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EAN : 9782845973220
76 pages
Textuel (30/04/2009)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Fondateur de l'écologie politique en France, penseur du social et du lien collectif, André Gorz et son oeuvre pourtant majeure sont malheureusement restés longtemps confidentiels. Son audience, sans nul doute, ira en grandissant et son influence a toute chance de devenir internationale. En effet, l'oeuvre de ce philosophe et théoricien, chantre de la contestation radicale, se révèle à bien des égards prophétique en ces temps de crise qui appellent nécessaires remani... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce livre n'est pas un livre audio classique habituel, un comédien lisant un texte produit par un auteur. Ici, Michel Constat rédige un résumé de la vie et de la pensée de cette auteur et penseur atypique qu'est André Gorz. Ses idées, sa volonté de contestation permanente, tandis que le CD permet de prendre connaissance à la source de ces idées, puisqu'il s'agit d'extraits d'une série diffusée sur France Culture, A voix Nue: grand entretien d'hier et d'aujourd'hui, de Marie-France Azar, en 1991. Un homme et une oeuvre à connaitre pour comprendre le fonctionnement du capitalisme, autrement que ce que nous dit le discours courant. Les grands thèmes de la réflexion d'André Gorz se mettent en place dès la fin des années 50, le travail, son aliénation, son inhumanité, l'organisation de la société productive aux dépens de la vie personnelle.
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Cet ouvrage se compose d'un texte écrit, où Michel Contat résume très synthétiquement – en 60 p. environ – la pensée d'André Gorz, en en dégageant aussi des citations très incisives, et en ajoutant d'opportuns repères biographiques et bibliographiques, et d'un CD qui contient un entretien radiophonique de Marie-France Azar avec l'auteur, daté 1991 et tiré des archives de l'Ina et divisé en 8 plages d'environ 10 minutes, chacune consacrée à une thématique particulière de sa pensée : la contestation, le rôle de l'intellectuel, la culture à l'heure de son jaugeage en termes de rentabilité, mais surtout la critique radicale du travail ainsi que la reconversion écologique sont les plus abondamment traitées.
J'ai lu le texte avant d'écouter le CD : je crois avoir fait là le bon choix. Mais les deux sont tellement complémentaires que l'on ne perdait sans doute pas beaucoup à faire l'inverse. Pour mon propre usage, et compte tenu de mes mécanismes personnels de concentration, j'ai réécouté l'entretien en en transcrivant de longues citations que je reproduis ici. Ce travail – peut-être moins long qu'une lecture intégrale – me donne à présent le sentiment d'avoir survolé assez exhaustivement une pensée riche et variée, et l'envie (déjà ancienne) de l'approfondir en est fortement accrue. Que demander de plus à un ouvrage sur un auteur ?
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
« Toute personne a commencé par être un enfant, ce qui veut dire que les critères de jugement, la structuration de sa personne qui va la caractériser dans son âge adulte lui a été imposée à une époque où elle ne pouvait pas se défendre contre elle. Et elle a vécu sa socialisation comme une violence et un arbitraire imposés. Il y a toujours une réserve d'insoumission, de rébellion, de contestation dans toute personne. Personne ne peut s'identifier avec son être social, totalement, et c'est cet écart entre le vécu personnel et l'image de soi-même que la culture et la société nous obligent d'assumer qui fait la créativité artistique, culturelle, philosophique d'une personne. Si cet écart ne se donne pas, n'a pas la possibilité de se donner les moyens de son expression, c'est-à-dire d'une contestation qui est la liberté même de se remanier et de se redonner une existence que l'on ne tient que de soi-même, alors évidemment vous tombez dans le conformisme et l'utilitarisme le plus plat, et vous n'avez que des individus qui sont à peu près pareils les uns aux autres : ce qui est l'idéal non dit, inavoué, non conscient, d'une société de consommation. »
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« Il n'y a plus assez, il n'y aura plus jamais assez de travail à plein temps, stable, à vie pour tout le monde. […] Les gens qui prétendent que, par je ne sais quelle croissance, on va rétablir le plein emploi à temps plein pour tout le monde rêvent ou mentent.
Donc quand le syndicalisme continue à faire de l'éthique du travail un impératif catégorique, en disant que plus on travaille, mieux on mérite de la patrie ou de la société, et […] qu'il faut s'identifier à son travail, il appelle cette minorité privilégiée de travailleurs employés de façon stable à s'identifier à un emploi qui est un bien rare, qui est un privilège. Il demande donc à la couche privilégiée de se poser en élite contre le reste de la population active – les intérimaires, les précaires, les femmes qui occupent majoritairement les temps partiels – et à revendiquer leurs privilèges comme un mérite. Ils font exactement le jeu du patronat.
Mais c'est surtout une façon habile de couper les classes salariées en plusieurs tronçons en disant à ceux qui sont les 'élus' : « vous êtes les méritants, vous êtes les gagneurs, bravo ! Les autres […] ne valent rien, ne méritaient pas mieux que le sort qu'ils ont. » Vous niez la solidarité. »
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La racine du travail forcé et sa nécessité du point de vue du capital doivent être recherché (...)dans la division sociale du travail, c'est à dire dans le fait que les buts du capital sont étrangers aux ouvriers et doivent leur rester étrangers: il faut amener ceux-ci à travailler jusqu'aux limites de leurs forces en vue d'un résultat - l'accumulation du capital - auquel ils n'ont aucune part.
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« La grande inégalité sociale aujourd'hui, c'est l'inégalité d'accès au travail intéressant, stable et bien rémunéré. Ce n'est pas une question de qualification ou de diplômes, parce que même si vous qualifiiez et diplômiez toute la population, il y aurait toujours environ 30-40% de la population pour laquelle il n'y aura pas de travail stable et bien rémunéré tant que l'on ne partagera pas le travail selon d'autres critères, en en réduisant la durée.
[…] Vous avez aujourd'hui une tendance à créer de l'emploi pour l'emploi […] : c'est une solution qui nécessairement mène à l'accroissement des inégalités. »
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« Consommer plus et vivre mal ; ou vivre mal et gagner bien : c'est un peu notre civilisation. […] C'est-à-dire que notre civilisation, notre système économique fonctionne de façon à satisfaire des besoins réels ou imaginaires avec le plus grand flux possible de marchandises et de services. Un degré de satisfaction supérieur pourrait être obtenu avec une consommation moindre, un travail moindre, une dépense moindre en énergie et en matières premières, en pollution de l'environnement. […] Recréant sans cesse la rareté pour recréer l'inégalité, la hiérarchie, la société engendre plus de besoins insatisfaits qu'elle n'en comble, et le taux de croissance de la frustration excède largement celui de la production. […]
Je crois que beaucoup de gens se rendent compte de ça […] et que tout cela est aujourd'hui masqué, occulté par la pression qui les pousse à avoir un emploi à tout prix. On ne se pose plus la question de la finalité de l'emploi. »
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Vidéo de André Gorz
Serge Audier Si l'écologie a pour objectif d'étudier les rapports entre un organisme et le milieu naturel, et se donne à cette fin les outils d'une science, elle ne peut ignorer les facteurs qui influent sur ces rapports complexes, lesquels ne sont pas « naturels » mais tiennent à des données sociales, culturelles, économiques, politiques. Aussi, de l'intersection de l'écologie et des sciences sociales ou économiques, est née l' « écologie politique », terme forgé en 1935 par le physiologiste américain Frank Thone mais utilisé surtout à partir des années 70. Impulsée par les travaux pionniers de l'anthropologue Eric R. Wolf, de Michael J. Watts, de Susanna Hecht, du philosophe Hans Jonas ou, en France, d'André Gorz, l'écologie politique a connu un essor considérable, et a déjà une « histoire ».
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