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L'hôtel Four Seasons Bosphorus d'Istanbul est sans doute l'un des établissements les plus luxueux de la capitale turque. C'est là qu'Ophélie, la narratrice de cet étonnant premier roman, passe le temps. « Au bord de cette piscine, j'en ai passé de heures, à regarder des nuages devenir des gueules d'animaux tordues avant de disparaître. »
Une oisiveté due au rôle dévolu à la jeune beauté française, rester au service de Sinan, un amant aussi riche que tyrannique. Les journées se passent entre la piscine et la chambre, entre alcool, drogue et sexe. Jusqu'au jour où Derya entre dans leur suite 432. La superbe servante va subjuguer le couple et se confier à Ophélie. Elle est kurde et marquée par une histoire faite d'errements, d'exils et de combats. Sa nouvelle amie a tôt fait de mettre à jour son projet : « Tu as une bombe en tête. Un détonateur dans le coeur. Tu veux venger tes frères et des soeurs kurdes, pas seulement ton aîné que la police torture et qui est peut-être mort sans que tu le saches. Et tu voudrais que je t'aide, mois que tu ne connais même pas. »
Depuis Horace on sait que «l'oisiveté est une dangereuse sirène qu'il faut éviter». Aussi ce parfum d'aventure et d'interdit autant que l'envie de prouver à Derya qu'elle n'est pas insensible à ses malheurs va lui faire accepter le rôle de poseuse de bombe. Munie de son sac à dos et coiffée d'une perruque blonde, elle pénètre dans l'hôtel. Mais la nervosité la gagne : « Moi qui voulait ressembler à Faye Dunaway en Bonnie, ou a B.B. période Gainsbourg – car après tout, toutes deux étaient des bombes –, j'ai plutôt l'air de Zézette qui aurait englouti trop de psychotropes… »
Si les choses ne se passent pas exactement comme prévu, la bombe explose tout de même, alors qu'Ophélie est en chemin vers l'un des appartements de Sinan. C'est ce dernier qui fera les frais de la tension qui est dans l'air. Ophélie tue son amant et se fait du même coup de nombreux amis, ceux qui ont eu à pâtir de cet impitoyable propriétaire d'un immense parc immobilier et sont reconnaissants de cette main vengeresse.
Commence alors une cavale riche en rebondissements, faite de rencontres incongrues et d'alliés de circonstances, Ozan le nouvel amant, Orta la routarde, le tout avec un cadavre qui pourrit dans le véhicule au fil des jours. Après avoir visité Istanbul mieux qu'avec un guide touristique – notamment le quartier de Tarlabaşi – on prend la route vers les Dardanelles. L'occasion pour Ophélie d'expliquer son enfance difficile, abandonnée une première à l'assistante publique, abandonnée une seconde fois dans les Jardins du Luxembourg… « chaque fois que je veux raconter cette histoire, elle m'épuise avant même que j'en rassemble les divers éléments. D'ailleurs c'est ce qui m'est le plus difficile : réunir les ficelles et les accessoires qui la composent, pour lui restituer sa chronologie ou, à défaut, un semblant de cohérence. »
Clarisse Gorokhoff parvient à nous faire aimer cette enfant perdue, pauvre petite fille riche. Et ce n'est pas là le seul tour de force de ce roman. Dans une France toujours en état d'urgence, on se prend, par exemple, à frissonner lorsque l'on comprend qu'il est somme toute très facile de faire un attentat, que ce quart d'heure de gloire n'a même pas besoin d'une solide motivation. Quand je vous disais que ce premier roman était étonnant !

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"Il était une fois, dans un splendide palais sur les rives du Bosphore, une jeune femme qui s'apprêtait à poser une bombe..."

En revenant à cet incipit après avoir terminé ce livre, je me dis que cette entrée en matière est rudement bien choisie tant elle donne le ton de ce qui va suivre. Je me dis aussi que l'aventure des 68 premières fois m'offre, parmi 150 premiers romans lus chaque année quelques découvertes vraiment intéressantes. de la bombe en est un bel exemple. Un roman culotté, une écriture rythmée, élégante, charnelle parfois. Une héroïne étonnante, complexe, tourmentée et qui provoque des sentiments très divers chez le lecteur, entre incompréhension, compassion et colère.

Qui est-elle cette Ophélie qui dépose d'un air tranquille une bombe dans une cabine de piscine en plein milieu d'un hôtel de luxe d'Istanbul ? Défend-elle une cause ? Que fait cette jeune française établie en Turquie depuis plusieurs années, sans travail, hébergée grâce à l'entregent du mystérieux Sinan, son amant et protecteur ? Quelle relation entretient-elle avec la belle Derya, dont la sensualité agit comme un aimant sur ceux qui l'approchent ? Après avoir déclenché le détonateur, Ophélie se terre dans son appartement d'un quartier chic d'Istanbul avant qu'une succession d'événements ne la projettent dans un road-trip sur les routes du pays.

"A force de ne pas parvenir à me faire aimer d'un seul individu, il me reste la possibilité de me faire haïr du monde entier."

Au fil de l'intrigue, on en apprend un peu plus sur Ophélie, les failles secrètes qui l'ont menée dans ce pays, on comprend peu à peu quels sont les ressorts de cette fuite en avant qui passe par les sensations, la quête charnelle, la prise de risques. Est-elle sous emprise Ophélie ou au contraire en pleine maîtrise ? J'ai dit que ce livre était culotté. C'est vrai qu'il faut un certain culot pour faire de cette poseuse de bombe une héroïne sur le fil du burlesque. Mais ça marche parce que les ressorts psychologiques qui l'animent sont parfaitement fouillés et crédibles. Ca marche aussi parce que le parfum de l'Orient irrigue le récit, là où Istanbul marque la frontière entre Orient et Occident, ce qui projette une atmosphère singulière, entre contes orientaux et réalité politique avec notamment l'évocation de l'opposition Kurde.

Si j'ai aimé ce livre, c'est vraiment grâce à l'écriture de cette jeune auteure qui rend le parcours rien de moins qu'envoûtant et fait oublier l'horreur liée au thème (et que l'actualité nous rappelle malheureusement trop souvent). Elle parvient à allier force et légèreté dans un cocktail aux accents poivrés et acidulés. J'ai parfois pensé à un autre premier roman, Moro-sphinx de Julie Estève dont l'écriture possédait cette même force suggestive et dont l'héroïne, Lola était tout aussi complexe.

Une belle découverte et une plume que je suivrai à l'avenir, sans aucun doute.
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Avec une écriture vive, ciselée et parsemée de fulgurances, Clarisse Gorokhoff nous plonge à toute vitesse dans ce moment de vie de son héroïne, Ophélie, qui dépose une bombe dans un hôtel luxueux d'Istanbul. Elle nous embarque dans les conséquences - et les non moins intéressantes non-conséquences - de cet acte. Ses causes sont multiples, révélateurs d'un personnage complexe que l'on ne peut commencer à déchiffrer que dans les dernières pages.
Le cadre, l'environnement s'imprègne indéniablement de notre époque contemporaine; la thématique elle qui peut sembler à contretemps (une jeune occidentale pose une bombe dans une ville qui tend de plus en plus vers le Moyen-Orient, Istanbul) est le prétexte d'un questionnement intemporel: notre capacité individuel à impacter le réel sous-tendu de notre ''insoutenable légèreté'', ou autrement dit le rapport de l'être au monde.
Cette découverte m'a surpris, envoûté et emporté; une auteure que je suivrai absolument.
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Dans un contexte médiatique saturé d'attentats et de revendications terroristes en tous genres, écrire un roman sur une poseuse de bombe est un sacré défi, et un pari plus que risqué. Pourtant, Clarisse Gorokhoff s'en sort haut la main, et son premier roman est une véritable petite "bombe" littéraire, pourrait-on dire en jouant sur la polysémie du titre.

Dès les premières lignes, l'écriture puissante, ciselée et originale de Clarisse Gorokhoff nous emmène dans le sillage d'Ophélie, cette écorchée vive aux motivations obscures, qui se dévoilera au fil des pages, en évoquant par bribes ses souvenirs récents ou lointains. Personnage complexe, dont les actes et les réflexions déconcertent par moments le lecteur, Ophélie se révèle finalement attachante, voire touchante par ses nombreuses failles, vestiges d'une enfance difficile où elle a été totalement délaissée par sa mère, ce qui explique son dévouement pour Sinan, cet amant qu'elle idolâtre et qu'elle déteste à la fois, qui l'humilie mais qu'elle n'arrive pas à quitter pour se protéger. Et c'est peut-être le tour de force majeur de roman : réussir à nous faire prendre parti pour une jeune femme a priori détestable, puisqu'elle n'hésite pas à faire périr des innocents dans un attentat injuste.

Si le caractère de l'héroïne est particulièrement bien travaillé, les personnages secondaires sont tout aussi intéressants, voire fascinants, en particulier la sulfureuse Derya, une sublime servante kurde, et Orta, à la personnalité haute en couleurs, et qui vient apporter à l'intrigue un souffle de légèreté et d'humour. Seul Sinan, évoqué du seul point de vue des autres personnages, manque peut-être un peu à la fois de consistance et de subtilité.

L'intrigue, quant à elle, est fort bien menée, maîtrisée de bout en bout, alternant savamment entre gravité et rocambolesque, entre sérieux et dérision. On regretterait presque qu'elle ne se poursuive pas davantage, tant l'écriture de Clarisse Gorokhoff est envoûtante. Ce serait bien le seul reproche que l'on pourrait adresser à ce roman : que sa longueur réduite le conduise à occulter la dimension politique amenée par la question kurde, qui est finalement à peine évoquée.

Voici donc un premier roman brillamment réussi, qui a su allier une intrigue puissante et rythmée à un style remarquable, ce qui laisse présager une belle carrière littéraire pour la jeune Clarisse Gorokhoff.

Ouvrage reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique. Un grand merci à Babelio et aux éditions Gallimard.

Retrouvez cette critique plus détaillée à l'adresse ci-dessous.
Lien : http://ars-legendi.over-blog..
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Tic … Tac … Tic … Tac … Première page, premier choc. Nous sommes sur les rives du Bosphore, Ophélie une jeune française venue vivre à Istanbul s'apprête à poser une bombe dans la cabine d'une piscine d'un luxueux hôtel de la ville.
Tic … Tac … Tic … Tac … Pourquoi cette jeune femme souhaite-t-elle commettre un tel acte ? Est-ce par conviction politique, religieuse ?
C'est alors que je me suis dit comment réussir à passer plus de 200 pages avec une apprentie terroriste ? Comment Clarisse Gorokhoff va-t-elle réussir à m'emporter aux côtés de cette narratrice meurtrière ?
Incontestablement par son talent ! Car Clarisse Gorokhoff parvient avec brio à convaincre son lecteur de marcher sur les traces de ce qui a poussé cette jeune femme à perpétrer l'impensable.

Sans emploi, hébergée gracieusement dans un quartier chic de la ville par son amant, un certain Sinan, Ophélie mène une vie que l'on pourrait croire être une vie de débauche : sexe, drogue et l'on pourrait presque ajouter rock'n roll. Mais c'était sans compter sur l'emprise de la chambre 432 du Four Seasons Bosphorus dans laquelle elle rejoint régulièrement, sex-appeal sur son 31, Sinan. Dans laquelle elle rencontre aussi la magnétique Derya, employée de l'hôtel, sensuelle, sexuelle et surtout engagée dans la cause qui divise son pays. Derya, cette femme hypnotisante et Kurde qui aura un grand rôle dans la suite des événements.

Ainsi, cloîtrée chez elle après l'explosion et avant la fuite, on découvre qui est Ophélie, son enfance, ses blessures secrètes qui l'ont menées au voyage, au plaisir charnel sans lendemain. A travers de courts chapitres, Clarisse Gorokhoff nous embarque dans l'intimité de cette jeune femme à laquelle on s'attache : la domination psychologique que Sinan a sur elle, sa mère, indigne, sa relation avec son seul ami Eliot ou encore sa voisine hystérique. Sans détours, elle nous conte son chemin. Rude, sinueux, tortueux. Jusqu'aux regrets, jusqu'aux morts et aux rencontres de cette nuit où tout à changer, où la bombe à exploser (mais d'ailleurs a-t-elle seulement appuyé sur le détonateur ?) et où l'aventure la conduira à fuir la ville.

Si le thème ne prête pas à rire bien contraire, l'écriture de l'auteure est si bien maîtrisée, si subtile que nous ne pouvons cependant pas nous empêcher de sourire de certaines situations tragi-comiques. Que l'on se rassure, cela n'enlève en rien la crédibilité de l'histoire puisque chaque détail est extrêmement bien étudié, et la mise en scène est, si j'ose dire, détonante. En harmonie parfaite avec le style incisif et envoûtant. Et j'aime tellement ces romans où l'on se sent bousculer, où les belles phrases côtoient le cru, où la nuit danse avec l'aube, où la tragédie se marie avec le burlesque. de la bombe n'est rien de moins qu'un cocktail explosif de tout cela réunit en seulement 264 pages que l'on tourne à vitesse grand V.
Lien : https://livresselitteraire.b..
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Tout commence par une bombe, qu'elle  dépose dans un hôtel à Istanbul... mais elle ne voulait pas que cela produise cet effet dévastateur, ces victimes, cette catastrophe.
Ophélie a vécu une histoire, qu'on ne peut pas qualifier d'amour, avec Sinan. Un homme qui rabaisse sans cesse sa compagne ne peut l'aimer... la mettre plus bas que terre, même en lui offrant un niveau de vie aisé.
Cette explosion a eu des effets de bord : un mort, une fuite, une cavale, des rencontres inopinées. Sur sa route semée d'embûches, Ophélie se rappellera le temps passé, ce vécu aux faux airs de vie, par flash backs...
Avec ce 1er roman, Clarisse Gorokhoff nous prend par la main et nous emmène à ses côtés. le début de son histoire peut surprendre, mais sa suite nous accapare rapidement : la magie d'un 1er coup de plume, d'une écriture ô combien délicate, aux personnages blessés, écorchés vifs mais ô combien sensibles.
Merci à masse critique de Babelio et aux éditions Gallimard pour ce bon moment, cette belle escapade littéraire.
Lien : https://littelecture.wordpre..
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"De la bombe" est un premier roman vraiment explosif. La jeune journaliste Clarisse Gorokhoff nous emmène à Istanbul pour suivre les péripéties rocambolesques d'une Française à l'âme tourmentée, Ophélie, qui va déposer une bombe dans la cabine d'un hôtel de luxe et qui va se voir rattraper par son passé agité et ses doutes permanents. Avec une virtuosité incroyable et un style détonnant, l'auteure mélange comédie, thriller et action en injectant une bonne dose d'ironie, de sensualité et d'humour grinçant. Une bombe qui ne demande qu'à être dégoupillée !
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De cette lecture, j'ai attendu longtemps l'étincelle, sans mauvais jeu de mots, qui m'emporterait dans cette adaptation plus ou moins heureuse à la "Thelma et Louise" limitée à une fuite d'une anti - héroïne, Ophélie,  dans une Turquie actuelle au climat social et sociétal critique, ballottée et résolument hors temps. 

Sur le fond du conflit turco-kurde (ou l'inverse), d'une société gangrenée par la corruption, un machisme plus proche de la simple brutalité envers les femmes, le lecteur essaye de se transposer, en vain, dans les motivations ou la personnalité d'une Ophélie, simple poupée totalement dépourvu de personnalité. Devenue simple objet sexuel, entretenu par un personnage détestable et mafieux, Sinan, elle plonge à contre emploi dans une succession d'événements assez improbables (attentats loupés, homicide involontaire) et dans une fuite en avant où elle se laisse manipuler par toute une galerie de personnages plutôt antipathiques et le lecteur ne dispose pas à la fin de ce roman des clés pour la comprendre, s'y attacher ou de croire au déroulement de l'histoire.

Manque de repères, pas de personnages ou d'histoires, on a du mal à se mettre dans ce roman et à s'y attacher.
Lien : http://passiondelecteur.over..
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"Il était une fois, dans un splendide palais sur les rives du Bosphore, une jeune femme qui s'apprêtait à poser une bombe…" Il me suffit souvent d'une phrase, la première, pour ressentir ce que sera ma lecture d'un récit. Les quelques mots par lesquels débute le premier roman de Clarisse Gorokhoff, ne pouvaient que me plaire… un conte !

Ophélie, une jeune française passe ses jours et… ses nuits à l'hôtel Four Seasons Bosphorus d'Istanbul. Elle y traîne sa beauté, son oisiveté, … "[ses] idées noires" et retrouve Sinan, son amant qui n'a pourtant rien de reluisant. Un jour, une jeune femme, employée de l'hôtel les surprend dans la fameuse chambre 432. D'une beauté encore plus saisissante qu'Ophélie, Dérya, jeune Kurde, va tout de suite subjuguer la jeune femme et l'entraîner vers… la pose d'une bombe.

Tout commençait bien, donc. L'écriture, magnifique, extrêmement précise et parfaitement dominée, parfumée de poésie était faite pour me plaire. de même les chapitres courts et dynamiques ne pouvaient que m'entraîner à vitesse grand V vers la fin de l'ouvrage. Et pourtant, très vite, l'intérêt a faibli, très vite je me suis demandé où l'auteur voulait en venir. Très vite, j'ai été déconcertée par ce mélange d'horreur et de drôlerie. le burlesque de la situation, le road-movie, un cadavre à bord, n'ont pas eu l'heur de me transporter. de ce fait, petit à petit les personnages me sont devenus moins sympathiques, moins attirants, moins attachants. Et même si Istambul y a une place prépondérante, même si sa visite est digne d'un guide touristique, il m'a manqué beaucoup de choses pour que ce roman soit un de mes préférés.

Le voisinage du terrorisme et de la cocasserie ne m'a pas transportée, loin de là. Et une question déjà posée revient : que voulait l'auteur en écrivant ainsi ? Eloigner la peur et le chagrin ? Démontrer que l'oisiveté est vraiment mère de tous les vices ? Que fuyait vraiment son héroïne ? Je n'ai trouvé aucune réponse.

Et, comme à chaque fois, je suis désolée de ne pas avoir fait coeur avec un ouvrage particulièrement bien écrit.
www.memo-emoi
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Un premier roman qui nous entraîne sur les pas d'une jeune française qui vit à Istanbul et qui vient de déposer une bombe dans un des palaces de la ville. Ce texte est détonnant et surprenant car par la voix de cette jeune femme, l'auteure nous décrit bien la ville d'Istanbul, ses habitants. Cette jeune femme, française, s'est installée et est devenue la maîtresse d'un étrange homme, qui la reçoit régulièrement dans la suite 432 du palace et qui l'héberge dans un appartement luxueux. Elle va rencontrer une femme de ménage de l'hôtel, kurde, qui va l'initier au terrorisme et qui va lui fournir d'ailleurs la bombe. Elle va aussi rencontrer une étrange vieille voisine, qui va l'aider à se « débarrasser » de son amant et aussi le fils de cette dame. Un livre qui flirte avec le roman policier, le roman sur une ville et surtout un roman sur la vie et les espoirs d'une jeune femme. D'une écriture quelquefois cru, l'auteure ose nous parler de la sexualité féminine, nous parle du désir, de la soumission. Un premier roman qui ose aborder des sujets si sensible. Aucun jugement sur cette poseuse de bombes, qui n'a d'ailleurs peu de revendication pour cet acte meurtrier. L'auteure reste au plus prés de son personnage et on finit par s'y attacher à cette jeune femme, qui se cherche et qui est paradoxalement entraîner par des événements qui vont vite la dépasser. Un livre est dérangeant car il traite d'un sujet d'une si cruelle actualité, et je me suis tout de même posée la question, s'il était vraiment possible de romancer ainsi de tels actes de barbarie. « Et nous sommes seules, murées dans un épais silence qui voudrait tout savoir : le commencement et la fin du récit, les explications et les dessous de l'histoire, la part des choses. Mais souvent il faut savoir accepter que l'on n'en saura rien. Pas plus des mobiles d'un attentat, que de l'envie de se reproduire ; tuer des innocents, faire des enfants : le risque de ne pas être satisfait est partout, celui de s'en mordre les doigts aussi. Mais on fait, pourtant, en permanence, on saisit des atomes, on agite de la matière, on met en branle l'idée de la mort pour mieux exécuter le désir d'une vie. (p113) « A force de ne pas parvenir à me faire aimer d'un seul individu, il me reste la possibilité de me faire haïr du monde entier. »
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