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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Avec une écriture vive, ciselée et parsemée de fulgurances, Clarisse Gorokhoff nous plonge à toute vitesse dans ce moment de vie de son héroïne, Ophélie, qui dépose une bombe dans un hôtel luxueux d'Istanbul. Elle nous embarque dans les conséquences - et les non moins intéressantes non-conséquences - de cet acte. Ses causes sont multiples, révélateurs d'un personnage complexe que l'on ne peut commencer à déchiffrer que dans les dernières pages.
Le cadre, l'environnement s'imprègne indéniablement de notre époque contemporaine; la thématique elle qui peut sembler à contretemps (une jeune occidentale pose une bombe dans une ville qui tend de plus en plus vers le Moyen-Orient, Istanbul) est le prétexte d'un questionnement intemporel: notre capacité individuel à impacter le réel sous-tendu de notre ''insoutenable légèreté'', ou autrement dit le rapport de l'être au monde.
Cette découverte m'a surpris, envoûté et emporté; une auteure que je suivrai absolument.
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Tic … Tac … Tic … Tac … Première page, premier choc. Nous sommes sur les rives du Bosphore, Ophélie une jeune française venue vivre à Istanbul s'apprête à poser une bombe dans la cabine d'une piscine d'un luxueux hôtel de la ville.
Tic … Tac … Tic … Tac … Pourquoi cette jeune femme souhaite-t-elle commettre un tel acte ? Est-ce par conviction politique, religieuse ?
C'est alors que je me suis dit comment réussir à passer plus de 200 pages avec une apprentie terroriste ? Comment Clarisse Gorokhoff va-t-elle réussir à m'emporter aux côtés de cette narratrice meurtrière ?
Incontestablement par son talent ! Car Clarisse Gorokhoff parvient avec brio à convaincre son lecteur de marcher sur les traces de ce qui a poussé cette jeune femme à perpétrer l'impensable.

Sans emploi, hébergée gracieusement dans un quartier chic de la ville par son amant, un certain Sinan, Ophélie mène une vie que l'on pourrait croire être une vie de débauche : sexe, drogue et l'on pourrait presque ajouter rock'n roll. Mais c'était sans compter sur l'emprise de la chambre 432 du Four Seasons Bosphorus dans laquelle elle rejoint régulièrement, sex-appeal sur son 31, Sinan. Dans laquelle elle rencontre aussi la magnétique Derya, employée de l'hôtel, sensuelle, sexuelle et surtout engagée dans la cause qui divise son pays. Derya, cette femme hypnotisante et Kurde qui aura un grand rôle dans la suite des événements.

Ainsi, cloîtrée chez elle après l'explosion et avant la fuite, on découvre qui est Ophélie, son enfance, ses blessures secrètes qui l'ont menées au voyage, au plaisir charnel sans lendemain. A travers de courts chapitres, Clarisse Gorokhoff nous embarque dans l'intimité de cette jeune femme à laquelle on s'attache : la domination psychologique que Sinan a sur elle, sa mère, indigne, sa relation avec son seul ami Eliot ou encore sa voisine hystérique. Sans détours, elle nous conte son chemin. Rude, sinueux, tortueux. Jusqu'aux regrets, jusqu'aux morts et aux rencontres de cette nuit où tout à changer, où la bombe à exploser (mais d'ailleurs a-t-elle seulement appuyé sur le détonateur ?) et où l'aventure la conduira à fuir la ville.

Si le thème ne prête pas à rire bien contraire, l'écriture de l'auteure est si bien maîtrisée, si subtile que nous ne pouvons cependant pas nous empêcher de sourire de certaines situations tragi-comiques. Que l'on se rassure, cela n'enlève en rien la crédibilité de l'histoire puisque chaque détail est extrêmement bien étudié, et la mise en scène est, si j'ose dire, détonante. En harmonie parfaite avec le style incisif et envoûtant. Et j'aime tellement ces romans où l'on se sent bousculer, où les belles phrases côtoient le cru, où la nuit danse avec l'aube, où la tragédie se marie avec le burlesque. de la bombe n'est rien de moins qu'un cocktail explosif de tout cela réunit en seulement 264 pages que l'on tourne à vitesse grand V.
Lien : https://livresselitteraire.b..
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"De la bombe" est un premier roman vraiment explosif. La jeune journaliste Clarisse Gorokhoff nous emmène à Istanbul pour suivre les péripéties rocambolesques d'une Française à l'âme tourmentée, Ophélie, qui va déposer une bombe dans la cabine d'un hôtel de luxe et qui va se voir rattraper par son passé agité et ses doutes permanents. Avec une virtuosité incroyable et un style détonnant, l'auteure mélange comédie, thriller et action en injectant une bonne dose d'ironie, de sensualité et d'humour grinçant. Une bombe qui ne demande qu'à être dégoupillée !
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Un roman brillant, très étonnant
Un personnage féminin qui l'est tout autant. Complexe, parfois touchante, Ophélie du début à la fin nous embarque et nous déboussole. On la suit dans ses aventures et ses méandres psychologiques qui la poussent à commettre l'irréparable et à vouloir coute que coute continuer à trouver de la beauté aux choses aux gens à la vie du sens aussi. On ne sait pas bien si elle est révoltée ou paumée mais ses réflexions et ses élans poétiques sont saisissants. Très belle excursion à travers un pays qui apaprait lumineux et écorché, la Turquie !
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I« Waow. »

C'est tout ce que je pouvais me murmurer passé les premiers mots. le regard agrandi et le souffle fondu sur le rythme des phrases. le coeur battant à l'intérieur. L'envie de les gueuler comme Flaubert pour en éprouver la musique. Certaines qui sonnaient comme des alexandrins. Mon premier contact avec de la bombe de Clarisse Gorokhoff (paru chez Gallimard), c'était ça. Une écriture qui s'incarne, qui me fait vibrer. Des mots comme des frissons au scalpel. Des sensations.




C'est rare les sensations en littérature. Ça précède le sens et la réflexion, c'est reptilien et c'est ce qu'il y a de plus dur à provoquer. Là, on y est. Sur les bords du Bosphore en Turquie, dans le hall de cet hôtel Four Seasons, collant aux basques de cette femme, Ophélie, portant une bombe dans son sac. On épouse son regard nihiliste sur ce néant aisé, sur ce décor encadrant le désoeuvrement de gens riches, sur la vengeance intime qu'elle veut prendre sur cet homme, Sinan, avec qui elle a eu une liaison passionnée. Sur sa volonté de tout détruire, son regard désabusé. Elle veut que tout se barre dans un grand « Boum » après le petit « clic » du détonateur à distance. Une rédemption par onomatopées. Elle veut sa mort à lui et tout ce qu'il représente. Mais rien ne va se passer comme prévu. Terrée et réfugiée dans son appartement, elle va commencer une longue nuit étrange et des rencontres de plus en plus absurdes qui vont l'emmener loin, dans une cavale qui va lui réapprendre paradoxalement la beauté et les surprises de l'existence, tout ce qu'elle voulait anéantir et dont elle va éprouver la valeur.

Le résumé ne dit rien, comme toujours quand c'est bon. Au début ça commence résolu, froid et désabusé, un constat implacable sur un monde bon à réduire en cendres, une femme fatale qui dénonce les faux-semblants et la comédie humaine. Et puis des passages en italique, des flashbacks sur la relation avec Sinan, un mec assez froid et dominateur, le cliché du fantasme, un peu ténébreux et mystérieux, cassant, sadique et distant. C'est torride et sexy. Ce n'est pas vraiment de l'amour car il passe son temps à la rabaisser. L'homme est riche et tout puissant, dominateur. Elle semble être sa marionnette totalement à sa merci et sous son influence. Sa bombe n'est à l'origine qu'un moyen extrême de s'en dégager en voulant l'éliminer.

Insidieusement pourtant, dans sa fuite, un sourire, une dissonance s'impose doucement. D'abord discrète, quand on entend les coups de sa voisine mme Hülya, retentir dans l'appartement où elle se cache. Avec cette irruption, on sort de son isolement et le temps va poursuivre son cours avec l'ironie qui bien souvent le caractérise quand il suit les désastres. Clarisse orchestre une sorte de déraillement du roman vers autre chose. Quelque chose de presque burlesque par moments quand le récit avait commencé comme un monologue désespéré, glauque, claustrophobe et presque poisseux. le rythme des rencontres s'impose. Improbables toujours. En marge. Fiévreuses et torrides aussi (comme le fut celle avec la sublime Derya qui déclencha tout). Au coeur d'un destin qui a perdu sa cohérence et hésite entre les genres. Est-ce une tragédie ? L'histoire d'une terroriste ? le destin d'une fille solitaire entretenue par son amant et loin d'elle-même ? Une comédie ? C'est un peu tout cela.

Ce roman ressemble à ces rêves qui tournent mal et se continuent d'une phase de sommeil à l'autre. Intenses, sensuels et d'un érotisme troublant, violents parfois, et totalement barrés à d'autres moments, ressemblant à un cauchemar ou à de l'humour noir à la Tarantino. Clarisse Gorokhoff écrit une odyssée curieuse, que rien n'annonçait. le récit se mue en un singulier voyage initiatique, porté par une plume d'une liberté absolument ébouriffante. le plaisir d'écrire se ressent à chaque phrase avec une exubérance presque insolente.

C'est ainsi. On la suivra partout, Clarisse. Elle vous fait ressentir la personnalité étrange de son héroïne, cette fuite qui l'a menée jusqu'ici comme une créature sans passé. Les racines qu'elle n'a pas et une forme d'écoeurement après une enfance tourmentée. Sa révolte sourde, menaçante, ses envies d'étreintes sans lendemain, tristes et indistinctes. Son indifférence de chat qui peu à peu s'effrite. L'empathie atrophiée et les frissons qui renaissent doucement quand la vie recouvre son urgence et sa fragilité, quand le danger se pointe et que l'existence n'est plus vécue à travers le filtre de la désillusion et de l'indifférence. C'est L'Etranger de Camus à l'envers, qui découvre que tout cela finalement lui tient à coeur. Ophélie se découvre une morale et des remords quand au début, elle en semblait totalement dépourvue.

On fait corps avec cette imprévisible. Avec cette histoire étrange et onirique qui vous bringuebale dans tous les sens, avec ces corps qui ne savent pas d'abord qu'ils vont mourir et qui le découvrent. Avec cet univers qui perd sa cohérence car il est vu par le prisme d'une sensibilité qui le fausse. C'est l'histoire d'une fille qui découvre dans la douleur le monde et les gens autour de son nombril. Elle finit par le trouver beau et profond, le paysage, à en détailler les nuances, les infinis secrets que l'on ne soupçonnait pas sous le premier degré.

Dans ce premier roman comme dans Casse-gueule par la suite, Clarisse Gorokhoff questionnait déjà l'apparence et les préjugés. Ce livre n'est jamais ce qu'il semble.

Dans la vérité charnelle qu'elle privilégie toujours, la beauté de l'inconnu et de ses promesses, les corps qui ne mentent pas, Clarisse oppose toujours l'artifice et ses écrans de fumées dans lesquels on se noie. Elle suggère en permanence que toutes les certitudes, toutes les convictions, toutes les impressions, toutes les vues de l'esprit peuvent être remises en cause. Son héroïne, Ophélie, veut reconquérir la simplicité d'une sensation première, loin de ses psychoses alambiquées. Elle pointe sans cesse le dérisoire avec cynisme et avec une audace renouvelée à chaque paragraphe, vous entraine dans un grand tourbillon, vous dérègle les sens. Elle finit pourtant par vous faire simplement regarder la lumière, remarquer les visages, les regards et les frissons sur la peau que l'on ne perçoit plus sous nos amas de représentations.

J'ai refermé le roman hier soir. J'ai tenté de le faire durer. En vain. Je ne désirais que le retrouver. Pas forcément pour savoir comment il allait finir mais pour retrouver le beau souffle un peu fou de Clarisse, l'une de mes plus belles rencontres de mots de ces derniers mois.

J'ai fini un peu trop tôt. J'ai hésité à prendre un autre livre. Au dernier mot, je souriais. Encore un peu ébranlé par tout ce que j'avais vécu dans ces pages d'une auteure que j'aime décidément très fort.

"waow."
Lien : http://www.nicolashouguet.co..
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Comment réussir à éclabousser le monde? Dans ce roman qui passe tour à tour du thriller érotique au road movie féministe, peut être que c'est finalement cette interrogation universelle qui nous rapproche de l'héroïne. Si l'absurdité du geste est indéniable, les flashs back et les rebondissements liés aux rencontres improbables, montrent également en quoi le monde est lui même déjà absurde. La cruauté banale est un quotidien qu'il faut parfois faire exploser pour redonner un sens aux choses. Il ne faut pas chercher dans ce roman des tergiversations morales liées aux questions contemporaines des attentats car il n'en n'est pas question ici, heureusement. Je conseille vivement ce roman qui nous captive du début à la fin!
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BOUM ! C'est de la bombe de la vraie !
Dans un luxueux hôtel d'Istanbul, au bord du Bosphore, Ophélie va poser une bombe.
Laisser le fracas assourdir le choc.
Que le monde tremble.

« J'aime le Bosphore qui se gonfle d'orgueil sous les regards ébahis des voyageurs et qui, la nuit, avale des milliers de cadavres en secret. »

Elle pourrait la poser dans la suite 432. L'objet de la vengeance.
Mais ce sera près de la piscine dans laquelle elle faisait des bombes à la nuit tombée.
Pour passer ses nerfs.

Ophélie aime Sinan. Un homme plus âgé, riche, il la domine de toutes ses humiliations.

« Tu n'as pas l'âme d'un écrivain, ça se sent tout de suite. »

Un homme pour qui elle s'affame. Son seul désir étant de lui plaire. « Riche et visqueux ».
Sinan est un homme qui écrase. Ophélie est sa chose, son jouet.

« On me propose un remake de cinquante nuances de Grey. (…) dès le premier RDV il ordonnait du satin noir. »

Un appartement qu'il a trouvé et a décoré à son goût.
Une garde-robe qu'il a lui-même choisie pour répondre à ses instincts les plus féroces.
Un insecte dans un verre. Une souris dans un piège.

Ophélie laisse des traces et salis les sols de fluides et de corps quand Sinan est absent.
Un drame se prépare dans l'ombre des absences.
Ce désir plus fort que tout. L'odeur de la mort comme celle de la liberté.
Éliminer l'autre pour exister. Revenir au monde.

Si elle ne peut être aimée de lui, alors elle sera haïe de tous !
Splendeurs et décadences.
La cour des riches qui ne va pas tarder à être arrosée avec autre chose que du champagne.

Cette bombe elle devait la poser avec Derya, la femme de chambre, une beauté sombre aux boucles noires, mais le plan a changé.

O. Est inquiète de tout. du monde. de sa laideur. de la solitude, de son enfance, des mensonges, des corps et des sirènes d'ambulance.

« J'avance. Quelque chose va se produire, quelque chose va basculer. Tu es prêt le monde ? »

O. boit et s'enivre pour entrer dans le monde, s'ouvrir. Oublier cette sobriété qui prolonge la souffrance et l'intensifie.

L'alcool désaltère les pages et les personnages.
Bières, whiskies. Toute classe sociale, personne n'est sobre ici !

O. quitte Sinan.
Elle aime les naufrages, les ruptures.
Elle l'aime autant qu'elle souhaite l'éliminer.

Et puis c'est l'explosion.
Les crimes.

Un enchevêtrement qui mêle le destin de plusieurs personnages à celui de la mort qui semble n'effrayer personne d'autre dans ce livre que le lecteur.

Les corps se rapprochent entre Ophélie, un homme tout juste rencontré et un cadavre en décomposition.
Tout est étrange mais on jubile !
Ne pas crier car la nuit abrite la mort toute proche.

Un roman à l'odeur de sexe, de musc, de substances illicites, de vin, de tabac froid, de joint, de sang, d'illusions désertées, d'amour anéanti, de langue qui soulève les creux brûlants, de coeur séché, de besoin d'exister, de respirer par chaque pore au travers de la mort.
Un hublot sur la vie.

Une ode à la pauvreté qui tente de s'élever dans un monde trop bas et aux nantis bien nés de ne plus descendre des tours dans lesquelles ils se sont confinés.

Plus on avance dans l'histoire et plus les contours de la vie d'Ophélie apparaissent.
On la suit comme on subit les virages d'une route trop exiguë.
La fuite, le monde en feu. Ce monde qu'elle désire tant pourtant.

Du lyrisme dark, des traits d'esprit, aux rails d'humour, c'est tout simplement magnifique !
J'aimerais tant savoir comment c'est dans la tête de Clarisse…
Lien : https://loupbouquin.com/2018..
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A Istanbul, dans un sublime palais implanté sur les rives du Bosphore, Ophélie vient de déposer une bombe dans une cabine de la piscine. Pourquoi a-t-elle fait cela? Sans lien apparent avec un quelconque réseau terroriste, elle semble plutôt désirer que quelque chose s'arrête, et que le monde aussi, par la même occasion. Elle voudrait marquer une pause peut-être, que son geste l'inscrive dans un court arrêt du monde, afin de créer le spectacle, le chaos dans le Bosphore.
« Que l'on entende BOUM, ou BAM selon la distance -l'espace crée les nuances. »
Dans cet hôtel de luxe, chambre 432, Ophélie avait pris l'habitude d'y rejoindre son amant, Sinan, plus âgé qu'elle, homme d'affaire brillant et toxique, qui ne l'aimait qu'en la rabaissant. Qui est Ophélie, cette jeune femme française immergée en Turquie? Son logement et sa vie matérielle dépend des hommes avec qui elle passe ses nuits, mais on ne sait pas vraiment ce qu'elle y attend, elle semble vouloir y vivre des expériences, et écrit un roman. Un jour, elle tombe en fascination pour la femme de chambre, Derya, belle et déterminée. C'est elle qui l'initie, lui apprend à confectionner une bombe, et Ophélie semble complètement envoûtée par elle, plus que par l'acte en lui-même.Après son acte, Ophélie va devoir se cacher, fuir et voyager. Elle traverse la Turquie, fait des rencontres, tout en opérant une rétrospective sur son histoire d'amour avec Sinan. Elle ne suit pas les actualités, son geste n'avait pas de but précis. D'ailleurs, ce livre pose à réfléchir sur les motivations de certains jeunes devenus soudainement partis au Djihad: que veulent-ils la plupart du temps ? Exprimer leur colère, trouver leur identité, changer quelque chose, être écouté, soulager leur propre peine par de la cruauté.
Ophélie fait partie de ces êtres perdus, mais sa motivation semble également prendre source dans la symbolique du geste, la beauté du cataclysme. Ophélie est une esthète désorientée.
"Reprends toi Ophélie ! le chaos est à portée de main, la beauté du néant gît dans ton sac à main."Ce roman envoûtant nous plonge dans les délices de phrases oniriques et sensuelles, et oscille constamment entre pulsions de vie et pulsions de mort. Eros souvent, quand Ophélie se perd dans la volupté et dans les bras des hommes, voire des femmes, Thanatos parfois, lorsqu'elle dépose la bombe, lorsqu'elle boit à outrance, que sa colère la pousse dans ses retranchements.

Ce roman me laisse l'empreinte d'un tableau esthétique et cruel, une sorte de conte tragique et érotique où la morale cède face aux désirs bruts, aux errances de l'expérimentation.

Mon avis
Pour ma part, la lecture de ce roman s'est apparentée a une jouissance littéraire. Les mots parfaitement choisis et agencés entre eux en font une oeuvre sensuelle et poétique qui correspond entièrement à mes aspirations. Difficile de conseiller ce roman à tout le monde, mais plutôt à ceux capables d'apprécier une telle qualité stylistique, et à ceux qui savent se détacher du réalisme pour s'évader et lâcher prise. Ce roman est une métaphore à lui seul, une ode à l'extase romanesque, un fantasme verbal. Après la lecture, il m'a habitée plusieurs jours, m'en détacher était douloureux, car persistait le sentiment de l'avoir lu trop vite, alors que j'avais déjà relu dix fois chaque phrase, j'aurais voulu apprendre par coeur des passages entiers.
Par ailleurs, on sent que l'auteure parvient à se détacher des clichés, qu'elle prend plaisir à écrire et à inventer, et tout son bien-être nous revient en boomerang. Ce roman, bien évidemment vous vous en doutiez, c'est de la bombe
Lien : https://agathethebook.com/20..
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Ce roman, c'est l'explosion des saveurs, des odeurs et bien entendu des mots. C'est de la bombe, de la littérature. C'est le Bosphore, c'est la chaleur Turc. C'est le sexe, c'est le raki. C'est le rapport à la mort, à la violence. C'est l'écriture millimétré de Clarisse, c'est la fougue d'Ophélie. C'est les femmes, c'est les hommes. C'est la bêtise humaine, c'est des actes sans retours. C'est le soleil, c'est la nuit. C'est épicé, c'est mijoté. C'est un loukoum abandonné sous la chaleur. C'est l'effervescence du vin en bouche. C'est la collection blanche. C'est Gallimard...
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