauche : sexe, drogue et l'on pourrait presque ajouter rock'n roll. Mais c'était sans compter sur l'emprise de la chambre 432 du Four Seasons Bosphorus dans laquelle elle rejoint régulièrement, sex-appeal sur son 31, Sinan. Dans laquelle elle rencontre aussi la magnétique Derya, employée de l'hôtel, sensuelle, sexuelle et surtout engagée dans la cause qui divise son pays. Derya, cette femme hypnotisante et Kurde qui aura un grand rôle dans la suite des événements.
Ainsi, cloîtrée chez elle après l'explosion et avant la fuite, on découvre qui est Ophélie, son enfance, ses blessures secrètes qui l'ont menées au voyage, au plaisir charnel sans lendemain. A travers de courts chapitres,
Clarisse Gorokhoff nous embarque dans l'intimité de cette jeune femme à laquelle on s'attache : la domination psychologique que Sinan a sur elle, sa mère, indigne, sa relation avec son seul ami Eliot ou encore sa voisine hystérique. Sans détours, elle nous conte son chemin. Rude, sinueux, tortueux. Jusqu'aux regrets, jusqu'aux morts et aux rencontres de cette nuit où tout à changer, où la bombe à exploser (mais d'ailleurs a-t-elle seulement appuyé sur le détonateur ?) et où l'aventure la conduira à fuir la ville.
Si le thème ne prête pas à rire bien contraire, l'écriture de l'auteure est si bien maîtrisée, si subtile que nous ne pouvons cependant pas nous empêcher de sourire de certaines situations tragi-comiques. Que l'on se rassure, cela n'enlève en rien la crédibilité de l'histoire puisque chaque détail est extrêmement bien étudié, et la mise en scène est, si j'ose dire, détonante. En harmonie parfaite avec le style incisif et envoûtant. Et j'aime tellement ces romans où l'on se sent bousculer, où les belles phrases côtoient le cru, où la nuit danse avec l'aube, où la tragédie se marie avec le burlesque.
de la bombe n'est rien de moins qu'un cocktail explosif de tout cela réunit en seulement 264 pages que l'on tourne à vitesse grand V.
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